de Lubrizol à Cruas

Au boulot n° 468

Lubrizol ce n’est pas fini

 

La réouverture de l’usine #Lubrizol à #Rouen « n’est pas envisageable en l’état » pour le ⁦@Prefet76⁩ via ⁦@76actu⁩ ⁦ Ah ? il parait qu’il n’y avait aucun problème, aucun danger ?

 

A la suite de la catastrophe d’AZF, une commission d’enquête parlementaire, dans un rapport de 2002, voté à l’unanimité avait fait 90 propositions intéressantes qui mises en œuvre, auraient fort probablement évité l’accident. Où sont-elles mises en oeuvre ?  Les gros industriels le savent mais ne sont guidés que par des appétits financiers.

En matière de déréglementation du travail, on peut dire qu’en 2019, la situation est pire qu’à l époque d’AZF du point de vue de la sous-traitance et de la précarité, des effectifs, du rôle et des moyens des autorités de tutelle, ainsi que du contenu des codes du travail et de l’environnement.

 

Dans le seul département de Lubrizol, la Seine-Maritime :

-  à Saipol, Dieppe, il y a eu 2 morts mais l’usine ce samedi là n’a pas son effectif de semaine, sinon le bilan aurait été pire. Rien n’a été respecté en matière de prévention contre les explosions.

- Raffinerie Total de Gonfreville en 2015, il y a une fuite d’éthylène de plus de 10.000 m3 d’éthylène, la direction ne déclenche pas les sirènes et fait tout pour cacher l’importance de l’évènement.

- Lubrizol, c’est encore plus simple, il n’y a jamais eu de pompiers professionnels d’entreprise.

Le constat est général : les effectifs d’exploitation de surveillance et  de sécurité (grève en août à Gonfreville sur ce sujet) sont insuffisants.

 

Transparence ? Le gouvernement se plaint de ne pas être entendu : mais c’est forcé, il ment tout le temps, donc l’état d’esprit réflexe et majoritaire c’est de ne pas le croire.

Il choisit ses interlocuteurs syndicaux, fait rentrer les fonctionnaires dans la « grande muette » et accuse même un agent  expérimenté de l’inspection du travail, (dirigeant syndical Gilles Le Corre s’exprime pourtant en dehors de l’exercice de son métier) d’être «  anti républicain. »

Le gouvernement et Lubrizol ont entretenu la stratégie du mystère sur l’importance de la présence d’amiante, sur l’absence de blessés et les risques de cancer,  en ne parlant que d’absence de toxicité « aigue »

 

Moyens ? Les inspecteurs de l’équipement n’ont aucun statut garantissant leur indépendance et pour les inspecteurs du travail, la ministre Pénicaud a décidé de museler les inspecteurs du travail. Le ministère de l’environnement supprime 17% de ses effectifs et l’inspection du travail subit une coupe sombre de 15 %. Les services de prévention et de contrôle des Caisses de Sécu sont menacés (rapport Lecoq).

 

Au contraire, il faut réguler la sous-traitance et toutes les formes de précarité avec l’embauche et la formation des salariés, assurer l’indépendance de la police de l’environnement et de l’inspection du travail, avec des moyens renforcés, réhabiliter des articles disparus des codes de l’environnement et du travail. Recréer des CHSCT. Des pompiers professionnels d’entreprise.

 

Puis on est dans un pays où une centrale nucléaire prévue pour résister a un séisme de 5,2 est frappé par un séisme de 5,4 et, au gouvernement, ça ne crée pas plus d’émotion que ça.

 

Gérard Filoche

 

 

 

retour à 2003 avec le réactionnaire Mesa : « La Bolivie change de président »

C’était le titre le plus neutre en « une » que le Monde avait trouve en fin octobre 2003 ! Ce jour-là, en 2003, l’armée bolivienne avait tiré à la mitrailleuse lourde contre une manifestation de paysans – faisant autour de cent morts…

Ce fut la cause de la chute précipitée du président de grande coalition libérale droite-gauche, le « socialiste » De Lozada obligé de partir se réfugier avec toute sa famille à Miami… laissant son second, Carlos Mesa essayer de privatiser à son tour, entre 2004-2005, les immenses ressources de gaz naturel récemment découvertes.

Résistant victorieusement en dépit de toutes les pressions, de tous les pièges, en trois ans de lutte sociale, le peuple bolivien a repris son avenir en main contre les multinationales Bechtel, Trade Development Agency, Repsol-YPF, British Gas, BP Amoco, Exxon, transnationales qui forment le groupe « Pacific LNG » mais aussi contre Suez, la Lyonnaise des eaux, Vivendi.

C’est un des rares triomphes dans le combat anti mondialisation.

Carlos Mesa soutenu par le monde libéral entier, a perdu à son tour le 6 juin 2005.

C’est le 18 décembre 2005 que la gauche, le « Mas », l’indien aymara Evo Morales, fait sans précédent, l’emporte nettement aux élections présidentielles… C’est  une révolution plus grande et plus forte que toutes les anciennes tentatives guérilleristes (cf. tome 1) qui ont si longtemps ruiné l’avant-garde sociale de ce petit pays de 9 millions d’habitants.

Cela tranche, pour moi, des années de débat théorique, avec des vies en jeu, sur la lutte armée en Amérique latine. Finie la théorie du « foco », de la guerre révolutionnaire sans parti ni syndicat, de la « collecte pour des armes en Bolivie en 1971 », du « texte 30 » de Daniel Bensaïd, oui, il était possible de gagner comme les indiens en Bolivie viennent de le prouver, bien sur, ce n’est pas le socialisme, mais des pas concrets en avant, oui.

Mais il y a peu de chances qu’on nous permette de comprendre, en France, ce qui se passe là-bas : aucun média ne semble prendre la voie de la réflexion sur ce qui avance en commun au Venezuela, en Equateur, en Argentine, au Chili, en Uruguay,  et en Bolivie…

Le «  Monde » du 25 décembre 2005, recommence 2003 et présente en 2005, les choses ainsi : « En Bolivie, le pouvoir sera bientôt entre les mains des cocaleros (cultivateurs de la feuille de coca) ». Calomnie, mépris de classe.

Pourquoi occulter, dénaturer ce qui se passe ainsi en Bolivie depuis des années ? C’est parce chaque bataille sociale de ce petit pays pauvre nous concerne : elle concerne la lutte contre la mondialisation libérale, pour des services publics, pour les retraites, l’eau, le gaz…

gerard filoche en 2003 (repris dans mon tome 2, a paraitre en mars 2020)

 

 

In Le Monde,

2003 : «La Bolivie change de président»

2005 : « Les cocaleros au pouvoir… »

 

Mais en fait, le mouvement social antilibéral bolivien est fantastique ! Il combat la mondialisation libérale. C’est un exemple et un espoir pour nous aussi en Europe.

 

 

« La Bolivie change de président » c’était le titre neutre en « une » du Monde fin octobre 2003 !   (« plus inodore, tu meurs… » nous l’avions dénoncé dans D&S n°109 octobre 2003 ) Ce jour-là, en 2003, l’armée bolivienne avait tiré à la mitrailleuse lourde contre une manifestation de paysans-  faisant autour de cent morts… Ce fut la cause  de la chute précipitée du président de grande coalition libérale droite-gauche, De Lozada obligé de partir se réfugier avec toute sa famille à Miami… laissant son second, Carlos Mesa essayer de privatiser à son tour, entre 2004-2005, les immenses ressources de gaz naturel récemment découvertes.

Résistant victorieusement en dépit de toutes les pressions, de tous les piéges, en trois ans de lutte sociale, le peuple bolivien a pris son avenir en main contre les multinationales Bechtel, Trade Development Agency, Repsol-YPF, British Gas, BP Amoco, Exxon, transnationales qui forment le groupe « Pacific LNG » mais aussi contre Suez, la Lyonnaise des eaux, Vivendi.

C’est un des rares triomphes dans le combat anti mondialisation libérale.

Carlos Mesa soutenu par le monde libéral entier, a perdu à son tour le 6 juin 2005.

Le 18 décembre 2005 la gauche, le « Mas », l’indien aymara Evo Morales, fait sans précédent, viennent de l’emporter nettement aux élections présidentielles… C’est  une révolution plus grande et plus forte que toutes les anciennes tentatives guérilleristes qui ont si longtemps ruiné l’avant-garde sociale de ce petit pays de 9 millions d’habitants.

Mais il y a peu de chances qu’on nous permette de comprendre, en France, ce qui se passe là-bas : aucun média ne semble prendre la voie de la réflexion sur ce qui se passe de commun au Vénézuela, en Equateur, en Argentine, au Chili, en Uruguay,  et en Bolivie…

Le «  Monde » du 25 décembre 2005, recommence 2003 et présente en 2005, les choses ainsi :

« En Bolivie, le pouvoir sera bientôt entre les mains des cocaleros

(cultivateurs de la feuille de coca) »

 

 

Pourquoi occulter, dénaturer ce qui se passe ainsi en Bolivie depuis des années ? On va le voir, ci-dessous, c’est parce chaque bataille sociale de ce petit pays pauvre nous concerne : elle concerne la lutte contre la mondialisation libérale, pour des services publics, pour les retraites, l’eau, le gaz…

 

Bolivie :

Superficie : 1 099 milliers de km2

Population : 8,5 millions (2001)

PNB : 8,1 mds de dollars (2001)

PNB/hab : 950 dollars (2001)

Croissance : 1,2 % (2001)

Budget. Education : 4,9 % du PNB

Service de la dette :  31,1 % des exportations

Mortalité  infantile : 60 pour mille naissances

Espérance de vie : 63,1 ans

Indice de Développement Humain : 114e rang mondial sur 173 pays

IPF : 55e rang mondial sur 173 pays

Budget Défense :  300 millions de dollars (2001)

Armée : 31 500 actifs

 

 

Encart  :

Le gaz vient d’être partiellement privatisé en France.  Ses prix ont augmenté de 4 % et il est envisagé jusqu’à 13 % de hausse et 6 000 emplois en moins pour complaire aux nouveaux actionnaires. Le coût du gaz et l’électricité augmenteront davantage au détriment des usagers français comme cela a été le cas, avec fraude spectaculaire aux fameux principes de la « concurrence » pour le téléphone. Les salariés d’Edf-Gdf se verront reprendre leurs acquis, leurs retraites, leur compagnie se lancera dans des spéculations, le service public régressera. Tout le monde le sait : mais les libéraux n’ont que faire de l’intérêt général, et ne sont guidés que par le profit maximum immédiat, sans plan, ni vision à long terme.

Voilà ce que les boliviens espèrent s’épargner, en contrôlant leurs ressources hydrocarbures, leur exploitation, en empêchant le pillage pour le compte des multinationales.

Ce combat là-bas est le notre !

 

 

Le trésor du gaz : privé ou public ?

 

La Bolivie, deux fois grande comme la France, était dirigée depuis toujours par une infime minorité blanche, secouée de coups d’état permanents, malmenée par vingt ans de dictatures brutales et  corrompues, et  autant de réformes néolibérales qui ont fermé les mines d’étain, ruiné les paysans, détruit retraites et systèmes sociaux, accru les inégalités. Deux tiers des Boliviens vivent sous le seuil de pauvreté, plus de la moitié des habitants n’ont pas accès à l’électricité, ni à l’eau.

Mais une découverte fabuleuse a tout changé depuis 1997 : d’immenses gisements de gaz naturel (deuxième en Amérique latine) ont été identifiés et peuvent faire sortir ce pays de l’ornière, à condition, bien sûr, d’être exploités dans l’intérêt collectif des boliviens. Les multinationales américaines, britanniques et françaises se sont ruées sur ces nouvelles ressources et ont entrepris de s’en emparer, déclenchant en retour un soulèvement populaire, profond, répété, conscient de l’importance de les conserver au service de tout le peuple…

C’est cette volonté populaire qui vient, en trois ans,  de gagner dans les rues puis dans les urnes, c’est un mouvement profond et mûr qui vient de loin (cf. chronologie ci-jointe)  : il a conduit de multiples combats pour défendre les mines d’étain, les retraites, l’économie mixte, les « guerres de l’eau », et maintenant les hydrocarbures, les deux « guerres du gaz »…

Il a résisté en 2003 à une sanglante répression, et depuis, il a chassé deux « présidents », gagné un référendum, et enfin la présidentielle. Ils savent dire « non » quand il faut, cela devrait plaire aux français !

La prochaine conquête – une vraie assemblée constituante – pourrait être décisive.

D’autant qu’une Bolivie rompant avec le modèle néolibéral disposerait d’atouts non négligeables en Amérique latine actuelle. Lula et Chávez ne cachent pas leur sympathie pour le Mas. Le Brésil – qui importe bonne part du gaz bolivien – et le Venezuela seraient des partenaires de choix pour développer ce secteur. Evo Morales, se rend vendredi 30 décembre 2005 à Cuba pour son premier voyage à l`étranger. De chez Fidel Castro, le futur président Morales se rendra ensuite dans plusieurs pays européens, notamment la France et l`Espagne.  Il ira ensuite en Afrique du Sud, où il rencontrera l`ancien président et prix Nobel de la paix Nelson Mandela.  A compter du 13 janvier, il se rendra aussi au Brésil, avant d’entrer en fonction le 22 janvier 2006.

La soif d’hydrocarbures des économies capitalistes peut les amener à composer avec le nouveau pouvoir d’Evo Morales dans le but de l’affaiblir, de le diviser, de la corrompre. Déjà les multinationales pilleuses annoncent plaintes et procès, sabotages aussi. Un boycott du type de celui subi par Cuba peut-il se produire ? L’exemple vénézuélien témoigne que ce n’est pas si facile : l’’or noir fait sert de boussole idéologique à la politique Bush. Mais de Quito à Santiago, Buenos Aires, Caracas, une ère nouvelle s’ouvre, menaçante pour les chefs Etats-uniens, et l’histoire a démontré qu’ils étaient capables de tout depuis très longtemps pour maintenir leur « ordre » en Amérique latine, coups d’état, assassinats, blocus, sabotages…

 

Evo Morales et Alvaro Garcia Linera, Felipe Quispe, le Mas et le Mip, Jaime Solares et la Cob  :

 

« Evo » Moralés est un Aymara des haut-plateaux andins, il a grandi parmi les indigènes quechuas et les petits Blancs du Chapare tropical, il est né à la lutte sociale parmi les paysans, déjà député. Il était déjà arrivé deuxième de la présidentielle de 2002 avec 21 % des voix. Il symbolise l’espoir de tous les laissés-pour-compte du pays. L’immense majorité est d’origine amérindienne et habite la campagne où les immenses banlieues des grandes villes, principalement dans l’ouest du pays. Ce sont eux qui ont chassé les présidents Gonzalo Sanchez de Lozada en octobre 2003 et Carlos Mesa en juin 2005. Au grand dam des 20 % de Boliviens qui se partagent la moitié du revenu national, regroupés, eux, au coeur de La Paz et dans les provinces de l’est (qui menacent artificiellement de sécession). Evo Morales, cultive les valeurs amérindiennes, tout en portant ses vieux t’-shirts du « Che » : on le dit radical, pragmatique, têtu, à l’écoute des masses, hostile à l’ingérence étasunienne et avec le Mas, il a bénéficié, du discrédit des partis traditionnels dont certains sont liés aux nôtres, en France.

Majoritaire au Parlement arbitre du deuxième tour, la droite est divisée. Déjà la coalition qui avait fait tirer à la mitrailleuse lourde sur les manifestations d’octobre 2003 rassemblait tout ce qui était haï et vient d’être chassé. Au point que l’ex-président « Tuto » Quiroga, battu le 18 décembre avait dû s’inventer un nouveau parti « Podemos » (« Nous pouvons ») pour faire oublier son appartenance à l’Action démocratique de… l’ex-dictateur Hugo Banzer. Troisième avec moins de 10 %, l’entrepreneur « centriste » Samuel Doria Medina a déjà assuré Evo Morales de son soutien (à double tranchant),au  vu de son avance en voix.

Même le commandant en chef de l’armée appelle les futurs députés à élire le vainqueur du premier tour ! L’amiral Marco Antonio Justiniano sait trop bien qu’un résultat contraire pourrait déboucher sur une grave crise sociale.  Face à un Parlement présumé hostile et aux velléités sécessionnistes des riches provinces de Santa Cruz et de Tarijá, la tâche d’un éventuel gouvernement du MAS ne sera donc pas aisée. Le Parlement  étant acquis à ses adversaires, Evo Morales ne peut, dans un premier temps, compter que sur la pression populaire. Morales dispose du soutien des organisations de base, syndicats et associations boliviens même si la direction de la Centrale ouvrière (COB), (mineurs), et le Mouvement indigène Pachakuti, dirigé par Felipe Quispe, sont des partenaires conflictifs face à l’hégémonie du MAS.

La COB, dirigée par Jaime Solares, est la plus radicalement engagée dans ce combat pour la nationalisation du gaz. C’est une réapparition de la COB au premier plan de la vie politique bolivienne dans les deux dernières années celle-ci semblant s’être remise de l’affaiblissement numérique qu’ont entraîné les réformes brutales de 1985. Un des éléments permettant d’analyser ce phénomène réside sans doute dans la nouveauté que constitue l’arrivée à la tête de la centrale d’une direction combative, d’autant plus émancipée des enjeux d’appareils politiques que la gauche « politique » n’a plus qu’une existence embryonnaire

En soutien aussi : la centrale syndicale de travailleurs paysans de Bolivie (CSUTCB), le Conseil national des ayllus et Margas (CONAMAQ), les centrales syndicales des peuples indigènes de l’est de la Bolivie, le Mouvement des sans-terre, l‘Assemblée du peuple Guarani, la Fédération des Juntas Vecinales de El Alto (FEJUVE), et des centaines de syndicats paysans de toute la Bolivie La fameuse Coordinadora del Agua de Cochabamba de la « guerre de l’eau », se dit prête,à faire bloc derrière un gouvernement du MAS. Le sociologue et ex-guérillero Alvaro García Linera qui figure sur le ticket présidentiel d’Evo Morales incarne un rapprochement avec les cercles progressistes urbains.

En fait, comme au Vénézuela, le « ménage » peut être fait : proposant de créer une nouvelle démocratie, par  la convocation d’une  Assemblée constituante, Evo Moralès et le Mas, et le « Mouvement indigène Pachacuti » (Mip) de Felipe Quispe peuvent rénover toute la vie politique bolivienne, redonner la place majoritaire qu’ils méritent aux amérindiens.  L’idée de la future assemblée constituante a été largement accepté lors de la crise de juin 2005. A l’instar d’Hugo Chávez lors de son premier mandat à la tête du Venezuela, Evo Morales espère y puiser la légitimité pour transformer en profondeur les institutions. Une « Révolution politique » ou une « décolonisation de l’Etat », selon les termes de l’intellectuel sociologue García Linera, vice-président d’Evo Morales.

 

Un programme pragmatique :

 

Théoricien du Mas, Garcia Linera se veut pragmatique : nationaliser les hydrocarbures comme l’ont exigé les citoyens l’an dernier par référendum. Avec les immenses profits escomptés – les exportations de gaz représentent 10 % du produit intérieur brut (PIB) bolivien – l’Etat renforcé devrait « articuler » les trois types de production coexistant en Bolivie, à savoir les économies communautaire, familiale et industrielle. Un équilibre en mouvement, que le sociologue appelle « capitalisme andin-amazonique ». Parmi les projets concrets, il est question de la création d’une banque des technologies, du développement du micro crédit, une loi de promotion des petites et moyennes entreprises (PME) et des coopératives, un plan de lutte contre la spéculation foncière et la titularisation des terres communautaires. Le ticket Morales-Linera propose aussi un système de sécurité sociale de santé, la légalisation et l’assainissement des quartiers périurbains (bidonvilles) et une réforme scolaire garantissant la gratuité, l’égalité de genre et la pluriculturalité.

Pour tout cela, le MAS mise sur les revenus des hydrocarbures et une fiscalité progressive, mais également sur un Etat frugal dans son fonctionnement. Déjà lourdement endettée, la Bolivie perdra les millions versés chaque année par Washington ainsi que les appuis du Fmi, de la Banque mondiale. Le système est tellement « pourri » internationalement (genre projet de constitution Giscard pour l’Europe) qu’il permet de multiplier les procès au nom de la « protection internationale des investissements ». C’est ainsi que les multinationales ont fait procès pour l’eau à Cochabamba et à El Alto. Il faudra aussi que l’Etat trouve les fonds pour développer les infrastructures gazières

Comme au Venezuela, la gauche pourrait aussi être victime de la fronde sans foi ni loi des élites économiques et technocratiques, promptes à saboter un gouvernement défavorable à leurs intérêts. A contrario, le mouvement social possède trop peu de cadres…

Enfin, la droite agité récemment l’hypothèque du séparatisme des riches provinces orientales. Après avoir profité durant des décennies des bénéfices miniers pour développer leur région, les élites de Santa Cruz et Tarija ne veulent plus entendre parler de solidarité nationale. Malgré l’appui croissant des indigènes guaranis à Evo Morales, les plaines de l’Est font figure de refuge pour les clans bourgeois hostiles.

Malgré ces périls, un changement en profondeur de la Bolivie est désormais possible. Le courant progressiste incarné par Evo Morales est fortement structuré, pacifique malgré la répression, s’appuyant sur une base aussi lucide politiquement que parfois incontrôlable, le mouvement social bolivien n’a pas jeté les transnationales Bechtel de Cochabamba et Suez d’El Alto ainsi que deux présidents en moins de cinq ans par hasard ! Ce n’est pas la vieille théorie finalement exangue, de la « lutte armée », ni celle du « foco » guevariste qui comptera mais la prochaine conquête – une vraie assemblée constituante – pourrait être décisive.

 

Gérard Filoche

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autre article :

 

(reprise actualisée de D&S n° 108 d’octobre 2003, vous savez la revue mensuelle, 14° année, qui ne parle pas que du droit social français)

 

Chronologie d’une longue lutte sociale :

 

De la destruction des mines d’étain aux champs de « coca » :

 

Le peuple bolivien sait depuis plus de vingt ans de quoi les libéraux sont capables.

Les entreprises publiques boliviennes ont été démantelées à partir de 1985, par le gouvernement de M. Victor Paz Estenssoro qui a promulgué le décret n° 21060, par lequel la Bolivie passait « d’une économie mixte de régime étatique à un néolibéralisme dur et orthodoxe ».  A la Corporation minière de Bolivie (Comibol), plus de 20 000 mineurs de l’étain ont été licenciés. Ils n’ont eu d’autre choix que de migrer vers le Chapare et opter pour la seule voie possible : la culture de la feuille de coca.

Les Usa ont alors entrepris d’interdire ces « cultures illicites » dans le Chapare vers la fin des années 1980.  Après avoir chassé les ouvriers de leur travail, ils traquaient les paysans qu’ils étaient devenus par la force des choses. Le président de cette époque, Jaime Paz Zamora (1989-1993) refusa de pénaliser la fameuse « coca ». Revendiquant une compréhension historique et souveraine du problème, il organisa la « diplomatie de la coca », sous le slogan « la coca n’est pas la cocaïne ». Cela lui valut d’être durement attaqué par l’ambassade Us. Plusieurs des dirigeants de son parti, le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), furent traînés en justice. L’un d’eux, M. Oscar Eid, passa quatre ans en prison pour des liens supposés avec le « narco-trafic », et Paz Zamora lui-même se vit retirer son visa pour les Etats-Unis.

 

Privatisation des retraites :

 

Pendant toutes les années 1990, l’ambassade Us organisa des plans divers et variés d’éradication de la coca, auxquels seuls les paysans résistèrent. Le plan  » Dignité  » dicté par les États-Unis, en 1997, réduisit les plantations de coca de 48 000 à 14 000 hectares, soit un manque à gagner pour le pays de 500 millions de dollars au détriment des «cocaleros», qui sont pour la majorité des anciens mineurs reconvertis par nécessité.

Rien n’a remplacé leur unique source de revenu, dans une campagne où 80 % de la population est sous le seuil de pauvreté.

Le déficit budgétaire, qui était cantonné à 1,9 % du Pib en 1996, devrait atteindre 9,5 % en 2003. Le ralentissement économique qui a frappé toute l’Amérique latine a alors été fatal : les exportations boliviennes, constituées exclusivement de matières premières (soja, zinc, or, plomb, bois et sucre) dépendent des cours mondiaux. Les dévaluations du peso argentin et du réal Brésilien ont ré apprécié artificiellement le boliviano, et diminué d’autant les exportations.

Comme en Argentine, et comme les libéraux l’exigent partout, les retraites ont alors été privatisées. Le basculement d’un système de retraites par répartition à la capitalisation a été catastrophique : le Trésor public n’a plus perçu les cotisations des salariés, reversées brutalement à des fonds privés, mais il a été obligé de continuer à payer les pensions issues du régime antérieur. Résultat: le poids des retraites dans le produit intérieur brut est passé de 3,4 % à 5,1 % en 2003 ! Échec là aussi des fonds de pension !

À la différence des années 1990, le gouvernement ne peut plus compter sur les recettes des privatisations – tout a été vendu – pour se financer. Cette asphyxie financière a poussé l’État, au mépris des résistances populaires, à accélérer le projet d’exportation des nouvelles nappes de gaz naturel qui venait d’être découvertes via le Chili plutôt que par le Pérou sous contrôle de la multinationale Bechtel (liée au vice président états-uniens Dick Cheney)

Le libéralisme n’a fait que ruiner la Bolivie, paysans, employés et ouvriers l’ont appris à leurs dépens et y résistèrent… C’est au travers de cette résistance émergea la figure de M. Evo Morales, dirigeant du Mas (Mouvement vers le socialisme).

 

La « guerre de l’eau » :


Un important épisode de la résistance antilibérale a été la « guerre de l’eau » comme l’ont appelé les médias, et à laquelle ont participé les  habitants de La Paz et de Cochabamba. En avril 2000, les habitants de Cochabamba, regroupés dans la Coordination de l’eau, s’étaient soulevés contre l’entreprise Aguas del Tunari (filiale de la transnationale Betchel), qui gérait depuis 1999 l’eau potable de Cochabamba et y appliquait un tarif usuraire. Dans une ville où le salaire minimum est moins de 100 $ par mois, la facture d’eau mensuelle s’élevait à 20 $ ! Il y eut de violentes manifestations dans les rues. Le gouvernement envoya les troupes et fit un mort, mais le peuple de Cochabamba finit par imposer sa volonté et gagna la reprise en main de la compagnie d’eau (dettes comprises).

Mais après la rupture du contrat le 10 avril 2000, Bechtel a demandé au CIRDI, une des annexes de la Banque Mondiale, de lui accorder un dédommagement de 25 millions de dollars pour son manque à gagner potentiel. Ce que seule une mobilisation internationale a permis de justesse d’éviter.

A La Paz, l’eau est alors passée dans les mains de la Lyonnaise des Eaux et il en était résulté une nouvelle flambée des prix de 2 à 12 bolivianos le mètre cube, une détérioration du service, les règles minimales d’hygiène ont encore moins été respectées : réduction de personnels, maintenance limitée, le quartier populaire d’Alto Lima n’était presque plus desservi. C’était devenu un luxe, vu le coût de l’installation (augmenté de 50 %) d’avoir de l’eau à El Alto. Le Pdg français, Arnaud Bazire osait se plaindre des « mauvais consommateurs » qui ne payaient pas ! « Ils nous parlaient de nouveaux équipements, ils ont juste repeint les tuyaux en blanc » disait un des ouvriers d’entretien de l’époque. A Tucuman en Argentine, c’était Vivendi qui avait augmenté les tarifs de 104 %, avant d’être contraint de quitter la province par la population. (d’après Le Monde diplomatique, Franck Poupeau, mai 2002)

 

Naissance d’une nouvelle gauche :

 

Des organisations composées principalement de syndicats paysans, de la Coordination de l’eau, d’organisations non gouvernementales et de « sans-terre » ont réussi à faire reculer, à plus d’une occasion, les mesures du néolibéralisme orthodoxe.

Un leader aymara Felipe Quispe, au début des années1990, avait pris la tête de l’Armée de guerilla Tupac Katari (EGTK), dans l’Altiplano : en 1992, ses principaux dirigeants furent jetés en prison. Félipe Quispe a lui-même passé cinq années dans un centre de haute sécurité, mais, peu après sa sortie, il fut élu secrétaire exécutif de la Confédération syndicale unique des travailleurs de la terre de Bolivie (CSUTB). Il fonda, en 2001, le Mouvement indigène Pachacuti (MIP), à la tête duquel il a participé aux élections de juin 2002 avec le Mas d’Evo Morales (Le Monde diplomatique, Walter Chavez, mai 2003)

C’est cela, la nouvelle gauche bolivienne : ce ne sont plus des intellectuels des classes moyennes ou supérieures érigés en « guides » ou « guérillas » mais des chefs paysans et indigènes qui défendent eux-mêmes leur territoire et leurs cultures ancestrales. À la différence des mouvements de guérilla « intellectuels » et « extérieurs » des années 1960 et 1970, ils revendiquent de participer activement à la vie démocratique : ils ont une plus grande capacité de rassemblement, formulent des revendications pour la société tout entière : baisse des prix, préservation des ressources naturelles, inversion des processus de privatisation.

Aux élections du 30 juin 2002, un avertissement sévère fut lancé aux politiciens corrompus : Gonzalo Sanchez de Lozada n’avait été élu qu’avec 22 % des voix. Le « Mouvement vers le socialisme » (Mas) d’Evo Morales, et le « Mouvement indigène Pachacuti » (Mip) de Felipe Quispe avaient respectivement obtenu 20, 9 % et 6 % (en fait la majorité relative) des voix faisant entrer, pour la première fois, 41 députés indiens et paysans, au Parlement où il a fallu – enfin – reconnaître les langues indiennes – l’aymara (2,5 millions d’indiens le parlent), le quechua et le guarani.

Tous les frères ennemis de la classe politique traditionnelle n’avaient pas hésité à constituer un seul bloc composé du MNR, du MIR, (la « gauche » ! Les socialistes… ) de l’Union civique solidarité (UCS) et du Mouvement Bolivie libre (MBL) soumis aux diktats du Fonds monétaire international pour barrer la route à cette nouvelle gauche du Mas et du Mip. Evo Morales (Mas) aurait pu être élu sans cette coalition menée par un parti membre de l’Internationale Socialiste corrompu jusqu’à la moelle (tout comme son jumeau vénézuélien).

C’est ce « bloc » qui avait mis en place le futur assassin Gonzalez Sanchez de Lozada lequel devait gouverner jusqu’en 2007 s’il n’avait pas mitraillé son peuple avant de s’enfuir vivre mieux en Floride…

 

Les libéraux et sociaux-libéraux à la mitrailleuse lourde :

 

Le dimanche 12 octobre 2003, l’armée a tué les gens descendus des hauts de La Paz, comme des chiens… Toute la journée, le « blco » autour de Lozada a fait tirer sans sommation sur tout ce qui bougeait, sur des jeunes jouant au foot comme sur ceux qui manifestaient. Avec des chars et des mitrailleuses lourdes.

65 ou 94 morts selon les sources, des centaines de blessés qui valurent 20 secondes au JT en France. Personne ne s’indigna dans le Monde, ni aux Usa, ni en Europe.

Au nom de l’Union européenne le jeudi 16 octobre, le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini s’était contenté d’appeler « toutes les parties à arrêter la violence » renvoyant dos-à-dos massacreurs et victimes.

Le Quai d’Orsay déclarait encore le 17 octobre, alors que les fusillades étaient quotidiennes : « La France, avec l’ensemble de ses partenaires européens, réaffirme son soutien au gouvernement bolivien, démocratiquement désigné, dans ses efforts pour trouver une solution pacifique et constitutionnelle à la crise actuelle. »

Pourquoi ce gouvernement « pacifique et constitutionnel » massacrait-il ?

Il fallait lire entre les lignes ds rares articles internationaux pour le savoir : parce que les libéraux boliviens voulaient privatiser le gaz.

La Bolivie, 114 ° rang mondial dans l’indice de développement humain, 8,7 millions d’habitants, s’étant soudainement révélée la 2° réserve de gaz en Amérique latine, après le Venezuela, les dirigeants voulaient passer par le Chili (ce qui semblait plus coûteux que par le Pérou) pour écouler leur larcin vers les Usa.

La majorité des Boliviens refusaient que les recettes du gaz aillent aux groupes pétroliers sans bénéficier à la population déshéritée touchée à 12 % par le chômage. Des manoeuvres douteuses avaient été démasquées, en cette période, quand le gouvernement avait demandé à l’entreprise Intec de procéder à une étude « impartiale » sur les conditions permettant à la Bolivie d’exporter ce gaz en Californie. Des chercheurs indépendants avaient découvert qu’Intec, financée à hauteur de 386 000 dollars par l’agence américaine Trade Development Agency était non seulement associée à la multinationale Bechtel, mais avait également des liens avec Repsol-YPF, British Gas et BP Amoco, transnationales du groupe « Pacific LNG ». (D’après Walter Chavez, Le Monde diplomatique)

Bechtel était la même compagnie choisie pour la privatisation catastrophique de l’eau de la province de Cochabamba en 1999. Son chiffre d’affaire d’environ 13 milliards de dollars dépasse le PIB de la Bolivie (8 milliards de dollars). Cette même compagnie, en cour à Washington, au sein de laquelle on retrouve Georges Schultz, l’ancien secrétaire d’état de Ronald Reagan, a bénéficié du premier contrat de 680 millions de dollars pour la reconstruction de l’Irak.

Son économie étant pillée par ce genre de multinationale, la croissance bolivienne entre 1995 et 2003 avait été ramenée d’un taux de 5 % à 1 %.

75 % des 8,7 millions de Boliviens vivaient dans une très grande pauvreté. Les 20 % les plus riches -essentiellement les Blancs et les métis – accaparaient 54 % de la richesse nationale tandis que les 20 % les plus pauvres n’avaient que 4 % de cette richesse à se partager. Le peuple, dés 2003, a donc manifesté à La Paz, Cochabamba, Santa Cruz, Patacamaya. « Le gaz nous appartient de droit, le récupérer et l’industrialiser est un devoir », scandaient les manifestants…

Washington a alors déclaré que « les Usa ne reconnaîtraient pas un gouvernement issu de la rue ».

On a déjà entendu cela. C’est toujours le même refrain.

 

Les deux  « guerres du gaz » :

 

Alors, le peuple est entré en révolution. Oui, ça arrive encore. Il y a des fois où le peuple fait des révolutions, ce n’est pas un gros mot. Le président Sanchez de Lozada a donc fait tirer de sang froid à la mitrailleuse lourde du 12 au 15 octobre.

Mardi 14 octobre 2003, la grève s’est généralisée à d’autres villes que La Paz, notamment Oruro, Potosi et Cochabamba. Le lendemain, elle s’étendait au reste du pays. Deux colonnes d’environ 10 000 ouvriers et paysans, à l’appel de la COB (centrale ouvrière bolivienne), s’étaient mises en marche en direction de La Paz. Plus de 50 000 personnes sont descendues dans les rues pour réclamer la démission du fusilleur Sanchez de Losada. Des barricades ont été dressées. Cinq wagons ont été renversés. Les transports ont été paralysés par des barrages routiers.

De Lozada a réprimé encore et encore : il a même accusé sur Cnn, les manifestants d’être des « terroristes » qui voulaient installer une « narco-dictature ». Les Usa ont osé saluer son « attachement à la démocratie ». Jusqu’au bout l’ambassade Us et l’Europe ont soutenu le fusilleur.

Puis De Lozada a pris peur, s’est enfui lâchement en hélicoptère avec sa famille à Miami, laissant une lettre de démission. Le vice-président Carlos Mesa lui a succèdé.

Mais après Lozada, ce vice-président Carlos Mesa, qui a pris la place le 17 octobre 2003, et devait gouverner jusqu’au 6 aout 2007, n’a eu de cesse de continuer à forcer la main au peuple pour privatiser le gaz. Il a annoncé un referendum mais en essayant de « pipoter » la question pour que les multinationales gardent le contrôle du gaz quel qu’en soit le résultat. Il a également promis une assemblée constituante et annoncé des élections rapprochées, mais tout fait pour en différer la date… De début 2004 à juin 2005, intrigues et coups fourrés n’y purent rien…

 

 

Le 18 juillet 2004, le référendum fut organisé dans lequel plus de 70 % de Boliviens se prononcèrent en faveur de la récupération de la propriété des hydrocarbures. Au cours de l’élaboration de la nouvelle loi des hydrocarbures, qui fut approuvée finalement en mai 2005, les partis traditionnels (MNR, MIR, ADN) qui administraient le pays à l’époque de l’imposition du modèle néo-libéral et qui représentaient la majorité au Congrès, imposèrent une norme trahissant l’esprit du referendum, et qui, si elle augmentait les impôts et les royalties jusqu’à 50 %, ne récupérait pas substantiellement la propriété des hydrocarbures.

Le MAS et la CSUTCB-Loayza décident d’appeler à une marche contre la loi. Partie le 16 mai de Caracollo, et arrivée à La Paz le 27, cette initiative va en fait symboliser la radicalisation de la mobilisation en faveur de la nationalisation.

Plus de 40 000 paysans et indigènes répondent à l’appel de ces organisations. Ce succès prouvant la capacité du MAS à rassembler est pourtant mis en cause par certains syndicats de mineurs qui entreprennent de bloquer cette marche, reprochant aux fidèles de Morales de ne pas soutenir la nationalisation. Parallèlement, la situation se radicalise dans l’ensemble du pays, principalement dans l’Ouest andin, puisque dans la plupart des grandes villes telles que La Paz, Oruro, Potosi, Cochabamba et Sucre, ont lieu des grèves générales illimitées à l’appel des Centrales ouvrières départementales (CODs), se joignant ainsi aux militants d’El Alto.

Cette vague de radicalisation n’est pas sans effet sur les militants du MAS, qui, lors de l’assemblée générale tenue dans le centre de La Paz, à la fin de la marche, finissent par exiger eux-mêmes de leur direction la nationalisation des hydrocarbures, obligeant celle-ci à une unité de fait avec le reste de la gauche bolivienne. Dès lors, avec le basculement du MAS, la pression monte d’un cran, et le 31 mai, les mouvements sociaux de La Paz et El Alto encerclent la place Murillo, qui abrite les principales institutions de la République bolivienne, en dénonçant l’illégitimité du Congrès. Celui-ci ne fonctionne plus. Les parlementaires, effrayés par les mobilisations, ne veulent plus siéger à La Paz.

Divisé par la loi sur les hydrocarbures, et alors même que la tension sociale est à son comble à ce sujet, le parlement devait également trancher une autre question sur laquelle tout consensus paraît impossible : l’accord sur les dates de convocation de l’Assemblée constituante et du référendum sur les autonomies. Voulant faire preuve d’efficacité alors que le Congrès est en sommeil, Mesa prend l’initiative, le 2 juin, de promulguer un décret arrêtant au 16 octobre 2005 la date des deux.

La gauche dans son ensemble considère que les autonomies doivent être discutées au sein de la future constituante, sans quoi celle-ci n’a que peu de raisons d’être. Pour la droite de Santa Cruz, les craintes d’une mise à mal de ses intérêts liés au gaz sont confirmées, ce qui scelle sa rupture avec le président. Gauche comme droite exigent la démission de Carlos Mesa, qui finit par mettre un terme à son mandat le 6 juin.

Après un an et sept mois passés au gouvernement, de nombreuses manœuvres et faux départ, Carlos Mesa démissionna définitivement de la présidence de la Bolivie. « Je demande pardon à la patrie, de ne pas l’avoir gouvernée comme il fallait », a-t-il déclaré dans la nuit du lundi 6 juin 2005.

Des élections s’imposaient, elles viennent de donner la majorité attendue par et pour le peuple.

Pour la presse française, il s’agit deux fois d’un simple « changement de président », une histoire lointaine dans un pays pauvre. Où pousse de la « coca ».

 

Gérard Filoche

 

 

 

 

Projet Encart D&S 131:

 

Ca bouge beaucoup en Amérique latine

 

C’est le quatrième président latino-américain poussé dehors sous la pression de la rue depuis 1997. Les effets de la mondialisation libérale n’ont pas l’air de plaire aux peuples d’Amérique du Sud qui viennent d’élire « Lula » au Brésil et défendent Hugo Chavez au Venezuela.

L’Argentin Fernando de la Rua en 2001, le Péruvien Alberto Fujimori en 2000 et l’Equatorien Abdala Bucaram en 1997 sont ses trois prédécesseurs, écartés de leurs fauteuils par des crises économiques et sociales.

En Argentine, le président de la Rua avait présenté sa démission le 20 décembre 2001 après une semaine d’agitation sociale sévèrement réprimée avec un bilan de 27 morts, de centaines de blessés et milliers de personnes emprisonnées.

Des journées d’extrême violence avaient précédé son départ avec des pillages de supermarchés des banlieues pauvres et d’impressionnantes manifestations au son de casseroles pour protester contre la récession qui durait depuis 43 mois plaçant le pays au bord de la cessation de paiements.

La crise politique qui précipita la chute du président péruvien Fujimori le 19 novembre 2000 avait démarré trois mois plus tôt avec la révélation de cassettes vidéo montrant son bras droit le chef des services secrets Vladimiro Montesinos, en train de corrompre un député.

M. Fujimori quitta le Pérou pour participer officiellement au Forum de coopération économique Asie Pacifique (APEC) au Brunei et devait se rendre au Panama au dixième sommet ibéro-américain. Mais le président élu seulement depuis un an pour un troisième mandat préféra se réfugier au Japon, pays d’origine de ses parents, d’où il annonça sa démission par fax avant d’obtenir la nationalité nippone.

Abdala Bucaram, qui avait accédé au pouvoir en Equateur le 10 août 1996, a été destitué en février suivant par le congrès après avoir été déclaré dans l’incapacité mentale de gouverner. Il était très impopulaire pour avoir mis en place des impôts très élevés sur des services et biens essentiels.

Enfin, au Chili, le monstrueux Pinochet est promis, pour ses nombreux crimes, à un procès tardif et sans cesse remis, tandis qu’une candidate socialiste est en passe de l’emporter…


 

 

Assurance risques prud’homaux

La thèse des lois d’Hollande-El Khomri 2016 et celles des ordonnances anti travail  d’octobre 2017 de Macon Pénicaud était qu’il fallait protéger les patrons des jugements des prud’hommes, parce que s’ils n’avaient pas peur d’être condamnés quand ils avaient violé les droits de leurs salariés,  ils en embaucheraient d’autres et ça ferait de l’emploi.

Thèse vraiment étrange puisque pour être condamné aux prud’hommes, il faut vraiment avoir commis des infractions et délits.

Quand on est bien certains, dans ce cas-là, par décision des juges, qu’il s’agit d’un patron fraudeur, Macron Pénicaud ont mis un barème avec plafond, pour que le délinquant ne soit pas trop lourdement sanctionné. Le but est même qu’il puisse continuer à utiliser d’autres salariés et à les léser eux aussi.

Croyez vous que les patrons soient rassurés d’être ainsi soustrait à la justice ?

Croyez vous que ça les pousse à embaucher ?

He bien non, car prolifèrent sur internet des « appels aux chefs d’entreprise » pour se « protéger des risques prud’homaux ».

Il s’agit, on a du mal à le croire,  de la mise en place « d’assurances prud’homales ».

Ce sont des assureurs qui proposent des contrats ayant pour but de couvrir les frais de défense et l’indemnisation des éventuelles condamnations aux prud’hommes.

Les litiges résultant de discrimination, licenciement abusif, harcèlement sexuel ou moral, risques psycho-sociaux, peuvent désormais être couverts et traités comme un « sinistre » : les « packs d’assurance prud’homale » proposés permettent aux patrons une large couverture des risques financiers les plus courants (indemnités, dédommagements, rappels de salaires, etc.). Ils prévoient la prise en charge de tous vos frais de procédure (honoraires d’avocat, huissiers, frais de défense, etc.).

« Parce que vous n’êtes jamais à l’abri que l’un de vos salariés décide un jour de saisir les prud’hommes, mettez toutes les chances de votre côté dès le départ en assurant vos arrières »

Plus fortiche que le barème plafonné ! Ces assureurs promettent la protection pour les infractions et délits contre les salariés. Ne craignez rien face à une rupture du contrat de travail ou un licenciement abusif,une sanction disciplinaire jugée comme injustifiée,un problème relatif aux primes ou aux salaires, aux heures supplémentaires impayées,  aux jours de repos ou de congé ou une durée de travail jugés injuste,aux problèmes de conditions de sécurité-hygiène,à une situation de harcèlement ou de discrimination,vous pouvez y aller, l’assureur couvre.

A quoi ça servait que Macron et Pénicaud se décarcassent ?

Maintenant, les patrons voyous peuvent prendre une assurance pour violer tranquillement le droit des salariés, c’est sur, ils vont embaucher plus !

 

Gérard Filoche

 

 

Il n’y a pas de classe moyenne ni « des » classes moyennes, ni « des » classes populaires… seulement deux camps sociaux et politiques gauche/droite

Nous reproduisons un article paru dans le numéro de janvier de la revue Démocratie & Socialisme. Sans cesse, cette question théorique revient à l’ordre du jour : pour analyser les élections, pourquoi il n’y a pas de « centre », ou pour discuter des impôts… ou encore débattre des rapports de force sociaux, car, après tout, si le salariat est fort, 90 % des actifs, (c’était même 93 % il y a dix ans) la France est plus facilement de gauche… (une question qui a son importance quand la gauche, a pu avoir, pour la première fois de l’histoire, en 2012  le grand chelem et dirige tout, l’Elysée, les DEUX assemblées, 20 régions sur 22, 61 dpts sur 100, 2 villes sur 3…)

 

SALARIES, SI VOUS SAVIEZ….

 

Il est intéressant d’écouter dans l’immense buzz médiatique toutes les imprécisions de vocabulaire de celles et ceux, qui parlent en permanence et à tort et à travers « des classes moyennes ». Parfois ils parlent aussi de « couches » moyennes. Ce n’est pas très nouveau, en fait : Marx était à peine mort que toutes les théories voyaient proliférer une énorme « nouvelle petite bourgeoisie » (sic) de fonctionnaires, d’employés, de cadres, d’ingénieurs, de techniciens et de nouvelles professions libérales au sein d’un secteur « tertiaire » hypertrophié qu’elles rejetaient du prolétariat puisqu’elles réduisaient celui-ci aux seuls ouvriers. Mais ces bonimenteurs sont totalement incapables de vous les décrire aujourd’hui et de vous dire de quoi il s’agit. Pourquoi ? Parce qu’elles n’existent pas. Concept impossible. Vouloir les définir, c’est la chasse au dahu. C’est facile à prouver : commencez par leur demander pourquoi ils mettent toujours « les classes moyennes » au pluriel. Il y en a donc plusieurs ? Lesquelles ? Enumérez-les ! Dites lesquelles sont plus ou moins « moyennes » ? Qu’est ce qui les distingue ? Vous n’aurez jamais de réponse claire.

« Classes moyennes » contre « classes populaires » ?

Pourquoi les mêmes qui parlent des « classes moyennes » parlent-ils de « classes populaires » au pluriel ? Y a-t-il plusieurs « classes populaires » ? Cette dernière notion apparaît aussi imprécise que l’autre. Que les bonimenteurs essaient, pour une fois, de nous dire combien il y en a et comment ils décrivent « LES » classes populaires ?  Qu’est ce qui distingue les « classes populaires » des « classes moyennes » ? Est-ce que « les » classes populaires sont les pauvres et les classes moyennes moins populaires ?

Le salariat représente 90 % de la population active.

Parmi les salariés, il faut compter les jeunes qui sont des salariés en formation, les chômeurs qui sont des salariés privés d’emploi, les retraités qui vivent en direct des cotisations des salariés occupés. C’est le salariat qui règne, qui domine sociologiquement dans ce pays : la caractéristique est claire, unique, c’est la grande masse de tous ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre. Les salariés vendent, certes, cette force de travail plus ou moins cher, selon leur âge, qualification, carrière, selon le rapport de force social. Est-ce que cela les différencie en classes ? Alors doit-on chercher à distinguer une « classe moyenne » au sein du salariat ? Les salaires, dans leur quasi totalité, sont compris entre 900 euros et 3 200 euros, avec un salaire médian à 1 580 euros. 97 % des salaires sont en dessous de 3 200 euros. Comment cerner, caractériser, à ce niveau, une « catégorie », une « couche », une « classe » moyenne… dont le salaire, le statut bouge et bougera tout au long de la vie et de la carrière ?

Il est assez facile de distinguer la classe supérieure, celle des capitalistes :

5 % de la population possède environ 50 % du patrimoine. Elle possède l’essentiel de la rente, des actions, elle est maîtresse de la finance et de la propriété des moyens de production, des biens immobiliers et mobiliers. C’est une toute petite partie de la population. Elle vit de l’exploitation du travail des autres et ses intérêts communs sont puissants : augmenter les profits du capital, baisser le coût du travail. Certains y adjoignent les « cadres supérieurs » (appelés parfois à tort « bobos ») mais cela ne rajoute que très peu d‘éléments : les cadres dits « supérieurs » (assimilables aux employeurs, échappant au droit commun du travail) sont moins de 0,2 % des cadres.

Il est assez facile de distinguer les « pauvres », encore que… :

Là, les instituts prennent, sans s’encombrer, un concept clair, celui du montant du salaire : un chiffre de revenu actuellement inférieur à 900 euros. C’est le « seuil » dit « de pauvreté ». Il y a aujourd’hui, en 2012, plus de 8 millions de personnes concernées.  Ce sont 10 % de la population qui possèdent moins de 1 % du patrimoine. Mais ces pauvres peuvent devenir salariés à temps plein, ou rester pauvres à temps partiel,  rester smicards pauvres, puis le chômage n’épargnant aucune catégorie,  à nouveau pauvres.  Ce n’est donc pas une catégorie isolée, séparée du salariat. Jacques Rigaudiat concluait justement, dès 2005 : « Entre chômage, sous-emploi, incertitude de l’activité et précarité financière des “travailleurs pauvres”, c’est très vraisemblablement entre le quart et le tiers de la population, entre 15 et 20 millions de personnes – 7 millions de pauvres et 8 à 12 millions de précaires – qui ont, de façon durable, des conditions de vie marquées du sceau de l’extrême difficulté. »

Mais entre riches et pauvres où sont les classes moyennes ?

Donc 5 % possèdent 50 % des richesses, et 10 % possèdent moins de 1 %. Il reste 85 % de la population qui se partage 49 % des richesses. Est-ce cela la « classe moyenne » ?  85 % de la population ?  Qu’est ce qu’elle fait, que gagne-t-elle, comment vit-elle ?  Qu’a-t-elle de commun et de différent pour la « classer » ?

Sont-ce les « indépendants » ?

Les actifs « indépendants », les « libéraux », les artisans, les commerçants, les petits et moyens agriculteurs, les petits patrons ne sont plus que 6 % des actifs dans ce pays. 6 % ! Est-ce là UNE classe moyenne ? ou DES classes moyennes ? Peu convaincant, car ces actifs sont hétérogènes… Bien des artisans s’apparentent à des ouvriers du rang, y compris du point de vue du revenu salaire, ou alternent entre travail indépendant et travail salarié. De même pour les petits exploitants en agriculture ou les petits commerçants. Ces 6 % d’actifs qui ne sont pas salariés sont extrêmement « étirés » socialement, entre le million de petits patrons divers de TPE, le médecin installé à l’acte à honoraire libre, le plombier débordé et l’auto-entrepreneur isolé sans le sou, qui est moins protégé qu’un salarié et qu’il serait abusif de placer dans « les classes moyennes ». Toutes les tentatives pour recréer des transformer les travailleurs salariés en travailleurs indépendants (lois Madelin, Dutreil, Novelli…), pour réduire leurs protections sociales, ont jusqu’à présent échoué. Il semble bien difficile de voir dans ces actifs une « catégorie » encore moins une « classe » ou des « classes moyennes ». comme concept pertinent.

Le salariat représente à ce jour 90 % de la population active occupée. (93 % il y a 10 ans)

Et en plus, il faut rajouter les jeunes qui sont des salariés en formation, les chômeurs qui sont des salariés privés d’emploi, les retraités qui vivent en direct des cotisations des salariés. C’est le salariat qui règne, qui domine sociologiquement dans ce pays : la caractéristique est claire, unique, c’est la grande masse de tous ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre. Les salariés vendent, certes, cette force de travail plus ou moins cher, selon leur âge, qualification, carrière, selon le rapport de force social. Est-ce que cela les différencie en classes ? Alors doit-on chercher à distinguer une « classe moyenne » au sein du salariat ? Les salaires sont compris entre 900 euros et 3 200 euros, avec un salaire médian à 1 580 euros. 97 % des salaires sont en dessous de 3 200 euros. L’écart entre la moyenne des salaires des cadres et la moyenne des salaires des ouvriers et employés est réduit à 2,3. Comment cerner, caractériser, à ce niveau, une « catégorie », une « couche », une « classe » moyenne… dont le salaire, le statut bouge et bougera tout au long de la vie et de la carrière ?

Sont-ce les cadres ?

Il y en a 3,5 millions. Les cadres sont des salariés comme les autres : avec une dégradation de leur statut et de leurs conditions de travail, ils n’échappent pas au lot commun. Les « grilles de notations » et les « paramètres personnalisés » aboutissent à un barème à la « tête du salarié », et à un système des « primes individuelles », qui finit par toucher les cadres assimilés au reste du salariat au plan de la rémunération. Ils ont aussi des horaires légaux communs au reste du salariat, même si les lois les concernant sont plus souvent violées, contournées. Plus de 40 % d’entre eux sont ainsi passés en dessous du plafond de la Sécurité sociale. L’écart Le rapport entre la moyenne des salaires des cadres avec celle des employés et ouvriers a été abaissé progressivement de 3,9 en 1955 à 2,3 en 1998. Alors que les employeurs se targuent, par tous moyens, d’individualiser les salaires, en fait, par leur obsession de réduire les salaires pour augmenter leurs profits, ils les ont « compactés » !

S’il convient de suivre, avec l’Insee, le rapprochement du « bas des cadres » et du « haut des employés et ouvriers », par contre, les cadres ne sont pas correctement catégorisés par la statistique publique comme ils devraient l’être, c’est-à-dire, séparés entre « cadres » et « cadres supérieurs ». Ce serait pourtant une clarification parmi les plus nécessaires car elle porte sur les critères de définition du statut : le contrat, le salaire et la relation de subordination. Les cadres supérieurs sont assimilables au patronat. Mais ils sont peu nombreux et ne renvoient pas plus que le « patronat » à une réalité homogène. Avec le développement de la sous-traitance et une soumission à des donneurs d’ordre résolument du côté du CAC 40 les petits patrons sont loin d’être tous du niveau « cadres supérieurs » et subissent un sort aléatoire proche du salariat. Il existe en France, une pyramide d’entreprises avec une base très large : en haut, mille entreprises de plus de mille salariés (3,4 millions de travailleurs) produisent près de 50 % du PIB ; en bas, un million d’entreprises de moins de dix salariés (3,4 millions de travailleurs également) ont une existence précaire et la moitié d’entre elles dépendent d’un seul donneur d’ordre.

Les fonctions d’encadrement ont diminué considérablement au profit des tâches de production. Il n’y a plus de coupure entre les « cols blancs » et les « cols bleus » comme dans le passé. L’emploi non qualifié augmente sans que l’emploi des moins diplômés reprenne : le paradoxe renvoie à un « déclassement » des diplômés, qui, à un niveau de diplôme donné, occupent des emplois de moins en moins qualifiés. Quant aux cadres, ils connaissent eux aussi des périodes plus importantes de chômage, l’épée de Damoclès du Pôle emploi règne sur eux comme sur les autres. Le chantage à l’emploi est répandu du haut en bas du salariat. « La dégradation des conditions de travail est générale, l’urgence réduit la prévisibilité des tâches et les marges de manœuvre pour les réaliser. La charge mentale s’accroît et la pénibilité du travail ». Pour une majorité croissante des salariés, les pressions s’accroissent : augmentation du rythme de travail, multiplication des contraintes, mécanisation plus forte, rapidité d’exécution, demandes multiples, vigilance accrue, contrôle hiérarchique permanent, stress…

Sont-ce les « catégories intermédiaires » ?

L’INSEE utilise depuis des lustres une catégorie très contestée : celle dite des « catégories intermédiaires ». Mais qu’est ce qu’une « catégorie intermédiaire » ? Le haut du salariat ? Il commence où ? Aux contremaîtres ou ETAM ? Le bas des cadres ? À quel niveau les distingue-t-on ? Tous les cadres ? L’INSEE y classe tous les enseignants, la plupart des fonctionnaires à partir des catégories « B ». Pourquoi les catégories « B » seraient-elles des « classes moyennes » ? Les instituteurs, les infirmiers, les contrôleurs des impôts, du travail, ne sont pourtant pas plus « classes moyennes » que les maîtres d’hôtel, les agents de maîtrise, les VRP, ou les techniciens… Sont-ce des employés par opposition aux ouvriers ? Sûrement pas puisque même l’INSEE les décompte en dehors des « catégories intermédiaires » !

Lesdites « catégories intermédiaires » avaient une telle disparité interne que depuis fort longtemps les experts contestaient ce classement incertain de l’INSEE. En même temps, ces catégories  ont gagné une homogénéité avec les autres salariés qui pousse à ne pas les traiter séparément. Ainsi dans la fonction publique, dans le passé, il y avait quatre catégories A, B, C, D.  On analysait ainsi les missions : les « A » cadres concevaient une lettre, les « B » moyens cadres rédigeaient la lettre, les « C » agents exécutants frappaient la lettre, les « D » manœuvres, l’expédiaient. Cela a été bousculé puisque les « A » frappent la lettre à l’ordinateur et appuient sur la touche du clavier pour l’expédier. La catégorie « D » a été supprimée un peu comme ont disparu les troisièmes classes dans les trains. Mais toutes les catégories forment le même train, la différence est souvent devenue de niveau salaire. Non seulement le salariat s’est imposé numériquement et proportionnellement au travers du siècle écoulé, mais il s’est homogénéisé, de façon encore relative mais réelle.

70 % ou 10 % de la population ?

Certains disent parfois sans bien réfléchir : « Le nouveau prolétariat, ce sont les femmes ». Ou bien encore : « Ce sont les immigrés ». Ou bien « Ce sont les précaires ». Mais cela n’a pas de sens théorique sérieux, global de découper des catégories, sexes ou générations. C’est du point de vue commun et supérieur de la place dans le procès de production et du niveau de vie qu’il faut raisonner.

Bien qu’il s’obstine dans la recherche d’une hypothétique « classe moyenne » finalement aussi introuvable que le centre en politique [2], Louis Chauvel pose une question cruciale : « Le portrait social d’une classe moyenne heureuse correspond-t-il aujourd’hui à 70 % de la population, ou plutôt à 10 % ? Tout semble indiquer que ce noyau central, idéalement situé aux environs de 2 000 euros de salaire mensuel, doit faire face à un vrai malaise et connaît, comme par capillarité, la remontée de difficultés qui, jusqu’à présent, ne concernaient que les sans-diplôme, les non-qualifiés, les classes populaires. À la manière d’un sucre dressé au fond d’une tasse, la partie supérieure semble toujours indemne, mais l’érosion continue de la partie immergée la promet à une déliquescence prochaine [3]. »

Un « précariat » a t il remplacé le salariat ?

Non. Ni par la création manquée d’indépendants non-salariés dont le nombre régresse malgré les lois qui les poussent à exister (auto-entrepreneurs, etc..). Ni par les 3 millions de précaires (CDD, intérimaires, saisonniers…). Ni par les 3 millions de temps partiels. Ni par les 5 millions de chômeurs. Evidemment, c’est énorme actuellement.  Cela frappe surtout les jeunes, les femmes, les immigrés : c’est donc imposé politiquement, en tout cas, ça ne vient pas des nécessités de la production. Le « précariat » c’est comme les termites, ça creuse les pieds du meuble du CDI, mais il reste un meuble. 85 % des contrats restent des CDI. Entre 29 ans et 54 ans, 97 % des contrats sont des CDI. Le CDI reste majoritaire de façon écrasante avec le Code du travail, statut et/ou conventions collectives. En 25 ans, la durée moyenne du CDI s’est allongée de 9, 6 ans à 11, 6 ans.

Les classes moyennes, sont-ce les « employés » et « ouvriers » ?

La distinction entre ouvriers et employés, fondamentale au début du XXe siècle, s’est estompée. Tout comme celle qui les opposait à la majorité des cadres. Le « col bleu » avait les mains dans le cambouis, en bas, à l’atelier ; le « col blanc » avait des manches de lustrine, en haut, dans les bureaux : le premier semblait défavorisé par rapport au second. Ce clivage si net tout au long du siècle précédent dans l’imagerie populaire, syndicale et politique, a laissé place à un brassage des conditions de travail, de l’hygiène et de la sécurité, des conventions collectives, des salaires et des statuts : aujourd’hui, l’ouvrier peut encore porter des bleus de travail mais œuvrer dans un environnement aseptisé de machines informatisées dont la maîtrise exige un haut niveau de qualification, tandis que l’employé peut effectuer des services sales, déqualifiés et mal payés, notamment dans l’entretien ou l’aide aux personnes.

Il y a environ 9 millions d’employés, et 6 millions d’ouvriers dont 2 millions d’ouvriers d’industrie. Ils sont l’essentiel du salariat selon l’INSEE. Mais des ouvriers d‘industrie qualifiés gagnent plus que des enseignants débutants. Des employés de restauration rapide gagnent nettement moins que des ouvriers. Et en fait,  il est impossible de les séparer des autres « catégories intermédiaires » de l’INSEE.

L’ensemble du salariat est une sorte de toile tissée avec des mailles qui vont bas en haut et de haut en bas. Il y a plus de points communs que de différenciations. On ne vit pas de la même façon à 900 euros, 1 800 euros ou 3 200 euros, mais on est placé devant les mêmes problèmes fondamentaux d’emploi, de droit, de salaire. Et c’est l’existence qui détermine la conscience et qui fait le lien « objectif ». Reste à ce qu’il soit perçu subjectivement : cela ne peut se faire qu’avec une vision claire de la réalité pleine et entière du salariat. Qui la développe ?

Il reste encore une drôle de théorie : ce seraient les salariés qui seraient la « classe moyenne »

Ce serait là une « grande couche moyenne centrale » qui, en travaillant normalement, retirerait les bienfaits du système (capitaliste) et n’aspirerait qu’à en bénéficier davantage. Ce serait les 24 millions d’actifs qui composeraient  la classe moyenne, par opposition à ceux qui ne le sont pas comme les pauvres et les chômeurs. Parfaitement intégrés au marché, les salariés n’y seraient pas hostiles et le voudraient au contraire plus efficace, plus rentable. L’horizon du système capitaliste étant indépassable, il suffirait donc de s’efforcer de mieux faire marcher l’industrie, le commerce, les échanges, l’innovation, la production, la compétition, afin de satisfaire les souhaits fondamentaux de cette « grande couche moyenne » salariée qui ne demande que cela.

La fonction politique de cette analyse est évidente : elle revient à marginaliser tout projet socialiste de gauche, à le réduire à la charité compassionnelle d’une part, à une recherche de rentabilité rationalisée d’autre part, saupoudrée d’une légère redistribution des richesses en « constatant » qu’il n’y a plus de force sociale désireuse d’un vrai changement. Finie la révolution et vive la classe moyenne et ses aspirations sacrées !

Les cris, aussi imprécis que pervers, abondent : pas touche aux classes moyennes (sic) !

Et les commentateurs se répandent en assimilant dans la confusion celles-ci à la fois aux riches, à la fois aux salariés du haut de l’échelle. Appeler le « salariat » « classe moyenne » n’a plus aucune autre fonction conceptuelle et descriptive, c’est une manipulation idéologique. C’est contribuer à l’empêcher de prendre conscience de son immense force collective et de ses revendications légitimes communes.

Cette « théorie » a un immense « hic » : « masquer ce nouveau nom de prolétariat que je ne saurais voir »… elle n’explique pas les mouvements sociaux d’ensemble du salariat de Mai 68 à Nov-Déc 95, de 2003 à 2006 ou 2010… Cela n’explique pas les revendications sociales communes pour les salaires, retraites, durée du travail… ni l’acharnement des employeurs à ne plus vouloir de durée légale commune du travail, ni de Smic, à préférer des « retraites à la carte » et des « contrats » plus que des « lois ».

Car si le Medef veut diviser, atomiser, rendre invisible le puissant et hégémonique salariat c’est qu’ils ont bien peur de cette force sociale, la plus importante la plus décisive du pays, qui  est  la classe qui produit de façon dominante les richesses et qui n’en reçoit pas la part qu’elle mérite.

En vérité donc, non, il n’y a pas de couche moyenne avec ou sans « s ».  Il y a deux classes fondamentales, celle minoritaire et dominante de l’actionnariat et du patronat, et celle majoritaire et dominée du salariat. Les conséquences politiques de cette analyse sont évidemment énormes.

Lire « Salariés si vous saviez… », éd. La Découverte, de Gérard Filoche, 2006 (et de nombreux autres articles depuis 20 ans dans la revue mensuelle D&S).

 

Mémoire et mesures de pénibilité

 

 

Est ce que « la peine » se mesure ? Parce que si Macron ne veut pas de « pénibilité liée au travail », il se révèle alors bien pire que Sarkozy, qui, lui, avait tout de même essayé de la mesurer !

Si, si, rappelez-vous : le 20 juin 2010, Sarkozy estimait qu’un salarié, s’il avait un « taux d’incapacité de 20 % »  pourrait conserver la retraite à 60 ans. Il estimait que cela concernait 10 000 personnes sur 30 millions de salariés. En gros, ceux qui avaient les deux poumons remplis de poussière, la colonne vertébrale immobilisée, deux rotules cassées ou deux coudes et poignets paralysés par des TMS (troubles musculo-squelettiques).

Sarkozy voulut créer un collège d’experts capable d’évaluer sérieusement le degré d’usure des corps des humains et sélectionner ceux qui garderaient la retraite à 60 ans.

Puis, Sarkozy avait déclaré « entendre la rue » après les 2,7 millions de manifestants du 7 septembre 2010. Il avait abaissé le seuil : 10 % d’incapacité suffiraient : un seul poumon abimé, une seule rotule, un coude, et un poignet, la moitié de la colonne vertébrale paralysée, 30 000 salariés (sur 30 millions) pour pouvoir partir à 60 ans.

Le Figaro avait présenté cela comme une « avancée » et les médias : « Sarkozy faisait des concessions ». L’Elysée avait défini ladite pénibilité selon 3 critères :

- Le premier était la soumission au port de charges, avec des gestes et postures pénibles (mais on s’aperçut que cela visait, sans doute plus de 1 salarié sur 5, soit 5 millions. Pas 30 000 ! Les TMS constituent 85 % des maladies professionnelles !

- Le deuxième critère était l’exposition à des atmosphères cancérigènes, toxiques : mais là, si on sait qu’il y a 10 000 cancers d’origine professionnels reconnus en France, c’est une sous-estimation par rapport à l’Europe, le vrai chiffre est probablement entre 50 000 et 70 000. Et il y a 100 000 salariés mourants par l’amiante. Pas 30 000 !

- Le troisième critère était les horaires atypiques : travail de nuit, travail posté, cycles irréguliers. Là encore, c’était plus d’un salarié sur cinq : soit 5 millions !

Sarkozy avait alors décidé que ce serait les patrons qui présideraient des « commissions » qui trieraient non plus les 10 000 mais les  30 000 (lauréats ?) qui garderaient le droit de partir à 60 ans.

Et puis d’autres chiffrages étaient sortis de l’Elysée disant que « 5% », 1,5 million  de salariés étaient concernés par la pénibilité. Ce qui était encore faux : 100 % des salariés ont des risques au travail, y compris dans les bureaux, car ce ne sont plus les « coups de grisou » qui tuent comme au temps de Zola, mais les accidents cardiaques et vasculaires, près de 180 000 par an, dont la moitié sont en lien avec le travail.

C’est pour ça, en fait, que Macron a décidé de ne pas « adorer » la « pénibilité  au travail », il a laissé tomber l’idée de Sarkozy. Avec lui, c’est plus net : auto, boulot, tombeau.

 

Gérard Filoche

 

GDS en partenariat avec 30 organisations appelle à signer contre la privatisation d’ ADP

déjà 888 000 signatures il en faut 4,7 millions en mars 2020

Notre appel

Contre la privatisation d’Aéroports de Paris, gagnons le referendum !

La bataille contre la privatisation d’Aéroports de Paris est engagée et concerne la société toute entière. C’est une bataille pour la démocratie car il va revenir à toutes et tous de pouvoir décider si un référendum est organisé. Mais c’est aussi une bataille contre les privatisations et pour la préservation et le développement des biens communs et pour les services publics. C’est aussi un combat pour la sauvegarde de l’environnement et pour la transition écologique car rien ne serait pire que laisser les clefs du transport aérien aux intérêts privés.

Depuis des années la privatisation des biens publics se fait à marche forcée. Des entreprises assurant des services publics sont vendues à des intérêts privés. Ignorant des objectifs sociaux et environnementaux de long terme, elles en profitent pour augmenter leurs prix, au détriment des usagers. Elles les transforment en machines à produire des dividendes pour les actionnaires, privant les finances publiques, et donc les services publics, de sommes considérables. Le scandale de la privatisation des autoroutes, celle de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, impulsée par l’actuel président de la République lorsqu’il était ministre, en sont de tristes exemples.

Mais cela ne leur suffit pas : outre les aéroports, la Française des Jeux, Engie, l’Office National de la Forêt, les barrages hydroélectriques, les ports, les routes nationales et d’autres sont les nouvelles cibles. Pendant ce temps, les hôpitaux publics sont au bord de l’explosion, des services hospitaliers, des lignes ferroviaires et des bureaux de postes ferment, les services publics s’éloignent des usagers, le statut de la Fonction publique est démantelé, les administrations et les entreprises publiques sont de plus en plus gérées comme des entreprises privées avec pour seul critère la rentabilité financière, au détriment de la satisfaction des besoins sociaux de toute la population.

La bataille contre la privatisation d’AdP est commencée : après des luttes syndicales importantes, plus de 200 parlementaires ont été à l’initiative du processus de référendum d’initiative partagée. Des appels à signature se multiplient.

Compte tenu de l’impératif de la procédure institutionnelle, qui exige qu’il y ait 4,7 millions de signatures de citoyen.nes, et qui exclut toutes celles et ceux qui vivent ici et n’ont pas le droit de vote, donnons à cette campagne l’ampleur nécessaire et impulsons une dynamique de rassemblement. Il s’agit d’en faire l’affaire de la société et des citoyen.nes. C’est pourquoi nous lançons une coordination de mouvements et d’organisations syndicales, associatives et politiques contre la privatisation d’Aéroports de Paris et plus largement contre les privatisations, pour les services publics et les biens communs. Chaque membre de cette coordination conservera bien entendu la liberté de mener sa propre campagne.

Cette coordination nationale a l’ambition de réunir le plus largement possible, dans leur diversité, syndicats, associations et partis politiques, les élu.e.s, les mouvements sociaux, écologistes, féministes… Des initiatives unitaires seront prises localement, avec la constitution de « bureaux de vote de rue », des conférences-débats publiques, des affiches, tracts, argumentaires divers, que nous mutualiserons au niveau national. Nous voulons atteindre 4,7 millions de signatures, pour que puisse se tenir ensuite un référendum national. Si cet objectif est atteint, ce sera un grand coup d’arrêt au rouleau-compresseur d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, qui projettent de privatiser un grand pan de l’économie et qui laminent ce qu’il reste de services publics.

Pour signer la demande de référendum sur la privatisation d’Aéroports de Paris : https://www.referendum.interieur.gouv.fr/

Premiers signataires :

Alternatiba
ANV-COP21
Association Nationale des Elu.e.s Communistes et Républicains (ANECR)
Attac
CGT
Convergences pour les services publics
Diem25
EELV
Ensemble !
Fakir
Femmes Egalité
Fête à Macron
Fondation Copernic
FSU
Gauche Démocratique et Sociale
Génération-s
LFI, groupe parlementaire
Le Mouvement
Les Amis de la Terre
Les objecteurs de croissance
MJCF
Nouveau Parti Anticapitaliste
Parti de Gauche
Parti ouvrier indépendant démocratique
PCF
PCOF
Pour une écologie populaire et Sociale
République & Socialisme
Réseau Foi et Justice Afrique Europe
UEC
UNEF
Union Syndicale Solidaires

 

Récit. Souvenirs de trente ans. Chute du Mur de Berlin. Champagne !

Récit. Souvenirs. Chute du Mur de Berlin

 

Champagne !

Quand le mur est tombé, au petit matin du 9 novembre, en réunion du BN de la LCR et en présence de membres du SU, c’est à dire devant une trentaine de personnes, dans le bureau archi bondé du local de Montreuil, rue Richard Lenoir, au fond à l’étage, j’ai crié « Champagne »…  et je me suis fait agonir.

Nous haïssions ce Mur et le stalinisme :

Nous étions trotskistes, en référence au grand révolutionnaire, intellectuel et militant qui avait dénoncé, en temps réel, et combattu, au prix de sa vie,  « la révolution trahie » et « les crimes de Staline », analysant les lourdes et tragiques conséquences, par le biais du Komintern stalinisé, dans le monde entier, de la contre-révolution en URSS. Nous avions tout lu, « Il était minuit dans le siècle » de Victor Serge, « Sans patrie ni frontière » de Ian Valtin, « L’internationale communiste après Lénine », « Le Parti bolchevik » de « révolution en Allemagne » « Révolution en Espagne »  de Pierre Broué.  Et nous avions compris que la révolution socialiste avait été vaincue entre les années 1927 et 1937 en Russie. Il n’y a jamais eu de communisme en Russie. Et par voie de suite les révolutions staliniennes, ont été déformées, ou dégénérée dans le monde entier.

Nous savions, nous autres que, trotskistes nous aurions été éliminés, salis, exécutés sous Staline (regardez  « L’ombre rouge » » de JL Comolli, « Land and freedom » de Ken Loach, « L’assassinat de Trotski » par Joseph Losey, « L’aveu » de Costas-Gavras et tellement d’autres). La fausse image du socialisme, trahi, dénaturé, dictatorial  utilise comme repoussoir par l’impérialisme US et ses épigones, nuisait à tous nos efforts révolutionnaires.  Et les quelques camarades trotskistes membres de la Quatrième internationale, que je connaissais  en Pologne, en Russie, en RDA, en Chine, au Vietnam, en Tchécoslovaquie survivaient sous la terreur d’un système bureaucratique impitoyable à notre égard. Comme disait avec un humour désespéré, Hubert Krivine, « Dans la seule Tchécoslovaquie soviétisée d’après guerre, 3000 personnes ont été pendues pour « trotskisme », alors qu’elles ne l’étaient pas toutes et heureusement tous les trotskistes tchèques n’ont pas été pendus ».

Jeunes, même à Rouen, nous nous faisions exclure puis casser la figure devant les entreprises,  et même une fois, en octobre 1967, parce que nous avions voulu tenir un meeting d’hommage à Che Guevara qui venait d’être assassiné en Bolivie,  le PCF de Rouen avait mobilisé 100 gros bras pour attaquer le meeting aux cris de « le fascisme ne passera pas » car c’était l’époque où L’Humanité dénonçait « les groupuscules qui s’agitaient à La Havane »(OLAS, OSPAAAL).

Parce que j’étais devenu membre de la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), le supplément Seine-Maritime de l’Humanité-dimanche me dénonçait comme un « homme de main de la famille Canu » (grand bourgeois rouennais) ou prétendait à Cléon que mon père (ouvrier SNCF) était « avocat » où à la SNCF qu’il m’avait « désavoué ». Cela nous faisait comprendre le stalinisme et nous sommes devenus, grâce à cela, des enragés de la démocratie.

« Pas de socialisme sans démocratie, pas de démocratie sans socialisme. » Telle était notre pensée la plus profonde, la plus déterminante, la plus révolutionnaire : tout parti révolutionnaire devait être méticuleusement scrupuleusement, systématiquement,  démocratique parce qu’il préfaçait ainsi la révolution,  et la société nouvelle pour laquelle nous combattions.

Je résume ainsi notre vision, c’était celle de la minorité de la LCR à laquelle j’appartenais et évidemment « Le mur de Berlin » était pour nous le repoussoir, la pointe avancée honteuse du stalinisme. Le voir s’effondrer, sous les coups du mouvement de masse, c’était d’abord pour nous l’effondrement du symbole du stalinisme en Europe.

D’ou le fait que je criais « champagne »  c’était la fête !

Victoire, ça ouvrait une ère nouvelle pour le socialisme démocratique.

Il fallait crier très fort, le plus fort possible, au monde que ce qui tombait là ce n’était pas le socialisme mais un anti socialisme, une horreur stalinienne, un repoussoir, une honte !

Alkaseltzer !

Ce fut la réponse de Daniel Bensaïd. Non seulement il ne se réjouissait pas de la chute du mur, mais il l’appréciait comme une défaite et cria même « - Nous construirons d’autres murs ». Je  connaissais l’ampleur de nos divergences mais là elles dépassaient tout.  J’avais débattu avec lui au cours de la révolution portugaise en 1975, sur « l’affaire Républica » et encore sur la lutte armée en Amérique latine, ou sur une constituante au Nicaragua, mais là, c’était pour moi un choc

 

Dans la réunion du matin du 9 novembre, une camarade allemande,  Rosa revenait de RDA, elle était assise en face de moi, à l’entrée, elle est intervenue contre moi « - Mais je vous le garantis, la réunification n’est pas à l’ordre du jour, personne ne parle de réunification là-bas, c’est un fantasme de Matti (c’était mon pseudonyme) que de le prétendre ». Un autre camarade assis à ma droite, intervint en expliquant que, comme François Mauriac il « préférait l’Allemagne quand il y en deux que quand il n’y en a qu’une seule ». D’autres comme Livio Maïtan,  ou Lahire reprirent les mêmes mots.

Il faut dire qu’un vieux désaccord régnait : les lambertistes prônait la « réunification de l’Allemagne » et Ernest Mandel et la Quatrième internationale prônaient « la réunification socialiste de l’Allemagne ». Cela parait sans conséquence tant que c’est dans un bulletin intérieur  et cela le fut pendant trente ans de 1954 à 1989. Mais en octobre 1989,  Ernest Mandel et ses amis en RDA défendirent le développement du mouvement de masse et de la révolution… socialiste : au début ça n’avait rien de contradictoire, mais ca le devint quand ils s’opposèrent à la réunification allemande au nom… du socialisme !! Les dirigeants de gauche qui tenaient les micros les premiers jours dans les meetings et défilés, étaient très populaires car ils s’opposaient au régime stalinien de RDA. Mais quand ils s’opposèrent à l’unification allemande, ils furent évidemment sifflés, hués, balayés des micros. Des millions d’allemands de RDA vivaient « le Mur » comme une prison, et le régime aussi ! Ils voulaient sortir de ces deux prisons ! Il n’y avait aucune chance de défendre le socialisme en RDA avant de fusionner avec le capitalisme de RFA, aucune ! Puisqu’il n’y avait pas de socialisme ! Puisque en plus il y avait un régime policier dictatorial un parti unique ! C’est la qu’on vit que mettre comme condition à la réunification allemande une Allemagne socialiste » c’était aberrant. Et ce fut balayé. Ernest Mandel avait beau envoyer des fax au BN de la LCR pour lui déconseiller d’entendre les arguments de Matti sur la réunification, la réalité sur le terrain où pourtant il était, lui donna totalement tort.

C’est ce qui a permis aux dirigeants ouest-allemands d’attirer les populations vers eux, en promettant monts et merveilles qu’a leur tour, ils avaient bel et bien l’intention de trahir. A cause de l’absence de démocratie socialiste à l’est, le capitalisme de l’ouest l’emporta et d’ailleurs fit payer cher ensuite aux états de l’Est, le prix de la réunification. Pas de surprise là non plus,  les chefs de la RFA étaient une autre variante aussi réactionnaire, violente, sans scrupule, de pillards et d’exploiteurs, que la couche bureaucratique dirigeante de l’Est. La libre circulation était gagnée,  la question nationale était réglée, mais la dictature de l’argent remplaçait celle de la Stasi. Ils n’avaient pas l’intention de fusionner mais d’absorber, au moindre coût, a leur plus grand profit.

On en débattit dans les mêmes termes au congrès mondial de la Quatrième internationale qui suivit à Rimini. Bensaïd m’accusa depuis la tribune d’avoir crié « Champagne Tequila, Whisky, Vodka… et je lui reprochais d’avoir crié « Alkaseltzer, Optalidon, Aspirine, Doliprane ! Derrière, deux visions de l’approche du socialisme avec ou sans murs, démocratique ou non.

Sans aucun doute la divergence entre « Champagne » et « Alkaseltzer »  fut celle qui contribua le plus à faire baisser dans mon estime, la direction Bensaïd de la LCR et à rendre encore plus exigeante la démocratie comme la sève de tout mouvement social et de toute révolution.

La présente revue D&S a eu d‘abord comme nom provisoire « Vent d’est » puis « Démocratie & révolution » avant de prendre nom définitif il y a 27 ans, « Démocratie et socialisme »

« Démocratie et socialisme » sont inséparables pour combattre tous les « Murs » qui séparent les humains.

Gérard Filoche

 

50 arguments pour le droit à la retraite à 60 ans a taux plein

Ce n’est pas possible de ne pas respecter le retour de l’âge de la retraite à 60 ans pour tous

« C’est juste impossible »

Sinon, c’est le chômage qui va gagner :

1. L’âge de la retraite recule ? le chômage avance.

2. Il n’y aura pas de recul du chômage de masse record (6,6 millions) sans réduction du temps de travail.

3. C’est un non-sens d’allonger les durées de cotisations (ou de faire faire des heures supplémentaires) quand on a 6,6 millions de chômeurs.

4. L’autre seul résultat c’est que ceux qui ne seront pas en retraite seront inscrits au chômage…

5. 2 salariés sur 3 sont au chômage, licenciés, inaptes, malades, à partir de 55 ans.

Les jeunes seront aussi pénalisés

6. Il y a 25 % de chômeurs parmi les jeunes actifs, pourquoi pousser à ce que les « seniors » travaillent plus, s’il y a une priorité cela doit être pour les jeunes, priorité à la jeunesse !

7. 3 jeunes sur 4 ne trouvent un boulot en CDI qu’à partir de 29 ans. 41 annuités c’est la retraite à 70 ans assurée.

8. Ceux qui commencent à travailler « tôt » vers 16, 17, 18 ans sont 1 ou 2 jeunes sur 8.

9. Et même ceux qui commencent à travailler tôt ont des périodes de chômage qui ne sont pas prises en compte à 100 % dans les annuités.

Un salarié qui a travaillé toute l’année peut avoir moins de 4 trimestres validés si sa rémunération est faible. Ce n’est pas la durée de travail dans l’année qui détermine le nombre de trimestres validés mais le montant des salaires soumis à cotisations retraite. Beaucoup ne parviendront pas à avoir suffisamment de trimestres validés à l’âge de 60 ans, ni probablement d’ailleurs à 62. Puisqu’il faut percevoir un salaire de 1772 € brut pour valider un trimestre. Ce qui veut dire qu’un temps partiel au SMIC travaillant 4 trimestres à l’année n’en valide que 3 !Ainsi, les gens n’ayant pas fait d’études auront le « droit » à la double peine

* Contrats précaires et petits salaires dans leur vie active

* Retraites amputées à 67 ans

Pensons aux caissières d’hypermarchés. Mais qui les avertit et qui se soucie d’elles ? Le calcul de la retraite imposé par Balladur sur les « 25 meilleures années » est ségrégationniste contre les jeunes et pauvres.

C’est la santé des salariés qui est danger

10. L’espérance de vie « en bonne santé » selon l’INSEE est de 63 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes (59 ans pour les ouvriers, 69 ans pour les cadres). Toujours selon l’INSEE, en France, l’espérance de vie en bonne santé pour les hommes a baissé de 2007 à 2008, de 63 à 62,4 ans.

11. Entre 55 et 60 ans, 2 maladies sur 3 sont liées au travail, entre 60 et 65 ans, 3 maladies sur 4 sont liées au travail. Les plus belles années de la retraite sont entre 60 et 62 ans. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans.

12. La biologie du corps humain n’a pas changé entre 55 et 65 ans. TOUS les métiers sont pénibles. Physiquement et mentalement. Vous voyez un vieil instituteur de 62 ans devant ses élèves ? Un chauffeur-livreur à 59 ans ? Une femme de service de nettoyage à 61 ans ? Un cadre stressé de 60 ans en compétition avec des « jeunes » cadres ? Et un ouvrier du bâtiment de 55 ans devant son marteau piqueur ? une infirmière qui cherche la veine dans votre bras à 62 ans ?

13. La principale maladie professionnelle (85 % des MP) ce sont les TMS, (troubles musculo squelettiques) elles augmentent de 18 % par an depuis l’an 2000.

14 Dix millions de salariés sur 24 ont des métiers pénibles physiquement (horaires atypiques = 5 millions, dont 2,3 de nuit ; port de charges divers = 5 millions) et les autres subissent une pénibilité mentale de plus en plus forte (burn out, suicides, harcèlement, stress, troubles psychosociaux, précarité, un milliard d’heures supplémentaires impayées..).

15. Mais ce ne sont plus les « coups de grisou » qui tuent comme il y a un siècle : ce sont les accidents cardiaques et vasculaires. 150 000 accidents cardiaques et 100 000 accidents vasculaires : entre 1/3 et 50 % sont liés au travail.

… alors que les prévisions démographiques sont pulvérisées par la réalité

16. Les prédictions de ceux qui disaient qu’on ne peut payer les retraites pour des raisons démographiques sont toutes tombées à l’eau : ils prévoyaient 350 000 naissances par an à partir de 2000, on a eu 850 000 enfants par an de l’an 2000 à 2014 et encore 750 000 depuis.

17 : Il y a un « pic » de retraités entre aujourd’hui et 2036. Ensuite ça retombera jusqu’en 2060 où cela remontera. Il suffit d’ajuster le taux des cotisations en fonction des variations année par année.

18 : L’ajustement des cotisations sociales retraites peut se faire en temps réel, d’un an sur l’autre, selon les variations démographiques, directement de ceux qui travaillent à ceux qui sont en retraite. Pas besoin de « placer » de l’argent en courant tous les risques dans des fonds de pension aléatoires que les spéculateurs dilapideront dans les îles Caïman. (Même le « fonds de réserve des retraites » avait perdu 4,5 milliards chez Lhemann Brothers)

La durée de cotisation réelle moyenne devrait être la référence

19. Pourquoi avoir réduit la durée du travail sur la semaine si c’est pour l’allonger sur la vie ?

20. Celui qui prétend allonger la durée de cotisations est impuissant à agir sur le réel : actuellement elle recule depuis 10 ans en pratique vers 36 et vers 35 annuités. Aucune des promesses patronales d’aller à l’inverse pour les « seniors »  n’est entrée en pratique.

21. Prétendre imposer – sur le papier – 41 ou 42 annuités, le SEUL résultat, puisque la moyenne des salariés ne peut cotiser que 36 ou 35 annuités, c’est 6 ou 7 ans de décote.

22. Comment admettre d’allonger des annuités qui ne seront jamais effectuées et donc baisser les plus petites retraites ? Reculer l’âge de départ en retraite à pour seul effet pratique de baisser le niveau des retraites réintroduisant la misère chez les vieux.

23. Il faut prendre comme référence le nombre d’années réellement cotisées dans la vie réelle et non pas l’allongement aléatoire de l’espérance de vie.

24. Par exemple, si la moyenne réelle des annuités cotisées dans la vie réelle des salariés est de 35 annuités, la référence retenue pour une retraite à taux plein doit être de 35, si elle est de 36 cela doit être 36, si elle monte à 37, cela doit être 37…

25. Mais mettre un objectif inatteignable à 41 ou 42 annuités, c’est faire sauter les gens à la perche sans perche, le seul résultat actuel est qu’ils ont une retraite plus basse et non pas qu’ils travaillent plus.

26. Depuis 8 ans AUCUNE raison « nouvelle » de repousser l’âge réel de la retraite. Aucun effet d’entraînement dans l’emploi des seniors. Les salariés cotisent MOINS longtemps en moyenne ! 36 annuités seulement ! Pour sortir de la crise, il ne faut pas baisser salaires et retraites mais les augmenter !

27. Raison de plus pour ne pas prendre l’espérance de vie comme référence, c’est trop aléatoire : l’espérance de vie régresse aux Etats-Unis depuis plusieurs années, elle régresse aussi depuis trois ans en Allemagne. Travailler plus longtemps vous mourrez plus tôt.

Des conditions bien plus dures que dans le reste de l’Europe

28. En Allemagne, en Italie, en Espagne, c’est 35 annuités pourquoi 41 ou 42 ici ? Sarkozy a fait la pire réforme contre le droit à la retraite de toute l’Europe.

29. En Allemagne, la droite veut fixer les départs à 67 ans, mais en 2029… c’est remis en cause par les syndicats qui l’avaient, hélas, signé parce qu’actuellement, la moyenne des départs est autour de 58 ans…

30. En Grande-Bretagne, ils annoncent 68 ans… en 2048 ! Ici, en France, Sarkozy a imposé 67 ans pour le taux plein en 2018, c’est-à-dire demain ! Il faut abroger la loi Sarkozy-Woerth.

31. En Allemagne, ce n’est pas du tout pareil qu’en France, parce que nous, on vit un « boom » démographique depuis l’an 2000, 2,04 enfants par femme, en Allemagne c’est 1,4 enfant par femme.

Un projet politique pour tous

32. 60 ans c’est un DROIT ce n’est pas une obligation ! Mais encore faut-il que ce DROIT soit pour tous ! « d’ordre public social ».60 ans c’est une référence pour tous, un objectif réaliste, contrôlable, clair TOUS ENSEMBLE.

33. 100 000 hommes et 50 000 femmes meurent entre 60 et 62 ans, Avec 41 ou 42 annuités, ils mourront sans un seul jour, une seule semaine, un seul mois de retraite après avoir cotisé toute leur vie.
34. La « retraite à la carte » c’est le slogan du Medef : pour complexifier le système et le rendre illisible, pour qu’il n’y ait plus d’ordre public social, que les salariés ne soient plus solidaires. C’est comme la durée du travail « a la carte », le SMIC à la carte… La règle ne sera plus fixée en raison des besoins humains mais en raison des exigences de la productivité.

35. 60 ans c’est déjà trop. On doit exiger la retraite à 55 ans dans le bâtiment et dans tous les métiers très pénibles.

36. Il ne faut vivre pas moins bien que nos parents : retraites à 60 ans, 35 annuités, à 75 % du salaire calculé sur 10 meilleures années, indexées sur les salaires (ce que proposait encore Lionel Jospin en juin 1997)

37. Sinon on subit la double facture : travailler plus longtemps après 60 ans et gagner moins, une majorité de gauche ne peut aller dans ce sens = austérité = récession = crise aggravée = chômage.

Respecter la démocratie à tous les niveaux

38. Démocratie ! Le seul vote de congrès – unanime – du PS qui a eu lieu c’était à Dijon 2003 pour le droit a la retraite à 60 ans à taux plein. Respectons-le.

39. C’est François Hollande qui avait fait voter le congrès du PS unanime de mai 2003 pour la retraite à 60 ans à taux plein !

40. Démocratie, débat dans le PS et dans toute la gauche, tous les syndicats : branle-bas de combat pour la défense des retraites à 60 ans pour tous. 60 ans c’est majoritaire et dans la gauche politique et dans les syndicats : pour qui on dirige ? Pour le peuple ou pour le AAA ?

41. De toute façon, il y a un risque de ne pas gagner si c’est se trouver en porte-à-faux avec 75 % de l’opinion et les 8 millions de manifestants de 2010 (rien ne s’oublie) qui veulent abroger la loi scélérate Sarkozy-Woerth de pillage de nos retraites : il va falloir s’en rendre compte.

42. Oui, il faut écouter les 8 millions de manifestants et 75 % de l’opinion, il faut que François défende la retraite à 60 ans.

43. On votera François Hollande, mais nous luttons pour exiger qu’il respecte le rétablissement de l’âge légal de départ à 60 ans.

Des richesses, il y en a !

44. La « dette » a bon dos pour justifier qu’on ne peut payer les retraites ni hausser les salaires. Elle est la conséquence de choix réalisés par Sarkozy qui veut nous la faire payer. En France, on n’a pas un problème de dette mais de recettes.

45. Ne pas céder au chantage des officines de droite qui s’auto intitulent « agences de notation ». Ils ne proposent jamais d faire payer les riches mais de baisser les salaires et retraites des plus modestes

46. Ne pas céder au chantage des fonds de pension qui veulent siphonner les retraites. Ne jamais les croire, ne jamais leur confier un seul sou de nos retraites : ils vous prendront tout et ils vous voleront tout, le dilapideront dans les caves à « subprimes » et autres paradis fiscaux des Bahamas.

47. La France a 87 % de dette/PIB à cause de Sarkozy qui a vidé la « cagnotte publique » de Lionel Jospin, et remplit les « cagnottes privées » en faisant 24 points de dettes en plus en cinq ans (de 63 à 87/PIB). Mais la France avait 290 % de dette/PIB en 1945 et pourtant elle a mis en place la Sécu et les retraites à ce moment-là.
48. La France est 2,5 fois plus riche qu’en 1982 quand la retraite à 60 ans a enfin été mise en place.

49. Salaires et cotisations sociales sont trop bas depuis + de 20 ans, la France n’a jamais été aussi riche, elle peut payer les retraites à 60 ans.

50. Le COR l’a expliqué et démontré : avec 0,35 % seulement d’augmentation des cotisations sociales par an d’ici 2036, les retraites à 60 ans (35 annuités, 75 %, 10 ans, > au Smic, indexées sur salaires) sont garanties et payées.

Conclusion :

Convainquons, battons-nous, nous sommes la majorité non seulement de la gauche, du salariat, mais du pays tout entier.

 

(decembre 2012)

 

explosions dans le monde contre la dictature du fric et pour la démocratie

 

Soulèvements au Chili, en Équateur et en Haïti, à Hong Kong, au Liban, en Irak et Algérie, manifestations en Catalogne et en Espagne, crise en  en Argentine. La situation se tend un peu partout dans le monde. Cette situation répond directement ou indirectement à des décisions souvent dénommées  »néolibérales » mais surtout autoritaires et ultra-réactionnaires, qui fragilisent les travailleurs. A tel point que le secrétaire général de l’ONU s’inquiète des politiques aggravant les inégalités. Et Macron, en France poursuit la mise en cause des acquis sociaux.

Partout des mobilisations d’ampleur

Au Chili la politique du très libéral président Piñera a déclenché la colère en augmentant le prix du ticket de métro. C’est dans ce même pays qu’en 1973 la politique des Chicago Boys avait marqué la première empreinte du néolibéralisme sur une démocratie. L’Équateur où le FMI a préconisé des mesures qui ont doublé le prix du pétrole connaît lui aussi des mobilisations de masse fortement réprimées. Haïti, sous la coupe du FMI, depuis de longues années connaît un chaos économique et politique vertigineux. Au Liban, pays particulièrement inégalitaire, ce sont encore les préconisations du FMI qui ont mis le feu aux poudres en entraînant l’augmentation des prix des réseaux sociaux. C’est le seul pays où la répression n’a pas frappé, l’armée se plaçant du côté des manifestants. En Irak, pays ravagé par la guerre depuis l’intervention américaine, c’est le déplacement d’un policier remplacé par un militaire iranien qui a été l’événement déclencheur, relayé ensuite par des revendications sociales. Tous les vendredis les Algériens continuent depuis plusieurs mois de se mobiliser pour un autre régime politique. En Catalogne, ainsi que dans certaines grandes villes espagnoles, la condamnation des indépendantistes Catalans à des peines de prison, est  vivement contestée dans la rue. La droite en tire argument pour les élections prochaines en réclamant une politique de fermeté. L’Argentine, soumise à une crise financière économique profonde vient de tourner la page du président Macri.

Non compensation des exonérations de cotisations sociales à l’Assemblée Nationale

C’est avec le plus grand cynisme que Macron et son gouvernement ont fait adopter dans la nuit du 22 au 23 octobre lors de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) un article 3 qui dispose que certaines exonérations de cotisations sociales, notamment une partie de celles consenties pour répondre au mouvement des Gilets Jaunes, ne seraient pas compensées par l’État.

C’est une décision sans précédent. La première fois qu’est mis en œuvre ce mécanisme depuis la modification en 2019 de la loi Veil de 1994 qui prévoyait la compensation systématique des exonérations. C’est le moyen de tuer à petit feu la Sécurité Sociale, de la mettre en déficit systématique et de lui faire supporter les dettes de l’Etat. C’est à terme la fin de l’autonomie de la Sécurité sociale, la fin de la maîtrise par les salariés de leurs cotisations, c’est à dire de leur salaire.

Le 5 décembre et après

Les mobilisations en cours (notamment celles des cheminots ou dans les hôpitaux), montrent qu’un mouvement social profond est à l’œuvre. Macron ose dire qu’il ne fera preuve « d’aucune faiblesse » face aux mobilisations. Cela prouve qu’il sent le mécontentement monter.

Toute l’activité des militants syndicaux et politiques de gauche doit tendre à préparer la grève interprofessionnelle à partir du 5 décembre, pour qu’elle débouche sur un mouvement général qui mette Macron en échec.

 

 

« Union » un livre d’arguments pour l’unité de la gauche

Ce livre de Gérard Filoche que publie la Gauche démocratique et sociale sera disponible à partir du 16 novembre aux « rencontres pour l’unité » que GDS organise à Pau. Il est dores et déjà possible de le commander (à commegaronne@orange.fr)

COUVERTURE UNION finie finie? – copie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A Pau, le 16 novembre la brochure « Union » sera disponible mais avant a votre disposition par commande

Union, arguments pour l’unité de la gauche

28/10/2019 | la rédaction

 

 

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« Union, arguments pour l’unité de la gauche » est un livre de Gérard Filoche que publie la Gauche démocratique et sociale (GDS). Ce petit livre (96 pages, format 11x19cm) sera disponible lors des rencontres organisées par  GDS à Pau les 16-17 novembre. Il est déjà possible de le commander (commegaronne@orange.fr).

La gauche c’est le salariat et le salariat c’est la gauche, camp contre camp, classe contre classe, salariat  contre patronat, gauche et droite sont l’expression de classes sociales opposées.

« La fin du salariat » ? Insensé ! On est passés en un siècle de 9 % d’actifs salariés à 90 % d’actifs salariés

En 1910, 3 millions de salariés, en 1936, les salariés étaient minoritaires, en 1945 les salariés devenaient majoritaires,  70 % en mai 68,  aujourd’hui on est 90 % d’actifs salariés !

On ne va pas les laisser, parce qu’on est divisés, nous « uberiser » et nous reprendre quand on est 30 millions ce qu’on a gagné quand on était 3 millions.

La gauche c’est presque une vingtaine de partis :  Europe Ecologie les Verts (EELV), Ensemble, Gauche démocratique et sociale (GDS), Gauche républicaine et sociale (GRS), Génération.s, La France insoumise (LFI), Lutte ouvrière (LO), Mouvement des citoyens (MdC), Mouvement répu-blicain et citoyen (MRC), Nouvelle Donne (ND), Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti communiste français (PCF), Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), Parti de gauche (PG), Parti radical de gauche (PRG), Parti socialiste (PS), Parti ouvrier indépendant démocratique (POID), Parti ouvrier indépendant (POI),  Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), République & socialisme (R&S) Union communiste libertaire (UCL).

Il faut s’unir en « comité de liaison permanent », s’accorder sur la meilleure plate-forme possible, unité à la base et au sommet, additionner les partis pour les dépasser, pas unité de pensée mais unité d’action !

Ce petit livre de 96 pages (format 11 x 19 cm) peut d’ores et déjà être commandé (avec mail de commande : commegaronne@orange.fr )

1 ex : Prix public exemplaire 5€ +1 € de port  : 6€

2 ex : Prix public exemplaire 5€ + 2 € de port  : 12€

3 ex  : Prix public exemplaire 5€ + 3 € de port : 18€

à partir de 4ex frais de port offert

Règlement par chèque à l’ordre de Com’ Garonne

6 impasse du Collège

46700 Puy l’évêque

Avec un mail de commande à commegaronne@orange.fr

ou virement à IBAN FR7642559100000800229094330