La grande Sécu démocratique par Bayou, Faure, Roussel, Melenchon

Alors que le gouvernement souhaite, avec le projet de loi 2021 de financement de la Sécurité Sociale, effectuer un nouveau tour de vis austéritaire, comme le forfait urgence de 18 euros, et s’appuyer sur la COVID pour des réformes structurelles contraires à l’ambition de solidarité de la Sécurité Sociale, nous lançons un appel pour défendre et reconquérir la Sécurité Sociale, notre bien commun, et ouvrir le chantier de son extension pour un nouveau progrès de société. Ce n’est ni aux salariés ni aux retraités de payer la crise !

 

Réunis à Saint-Étienne, à l’occasion du 75ème anniversaire de l’ordonnance du 4 octobre 1945 créant la Sécurité Sociale, nous appelons à créer les conditions d’une large mobilisation, d’actions d’éducation populaire, de gestes symboliques, comme nommer des rues Ambroise Croizat, des débats, et des temps forts communs.Nous devons créer le rapport de force nécessaire pour que le financement de la Sécurité Sociale réponde aux besoins de la population au lieu de viser à réaliser de nouvelles économies.
La Sécurité Sociale, conçue par le Conseil National de la Résistance, a été mise en place sous la responsabilité du ministre communiste du travail, Ambroise Croizat avec un but : protéger « les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ».

Ses principes sont d’une modernité saisissante : unicité (institution unique et obligatoire), universalité (couvrir tous les citoyens), solidarité et démocratie.Son financement repose sur les cotisations sociales, part prélevée sur les richesses produites hors de toute sphère marchande. Mutualisées pour répondre aux besoins sociaux, elles donnent corps à un double principe de solidarité : « je cotise selon mes moyens et reçois selon mes besoins »; pas de lien entre celui qui paie et celui qui reçoit, contrairement au système assurantiel.

C’est le principe de la solidarité intra et intergénérationnelle.Instituer un droit universel à la protection sociale fait société ! Ces sommes, supérieures au budget de l’État, échappent aux marchés financiers.

A cause de cela le patronat et de nombreux gouvernements n’ont eu de cesse de restreindre le rôle de la Sécurité sociale et d’en prendre le contrôle. Dès 1967, par ordonnance est créée la division en branches distinctes et la suppression de l’élection des administrateurs, principe fondamental de démocratie. L’instauration du paritarisme patronat-salariés ouvre la porte aux régressions successives.

Le plan Juppé de 1995, faisant voter par le parlement la LFSS et limitant les dépenses publiques de santé par l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) modifie profondément la gestion de la Sécurité Sociale, en transférant à l’Etat le pouvoir de décision.

La mise en cause de la Sécurité Sociale continue avec le gouvernement actuel dans un but : la transformer en un simple filet de sécurité pour les plus pauvres, fracturant la société et donnant le champ libre à l’assurance complémentaire privée pour celles et ceux qui en ont les moyens, à la capitalisation, alimentant les marchés financiers.

C’est l’objectif de la réforme des retraites que le gouvernement prévoit de remettre sur le tapis et de l’imbrication de plus en plus étroite des budgets de l’État et de la Sécurité Sociale

Les tours de passe-passe financiers et de gouvernance pour la mise en place d’une cinquième branche couvrant la perte d’autonomie confirment cette volonté de porter atteintes aux principes solidaires de la Sécurité Sociale.La décision de laisser à la charge de la Sécurité Sociale 136 milliards de dettes de cette année et de celles à venir pour la Sécu (techniquement, par son transfert à la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES-) traduit la volonté de maintenir la pression sur le déficit pour continuer les politiques austéritaires.

Est-ce à la Sécu de supporter cette dette liée à la COVID et aux décisions de l’Etat ? Ne devrait-elle pas être au moins l’occasion d’être financée à taux zéro, voir négatif comme pour les emprunts d’Etat ?Face à cette volonté de détruire les institutions de solidarité de 1945 (Sécurité sociale, droits politiques et sociaux, services publics) nous devons trouver les ressorts d’une nouvelle dynamique convergente. Nous devons aussi faire progresser notre société à travers le développement de la Sécurité Sociale.

Des propositions existent que nous souhaitons mettre en débat :
• Le « 100 % sécu » pour la maladie en lien avec le refus des dépassements d’honoraires et l’exigence d’un pôle public du médicament au moment où des laboratoires s’enrichissent sur le dos de la Sécu. Le nécessaire développement de la prévention suppose par ailleurs d’autres politiques publiques de l’alimentation, du logement et de l’environnement.
- Les retraites doivent rester un revenu socialisé issu du travail avec un régime à prestations définies basé sur la répartition solidaire et sur un ensemble de garanties collectives de haut niveau.- Un droit universel à la prise en compte de la perte d’autonomie doit être institué avec une prise en charge à 100 % par la solidarité nationale dans le cadre de la Sécurité sociale d’une part et du service public d’autre part. Nous refusons la logique individuelle qui conduit au recours aux assurances privées.
- Comme pour la maladie ou les retraites, pour les familles (enfants, logement) ou les accidents du travail et maladies professionnelles, l’ambition originelle d’assurer le bien-être de tous de la naissance à la mort doit être développée.- Ce bien commun de la population doit être géré démocratiquement.

Pour cela ne faut-il pas que l’élection des administrateurs de la Sécurité Sociale redevienne la règle ?

Cela doit être associé à une nouvelle démocratie sanitaire et sociale associant usagers, élus et représentants des salariés dans toutes les instances décisionnelles et à tous les niveaux: la population doit avoir son mot à dire sur la définition des droits et des besoins et des choix à faire.- Indissociablement, ne faut-il pas que la pérennité de ses ressources soit garantie et donc sortie des jeux budgétaires conjoncturels en les faisant reposer de façon prépondérante sur les cotisations ? Les libéraux veulent faire croire que les cotisations sociales seraient des « charges », alors que les dépenses pour les travailleurs, pour le financement de la Sécurité Sociale permettent la création de richesses.

Nous appelons à rebours à mettre en cause le coût du capital. Ce coût explose avec la distribution de généreux dividendes aux actionnaires.Nous mettons aussi en débat de nouveaux financements de la Sécurité Sociale. Ne faudrait-il pas :
- remettre en cause les exonérations et exemptions de cotisations, actuellement autour de 60 milliards d’euros par an qui n’ont pas fait la preuve de leurs effets sur l’emploi et en attendant rétablir la compensation par l’Etat des pertes de recettes qu’elles entraînent ?- apporter des recettes nouvelles en supprimant les plafonds de cotisations, en soumettant à cotisations des revenus comme l’intéressement, les stocks options, les primes de départ des dirigeants d’entreprises, les revenus financiers des entreprises, en pénalisant les entreprises qui diminuent l’emploi, les salaires, ne respectent pas l’égalité entre les femmes et les hommes ou l’environnement ?
- augmenter aussi massivement les rentrées de cotisations sociales par la création d’emplois, l’augmentation des salaires, l’application réelle de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, la lutte contre la souffrance au travail, et contre la fraude sociale, essentiellement patronale ?
La Sécurité Sociale est notre bien commun.Ni régression des droits, ni ouverture aux financements privés !Au XXIème siècle, ce sont des droits nouveaux qui sont nécessaires pour la sécurité des femmes et des hommes et pour l’émancipation humaine.

Au boulot n° 572 50 000 euros d’amende ?

 

Qu’est-ce qu’une amende administrative ? Une amende mise pour une infraction par l’administration sans qu’elle soit soumise préalablement aux juges. Un PV de stationnement par exemple.

L’inspection du travail a longtemps souhaité pourvoir mettre des « amendes administratives »

Pour des petites infractions, voire des petits délits. Vu que la justice met de très longs mois et des années pour juger, ça aurait permis plus d’efficacité, de rapidité donc une menace plus pressante contre des patrons qui ne respectaient pas le code du travail. Ça renforcerait l’état de droit dans les entreprises.

Par exemple dans le bâtiment, il faudrait le pouvoir à l’inspection de mettre des amendes administratives immédiates et fortes quand il est constaté que la protection des salariés face aux risques graves n’est pas assurée par le patron.

Mais depuis deux décennies, les gouvernements dominés par le libéralisme qui se sont succédés ont tous réclamé une justice rapide exemplaire et sévère, mais pas en droit du travail. Ils ont même démantelé le code du travail et affaibli l’inspection.

Et puis voilà que la ministre actuelle, Elisabeth Borne défend le 29 décembre 2021, une loi qui ouvre à l’inspection la possibilité de dresser une amende administrative directe pour des infractions concernant des entreprises qui n’envoient pas leurs salariés en « télétravail ». Les dites amendes seraient de 1000 euros par salarié concerné avec un plafond de 50 000 euros. C’est un revirement juridique énorme, historique. D’autant que son gouvernement, depuis le début en 2020 de la pandémie, a refusé toute loi encadrant le télétravail – même si le Premier ministre Castex s’est laissé aller à parler de « télétravail obligatoire si possible » (sic) ce qui laisse des marges de censure au Conseil Constitutionnel.

L’inspection pourrait dresser des amendes administratives à 50 000 euros ?

50 000 euros, ça pourrait en sauver des vies dans les chantiers ! Mais là, ni Borne ni Castex ne l’envisagent.

 

Gérard Filoche

 

 

Hidalgo, Montebourg s’interrogent et interrogent la gauche Positivons la réponse !

 

Nous le disions depuis des mois et semaines : « ça bouge, ça va bouger à gauche ».

Il était impossible qu’avec 81 % d’électeurs qui veulent l’unité de la gauche et 73 % qui veulent un candidat commun, ça ne bouge pas ! Heureusement que la poussée des masses est plus forte que les appareils sinon il n’y aurait jamais aucun espoir de révolution sociale.

 

Les résultats des sondages (même à prendre avec des pincettes) étaient de plus en plus alarmants : au lieu qu’il y ait  une remontée de la gauche sous l’impact des différentes campagnes balbutiantes, le total des voix présumées baissait. Ce total des voix de gauche qui était en septembre autour de 30 % descendait vers 25 voire 24 ou 23 %. À ceux qui disaient « que chacun fasse campagne et que le meilleur gagne » c’était une réponse cruelle : c’est le développement de campagnes parallèles multiples qui faisait baisser. Ceux qui s’intéressaient à l’élection six mois avant, étaient rebutés manifestement par la division, ils n’avaient visiblement pas envie de lire 8 programmes pour 8 candidats. Partout, le ton était : « mettez vous d‘accord d’abord, et on vous lira ».

Malgré son virulent triomphalisme auto-proclamatoire sur le thème « je suis le mieux placé » « je suis prêt »  « j’ai un programme » Jean-Luc Mélenchon ne creuse pas l’écart et stagne comme les autres. Le réalisme de l’électorat s’explique : au moment où c’est Le Pen qui est devant (à peine troublée par le néo-pétainiste Éric Zemmour et pour combien de temps ?),que la droite LR s‘affiche derrière Valérie Pécresse (qui se dit 2/3 Merkel et 1/3 Thatcher, croit elle se rendre populaire ainsi ?), Macron bénéficiant d’un seuil étonnamment stable (sans doute truqué ?) à 23 %, qui peut croire une seconde que s’il n’y a pas de candidat commun à gauche celle-ci sera au second tour ?

Certains zélotes mal inspirés de LFI  se sont mis a espérer que le  « ticket d’entrée » au 2° tour soit « abaissé » : Mélenchon lui même a affirmé qu’il était « à 4 points du seuil pour être au 2° tour ». Mais quand, au lieu d’espérer progresser soi même, on est à espérer que la multiplication des candidatures ennemies vous laisse une chance par un « trou de souris » ce n’est vraiment pas bon signe.

Poutou à 1%, Artaud à 1 %, Montebourg à 1 %, Roussel à 2 %, Hidalgo à 3 ou 4 %, Jadot à 6 ou 7 % Mélenchon entre 8 et 11 %, il y a de quoi désespérer les plus coriaces des appareils. Ceux-ci craignent de tout perdre dans une course folle mais vaine. Un désastre le 10 avril 2022 serait un désastre encore plus grand en juin 2022. Et comment expliquer aux électeurs qu’on ne peut pas s’entendre en avril et qu’on pourrait faire un accord de gauche en juin : à 4, 5 ou 6 candidats par circonscription, il n’y aura plus de députés de gauche.

 

Alors ça craque. Prévisible.

Ce n’est qu’un début.

 

Nous GDS, avons tout fait pour notre part de façon hyper-activiste pour qu’il en soit ainsi : on a plaidé l’unité aux européennes, aux municipales, aux régionales, on a lancé des appels citoyens, des appels militants, des appels d’associations, de partis, de personnalités, d’intellectuels,  de syndicalistes, nous avons participe à @plusjamaiscales 20 mai et 9 juillet 2020, nous avons animé et crée UNALT, 2022encommun, été membres depuis le début de la primairepopulaire.fr, du « Serment de Romainville », nous avons rencontré plusieurs fois tous  les partis de gauche, en bilatérale et en plénière, nous sommes allés à toutes les universités d’été et d’automne, à tous les colloques, débats, vidéos, émissions de radio et télévisions…  Notre brochure « L’union », que nous recommandons vivement, a été un argumentaire complet pour tous ces combats.

 

Hidalgo appelle à une primaire de toute la gauche :

 

Ca fait des mois qu’elle le refusait. Mais devant l’obstacle et quelles que soient ses raisons profondes, Hidalgo la propose. Ceux qui disent « c’est une manœuvre » ne réagissent pas bien. Le PS est si mal en point qu’il n’est pas certain qu’il puisse faire pareille manœuvre.

Son courant minoritaire la TOA, (Hollande Le Foll, Geoffroy) a refusé toute unité et exigé un candidat au congrès de Villeurbanne, il est opposé à Hidalgo mais n’est pas en mesure de faire surgir un autre candidat. Son Premier secrétaire, Olivier Faure, depuis le début veut un candidat unitaire, mais plutôt avec EELV et il a cédé devant Hidalgo et renoncé à l’imposer devant la gauche hostile côté LFI. Finalement Hidalgo sent que sa candidature ne prend pas et propose de reprendre une « primaire », Faure prend donc rendez-vous avec la Primaire-populaire… Hidalgo dit dans un premier temps qu’elle s’engage à respecter et à faire campagne pour le vainqueur de la primaire quel qu’il soit. Ce qui revient aux propos de Faure en août 2022 à Blois :  »Si Mélenchon doit être candidat, c’est au travers d’une candidature collective.«  S’il y a des désaccords, ils doivent être tranchés publiquement par un vote démocratique populaire » « Rassemblons-nous d’abord sur les idées et désignons ensuite le candidat pour les porter. » Puis Hidalgo semble ensuite sous des pressions internes, marmonner qu’elle exclue Mélenchon de cette primaire : mais si c’est cela, c’est tout son nouveau discours qui est mort né ! De contradiction en contradiction, l’unité se crée et créera un  chemin.

 

 

Quelque part tout est ré-ouvert.

 

Montebourg en solitaire prévisible se résout à son tour à se faire le chantre d’une rencontre à 5 candidats (PCF PS EELV LFI et… lui) ignorant de toutes les forces collectives de gauche non négligeables qui bataillent en ce sens depuis des mois.

Jadot fait l’arrogant et tacle Hidalgo : pas sur qu’il se grandisse ainsi au contraire de Eric Piolle et Sandrine Rousseau qui voulaient (il y a peu, en septembre) une « grande primaire »  de toute la gauche.

Roussel tacle Mélenchon : «  - Que n’es-tu venu nous voir avant ? »

GRS change de cheval de bataille et lance campagne pour « déconne pas la gauche »  « rassemblez vous » « projet commun ».

Et Mélenchon a le culot de dire qu’il est « trop tard » et qu’il travaille à cette campagne depuis dix mois… et LFI qui n’a jamais rien voulu faire jusque là, le confirme « c’est trop tard » et se lance dans des assauts sectaires anti EELV, anti PCF, anti PS, à qui mieux mieux dans tous les réseaux sociaux : pas sûr que ce soit une preuve de solidité.

 

Mais ça va maintenant au delà des cercles militants.

 

Dans les esprits de millions d’électeurs, la petite graine est semée.

On est bientôt en janvier, à trois mois du 10 avril 2022. « Ce n’est qu’un début », oui, on peut faire autrement que de perdre avec 8 candidats de gauche.

Avec un seul candidat de la gauche c’est possible, il y a dynamique, enthousiasme et ça passe au 2° tour, autour de 30 % !

Mais dés qu’il y a deux candidats, la gauche perd dés le 1er tour.

Avec 8 candidats c’est du suicide.

Donc les pressions unitaires vont continuer à monter à une échelle de masse, cette fois, au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’échéance.

Arrive alors Christiane Taubira, mais que peut-elle faire ? Elle ne peut pas se présenter comme une 9° candidate contre les autres et sans plateforme commune. Qu’elle cherche à unir c’est bien, mais si cela apparait comme une machine de guerre contre d’autres sensibilités de la gauche, ca fera plus de mal que de bien. Elle peut aider à l’unité mais pas forcer l’unité ! le consensus est impératif.

Pour nous GDS, la primaire.populaire.fr(qui se vante d’avoir 260 000 soutiens) doit rassembler toute la gauche sans exclusives et sans hégémonisme et ne pas être un instrument de scission de la gauche. Ce n’est pas à la PP de se prendre pour un nouveau parti supplétif, ni d’écarter des candidats,  tous – sans exception – ont leur place jusqu’à ce qu’on se mettre tous d’accord sur un nom.

Si la PP devient l’instrument d’une 9° candidate ou d’une coalition d’une partie de la gauche contre une autre coalition de gauche, elle échouera. Un « socle commun » de la PP a été rédigé au printemps dernier avec 14 sensibilités : il y avait les équipes Hidalgo, la LFI, le PS, EELV, Ensemble Générations, GDS… c’est ça qu’il faut réactiver. Il faut réunir, en opportunité, toutes ces sensibilités pour voir l’évolution possible de la situation, lever les malentendus et préjugés !

GDS veut saisir l’opportunité ouverte, batailler pour, qu’à leurs rythmes et leurs raisons, Jadot Melenchon Roussel discutent et y participent. Le travail pour tenter de rédiger en commun une plateforme commune est redevenu de pleine actualité.

On peut on doit faire des stand uppartout en France tous les samedi (avec plus de succès que ce que nous fîmes en 2017) pour réclamer l’unité, pour faire pression notamment sur Jadot, Melenchon Roussel.

Nous avons retenu salle à Paris autour des 22 et 23 janvier, et avec Nouvelle Donne, Ensemble, Allons Z’Enfants et tentons de rassembler un grand meeting de partis de gauche (avec GRS, Place publique ?) déjà unitaires.

Sur le fond nous continuons le travail de signatures de tous les textes d’appel. Il y aura bien un qui va avoir un million de signatures et davantage ! Ça va encore bousculer !

Lecteurs de D&S amis militants de GDS, aidez nous, mobilisez vous, cotisez c’est le moment !

On a déjà fait du boulot, l’action victorieuse est possible elle est devant nous.

 

 

 

 

Au boulot n° 569 Défendre le salariat

chronique humanité dimanche chaque semaine lisez  » au boulot »  n°569, 11° année

 


La propagande de Macron influe les esprits : « - Mais à quoi bon défendre le salariat ?  « Les jeunes n’ont plus envie de travailler dans ces conditions ». Une vieille militante me dit : « – Dans le temps on était fiers de bosser, de notre qualification, de notre savoir-faire, maintenant on y va à reculons ou on y va plus du tout ». Un jeune : « – Les copains maintenant ils ne veulent plus retourner au Mc Do ou à d’autres boulots de service de m… , plutôt galérer ! » « Est ce qu’il ne vaut pas mieux refuser cette exploitation ? ».

Mais ce serait la victoire idéologique de Macron : en cinq ans il a fait reculer la part du salariat de 90 % des actifs à 88 % des actifs, et si par malheur il était ré élu, il la ferait reculer de 88 % à 83 %…

Macron sait ce qu’il fait : il dégoute les jeunes – comme à Nanterre en ce moment où des étudiants qui y ont droit ne peuvent s’inscrire au Master – de faire des études longues et de se qualifier. Il fait voler en éclat les durées du travail légales, pour du travail de gré à gré. Il laisse se multiplier les licenciements sans contrôle et veut même faciliter les démissions. Il tue l’assurance chômage et réduit les indemnités des chômeurs pour envoyer les victimes de tout ça … s’uberiser. Et il présente cette évolution, à la façon d’Uber, comme la « liberté »… de ne pas être salarié.

On a mis des décennies à gagner le Smic, à réglementer la durée du travail, les heures supplémentaires, à avoir des grilles de salaires, avec qualification, des niveaux, coefficients, échelon, à arracher des cotisations, salaires bruts, super bruts pré affectés à nos droits sociaux, on avait obtenu des DP, CE, CHSCT, DS, prud’hommes, médecine du travail, inspection du travail, Macron est en train de faire sauter tout ça systématiquement

Oui, contre tout ça, il faut défendre le salariat, les codes et statuts : à commencer par les salaires, ce qui donne envie de bosser dans des conditions qualifiées, dignes, réglementées et protégées.

Gérard Filoche

 

Le traitre oui mais le néant ?

Après avoir publié « Ce qu’un président ne devrait pas dire… » au terme du « quinquennat maudit » de Hollande-Valls de 2012 à 2017, les journalistes du Monde Davet et Lhomme publient « Le traitre et le néant » au terme du « quinquennat des riches » de Macron de 2017 à 2022. Oh, il ne faut pas chercher dans ces deux livres, le moindre récit des luttes de classes à la base. Non, ils ne font que parler de leurs reflets au sommet. Tout se passe dans le triangle Elysée, Matignon, Bercy. Mais ça permet de voir combien le pouvoir fonctionne en roue libre sans se préoccuper de démocratie ni des parlementaires, ni des réactions et besoins réels du peuple et des salariés. Il y a dans la V°  République une autonomie des institutions où le cercle restreint de quelques happy fews installés par une présidence omnipotente impose (jusque là) ce qu’il veut.

Traitres ?

Qui croit une seconde que c’est le PS en tant que parti qui a conduit la politique de Hollande-Valls ? Il n’en est responsable que dans la mesure où c’est lui qui a organisé en 2011 une primaire désignant François Hollande. Mais ensuite Hollande s’est émancipé de son propre discours du Bourget, sans être contrebattu par une mobilisation de masse et une censure suffisamment fortes. Hollande à l’Elysée a pu imposer le CICE par un coup d’état au lendemain du congrès PS de Toulouse,  il a imposé la « politique de l’offre »  contre le programme élaboré, discuté et voté par les adhérents et dirigeants du PS, il a donné le pouvoir, non pas aux ministres socialistes mais au trio Valls Jouyet Macron. C’est Hollande qui a introduit Macron dans la bergerie de la présidence puis de Bercy sur conseil du Medef  transmis par le go-between Rebsamen. C’est Hollande qui a facilité l’adoption de l’ANI du 11 janvier 2013, en loi Sapin du 14 juin 2013 puis qui a permis la 1° loi Macron reprenant le rapport de la Commission Attali de Sarkozy.

 

Davet et Lhomme ont assisté à tout aux premières loges de l’intérieur, ils font le récit détaillé, vécu, du petit cercle dirigeant et de ses contradictions permanentes : Hollande s’est heurté, sans y céder, à des résistances progressivement de plus en plus fortes, venant du PS, lorsqu’il  a signé le TSCG avec Merkel sans en changer une ligne, lorsqu’il a fait une réforme imprévue des retraites pour les porter à 63 ans, lorsqu’il a fait des « budgets CICE » donnant considérablement plus d’argent aux patrons qu’aux salariés, lorsqu’il a tenté la « déchéance de nationalité » pour faire l’unité nationale avec la droite, lorsqu’il a décidé la loi El Khomri de casse de cent ans de code du travail. Hollande en roue libre a même expliqué que ce n’était pas tant « pour l’emploi que pour un changement de société en général ». Il a renversé « la hiérarchie des normes » en droit du travail, contre 100 % des voix du PS du congrès de Poitiers. Et finalement Hollande a voulu, avec Valls et Cambadelis, se débarrasser du PS, il ont voulu l’appeler « parti progressiste », le faire rompre avec son cadre pluraliste et unitaire d’Epinay, le remplacer par la « BAP » Belle alliance populaire, jusqu’à ce qu’ils échouent et qu’Hollande en conclue qu’il devait renoncer et se retirer, et que Valls soit balayé par la gauche socialiste.

Néant ?

Le deuxième opus de Davet et Lhomme est consacré, dans le même cadre, aux intrigues, aux mensonges, aux ruses du « traitre » Macron vis-à-vis de Hollande et Valls et au mépris de tout ce qu’est le PS. Contrairement à ceux qui disent que c’est le PS qui a installé Macron, ça s’est passé à l’envers, c’est Macron qui a doublé Valls, divisé et cassé un PS désorienté, et a poussé plus loin que la ligne droitière de Hollande. Les manœuvres, provocations, manipulations de Macron sont décrites avec la force de 150 témoignages (Macron a refusé de les recevoir, et a donné consigne à son cercle proche de ne pas leur parler).

 

Davet et Lhomme racontent tous les liens secrets et publics de Macron avec la finance, les dirigeants des banques et du CAC 40, le Medef. Ils interrogent : d’où vient l’argent de sa campagne électorale initiale ?  Ces 16 millions d’euros collectés à Las Vegas, Zurich, Londres et  Beyrouth ? Dont 50 %, 8 millions provenant de 800 familles ? Comment fonctionne son vrai premier cercle et ses « visiteurs du soir » à l’Elysée ?

 

Davet Lhomme décrivent les louvoiements et reniements permanents, cyniques, pervers, le double, triple, quadruple langage de Macron en toutes circonstances, face aux cheminots, aux gilets jaunes, aux hôpitaux, aux retraités ou à la pandémie. Mais c’est sûrement là que leur analyse intime du « sommet » manque de mise en perspective : ils en déduisent que Macron est le « néant ». Ce qui nourrit toutes les attaques de la droite type Pécresse qui reposent sur une prétendue absence de ligne, inconséquence, incomplétude de Macron !

 

Mais la gauche ne peut pas, ne doit pas tomber dans ce panneau, Macron n’est pas « au centre », il n’est pas caméléon, il n’est pas un « trou noir », il est un fanatique plus constant plus violent, plus déterminé encore qu’Hollande en faveur des riches, c’est l’homme de la société sans statuts, post salariale, ubérisée, sans cotisation sociale ni Sécu. Certes il a du mal à faire passer cette politique destructrice de cent ans de droits sociaux et des 75 ans de la Sécu, mais c’est sa ligne, il a une ligne ! Et cette ligne de baisser les salaires bruts, de supprimer les impôts progressifs et les droits de succession,  de détruire tous les droits du travail, de développer la précarité et de chasser les immigrés, elle n’est pas en contradiction avec le Medef ni le CAC 40, elle est commune à LREM, LR et RN !


 

À l’écoute des populations d’outre-mer

 

 

Il y a une grève générale en Guadeloupe qui s’est étendue en Martinique, il y a des mouvements en Guyane, à la Réunion et en Polynésie, il y a une exigence (que nous soutenons) du report de la date du referendum prévue le 12 décembre en nouvelle Calédonie.

Comment répond Macron à toutes ces exigences des départements d’outre mer ?

Comme d’habitude, par le mépris et la répression.

 

Macron a instauré le couvre-feu aux Antilles, il envoyé un escadron de 200 policiers, 70 CRS et10 membres du Raid et GIGN (c’est la première fois depuis les massacres de Pointe à Pitre de 1967) mais Macron n’a envoyé ni des soignants, ni l’argent qui sont nécessaires pour faire face à la crise.

Envoyer 300 hommes armés ça doit couter plus cher que de répondre à certaines revendications. Pour l’outre-mer, avec Macron pas question de « coûte que coûte » aux besoins aggravés par la pandémie du Covid19. Le ministre de Macron, Sébastien Lecornu a fait une visite éclair, le temps de rencontrer la police, de proférer des menaces contre les manifestants, et a refusé d’entendre les causes des 3 semaines de grève générale. Les Guadeloupéens ont été traités d’alcooliques, de superstitieux et même de vaudous. La condamnation de la « violence «  a été exigée comme un préalable à toute discussion. Pire, ils ont essayé de faire diversion en proposant une « autonomie » que personne n’avait mis à l’ordre du jour (les mêmes qui refusent de reporter un referendum sur l’indépendance en Kanakie) !

 

À quoi ça sert le GIGN et l’autonomie sinon à éviter de répondre  aux vrais et incontournables problèmes des Antilles ?

Pourtant les quatre représentants du « collectif contre l’exploitation » LKP (1) guadeloupéen, Elie Domota, du LKP, Maité Hubert-M’touo de l’UGTG, Jean-Marie Nomertin de la CGT, et Max Evariste de F0 (il y a l’unité là-bas) ont remis au ministre Lecornu un cahier de 32 revendications  parfaitement équilibré contre la vie chère, la hausse des prix du gaz et de l’essence et contre le scandale des effets mortifères du chlordécone :

 

°  Fin des arrestations arbitraires, harcèlement des travailleurs, violences policières, condamnations, suspension des contrats de travail et des rémunérations, fermeture des cabinets et suspension des professionnels libéraux. »

Revendications sociales :

  • Le respect de tous les accords signés, y compris celui du SDIS-971, toujours pas appliqué ;
  • L’augmentation généralisée des salaires, des minima sociaux, des allocations chômage et des pensions de retraite en même temps que l’augmentation des prix ;
  • Le remplacement de tous les départs à la retraite ;
  • L’arrêt des licenciements, dans le privé et des suppressions de postes, dans le public ;
  • L’embauche massive de titulaires, dans toutes les fonctions publiques, à la poste, dans les écoles, à l’université…;
  • L’arrêt de la répression judiciaire et patronale, contre les militants, les travailleurs et les organisations syndicales ;
  • L’abrogation des règles d’indemnisation du chômage ;
  • Le maintien de toutes les primes de vie chère ;
  • L’ouverture de négociations collectives, dans toutes les branches professionnelles, sur les salaires, l’emploi, la formation, la durée du travail, la protection sociale, la priorité d’emploi des jeunes, des chômeurs et des salariés de Guadeloupe, le fait syndical guadeloupéen.
  • La résorption de tous les emplois précaires et des embauches massives, dans le privé ;

Gestion de la crise Covid et la situation sanitaire locale :

  • L’abrogation de la loi du 5 août 2021, relative à la gestion de la crise sanitaire ;
  • La suppression de l’obligation vaccinale ;
  • La suppression du pass sanitaire ;
  • Le maintien de la gratuité des tests ;
  • Des protocoles sanitaires stricts, adaptés aux établissements publics et privés ;
  • Des recrutements de soignants et de personnel, dans les hôpitaux et cliniques privées, ainsi que dans le secteur social et médico-social ;
  • La mise en place d’un plan d’urgence pour l’embauche et la formation des jeunes ;
  • Des moyens matériels pour la santé, le secteur social et médico-social ;
  • La mise en place d’un système de santé de qualité pour accueillir et soigner les usagers, dignement et efficacement ;
  • Des mesures immédiates pour approvisionner les établissements en oxygène ;

Revendications des pompiers :

  • Le recrutement de 15 sapeurs-pompiers volontaires (SPV), sur dossier, dans l’immédiat ;
  • Le recrutement de personnel administratif technique et spécialisé (PATS), pour la filière administrative et technique ;
  • La réparation, l’entretien et le renouvellement des engins véhicules de secours et d’assistance aux victimes (VSAV) et fourgon pompe tonne (FPT) ;
  • L’organisation de concours pour les sapeurs-pompiers professionnels, au grade de caporal ;
  • La mise en place d’une nouvelle organisation : 12h00 de travail jour et 24h00 de repos, 12h00 de travail nuit et 72h00 de repos, pour le sapeur-pompier ;

Revendications sociétales et pour le secteur de l’éducation :

  • Des moyens supplémentaires et des recrutements de personnels techniques et encadrant, pour le dédoublement des classes et le respect des mesures sanitaires dans les écoles ;
  • Un bâti scolaire et des équipements sportifs et culturels, rénové au plus vite, conforme aux normes parasismiques et débarrassé des rats ;
  • Un plan d’urgence pour l’eau, pour un accès permanent de tous à une eau potable, buvable, sans pesticide, sans chlordécone, à un prix bas et unique, dans le cadre d’un véritable service public ;
  • Le nettoyage de toutes les citernes dans tous les établissements publics ;
  • La condamnation des empoisonneurs au chlordécone et la dépollution des sols ;
  • La mise en place d’un véritable service public de transport permettant aux usagers de se déplacer à toute heure sur l’ensemble du territoire.

 

Selon l’INSEE le niveau des prix alimentaires est de 32,9 % plus élevé qu’en France métropolitaine,  45 % des guadeloupéens vivent en dessous du seuil de pauvreté, 30 % ont moins de 1000 euros par mois, près de 1 000 morts du Covid, état de délabrement du CHU, sous-équipé, qui ne compte que 35 lits de réanimation, absence depuis des années de politique sanitaire : exemple avec le diabète, une comorbidité très importante ici. Il existe une loi de 2007 sur le taux de sucre dans les aliments : elle n’est toujours pas appliquée, faute de décrets, car l’industrie agroalimentaire s’y refuse, il n’ y a pas de service public de l’eau,  60 % des jeunes sont au chômage et 40 % de tous les guadeloupéens

 

En Martinique qui détient le record du monde de cancers de la prostate, provoqués par le chlordécone, soit 227 cas nouveaux pour 100 000 hommes et le syndicaliste Philippe Pierre-Charles explique les terribles effets du chlordécone mélangés à ceux de la pandémie :

« En février 2020, il a fallu que le peuple se mobilise et manifeste contre l’arrivée de touristes en provenance d’Italie, où l’épidémie flambait à l’époque alors que ce n’était pas le cas en Martinique. Ce sont les menaces de la population qui ont fait que l’avion reparte, les autorités n’auraient rien fait sinon.

Une fois que le virus est arrivé ici, il y a eu une disproportion dans les mesures prises, comme si on voulait rattraper les erreurs passées. Le premier confinement s’est déroulé dans un climat de terreur exagéré alors qu’on n’avait pas beaucoup de cas. Il y a eu une série de mesures plus ou moins à contre temps avec une concertation limitée.

Le caractère contraignant de la vaccination et l’obligation vaccinale, mis en rapport avec l’histoire martiniquaise et notamment le scandale du chlordécone, créent forcément un effet terrible. La population pense que si on veut lui imposer quelque chose, c’est que ce n’est pas bon pour elle. Le caractère colonial de la gestion de la pandémie en Martinique a aussi accentué la défiance de la population envers les autorités. Elles pensaient que faire parler le préfet et le directeur de l’ARS allait suffire. Elles n’avaient pas conscience du niveau de défiance des Martiniquais.

Autre problème, les mesures ont été prises depuis Paris. Il y a même l’un des confinements, ici en Martinique, qui n’a pas été annoncé par le préfet mais par Macron depuis la capitale de l’Hexagone.

Il y a quelques jours, j’ai été en contact avec le préfet au nom du CDMT [Centrale démocratique martiniquaise du travail, syndicat anticolonialiste et anticapitaliste – ndlr]. Je lui ai suggéré d’organiser une confrontation des thèses autour de la politique menée pour lutter contre le Covid. Une confrontation sous l’égide de personnes et de structures qui bénéficient de la confiance de la population. Il m’a répondu qu’il travaillait sur quelque chose, sans préciser ce dont il s’agit.

Quelques jours plus tard sort dans la presse l’information suivante : le préfet met en place un comité citoyen de transparence. En le communiquant de cette manière, il tient à montrer que c’est lui qui a décidé de la chose. Là encore, c’est un réflexe colonial typique.

Les élus locaux ont-ils un poids pour rassurer la population martiniquaise ?

Les élus locaux n’ont pas un grand poids auprès de la population. Il suffit de voir l’abstention assez forte sur le territoire. La CTM [collectivité territoriale de Martinique] a déjà pris position contre l’obligation vaccinale et contre le passe sanitaire. C’est passé relativement inaperçu. Les critiques des élus continuent de tomber parce que cette motion n’a pas été accompagnée d’action collective. Elle n’a débouché sur rien du tout. »

 

Nous ne pouvons que manifester toute notre solidarité avec les grévistes, les syndicats qui combattent contre un tel comportement colonial de l’état-Macron dans les départements d’outre mer.

 

Matti Altonen

 

(1) LKP = Liyannaj Kont. Pwofitasyon, (Collectif contre l’exploitation outrancière), structure guadeloupéenne qui regroupe une cinquantaine d’organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles de la Guadeloupe. Ce collectif est à l’origine de la grève de 2009 qui a touché l’Île entre le 20 janvier et le 4 mars. Son porte parole est Elie Domota, le secrétaire général du syndicat majoritaire de la Guadeloupe, UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe).

 

« Grande Sécu » démocratique ou « grande sécu étatique »

 

Veran voulait chasser la « Sécurité sociale » de la Constitution française !

Ca fait 75 ans que patronat et haut appareil d’état veulent remettre en cause les principes fondateurs de la Sécurité sociale financée sous forme de « cotisations sociales », de « salaire brut » par les employeurs.

Au début les caisses de Sécurité sociale, fruit du travail, étaient logiquement gérées par les syndicats. (Cf. « La sociale » de Gilles Perret). Les ordonnances de 1966-67 De Gaulle-Pompidou remirent en cause cette gestion en donnant au patronat 50 % du contrôle des caisses (alors qu’auparavant les patrons n’avaient que 11,5 % des sièges selon le juste principe « un humain une voix »). Puis ils repoussèrent sine die les élections démocratiques aux caisses de sécurité sociale, les dernières ayant eu lieu en 1983. Michel Rocard en 1988 inventa une CSG, contribution qui n’était ni impôt ni cotisation, une sorte de « sas » pour passer du salaire brut à l’impôt, du système dit « de Bismarck » au système dit « de Beveridge ». Mais le Conseil constitutionnel freina et imposa quand même que cette CSG aille dans les caisses sociales, pas dans les caisses de l’état.

Michel Rocard en 1989 puis Edouard Balladur en 1993 différèrent les élections à la Sécu (les dernières avaient eu lieu en 1983). Alain Juppé les supprima carrément en 1995 et confia au Parlement la gestion du budget (appelé LFSS), resté distinct, des caisses Sécu. En créant un « ONDAM », « Objectif national des dépenses d’assurance maladie » un « plafond » fixé par l’état indépendamment des besoins réels des assurés.

Leur but étant de transformer les cotisations (une part du salaire versé à la Sécu organisme de droit privé) en un impôt (prélèvement obligatoire versé à l’état) ils appelèrent alors les « cotisations » des « charges » et les bloquèrent, les réduisirent puis les exonérèrent peu à peu sous prétexte de « baisser le coût du travail ».

Macron vise, depuis le début, « la suppression des cotisations sociales » prélevées à la source comme élément de salaire versé par les employeurs. Il veut les remplacer par des impôts prélevés à la source et que ce ne soit plus les patrons qui paient mais les salariés. Tout ira dans les caisses de l’état. Fin du salaire brut. Fin des cotisations pré affectées aux différentes caisses. Elles seront remplacées par des prélèvements non pré-affectés – donc à la merci des majorités politiques du moment. Un seul impôt, un seul budget, la « Sécu » n’est plus un sanctuaire, n’est plus un budget séparé.

La LFSS, le budget de la Sécu ne générait que 10 % de la dette présumée du pays et il a été puissamment soumis à l’austérité et à « la règle d’or », brutalement équilibré sous Sarkozy, Holland-Touraine, et encore plus, Macron. Macron laisse 136 milliards de « dette » du Covid que l’état ne remboursera plus à la Sécu, et prolonge la CADES, emprunt de type fonds de pension, durable aux taux couteux.

Le PLF, le budget de l’état génère, lui, 78,5 % de la dette publique nationale présumée : en le fusionnant avec la LFSS, ils vont pouvoir purger encore plus et réduire le volume du budget social, le vider de son « dingue de pognon ». Tout sera dans le même tonneau et il n’y aura qu’une seule tirette. Quand il y aura un budget unique ; il sera possible, sans frein, sans que ça se voit, d’utiliser les fonds sociaux pour d’autres fins. Il sera possible de construire un porte-avions nucléaire de plus à la place de 100 hôpitaux et un sous-marin de combat à la place de 1000 scanners.

Capables de tout, les ultra libéraux prétendument, veulent « moins d’état »  : la Sécu était de droit privé, et les voilà, contrairement à leurs principes affichés, qu’ils veulent l’étatiser pour mieux la contrôler, la limiter et la tuer.

Mais pour ça, il faudrait changer la constitution : ils ont essayé dès le début du quinquennat Macron et celui qui s’en était déjà chargé, le 3 juillet 1918 c’était déjà un certain Olivier Véran. Il avait proposé de supprimer « Sécurité sociale » dans la Constitution française, et ne plus mentionner que « protection sociale ». Devant notre vive réaction, à l’époque, ils ont du reculer mais provisoirement, car  le même Olivier Véran, avait reproposé le 19 juillet 2018 l’amendement 1521, visant à modifier l’article 34 de la constitution, afin d’essayer de mettre l’institution  » Sécurité sociale »  sur le même plan que la « protection sociale » en général, leur idée étant de ne plus se heurter aux objections du Conseil constitutionnel sur le « budget séparé ». (où l’État est obligé de rembourser ce  qu’il prend). C’est un peu comme si vous, vous remettiez l’argent de vos économies, de votre livret A d’épargne sur votre compte courant.

Alors quand, quatre ans plus tard le même Olivier Véran vous propose « une grande sécu », méfiez vous de son contenu.

 

Oui à une seule grande sécu mais pas à la façon Veran-Macron :

Depuis des décennies, ils ont attaquée la montagne de la Sécu par la face nord ;  ils avaient installé des tickets modérateurs, des forfaits hospitaliers, puis des assurances, caisses de prévoyance ou mutuelles « complémentaires ». Ils ont modifié les normes de fonctionnement des Mutuelles, les faisant rompre avec leur esprit collectif solidaire d’origine. Ils ont bloqué les cotisations patronales, diminué les remboursements, et ont augmenté les « restes à charge » sur le dos des assurés. Macron et Veran viennent même d’inventer, à l’occasion du Covid19,  un « forfait urgence » payable par tous, dans le pire des cas : aux urgences et visant ceux qui n’ont pas d’autre accès aux soins. Ainsi une grande part de la cotisation s’individualise, la part des tickets modérateurs, « complémentaires » et « forfaits » ne cesse de progresser de façon inégalitaire insupportable, tandis que les restrictions s’installent dans les « paniers de soin » : tout cela rogne la « Grande sécu ».

 

Car cela impose une double cotisation celle, de base, à la Sécu, et celle, redondante, d’une complémentaire  qui couvre un autre « panier de soins » mais limité. Les bas et moyens salaires ont bien du mal à payer ces deux échelons, notamment les retraités qui en ont le plus besoin. Les plus pauvres sont contraints de laisser des « ardoises » dans les hôpitaux. Et comment faire face aux coûts des honoraires « libres » des « spécialistes », aux examens de prévention en laboratoires, recherche, analyses, scanners, échographies, IRM ?  Et, en dépit de toutes les annonces, la lunetterie et la dentisterie sont mal couvertes, ça vous arrache une dent et ça vous coûte toujours les yeux de la tête. Cela sape les principes fondateurs de la Sécu de 1945 qui voulaient éviter une santé à deux ou plusieurs vitesses, des discriminations aussi bien dans les cotisations que dans les prestations.

 

Cela avait un  immense inconvénient  même du point de vue des capitalistes, c’est que ça coûtait cher : il existe ainsi plus de 400 mutuelles dérégulées qui se font une inutile concurrence, coûteuses en publicité, avec une véritable gabegie de frais de gestion et des « conseils d’administration » qui se servent des indemnités exorbitantes. En moyenne, la gestion coute 25%  tandis qu’à la Sécu, elle ne coûte que 5%, c’est une énorme différence. Voilà pourquoi le même Olivier Veran qui voulait en juillet 2018 supprimer l’institution « Sécurité sociale » revient à l’attaque de la montagne de la Sécu par la face sud et propose « une grande Sécu » sous le prétexte évidemment justifié de rentabiliser la gestion. Mais cela s’accompagne de l’objectif de Macron qui est de supprimer les cotisations sociales payées par l’employeur : Veran utilise donc le mot d’ordre de « grande Sécu » pour fiscaliser le financement et étatiser la gestion. En fusionnant les deux budgets « état » et « Sécu » toujours sous prétexte d’économie de gestion, ils pourront comme ils le voudront, supprimer la part « pré-affectée » au social.

 

La gauche est unie pour la grande Sécu contre le projet Macron-Veran :

Lors du 75° anniversaire de la Sécu, à St Etienne (Loire) la gauche dans sa totalité s’est mise d’accord sur un programme commun pour la Sécu ! Il a été signé par Olivier Faure et Julien Bayou, par Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon, par Benoit Hamon et Marie Noëlle Lienemann par Jean-Francois Pelissier et Gérard Filoche, par Pierre Larouturrou et Michel Jallamion.

L’appel de St Etienne dit que la Sécurité Sociale, a un but « protéger les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ». Ses principes sont : unicité (institution unique et obligatoire), universalité (couvrir tous les citoyens), solidarité intra et intergénérationnelle (« je cotise selon mes moyens et reçois selon mes besoins ») et démocratie !

 

Instituer un droit universel à la protection sociale c’est ça la grande Sécu, c’est de l’anti Macron-Veran :

-                Financement par les cotisations salariales et patronales et modulation de celles-ci pour faire face aux besoins de santé pour tous les citoyens : une seule cotisation universelle, proportionnelle et plafonnée, pré-affectée aux différentes caisses des branches existantes : maladie, retraite, chômage, famille, logement (et aux deux caisses nouvelles à créer, formation jeunesse, dépendance dans l’âge).

-                Augmenter massivement les rentrées de cotisations sociales par la création d’emplois, l’augmentation des salaires nets, bruts et super-bruts, l’application réelle de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, la lutte contre la souffrance, les accidents, les maladies professionnelles et contre la fraude sociale, essentiellement patronale.

-                « 100 % sécu 100 % soins » en lien avec le refus des dépassements d’honoraires et l’exigence d’un pôle public du médicament au moment où des laboratoires s’enrichissent sur le dos de la Sécu. Allocations familiales pour tous, aides aux logements, assurance chômage pour une Sécurité sociale professionnelle, retraites par répartition, développement de la recherche et de la prévention afin d’assurer le bien-être de tous de la naissance à la mort.

-                Gestion démocratique de toutes les caisses de la grande Sécu. Pour cela des élections démocratiques proportionnelles, un assuré une voix, tous les 5 ans, et la constitution ainsi d’une Chambre sociale : cela signifie une nouvelle démocratie sanitaire et sociale associant les représentants des salariés et usagers assurés dans toutes les instances décisionnelles et à tous les niveaux: la population doit avoir son mot à dire sur la définition des droits et besoins sociaux et des grands choix à opérer.

 

 

 

Macron a fait une tuerie contre l’ex assurance chomage

version longue

 

 

 

Pourquoi Macron a t il cassé l’assurance chômage à marche forcée par un décret du 30 septembre s’appliquant dès  le 1eroctobre 2021 et le 1er décembre 2021 ?

Pourquoi cette « tuerie » ? Ce n’était ni nécessaire ni urgent. Personne ne l’avait demandé, ni syndicat ni patronat.

L’Unedic elle même chiffre à 1,15 million le nombre de chômeurs nouveaux entrants qui vont perdre environ 40 % d’indemnités.

Aucun des motifs invoqués ne tient :

1°) le chômage baisserait donc il faut pousser les « derniers » chômeurs à chercher du boulot : faux,  les chiffres de Pôle emploi confirment qu’il y a toujours 6,6 millions de chômeurs catégories A, B, C, D, E.

2°) il y aurait des centaines de milliers d’emploi non pourvus  : faux, il y a 13 fois plus de chômeurs que d’offres d’emploi.

3°) « dans des secteurs comme la restauration, le BTP, les services, l’artisanat ou l’industrie, les entrepreneurs disent peiner à recruter aujourd’hui.» Faux, ces tensions de recrutement, structurelles dans ces secteurs s’expliquent par des salaires trop bas pour des conditions de travail trop dures.

4°) « Les demandeurs d’emploi qui ne démontreront pas une recherche active verront leurs allocations suspendues.» Faux : déjà 400 000 contrôles renforcés ont eu lieu en 2019 et 85 % n’ont pas donné matière à sanction. Si la nouveauté est  250 000 contrôles supplémentaires au cours des 6 prochains mois (25 %, de plus à effectifs constants des 600 conseillers Pôle emploi dont c’était déjà la tâche exclusive), ça ne donnera  rien de plus.

5°) exiger davantage de justificatifs de recherche active d’un travail ? Fastidieux et rarement couronné de succès. Dans les faits, ce sont les travailleurs précaires les moins qualifiés qui seront le plus sanctionnés et dont les indemnités vont mécaniquement baisser.

6°) « certains chômeurs toucheraient plus au chômage qu’en travaillant » : faux puisqu’il existe un dispositif suspendant l’indemnisation en cas de cumul.

7°) des personnes touchent des indemnités et passent leur journée à ne rien faire « alors qu’il suffit de traverser la rue… ». Faux : un inscrit sur deux à Pôle Emploi ne touche pas d’indemnité !  Alors qu’il a largement cotisé pour y avoir droit, c’est un dû.

8°) parce que « ça coûte trop cher » : faux, l’assurance chômage était équilibrée, et en ces temps « coûte que coûte » où il est apparu tant d’argent caché, c’est aberrant de frapper ceux qui sont, temporairement et contre leur gré, derniers de cordée, privés d’emplois.

9°) les employeurs seraient mis symétriquement à contribution par un système bonus-malus pour les contrat courts : faux, rien n’est formalisé et c’est reporté dans un an.

10°) Macron supprime la gestion paritaire patronat-syndicats de l’assurance chômage basée sur des cotisations : pourquoi fiscaliser un système qui fonctionnait ? L’UE ? Ce n’est pas son domaine de compétence.

Pourquoi pousse t il des millions de personnes en « même temps » hors salariat et hors chômage indemnisé ?

La vraie réponse : par pure idéologie !

Déjà en 5 ans, Macron a fait baisser le salariat de 90 à 88 % des actifs. Ça ne supprime pas le chômage, ça crée des auto entrepreneurs, des indépendants pauvres, des ubérisés, ça met en place sa « société sans statut », sa « société post-salariale », c’est son fanatisme à lui, c’est le but claironné dans son livre « Révolution » de son premier mandat. Et du suivant – s’il n’en est pas empêché.

Gérard Filoche

 

 

Au boulot n°569 Le traitre oui, mais le néant ?

Deux journalistes du Monde, Davet et Lhomme, avaient réglé son sort à François Hollande, en publiant « Ce qu’un président ne devrait pas dire… ». Ils y dévoilaient les dessous de son quinquennat maudit et les contorsions d’un président élu par 16,5 millions de voix de gauche et qui les trahissait.
Ils récidivent en publiant « Le traitre et le néant » où ils décrivent les ruses putschistes de Macron, lorsqu’il mentait à Hollande pour lui extorquer le pouvoir : ils ont raison sur le traitre, mais pas tout à fait sur le néant.
Car Macron n’est pas un « trou noir», il a bel et bien le projet d’une « Révolution » allant beaucoup plus loin que Hollande dans la destruction des droits sociaux. Certes il doit avancer de façon masquée, mais Macron sait ce qu’il veut : une « société sans statut », ubérisée, sans cotisations sociales.
Preuve de plus, il fait le forcing pour ratifier par ordonnance avant fin décembre 2021, une réécriture à droit constant du statut de la Fonction publique, loi du 6 août 2019.
Qu’est-ce que le « droit constant » ?

Selon Yann Bisiou, université de Montpellier :
« Dans son acception traditionnelle, la codification à droit constant se distingue de la codification de plein exercice par l’absence de pouvoir normatif. Simple compilation de textes existants, elle n’aurait pas d’incidence sur la substance des règles qu’elle codifie. En réalité, elle est loin d’être neutre et la faculté qui lui est aujourd’hui reconnue « d’harmoniser le droit » et d’assurer la « cohérence rédactionnelle » des textes favorise la création d’un droit nouveau. (…) Il opère ainsi une sélection dans le droit existant sans reprendre l’ensemble des textes en vigueur avant la codification (…) »

Alerte ! Après l’expérience amère de la recodification « à droits constants » du code du travail de 2004 à 2008, aujourd’hui il s’agit de démanteler la loi Le Pors. Il est demandé aux organisations syndicales d’avaliser une réécriture qui fait 400 pages et 1 383 articles.
Ce ne sera pas tout à fait le néant, mais un pas de plus vers une société sans statut.
Gérard Filoche

 

Guadeloupe Martinique Polynésie : gréve générale

Guadeloupe : « une leçon de démocratie «

par aplutsoc

Le LKP a déclaré en quittant la première rencontre avec le ministre Lecornu, et rendant compte aux manifestants assemblés, « qu’il n’y aurait pas de négociations tant que le gouvernement refuserait de recevoir les trente représentants des différentes composantes du LKP et qu’il ne négocierait pas sur une autre base que celle des 32 revendications* de leur cahier revendicatif. » (* cf notre article du 21/11/2021)

https://fb.watch/9AEFME0EVz/

Macron recule après avoir tenté la force, croyant impressionner, avec un discours de « fermeté », des renforts de gendarmes, des blindés, du matériel de guerre, le GIGN et le Raid… Il n’a fait qu’attiser la colère et la généraliser. Maintenant le ministre Lecornu parle d’autonomie renforcée pour la Guadeloupe, de réembauche des soignants suspendus, de la création d’emplois pour les jeunes, de report de l’obligation vaccinale… Encore une fois, sans tenir compte des revendications précises et listées. Et il croit avoir les moyens d’exiger que le LKP dénonce les barrages et les violences.

Les Antillais ne sont pas dupes de ces leurres et de ces fausses négociations avec les Castex, Macron, Lecornu qui évoquent la « question de l’autonomie ». Les réactions ne se sont pas faites attendre : moment inapproprié pour les uns, à côté du sujet pour les autres.

La grève générale ne cessera pas si Macron et Lecornu n’ont rien d’autre à apporter que de l’indifférence à la misère et la répression qu’ils pratiquent depuis de trop longues années.

Les grévistes, les jeunes, les femmes travailleuses de la santé n’accepteront pas de demi-mesures. « Nous avons une plateforme de revendications à satisfaire en premier lieu. ».

32 revendications en Guadeloupe, beaucoup aussi en Martinique et en Polynésie qui dépassent l’obligation vaccinale et le passe sanitaire des points de départ et sont les éléments déclencheurs, du surgissement de toutes les questions sociales, économiques, écologiques…(Pas d’eau, pas de transports, une gestion des déchets catastrophique, des algues invasives, les sargasses, des collectivités ruinées…)

Ces mobilisations massives de Guadeloupe, de Martinique, de Polynésie concentrent toutes ces revendications et celles de la centralisation démocratique de la grève générale.

L’importance des manifestations à l’appel du LKP en Guadeloupe est  une belle réponse aux insultes, menaces et manœuvres du gouvernement : « nous ne sommes pas une minorité violente, nous sommes le peuple qui se lève tout entier et nous n’en sommes qu’au début. »

Mais plus encore que tout cela, les Antillais montrent par leur révolte, qu’ils ne se contenteront pas de retrouver la vie d’avant ; ils veulent prendre leur destin en main pour mettre en place une société plus juste qui assure une vie digne pour tous et le meilleur à chacun… Les jeunes et les travailleurs se battent pour leurs droits et leur liberté avec des armes de classe : la grève, le blocage de l’économie.

Le gouvernement témoigne qu’il a une grande peur : que l’exemple de la détermination des grévistes de Guadeloupe, Martinique, Tahiti, Polynésie ne fasse tache d’huile. Pas seulement en Guyane où la situation est tendue depuis déjà des mois et où la grève générale rampante pourrait redevenir chaude à tout moment ; ou bien en Nouvelle Calédonie où le gouvernement a déjà reculé face à la mobilisation pour l’obligation vaccinale et le passe sanitaire et où la situation pourrait s’avérer doublement explosive avec l’approche du référendum d’auto-détermination du 12 décembre boycotté par toutes les organisations kanakes.

Macron a peur surtout et principalement qu’elle devienne pour toutes les grèves qui parsèment la France métropolitaine l’exemple qui paye par son efficacité, l’exemple à suivre pour renverser la table des élections présidentielles.

La solidarité avec la grève générale outre-mer c’est d’exiger l’arrêt de la répression et le retrait des forces d’intervention de Macron-Darmanin. C’est le soutien de toutes les revendications sanitaires, sociales, démocratiques.

../..

Alors la solidarité avec la grève générale outre-mer c’est aussi de s’inspirer de cette leçon de démocratie pour construire ici et maintenant la coordination et la centralisation des luttes.

HC, le 01/12/2021.

LKP = Liyannaj Kont. Pwofitasyon, (Collectif contre l’exploitation outrancière), structure guadeloupéenne qui regroupe une cinquantaine d’organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles de la Guadeloupe. Ce collectif est à l’origine de la grève de 2009 qui a touché l’Île entre le 20 janvier et le 4 mars. Son porte parole est Elie Domota qui est le secrétaire général du syndicat majoritaire de la Guadeloupe, UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe).