5 decembre tous ensemble Retrait du projet Delevoye-Macron

En France, les mouvements sociaux (révolte des Gilets jaunes, conflit des hospitaliers…) secouent Macron et son projet d’adaptation accélérée de la France au néo-libéralisme, au profit des plus riches. A partir du 5 décembre, c’est TOUS ENSEMBLE qu’il est possible de faire reculer Macron !

 

La retraite par points a pour objectif de réduire les pensions et d’individualiser les droits à la retraite. La totalité des salarié.e.s seraient perdants ! Ceux qui en auront les moyens seront incités à privilégier les solutions individuelles (fonds de pension). L’objectif poursuivi est de nous faire travailler plus longtemps. Stupidité, puisque  60% des salariés du privé ne sont plus en activité au moment de liquider leur retraite.

 

Défendre une retraite solidaire

 

 

Face à la contre-réforme Delevoye-Macron,opposons une alternative avec un socle de droits pour toutes et tous. Une retraite à 60 ans avec des pensions à 75% des meilleurs salaires et un minimum au niveau du Smic revendiqué. Un droit collectif à un départ anticipé en fonction de la pénibilité du travail, pour une retraite en bonne santé. Une petite augmentation des cotisations socialisées pour faire face à la bosse démographique à venir. L’égalité salariale femmes-hommes, la réduction du temps de travail et le retour aux 60 ans, apporteraient une baisse du chômage ainsi que de nouvelles ressources. C’est un choix de société.

 

Deux impératifs : l’unité syndicale, le rassemblement à gauche

 

De la base au sommet, de l’intérieur des entreprises au niveau national, consolider l’unité est une nécessité. Ce qui vrai pour le 5 décembre, l’est aussi pour le 6 et les jours qui suivent. La reconduction de la grève est en débat dans de nombreuses entreprises. Avec l’unité syndicale et des assemblées générales de salarié.e.s, elle peut s’imposer comme une perspective dès le 6 décembre.

 

Plus que jamais le besoin d’une alternative politique de gauche au couple mortifère Macron-Le Pen se fait ressentir. Le rassemblement des forces de gauche sociales et écologistes serait un encouragement à l’action. On connaît les dégâts sociaux mais aussi écologiques engendrés par la domination de la finance (les quatre principales banques continuent, par exemple, de soutenir activement les investissements dans les énergies fossiles).

 

Contre Macron et son monde, il faut opposer une gauche unitaire alternative au capitalisme, une gauche sociale et écologique, un front populaire social et écologiste !

 

 

 

Construire un autre monde …

 

Partout, des révoltes populaires, des mobilisations ont lieu contre l’ordre néo-libéral qui s’est imposé. Depuis la crise financière, les classes dominantes veulent baisser toujours plus les dépenses publiques notamment sociales. Elles se moquent des enjeux climatiques et écologistes qui frappent d’abord les plus faibles.

 

Cette diminution du rôle de l’Etat dans le domaine social  et économique (destruction des services publics, privatisations…) s’accompagne d’un renforcement du rôle répressif de l’Etat.

 

Le néo-libéralisme blesse, mutile et tue.

 

Mettre un coup d’arrêt en France à cette politique renforcera le mouvement qui monte partout dans le monde. Le 5 décembre peut être un tournant. Cela dépend de nous !

 

 


Toutes et tous ensemble le 5 décembre !

Nous mettons en ligne nos tracts à diffuser largement durant les manifestations du 5. Téléchargez la version couleurs Téléchargez la version noir et blanc   Lire la suite…

Le « projet de société » de Delevoye-Macron

Lors du lancement de la réforme au Sénat en avril 2018, Agnès Buzyn a déclaré : « Ce n’est pas un problème technique, c’est un projet de société ». Et, pour une fois, on ne peut pas lui donner tort. Le projet Delevoye, c’est effectivement… Lire la suite…

 

« Réforme » des retraites Le sale « projet de société » de Delevoye-Macron

« Réforme » des retraites

 

Le « projet de société » de Delevoye-Macron

 

Lors du lancement de la réforme au Sénat en avril 2018, Agnès Buzyn a déclaré : « Ce n’est pas un problème technique, c’est un projet de société ». Et, pour une fois, on ne peut pas lui donner tort. Le projet Delevoye, c’est effectivement l’application du néolibéralisme le plus dur. Il s’inscrit dans la logique de concurrence à la baisse du « coût du travail » au niveau européen (achèvement du marché intérieur) et mondial (accords de libre-échange).

 

La flexibilité et l’ubérisation à vie sont incompatibles avec l’existence des régimes de retraite existants – régime général, régime des fonctionnaires et régimes spéciaux. Pour nos gouvernants, l’avenir du salariat, c’est la précarité. Il est dès lors crucial, à leurs yeux, de faire disparaître la notion de carrière ; toute la vie, on passera d’une « activité » à une autre. Pour Delevoye, « les différences de règles entre régimes [...] peuvent freiner les mobilités professionnelles ». Et le Haut-commissaire d’ajouter que « toutes les activités seront donc prises en compte, quelle que soit la rémunération, même faible, qu’elles procurent ».

Dans le cadre de la généralisation de la flexibilité, il n’est plus possible de prendre en compte les six derniers mois dans le public, ni les 25 meilleures années dans le privé. Il est nécessaire de passer aux points, chaque « activité » en apportant – souvent fort modestement – son lot.

 

En finir avec la Sécu

Lutter contre la retraite par points, c’est lutter pour le maintien et la reconquête des statuts, du Code du travail et des conventions collectives. C’est aussi combattre la baisse des « dépenses publiques » et le développement de la capitalisation.

Les retraites – plus de 300 milliards d’euros – font partie des dépenses publiques, jugées trop élevées par les néolibéraux qui nous gouvernent. Selon Catherine Perret, membre du bureau confédéral de la CGT, « c’est un big-bang. L’objectif, c’est une chute sans fin des pensions qui représentent 14 points de PIB en France, les exigences de l’Union européenne étant de 11 % ».

Baisser les retraites, c’est coup double pour le Medef et pour les actionnaires du monde entier. Cela permet de baisser les cotisations sociales, partie socialisée du salaire, fondatrices de la Sécurité sociale, donc d’augmenter les profits et les dividendes (171 milliards en 2018). Cela entraîne du même coup l’augmentation des dépenses privées, la capitalisation (appelée « épargne retraite » en vocabulaire « politiquement correct »). Ce hold-up est préparé minutieusement. L’Union européenne crée en effet les fonds de pension à l’échelon continental. Quant à la loi Pacte, elle encourage la capitalisation au détriment des cotisations à la Sécurité sociale.

Dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020, la déclaration de Darmanin selon laquelle les cotisations et la fiscalité, ce serait « la même poche » est pour le moins explicite. Il s’agit rien de moins que d’en finir avec les deux budgets distincts (celui de l’État et celui de la Sécu). C’est du Kessler dans le texte : ils ont bel et bien décidé d’en finir avec la Sécurité sociale issue des combats de la Libération.

 

Régime par points

Le principe « un euro cotisé donne les mêmes droits », c’est l’individualisme généralisé, la consécration du chacun pour soi, l’opposé de la Sécurité sociale d’Ambroise Croizat qui a la solidarité dans son ADN et qui réduit considérablement les inégalités, notamment en ce qui concerne les femmes.

Si ce principe était suivi scrupuleusement, lorsqu’on ne travaille pas (maladie, accident, chômage, grossesse, handicap…), on ne devrait pas avoir de points. Encore moins pour la pénibilité… Il ne devrait pas y avoir non plus de pension de réversion. C’est impensable politiquement. Il y aurait donc des points comptabilisés à part et financés à part par l’impôt, et non par la cotisation. On passe du droit lié à la cotisation à l’assistance, qui coûte toujours trop cher aux possédants. Ne coûte-t-elle pas déjà un « pognon de dingue », selon leur premier commis ?

 

Un outil idéal

Le système par point, que cherche à imposer Macron, constitue à ses yeux l’outil rêvé pour imposer une érosion sans fin du montant des pensions.

Pour un salaire de 1 500 euros, si la valeur d’achat du point est de 10 euros, on obtiendra 150 points par mois. Ces points se cumuleront sur toute la vie active. Si, à l’issue de ses « activités » (puisqu’on ne pourra plus parler de « carrière » !), un salarié dispose de 200 000 points au moment de liquider sa retraite, et que la valeur de service du point fixée à 0,05 euros, il recevra une pension de 200 000 x 0,05, soit 1 000 euros.

Les gouvernants auront donc deux moyens pour assurer l’érosion permanente des pensions : l’augmentation de la valeur d’achat du point et la diminution de sa valeur de service. À cela s’ajoute que la pension sera calculée sur l’ensemble de la vie professionnelle, dont les périodes de petits salaires, de chômage, de congés maternité et/ou parentaux, etc., qui seront particulièrement pénalisantes pour les salariés – et surtout pour les salariées ! – concernés.

  • Leur stade suprême ?
  • Pour Macron et Cie, le projet Delevoye constitue la réforme « ultime », car elle est censée, à leurs yeux, entamer de façon décisive la capacité de mobilisation du corps social. Il est vrai que la disparition du marqueur collectif par excellence que constitue l’âge légal de départ à la retraite concourra de façon décisive à une individualisation du rapport des salariés à « leur » pension.
  • Le pouvoir mise par ailleurs sur le fait qu’une érosion lente et continue mobilise beaucoup moins qu’une réforme brutale telle que celles de 1995, de 2003 ou encore de 2010…

Double peine ?

Elle s’appliquerait indistinctement à tous les salariés. La disparition de l’âge légal imposerait au plus grand nombre un départ vers 70 ans. Quant au montant de la pension, s’il serait par définition inconnu de l’ayant-droit jusqu’à la liquidation de ses droits, il sera assurément en baisse pour toutes et tous. On sait en effet combien on verse en cotisations, mais sans avoir aucune idée du moment où l’on aura assez de points pour prendre sa retraite (voire cumuler une pension et un emploi).

  • Contrairement aux affirmations de Delevoye, les 17 millions de retraités sont eux aussi directement concernés. Avant même la mise en place de la réforme, 8 à 15 milliards d’euros d’économies ont été réalisés sur leur dos. Quant à la baisse de la valeur du point, elle les impactera inévitablement. Enfin, les pensions de réversion (dont la valeur est estimée actuellement à 36 milliards d’euros) baisseront considérablement. En Suède, où un système de comptes par points a été mis en place à partir de 1994, elles ont pour ainsi dire pratiquement disparu…
  • La « gouvernance innovante »
  • Véritable cœur de la réforme, cette gouvernance donnerait tous les pouvoirs aux gouvernements dans le cadre des « semestres » européens et autre « règle d’or ».
  • Les concertations ont pour but de diviser, la réforme étant « non négociable ». Pendant les concertations, le gouvernement commence la mise en œuvre de la réforme dans le cadre du PLFSS 2020 par le prélèvement des cotisations de TOUS les régimes par l’URSSAF.
  • En outre, avec la « gouvernance innovante » et le « pilotage » (à vue ?) qu’elle permet, ils pourront revenir sur toutes leurs promesses : âge légal, dispositifs de départs anticipés, dispositifs de solidarité (périodes assimilées, droits familiaux, minimum retraite, etc). Si le projet Delevoye devenait réalité, les gouvernants successifs pourraient TOUT remettre en cause à tout moment. Il faut en prendre conscience collectivement.

 

Lutter pour gagner

La seule question qui vaille réellement est la suivante : comment lutter victorieusement ? Deux objectifs complémentaires doivent être à notre sens poursuivis. Il convient tout d’abord de converger pour obtenir le retrait pur et simple de la réforme. C’est binaire : soit on accepte la retraite par points, soit on la refuse. Il sera ensuite temps de négocier sur des propositions de reconquête.

Dans ce cadre revendicatif, la mobilisation du 5 décembre prend tout son sens. Nous devons toutes et tous être mobilisés pour le retrait de la « réforme » Delevoye. Les appels à la grève de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires, de l’UNEF, de l’UNL et de la FIDL, mais aussi de certains secteurs de la CGC et de l’UNSA, se multiplient, dont les appels à une grève illimitée à la RATP et à la SNCF.

Il s’agit bien de lutter de façon unitaire contre un « projet de société » mortifère. Ce combat ne doit pas donner lieu à un simple soutien passif des secteurs en pointe. Il nous concerne toutes et tous, que nous soyons jeunes, actifs, retraités, chômeurs, salariés du public ou du privé, cotisants à un régime spécial, et encore davantage si l’on est une femme.

 

Jean-Claude Chailley

 

5 décembre, contre offensive généralisée

 

Quel que soit le point du globe où notre regard se pose, le constat est clair : la contestation se généralise.

En Amérique latine, avec le Chili, l’Équateur et main- tenant au Brésil où le peuple va peut-être relever l’espoir brisé, maintenant que Lula est libre ; au Maghreb, avec l’Algérie ; au Moyen-Orient, avec le Liban et l’Irak ; en Asie, avec Hong-Kong. Mais aussi en Europe, avec la crise en Catalogne, avec le mouvement des Gilets jaunes en France, et maintenant le mouvement qui monte sur les retraites…

L’édifice se lézarde

Les raisons de ces explosions diffèrent. Ici, c’est l’augmentation du ticket de métro. Là, celle de l’essence. Ailleurs, c’est une taxe qui fait basculer la situation ou encore l’emprisonnement de dirigeants politiques… Ce cycle de mobilisations

est le reflet d’un mouvement profond. Celui d’un rejet d’un système en crise qui creuse les inégalités dans la distribution des richesses.
Des intellectuels reprennent la critique d’un capitalisme vorace et financiari-

sé, que formulent depuis des années – de façon sans doute moins « savan- te » – les mouvements sociaux et altermondialistes aux quatre coins du monde. Le mouvement est loin de se généraliser, mais il prend conscience

un peu partout de sa force et se politise.
Les mobilisations pour le climat font par exemple entrer, partout dans le monde, les jeunes générations dans un combat, si ce n’est contre le systè-

me capitaliste, au moins contre l’idéologie néo-libérale. C’est un des gains décisifs des derniers mois au niveau international.
Les processus électoraux commencent à refléter cette polarisation sociale

en cours. Après une série de scrutins aux résultats inquiétants, l’effet Trump-Bolsonaro semble avoir fait long feu. Les élections en Argentine marquent une poussée vers la gauche, les bons résultats de Bernie Sanders dans le Nevada témoignent de la même logique, tout comme la

perte de popularité de Macron dans l’Hexagone. La dynamique est inégale, bien sûr, mais ces éléments se combinent pour poser la question d’une alternative à la mondialisation libérale.
C’est ce qui explique la crise de leur fameuse « gouvernance », celle de l’Union européenne en particulier. C’est ce qui explique les politiques régressives des dirigeants des principaux pays capitalistes.

Budget de guerre sociale

En France vient d’être adopté un budget de classe avec des réductions d’emplois dans l’Éducation nationale, des coupes drastiques pour les fonds de solidarité et de vils expédients pour un hôpital déjà moribond, ainsi que l’écologie pourtant élevée au rang de cause nationale par Macron-Janus… Alors que les urgences demandent des moyens, que les dérèglements climatiques se succèdent, que les agents publics sont à bout !

Non sans difficultés, une majorité s’est par ailleurs dégagée à l’Assemblée natio- nale pour accepter la non-compensation pour les caisses de Sécurité sociale des allègements de cotisations sociales accordées aux employeurs. Un moyen sup- plémentaire pour tuer notre protection sociale.

C’est le moment !

C’est dans ce contexte que se profile la contre-réforme des retraites, conçue pour piller davantage encore la Sécu, alors que les moyens devraient être développés pour faire face au chômage, à la dépendance et à l’augmentation prévisible du nombre de retraités.

Macron hésite face à la montée des réactions. Il semble craindre l’affrontement qui vient et alterne déclarations bravaches et propos conciliants. Et, grand clas- sique, ressort de la boîte de Pandore le débat éculé sur le voile et l’immigration. Diversion certes, mais énorme danger face au risque de montée du racisme sous toutes ses formes, en particulier dans les classes populaires.

La responsabilité de la gauche n’en est que plus grande. Elle doit mettre un terme à son émiettement, dégager une alternative pour faire perdre la REM et le RN, tant aux municipales qu’au plan national.
Raison de plus pour tout faire pour que la mobilisation du 5 décembre soit exceptionnelle. Elle peut constituer un tournant de la situation française. Les appels se multiplient. Il faut amplifier le mouvement, préparer les suites sur le plan social comme sur le plan politique.

Un an après l’explosion du mouvement des Gilets jaunes – sur lequel nous reve- nons dans ce numéro –, il est temps de passer à la contre-offensive.

 

edito de D&S n°269  27 ° année

 

Trois questions à Sylvie Durand, secrétaire nationale de l’UGICT-CGT

 

Sylvie Durand, secrétaire nationale de l’UGICT-CGT, est une des spécialistes confédérales de la question des retraites.

 

D&S : Le 29 octobre, vous avez communiqué des chiffres tellement alarmants sur les effets du projet de loi Delevoye que les médias n’osent pas encore les diffuser. Quels sont ces chiffres ?

Sylvie Durand : Le gouvernement prévoit de plafonner les ressources affectées aux retraites à 14 % du PIB, donc mécaniquement avec un nombre de retraités qui va croître, on ne peut avoir qu’un décrochage continu du niveau des pensions.

En outre, dans un système par points, le droit à retraite est proportionnel à la durée de cotisation, c’est-à-dire aux périodes travaillées. On abandonne la référence aux 25 meilleures années du système actuel. Les périodes d’étude ne sont pas cotisées…, sauf pour l’ENA, Polytechnique et une poignée d’autres grandes écoles ! Donc, pour compenser les années de formation initiale, les salariés devront travailler au-delà de 70 ans.

Si l’on fait des simulations en se basant sur le salarié dont le salaire évolue comme le salaire moyen par tête, la durée de cotisation nécessaire pour obtenir 75 %, voire 66 % ou ne serait-ce que 60 % de son dernier salaire est aberrante. Pour avoir 75 % de son salaire de fin de carrière, un salarié devra cotiser 54 ans…, soit avoir un début de carrière à 10 ans ! Un salarié diplômé d’un bac +5 à 23 ans devra travailler, s’il le peut, jusqu’à 77 ans. !

 

D&S : C’est « gros », en effet… Mais y aurait-il des gagnants dans le nouveau « système » ?

S. D. : Tous les salariés seraient perdants, y compris ceux qui ont déjà pris leur retraite, puisque les pensions liquidées seraient amenées à diminuer si le montant total versé aux ayant-droits représentait un pourcentage de PIB supérieur à 14 %. Ce qui ne manquerait pas d’arriver en cas de récession. Notre système de retraite a joué un rôle important, comme filet de sécurité, lors de la crise de 2008. Le gouvernement, s’il parvient à mettre en œuvre son projet, priverait le pays de cette protection.

Le rapport Delevoye a indiqué que les « solidarités » seraient maintenues, mais « financées par l’impôt », ce qui en change la nature. Les dispositifs actuels de solidarité seraient transformés en aides sociales, lesquelles seraient, comme l’allocation de solidarité aux personnes âgées, délivrées sous conditions de ressources et probablement récupérables sur succession.

Pour l’instant, seules les banques et les assurances sortent gagnantes de ce projet de réforme. Elles peinent à faire prospérer en France le business de l’épargne retraite, qui est au passage un vrai danger. Ces dispositifs ne s’engagent même pas à restituer le capital en euros courants et s’évanouissent en cas de crise financière systémique !

 

D&S : Quelles sont vos propositions ?

S. D. : La CGT propose les axes suivants : l’augmentation des cotisations vieillesse, la retraite à 60 ans (âge d’ouverture des droits) , une pension correspondant à 75 % du salaire de fin de carrière et pas de pension inférieure au Smic net. En ce qui concerne la durée de cotisation, on peut proposer de parler de « carrière complète » pour prendre en compte les années d’études qui doivent intégrer le calcul, si l’on ne veut pas voir décrocher cette partie importante du salariat que représentent ceux qui sont qualifiés.

 

Propos recueillis par Anne de Haro.

 

Pour consulter la version intégrale de cet entretien,

une seule adresse : http://www.gds-ds.org/XXXXXXXXXXXXXXXXXX

 

Rapport Insee sur la pauvreté : chiffres accablants pour Macron-Philippe

 

 

Le 16 octobre, Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, a été publiée une note d’analyse de l’Insee sur la pauvreté et sur les inégalités en France. Les résultats auxquels ont abouti les statisticiens de l’institut n’ont pas dû plaire à Macron qui s’échine à soigner son image de « petits père des pauvres ». Non seulement la pauvreté a augmenté dans notre pays en 2018, mais cette hausse est marquée du sceau d’une politique fondamentalement favorable aux plus riches.

 

Selon les estimations de l’Insee, 14,7 % de la population hexagonale aurait un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté en 2018, soit une hausse du taux de pauvreté de 0,6 point sur un an. Selon les Économistes atterrés, « après trois ans de stagnation à 14,1 %, ce taux est reparti à la hausse ». Ils seraient ainsi désormais 9,3 millions, nos concitoyens, à déclarer un revenu disponible inférieur à 60 % du niveau médian.

 

Les inégalités à la fête

En politique, une mauvaise nouvelle peut bien souvent en cacher une autre. La note de l’Insee est en effet on ne peut plus claire sur la hausse des inégalités dans l’Hexagone. Selon l’institut public, « le ratio entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % de personnes les plus aisées et celle détenue par les 20 % les plus modestes augmenterait de 0,1 pour s’établir à 4,4 ». Pas étonnant, donc, que le coefficient de Gini ait connu l’an dernier sa plus forte hausse depuis 2010. Cet indicateur, développé par le statisticien italien Corrado Gini, mesure le degré dʼinégalité de la distribution des revenus dans une population donnée ; il varie entre 0 et 1 – 0 correspondant à l’égalité parfaite, tandis que 1 signifierait une forme dʼinégalité absolue.

Piètre consolation pour l’exécutif, la hausse de la pauvreté est certainement surévaluée, comme le reconnaissent explicitement les statisticiens de l’Insee. Selon eux, elle s’expliquerait en grande partie par la baisse des APL pour les locataires de logements HLM. Mais pour que cette mesure d’économie budgétaire soit indolore pour les plus fragiles, le gouvernement Philippe a contraint les offices HLM à baisser d’autant les loyers demandés. Or, si les calculs de l’Insee tiennent compte de la baisse des APL, la réduction des loyers, elle, « n’entre pas, par définition, dans la mesure des niveaux de vie ». Selon l’organisme public, « sans prendre en compte cette baisse des allocations logement, la hausse du taux de pauvreté au seuil de 60 % serait plus modérée (+ 0,2 point en 2018) » et « seules » 9,1 millions de personnes seraient concernées.

 

Le sens d’une politique

Montée des inégalités et hausse de la pauvreté sont indissociables, puisque le calcul de cette dernière se fait à l’aune du revenu médian. Ainsi, toute augmentation de ce revenu de référence qui ne serait pas le fait d’un rattrapage des petits salaires sur la grille générale et/ou d’une hausse généralisée des prestations sociales ne peut que faire augmenter le nombre de personnes situées sous la barre des 60 % de ce revenu.

Or, sous Macron, l’augmentation de revenu médian est principalement due à la forte hausse des dividendes (environ 60 %) qui a naturellement profité aux ménages les plus aisés. La disparition de l’ISF honni et l’instauration de la flat-tax par Macron-Philippe, qui « sécurisent » les riches contribuables en matière de fiscalité sur ce type de revenus, leur permettent de gagner sur les deux tableaux : plus de dividendes empochés et moins d’impôts à payer. L’Insee précise que « ces hausses de revenus des capitaux mobiliers contribueraient pour trois quarts à la hausse de l’indice » des inégalités.

L’étude indique également que des mesures comme « la baisse de la taxe d’habitation, la bascule CSG/cotisations et l’extension du crédit d’impôt pour l’emploi de salariés à domicile aux retraités, bénéficieraient davantage aux ménages au-dessus du seuil de pauvreté ». Mises bout à bout, les mesures de classe en faveur des plus riches et celles conçues pour alléger le fardeau fiscal des prétendues « classes moyennes » contribuent tout naturellement « à la hausse du seuil et du taux de pauvreté ». La hausse des revenus des plus riches gonfle artificiellement le revenu médian et les prétendues mesures « sociales » du gouvernement, servant surtout à éviter le déclassement d’une partie des couches sociales intermédiaires qui ont encore la mauvaise habitude de se rendre aux urnes, renforce cette logique de marginalisation des (encore) plus fragiles. Le nombre de personnes placées sous le seuil fatidique des 60 % du revenu médian ne peut dès lors qu’augmenter, quand bien même leur situation individuelle n’empirerait pas.

Macron est décidément un Robin des Bois à l’envers pour le moins pragmatique. Il ne perd pas son temps à faire individuellement les poches des miséreux pour engraisser les riches. Ce serait une telle perte de temps ! Il préfère s’en prendre directement au véritable magot, c’est-à-dire aux services publics et à la dépense publique, autant dire au patrimoine commun de celles et ceux qui n’ont rien. C’est tellement plus efficace… et indolore.

 

JFC

 

quels 42 « régimes spéciaux » (en fait, pas des régimes spéciaux, mais des conventions collectives et statuts ) ?

Quels sont les différents régimes de retraite ?

Ces régimes représentent le quatrième bloc des régimes de la Sécurité sociale aux côtés du régime général, de la Mutualité sociale agricole (MSA) et de la Sécurité sociale pour les indépendants (ex-RSI).  Se distinguent trois familles :

  • Le régime de la fonction publique (fonctionnaires civils et militaires)
  • Le régime des entreprises et établissements publics
  • Les autres régimes réunis autour d’une profession ou d’une entreprise

Tous ne sont pas indépendants en ce qui concerne le risque vieillesse. Certains régimes ne couvrent que le risque maladie et/ou le risque AT/MP, tandis que le risque vieillesse est géré par le régime général ou le régime de la fonction publique. Les régimes qui couvrent le risque vieillesse sont :

  • Le régime des fonctionnaires 4 400 000
  • Le régime de la SNCF avec la caisse de prévoyance et de retraite de la SNCF (CPRPSNCF) 142 943
  • Le régime des Clercs et employés de Notaire avec la caisse de Retraite et de Prévoyance des Clercs et Employés de Notaires (CRPCEN) 47 618
  • Le régime de la RATP avec la caisse de Retraite du Personnel de la RATP (CRP RATP) 42483
  • Le régime des Marins avec l’Établissement National des Invalides de la Marine (ENIM) 20045
  • Le régime EDF-GDF des Industries Electriques et Gazières avec la caisse Nationale des Industries Electriques et Gazières (CNIEG) 146 103
  • Le régime des Cultes avec la caisse d’Assurance Vieillesse et Maladie des Cultes (CAVIMAC)
  • Le régime parlementaire du Sénat avec la caisse autonome de Sécurité sociale du Sénat (CASS SENAT) qui n’a pas été aligné sur celui de la Fonction publique
  • Le régime parlementaire de l’Assemblée Nationale avec le Fonds de sécurité sociale de l’Assemblée Nationale (FSS Assemblée nationale), aligné depuis le 1er janvier 2018 sur celui de la Fonction publique
  • Le régime des ouvriers des établissements industriels de l’Etat avec la caisse des Dépôts et Consignations (CDC)
  • Le régime des agents des collectivités locales avec la caisse des Dépôts et Consignations (CDC)
  • Le régime des personnels de l’Opéra National de Paris avec la caisse de Retraites des Personnels de l’Opéra de Paris 1825
  • Le régime du Port autonome de Bordeaux
  • l’Établissement de retraite additionnelle de la Fonction publique.
  • la Caisse de retraite du personnel navigant professionnel de l’aéronautique civile,

Restent :

la Caisse autonome nationale de sécurité sociale des mines, 3401

la Caisse de retraite des salariés de la Caisse des dépôts et consignations,

la Caisse de retraite et de prévoyance des clercs et employés de notaire, l’Établissement national des invalides de la marine,

l’Établissement de retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP),

la caisse de retraite des salariés de la Banque de France, 12029

la Caisse de retraites du personnel de la Comédie Française,  305

la Caisse de retraite et de prévoyance des vétérinaires,

la Caisse d’allocation vieillesse des agents généraux et des mandataires non salariés de l’assurance et de la capitalisation,

la Caisse d’allocation vieillesse des experts comptables et des commissaires aux comptes,

la Caisse nationale des barreaux français,

l’Institution de retraite complémentaire de l’enseignement et de la création,

la Caisse de retraite des salariés du port autonome de Strasbourg,

la Caisse d’assurance vieillesse invalidité et maladie des cultes,

la Caisse de prévoyance et de retraite des notaires,

la Caisse d’assurance vieillesse des officier ministériels, officiers publics et des compagnies judiciaires ?

Les bénéficiaires des régimes particuliers de retraite sont les affilés et leurs ayants-droit.

Aujourd’hui ces régimes représentent environ :

  • 4,5 millions de pensionnés
  • 4,7 millions de cotisants
  • 3,4 % de la population active

 

bizi : Jeudi 5 décembre : toutes et tous dans la rue ! Une mobilisation sociale mais aussi écologique

Jeudi 5 décembre : toutes et tous dans la rue !

Une mobilisation sociale mais aussi écologique

Le jeudi 5 décembre s’annonce d’ores et déjà comme un moment clef pour faire barrage à l’offensive du gouvernement contre le modèle social en vigueur depuis 1945. Une mobilisation d’ampleur se prépare à l’occasion de cette grève inter-pro contre la réforme des retraites. Bizi appelle ses militant.e.s et sympathisant.e.s à y participer pleinement, pour défendre notre modèle de protection sociale et de solidarité, mais également pour ne pas laisser cette réforme aggraver les crises climatique et écologique.

Rendez-vous à 10H30 jeudi 5 décembre entre la gare et la bourse du travail de Bayonne (Pour nous aider à amener le matériel, les drapeaux, etc, rendez vous à 10H00 au local).

Pourquoi Bizi appelle à participer à cette manifestation : https://bizimugi.eu/le-5-decembre-une-mobilisation-sociale-mais-aussi-ecologique

Comment dans une telle situation accepter des logiques et des prétendues solutions ne pouvant qu’aggraver et accélérer la catastrophe en cours ? Comment accepter de scier plus longtemps et plus vite la branche sur laquelle l’humanité est assise ?

Une autre voie est possible…et gagnable !

Bien d’autres logiques et solutions existent. Partage du travail et des richesses, développement des liens, de la culture et du soin plus que des biens et de la consommation ostentatoire, lutte contre l’obsolescence programmée, démarchandisation de nombreuses activités, renforcement des systèmes de solidarité et gestion collective des biens communs etc. C’est sur ces rails là qu’il faut guider les évolutions de notre système de santé, d’assurance chômage et de retraite, pas sur ceux nous menant tout droit vers un monde à la Mad Max !

Il nous faut réagir aujourd’hui, cette bataille est gagnable ! De plus en plus de monde se mobilise pour défendre la solidarité et la justice sociale ou pour réagir à l’urgence écologique et climatique. Ensemble, nous pouvons stopper cette nouvelle offensive anti-sociale et anti-écologique du gouvernement. C’est le moment !

Bizi!


Ostegunean, abenduaren 5ean: denak karrikara!

Mobilizazio soziala, bai eta ere ekologikoa!

Osteguna, abenduaren 5a jada aitzin ikusten da momento erabakigarri bat bezala 1945etik geroz plantan den eredu sozialaren kontra gobernuak daraman erasoaldia geldiarazteko. Mobilizazio zabal bat antolatua izaiten ari da erretreten erreformaren kontrako greba interprofesional honen karietara. Bizik bere militante eta laguntzaileak deitzen ditu bertan osoki parte hartzerat gure babes eta elkartasun eredu sozialaren defendatzeko, baina ber maneran ere ez uzteko erreforma hau krisi klimatiko eta ekologikoaren gaizkontzen.

Hitzordua finkatua da ostegunean, abenduaren 5ean, goizeko 10:30etan, Baionako tren geltokia eta Lan Boltsaren artean (Materialaren, ikurriñen, etab.-en eramaiten laguntzeko, hitzordua, Biziren egoitzan 10:00etan).

Zergatik Bizik manifestaldi horretan parte hartzeko deia luzatzen du: https://bizimugi.eu/eu/abenduaren-5an-mobilizazio-soziala-bai-eta-ere-ekologikoa

Horrelako egoera batean, martxan den hondamendia txartzeko eta bizkortzeko on diren logika eta aipatu aterabideak nola onartu? Nola onartu, jendartea jarria den abarraren segatzen jarraitzea oraino denbora gehiagoz eta eta abiadura handiagoan?

Beste bide bat posible da… eta hartzen ahal da!

Beste ainitz logika eta aterabide badira. Lanaren eta aberastasunen banatzea, harremanen, kulturaren eta arten garatzea, ez eta ontasunen eta harrokeriazko kontsumoarena, zaharkitze programatuaren kontrako borroka, hainbat aktibitateren sal-eroste arlotik ateratzea, elkartasun sistemen indartzea eta komunalen kudeaketa kolektiboa, etab. Gure osasun sistemaren, langabezi asurantzaren eta erretreten sistemaren aldaketak bide horietara behar dira bultzatu eta ez zuzen zuzen Mad Max-en moduko mundurat garamatzatenetara!

Gaur behar dugu ihardetsi, borroka hori irabazten ahal da! Gero eta gehiago jende mobilizatzen da elkartasuna eta justizia sozialaren defendatzeko edo larrialdi klimatiko eta ekologikoari aurre egiteko. Elkarrekin, gobernuaren erasoaldi anti-sozial eta anti-ekologiko berri hau gelditzen ahal dugu. Orain da mementoa!

Bizi!

 

Retraites : contre l’individualisme, nous choisissons la solidarité

Une manifestante lors de la mobilisation nationale du 20 novembre 2007, à  Lyon.Une manifestante lors de la mobilisation nationale du 20 novembre 2007, à Lyon.Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP

Plusieurs partis de gauche, Europe Ecologie-les Verts, NPA, La France insoumise, Génération·s… soutiennent les mobilisations syndicales et appels à la grève annoncés pour le 5 décembre.

  • Retraites : contre l’individualisme, nous choisissons la solidarité

Tribune. Les forces politiques et les personnes soussignées s’opposent totalement au projet de retraites d’Emmanuel Macron et soutiennent les mobilisations syndicales annoncées pour le mettre en échec le 5 décembre, ainsi que les appels à la grève reconductible.

E. Macron parle de droits «universels» ? Ils seraient en réalité «individualisés» et réduits.

C’est au Parlement de Versailles en juillet 2018 que E. Macron a proclamé son projet. Il veut «un Etat providence du XXIe siècle, émancipateur, universel…» et «protéger nos concitoyens non selon leur statut et leur secteur d’activité, mais de manière plus juste».

Plus «juste» ? Pour l’assurance-chômage, le Président avait déjà promis «l’universalité». Or avec sa «réforme», plus d’un million de personnes verront leurs droits amputés et paieront de leurs poches les 3,8 milliards d’économies imposées par l’Etat jupitérien. Très belle «émancipation» !

Dans le monde selon E. Macron, les statuts collectifs disparaissent. Il ne reste que l’individu face à son destin, évoluant sur le marché, traversant la rue pour obtenir un emploi, surveillant son compte de retraite à points pour arbitrer entre la prolongation de son travail et son niveau de pension. A condition bien sûr de ne pas être au chômage, en maladie, ou en invalidité, comme beaucoup de salarié·es après 60 ans.

E. Macron oublie que le projet du Conseil national de la résistance (CNR) visait une Sécurité sociale universelle, mais avec des droits en progrès. Il veut qu’on oublie que ces conquêtes résultent d’une mobilisation populaire obtenant qu’une part plus élevée de la richesse soit attribuée aux retraites et à la santé, donc au bien vivre. Il a fallu pour cela augmenter la part du PIB accordée aux retraites, de 4% jusqu’à 14% d’aujourd’hui, pour améliorer le taux de remplacement entre la pension versée et les meilleurs salaires. Ce taux atteignait 75%, avant les contre-réformes accumulées depuis 1993. Ainsi la retraite a représenté une prolongation de son revenu pour des activités nouvelles et libres. Cette répartition de la richesse a permis d’universaliser des droits pour des retraités plus nombreux et un progrès de l’espérance de vie.

Cependant, une forte injustice persiste en raison de la scandaleuse inégalité salariale entre femmes et hommes, réduisant en moyenne leurs pensions de 40% sur celles des hommes. Or l’application effective de l’égalité salariale permettrait un afflux de ressources : 6 milliards d’euros au moins. Il est donc tout à fait possible d’améliorer ce qui existe. Et aussi de réduire les inégalités inacceptables dues à la pénibilité du travail. Même Edouard Phillipe a reconnu qu’il n’y a pas vraiment de «déficit» et que le système actuel est «encore bon».

Alors pourquoi s’acharner à le démanteler ? Parce que ce gouvernement veut à tout prix obliger les travailleurs, femmes et hommes, y compris les indépendants, à s’adapter aux règles du libéralisme : les droits coûteraient trop chers parce qu’ils sont socialisés et incluent une solidarité collective (carrières incomplètes, années de chômage, enfants). Au lieu d’une retraite où la prestation est d’avance garantie, ce pouvoir cherche à imposer un système où seule la cotisation est définie. Chacun sait ce qu’il cotise pour acquérir des points, mais personne ne sait quelles prestations seront versées. La conversion des points en pension pourra évoluer en fonction de la marche générale de l’économie. Le gouvernement aura la haute main sur ce choix à chaque budget annuel de la Sécurité sociale. La «caisse des retraites» où siègeront les syndicats ne pourra donner qu’un avis.

La propagande du gouvernement sonne bien, mais elle est une tromperie.

«Un euro cotisé donnera les mêmes droits pour tous» ? Peut-être, mais appauvris. En effet le calcul des droits à pension s’effectuerait sur toute la carrière, alors qu’aujourd’hui il se fait sur les 25 meilleurs salaires dans le privé, et les derniers mois dans le public. Conséquence : la moyenne des salaires baissera en incluant les mauvaises années. La pension baissera en proportion. Le recul de l’âge de la retraite est aberrant alors qu’à 62 ans, 40% des seniors sont inscrits à Pôle Emploi.

Un «Etat providence du XXIe siècle» ? Appauvri encore ! La part des retraites dans la richesse nationale serait plafonnée (14% du PIB), alors que depuis 1945 elle a progressé. Les cotisations ont augmenté : les actifs et les retraités sont solidaires pour déterminer la part de valeur qui va au bien commun. Ce n’est pas aux propriétaires financiers et de dividendes de décider. Alors qu’ils s’approprient toujours plus de richesses sans aucun effet sur le chômage.

Des droits «dès le premier euro» ? On promet que les jeunes auraient des droits au premier euro cotisé. Mais si la part totale des retraites est gelée, toute avancée des uns sera prise sur les autres. On aura une division accrue au lieu de droits égaux ! Ainsi, les pensions de réversion vont diminuer, ce qui pénalisera encore les femmes. Macron veut en réalité rendre «naturelle» la précarité des temps partiels et des CDD au lieu de les combattre.

«Un système plus juste» ? Faux ! E. Macron veut rayer le mot «pénibilité du travail» du vocabulaire alors même que celle-ci participe largement à réduire l’espérance de vie en bonne santé. Que de retraites volées à celles et ceux qui en auraient le plus besoin !

La retraite par points ? Le secteur privé la connaît déjà, avec les «complémentaires» par points qui ne cessent de se dégrader. Les «complémentaires» sont le cheval de Troie introduit pour habituer à un système individualiste. Comme c’est le cas aussi en Suède souvent portée en exemple. En France, sous la pression du Medef, les pensions «complémentaires» ont été gelées de 2016 à 2018, et une baisse de 10% est prévue à partir de 2019. Ni Macron ni les patrons ne veulent plus parler de hausse de cotisations.

Etat «providence» ? Plutôt un tremplin vers la capitalisation pour les plus riches ! En effet, la baisse programmée du montant des retraites incitera ceux qui en ont les moyens à se tourner vers les fonds de pension. Les salaires au-dessus de 120 000 euros annuels ne cotiseraient plus au régime à points mais pourraient souscrire une épargne privée. Le ver serait dans le fruit.

Au total, la contre-réforme des retraites participe d’un plan de destruction des systèmes de solidarité : suppression des services publics, réforme punitive de l’assurance chômage, privatisations (ADP), attaques contre tous les statuts salariés.

Contre ce bouleversement de société, notre alternative repose sur un socle de droits universels : une retraite à 60 ans avec un taux de remplacement à 75% indexé sur les meilleurs salaires, garanti pour tous et toutes. Mais aussi un droit collectif à un départ anticipé en fonction de la pénibilité du travail, pour une retraite en bonne santé. Cela exige une augmentation des cotisations socialisées incluant les profits financiers. Et une baisse du chômage par la réduction du temps de travail apporterait aussi des ressources.

Les mobilisations syndicales unitaires seront décisives à partir du 5 décembre ! Nous appelons la population à leur apporter un soutien massif !

Signatures :

Europe Ecologie-les Verts (EELV) : Sandra Regol, porte-parole ; Alain Coulombel, secrétaire national adjoint

Ensemble ! : Clémentine Autain, députée de La France insoumise (FI), Myriam Martin, porte-parole, conseillère régionale LFI Occitanie; Jean-François Pellissier, porte-parole

Gauche démocratique et sociale (GDS) : Gérard Filoche, porte-parole ; Anne de Haro, GDS Ile de France

Génération·s : Guillaume Balas et Claire Monod, coordinateurs nationaux

Mouvement pour la démocratie en Europe (Diem 25) : Emma Justum, coordination nationale

Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) : Olivier Besancenot, Christine Poupin, Philippe Poutou, porte-parole

Nouvelle Donne (ND) : Aline Mouquet, co-présidente, Gilles Pontlevoy : co-président

Parti communiste français (PCF) : Cathy Apourceau-Poly, membre de la direction du PCF, sénatrice du Pas-de-Calais ; Pierre Dharreville, membre de la direction du PCF, député des Bouches-du-Rhône

Parti communiste des ouvriers de France (PCOF) : Véronique Lamy et Christian Pierrel, coporte-parole

Parti de Gauche (PG) : Eric Coquerel, député FI, co-coordinateur du PG; Danielle Simonnet, conseillère de Paris, co-coordinatrice du PG

Pour une écologie populaire et sociale (PEPS) : Sergio Coronado, Jean Lafont, Elise Lowy, Bénédicte Monville

République et socialisme (RS) : Marinette Bache, conseillère de Paris ; Lucien Jallamion, secrétaire national ; Mariane Journiac, secrétaire nationale

François Ruffin, député La France insoumise de la Somme.

Clémentine Autain députée de Seine-Saint-Denis (La France insoumise) et co-directrice de «Regards»Olivier Besancenot Membre de la direction du NPAEric Coquerel rapporteur du texte à l’Assemblée nationaleGérard Filoche inspecteur du travailFrançois Ruffin député (LFI) de la SommePhilippe Poutou Membre de la direction du NPADanielle Simonnet conseillère de Paris, élue du XXe arrondissement de Paris, oratrice nationale de La France insoumise, coordinatrice du Parti de gauche…

 

en quoi Macron a t il menti au pays tout entier et aux salariés de Whirlpool ?

a la CCC changer le système pas le climat

Stopper le réchauffement et le dérèglement climatiques

 

Le réchauffement climatique est une réalité confirmée. Depuis 1880, l’augmentation de la température moyenne de la surface terrestre est supérieure à 1°C. Si cette augmentation se limite à 1,5°C, le risque d’emballement pourra être contenu. Mais l’insuffisance des moyens mis en œuvre pour stopper ce réchauffement nous conduit vers le dépassement de cette limite.

 

L’activité humaine est la cause essentielle du réchauffement

 

L’origine certaine de ce phénomène est l’effet de serre causé par la diffusion de certains gaz (les GES) dans l’atmosphère. Notamment : CO2, CH4, H2O (en vapeur). La surproduction de GES est émise par les activités humaines. L’humanité doit donc  modifier ses activités. En voulant diviser par 2 les émissions de GES (–50 %) durant la décennie 2020-2030, nous tentons de limiter le réchauffement à +1,5°C, sinon à +2°C.

L’objectif d’atteindre la « neutralité » carbone en 2050, est raisonnable. Il s’agit de réduire les émissions de GES de façon à piéger tout le carbone émis dans des puits que sont, par exemple, les réservoirs constitués dans les roches souterraines qui contenaient du gaz naturel ou du pétrole et que sont aussi, plus naturellement, les forêts.

 

Le retard pris dans la lutte contre le réchauffement provient essentiellement de l’échec de la lutte pour l’abolition du mode de production capitaliste et son remplacement par un mode de production démocratique. Les responsables sont les capitalistes puisqu’ils sont les bénéficiaires du mode de production actuel, et les dirigeants politiques qui les servent.

Par exemple, grâce à l’intervention de l’Etat pour réguler l’économie capitaliste, durant les 30 glorieuses (1944-1974) la politique keynésienne fit disparaître les crises décennales de surproduction et assura une croissance économique quasiment continue. Mais ce fut en pillant sans retenue les ressources naturelles et en abandonnant comme pollution et déchets les résidus de la production.

Le néolibéralisme qui lui succède et triomphe depuis 40 ans, se révèle incapable d’assurer la même croissance en raison de la réduction des salaires, et donc de la demande solvable, sous la pression du chômage. Mais le pillage des ressources naturelles se maintient au niveau élevé qu’il avait atteint. Durant les trois derniers quarts de siècle, la croissance des émissions de gaz à effet de serre  fut sans précédent.

 

Cinquante années ont été nécessaires pour que le rôle déterminant de l’activité humaine dans ce réchauffement, soit reconnu par la quasi unanimité des scientifiques.

La lenteur de cette prise de conscience illustre sans doute le syndrome de Planck : devant les réticences de ses collègues physiciens à accepter les innovations théoriques du jeune Albert Einstein, Max Planck constatait : « Une nouvelle théorie ne triomphe pas parce que ses arguments convainquent les partisans de l’ancienne théorie, mais elle arrive à s’imposer parce que ceux-ci finissent par mourir ».

Néanmoins, cette prudence des scientifiques du GIEC (Groupe intergouvernemental d’étude du climat), est plutôt une garantie du sérieux de la thèse ainsi affirmée.

 

Un danger mortel pour l’humanité

 

Le réchauffement climatique menace la survie de l’humanité à moyen terme. C’est donc rapidement qu’il faut agir pour le stopper.

En ayant bouclé les 42,195 km d’un marathon en moins de 2 heures, Eliud Kipchoge ne s’est pas effondré. Pourtant, dans l’Antiquité, le coureur de Marathon est mort en annonçant aux Athéniens la victoire des Grecs sur les Perses. En effet celui-ci, en ne courant plus, a arrêté l’évaporation de la sueur qui rafraichissait son crâne. En atteignant la température fatidique de 42°C, son cerveau est mort.

Les températures supérieures à 50°C à l’ombre risquent de devenir fréquentes. Elles peuvent être supportables dans une atmosphère sèche. Mais aucun être humain ne peut survivre à une telle température dans un air saturé en humidité qui interdit toute évaporation rafraichissante de la sueur. La canicule saturée en humidité est mortelle.

Si nous ne rattrapons pas le retard pris, beaucoup de régions du globe deviendront inhabitables. C’est le cas de la Chine du nord à cause de la chaleur.

C’est le cas du Bangladesh à cause de la montée des eaux : 3 mm par an. Elle provient de la fonte de la banquise, notamment de l’Antarctique et du Groenland, et de la dilatation des eaux qui suit l’élévation de leur température au dessus de 4°C.

 

Emissions de CO2en 2017, exprimées en Gt = Gigatonnes = milliards de tonnes

 

Emissions mondiales totales :   41,0 Gt

Chine :    10,2 Gt

USA :       5,3 Gt

Union Européenne :       3,5 Gt

Inde :       2,4 Gt

Russie :       1,6 Gt

Japon :       1,2 Gt

Allemagne :       0,8 Gt

France :       0,6 Gt

 

Toute production d’un bien matériel ou énergétique laisse un résidu

 

Le bien produit fait l’objet d’une anticipation, il est d’abord imaginé parce qu’il est inventé pour remplir une fonction. Un bien est consommé pour assurer une fonction vitale. À son tour, sa production fait appel à des moyens qu’il faut produire. Mais, produire ces moyens demande aussi des médiations qu’il faut imaginer avant de les produire.

Ainsi la production est un enchaînement de moyens et de produits. Chaque chaînon donne un produit dont la valeur d’usage est celle d’être un moyen pour le chaînon suivant. Mais, à côté du produit surgit un résidu qui, s’il n’a pas été anticipé, s’il n’a pas de valeur d’usage, devient un déchet.

S’il a été anticipé,  s’il a une valeur d’usage, le résidu devient un moyen qui donnera un produit avec lequel il formera le premier chaînon d’une nouvelle chaîne. Celle-ci sera peut-être celle d’une nouvelle production. Ou bien elle s’accrochera à une autre chaîne, devenant un moyen dans une autre production, une production circulaire.

Un résidu peut ainsi être déchet et pollution encombrante ou bien être un produit et un nouveau moyen.

 

Toute activité, notamment humaine, est une transformation d’énergie : énergie mécanique, cinétique ou potentielle, énergie électrique, magnétique ou chimique… Un barrage hydro-électrique transforme de l’énergie potentielle en énergie électrique. Une diode électro-luminescente transforme de l’énergie électrique en énergie lumineuse, etc.

Or, toute transformation énergétique s’accompagne de l’émission d’un résidu d’énergie sous forme de chaleur. Une LED a un rendement très supérieur à celui d’une ampoule à incandescence, mais elle laisse, elle aussi, un résidu énergétique thermique qui se dissipe dans l’atmosphère et participe un peu au réchauffement climatique.

Toute activité humaine s’accompagne d’une émission de chaleur qui se perd dans l’atmosphère, mais dont l’importance peut être fortement réduite. Stopper le réchauffement climatique, c’est réduire la production de chaleur par les humains, c’est aussi réduire la perte de chaleur que provoquent les activités humaines, et c’est réduire l’émission de gaz à effet de serre.

Le réchauffement climatique est aussi un dérèglement du climat dont il faut se protéger : ouragans, inondations, incendies, canicules…

 

Une transition économique et écologique pour être sociale

 

La prise de conscience n’est pas encore suffisante :

• Introduire la défense de l’environnement et la lutte contre le réchauffement dans les programmes scolaires.

 

La réglementation pour les bâtiments et les véhicules doit être améliorée :

• Améliorer les normes pour l’isolation (hiver et été) des bâtiments anciens et neufs,

• Améliorer les normes pour les véhicules neufs et fixer des normes transitoires pour les véhicules anciens (vitesse et consommation),

• Développer l’utilisation de matériaux d’origine végétale ou renouvelable.

 

Pour limiter le transport de marchandises par camion :

• Créer des plateformes multimodales pour généraliser le ferroutage,

• Limiter progressivement le transport de marchandises par camions à 200 km par jour.

 

Le dérèglement climatique crée de nouveaux risques :

• Créer une sécurité environnementale qui couvrira les dégâts dus aux intempéries et les frais de mise aux normes des bâtiments (isolation) et des véhicules (vitesse et consommation), qui soit un service public de droit privé (comme l’assurance maladie), dont le financement sera assuré par :

– des cotisations proportionnelles à la valeur foncière diminuée de 100 000 € par propriétaire,

– le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF),

– l’instauration d’une taxe Tobin sur les transactions financières,

– taxation du kérosène.

 

Une étude du CIRAD chiffre les besoins d’investissements, à l’échelle mondiale, pour rester en dessous des 2°C d’augmentation de la température moyenne, à plus de 6 000 milliards d’euros par an de 2018 à 2035, soit plus de 5 % du produit mondial global projeté, soit près de 1 000 € par an et par habitant de notre planète. Cette estimation est corroborée par d’autres études portant sur l’Europe ou sur la France.

 

Pierre Ruscassie

 

La « Convention citoyenne pour le climat »

 

La CCC est composée de 150 citoyennes et citoyens tiré.e.s au sort. Ces personnes sont issues des 30% de détenteurs de téléphone portable qui n’ont pas refusé de participer à cette procédure. La CCC doit répondre à la question  « comment réduire les émissions de GES d’au moins 40% d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale ? ». Ses propositions seront soumises au referendum ou au parlement ou reprises par voie réglementaire.

 

Six sessions de deux jours et demi sont organisées jusqu’à la fin janvier.

 

La CCC est dirigée par un comité de gouvernance de 15 membres (6 femmes et 9 hommes) dont une coprésidence assurée par Thierry Pech (DG de Terra Nova) et Laurence Tubiana (présidente et directrice générale exécutive de la Fondation européenne pour le Climat).

 

La commande d’organiser cette convention a été passée au CESE par le gouvernement avec pour objectif la légitimation de la taxe carbone (petit rappel, elle avait due être retirée devant la mobilisation des gilets jaunes).

 

Cet objectif est devenu patent en début de la seconde session du 25 octobre lorsque pas moins de quatre experts ont été mandatés pour la défendre en l’absence de présentation opposée (la réaction des 150 membres a été véhémente).

PR