Chronique Humanité dimanche Au boulot n°461 Lubrizol : Extension du préjudice d’anxiété

 

Employés, en qualité de mineurs de fond et de jour par les Houillères du bassin de Lorraine, les salariés avaient saisi la juridiction prud’homale aux fins d’obtenir la condamnation de leur employeur au paiement de dommages-intérêts en réparation de leur préjudice d’anxiété et du manquement à une obligation de sécurité.

 

La cour d’appel de Metz a rejeté le 7 juillet 2017 les demandes des salariés en considérant les témoignages insuffisants

En audience publique la Cour de cassation, le 11 septembre 2019 casse et annule, en toutes leurs dispositions, les arrêts de la cour d’appel de Metz. Elle cite, ce qui est rarissime, les attestations des mineurs de Lorraine sur leurs conditions de travail. Ils sont en effet très convaincants :

 

« La plupart des mineurs ne portait pas de masques à poussières, certains d’entre nous achetaient des masques en mousse en pharmacie »

« Dans les années 90 on portait des masques jetables ils se colmataient vite avec la respiration et on n’en avait pas assez à disposition et ils n’étaient pas adaptés à un travail physique intense »

« Les différentes sortes de masques présentaient chacun leurs lacunes… distribution limitée au jour »

« En sachant que les buses d’arrosage étaient souvent bouchées car la qualité de l’eau était médiocre ».

« Avec ce qu’il y avait des buses à eau sur les tambours le débit était insuffisant pour éliminer toute la poussière du havage. Même avec des buses bouchées le havage continuait car le plus important était avant tout la production »

« Nous sommes donc descendus par la tête de taille pour accéder à la haveuse en plein abattage, la poussière était tellement dense qu’on n’y voyait pas à 2 mètres. Nous avons progressé jusqu’au pied de la taille pour les essais de serrage au couple en situation réelle, mon masque à poussière était bon à jeter, quand je me suis mouché, le mouchoir était noir »

 

Alors, conclut l’arrêt en Cassation : « en application des règles de droit commun régissant l’obligation de sécurité de l’employeur, le salarié qui justifie d’une exposition à une substance nocive ou toxique générant un risque élevé de développer une pathologie grave et d’un préjudice d’anxiété personnellement subi résultant d’une telle exposition, peut agir contre son employeur pour manquement de ce dernier à son obligation de sécurité »

 

Ce n’est pas le moment de remettre en cause le régime de retraite des mineurs !

Une créance de dommages et intérêts en réparation du préjudice découlant de la violation de l’obligation de sécurité de résultat est ouverte.

Au-delà de cette grande victoire, l’arrêt offre une surprise de taille. Il étend le préjudice d’anxiété à tous les produits dangereux et toxiques.

De quoi susciter une légitime inquiétude pour les nombreux employeurs concernés. Imaginez chez Lubrisol à Rouen.

 

Gérard Filoche

 

 

 

Chronique Humanité dimanche Au boulot n° 460 La puissance du salariat

 

Il ne se passe pas un jour sans propagande : « Est-ce la fin du salariat ? » demande Libération? « La fin du salariat mythe ou réalité ? » s’interroge La Tribune. La loi « LOM » sur les mobilités instaure « La présomption de non salariat ». Et bien sur l’immanquable question : « comment l’ubérisation change le travail ? » entretient dans les Echos« La peur de la fin du salariat » ! Novethic conclut : « Le recul du salariat impose de réinventer la protection sociale ».

Pardi !

C’est une  vraie campagne de bourrage de crânes !  Elle ne repose sur rien  car le salariat ne cesse de grandir sur la planète (54% des actifs) et chez nous, il a gagné depuis longtemps !

En mars 1906 quant survient la catastrophe de Courrieres, le ministère du travail est crée et le premier code du travail est rédigé en 1910 alors qu’il n’y avait que 3 millions de salariés.

En mai-juin 1936 quand la grève générale éclate et impose les 40 h et les congés payés alors les salariés étaient encore minoritaires.

En 1945, les « indépendants », agriculteurs, commerçants, artisans, étaient tout justes moins nombreux quand le salariat a obtenu la Sécurité sociale, les retraites, les CE, les IRP, la médecine du travail, l’inspection, les prud’hommes.

En mai 68 le salariat était à près de 70 %, quand éclate la plus grande grève de l’histoire de l’humanité, qui gagne 33 % de hausse du Smig et 55 % de hausse du Smag, la 4° semaine de congés et des droits syndicaux nouveaux,

On est même montés à 92 % d’actifs salariés, redescendus à 88 %, et en dépit du chômage,  on est autour de 90 % de salariés parmi les actifs.

Soit 30 millions de salariés, 18 millions de contrats de travail dans le privé et 5,5 millions dans le secteur public et 6,6 millions de chômeurs temporairement privés d’emploi !

Les indépendants ne sont plus que 10 %, dont seulement quelques dizaines de milliers d’ubérisés et auto-entrepreneurs qui ont un contrat commercial déclassé sans droit ni loi au lieu d’un contrat de travail avec subordination et protection.

Jamais le salariat n’a été aussi fort de toute notre histoire !

Et c’est le moment qu’ils choisissent pour décupler leur propagande qui tente de faire croire qu’on est en voie de disparition.

Le but c’est de nous enlever, quand on est 30 millions, ce qu’on a gagné quand on étaient 3 millions !

Et le pire c’est que ça marche si on est divisés !

« La domination de la bourgeoisie n’est fondée que sur la concurrence des ouvriers entre eux, c’est-à-dire sur la division à l’infini du prolétariat, sur la possibilité d’opposer entre elles les diverses catégories d’ouvriers » (Engels)

 

Gérard Filoche

 

Chronique Humanité dimanche Au boulot n° 459 Météorite, pastèque et noisette

 

Deux parlementaires LREM, Nathalie Goulet et Carole Grandjean ont pondu un rapport « gigantissime » sur la « fraude sociale » :  il y aurait, dans le RNIPP, (Répertoire national d’identification des personnes physiques), 110 millions d’enregistrés dans le système de la Sécurité sociale, dont 84,2 millions de gens « vivants » pour 67 millions au dernier recensement. Et 14,7 millions de centenaires référencés dans les fichiers dont 3,1 millions seraient en vie (Ils ne sont que 15 000 en fait). Alors ? Combien de dizaines de milliards de fraude ? Un magistrat Charles Prats s’emballe : cette fraude due aux numéros de Sécu frauduleux atteint 14 milliards d’euros.

Ca suffit pour que toutes les télés se déchainent toute la semaine, Pujadas présente « le rapport vérité », Pascal Praud,  Anne Sophie Lapix, Thomas Legrand, André Bercoff, Gérard Carreyrou, Gérard Leclerc se jettent avec Valeurs Actuellessur l’aubaine. Occasion de s’en prendre aux petites gens, ces vilains gilets jaunes, qui trichent avec les prestations sociales, celles qu’on leur accorde trop généreusement, alors que ca coûte un « pognon de dingue » ! D’après eux, ce sont des ouest africaines polygames, des antillais, des ukrainiens, des étudiants Erasmus, des étrangers musulmans, des chômeurs malveillants, des Corses ou « des gens du Nord ».

Raté : l’INSEE et les organismes de sécurité sociale ont mis les choses au point : cette comptabilité des cartes Vitale et des numéros d’immatriculation ne représente aucun risque de fraude : « Le RNIPP n’est porteur d’aucun droit,précise l’Insee,il ne suffit pas d’être enregistré dedans pour bénéficier de droits sociaux. ».

Selon le CNLF (Comité national de lutte contre la fraude),la fraude sociale détectée atteindrait 852,6 millions d’euros sur l’année 2014, dont 427,63 millions d’euros pour la fraude aux cotisations sociales (employeurs)et 424,96 millions d’euros pour la fraude aux prestations sociales (employés). La CNAV parle de 2 à 300 millions. La CNAF cite 41 500 dossiers et 291 millions d’euros. La CNAM décompte 270 millions d’euros, surtout en provenance, des prescripteurs. Le Pôle emploi dénote 185 millions d’euros dont 115 millions indument versés et seulement 70 millions illégalement captés. Toutes ces fraudes sont combattues avec plus d’acharnement et moyens que la fraude fiscale. (Bercy vient de supprimer 6000 postes).

Ces fraudes dites « sociales » se comptent en millionsd’euros sur un budget social de 498 milliardsen 2019 !

La fraude sociale 852 millions, est une noisette à côté de la fraude patronale « travail au noir » qui est de la taille d’une pastèque : entre 8 et 16 milliards. Quant à la fraude fiscale, c’est une météorite, elle atteint de 80 à 100 milliards !

Toute la semaine,  ils ont tenté de cacher une météorite et une pastèque derrière une  noisette.

 

Gérard Filoche

 

Chronique Humanite dimanche Au boulot n° 457 Traite d’humains au travail en UE

 

En Union européenne, il y a 240 millions de travailleurs. 1,7 million d’européens traversent quotidiennement une frontière. 17 millions travaillent dans un autre état membre soit 2 fois plus qu’il y a 10 ans.

 

Parmi eux, il existe 2,3 millions de « travailleurs détachés » dont 516 000 en France (hors transport), durée moyenne du détachement, 44 jours, ils sont mal logés, mal traités, mal payés et surtout discriminés. La France est le 2° pays d’accueil parce que les patrons français se précipitent dessus : pour eux c’est une aubaine, vu qu’ils coutent moins cher que les salariés français (et les immigrés ordinaires) car leurs cotisations sociales, leurs salaires bruts, sont payés au tarif du pays d’origine pendant 24 mois. Huit nationalités concentrent 70 % du flux de cette main-d’œuvre : portugais, polonais, allemands, roumains, français, belges, espagnols et italiens. Et aussi 20 000 ressortissants issus de pays d’Afrique détachés par des entreprises européennes (sic). Le « détachement » procède de montages complexes faisant intervenir plusieurs pays quasi impossible à contrôler.

 

La fraude patronale fait rage : omission de déclaration des formalités obligatoires, prêts illicites de main d’œuvre, marchandage, non respect du droit et conditions de travail indignes (agriculture, BTP, restauration, abattoirs, décès de salariés, maladies dues au manque d’hygiène, malnutrition, privation de liberté, il s’agit de traite d’humains au travail). L’inspection du travail, en France, sur 11 500 interventions, a dressé 1000 sanctions administratives en 2017, pour 5,9 millions d’euros, dont seulement la moitié a été recouvrée (les ¾ dans le BTP).

 

Croyez vous qu’ils vont enfin changer cette énorme discrimination et mettre en œuvre des contrôles réels et généralisés de l’inspection du travail ? (pourtant celle-ci existe dans les 27 pays de l’UE). Non ! la tendance partout en UE, est à la réduction des dépenses publiques (Muriel Pénicaud, diminue de 15 % les effectifs de l’inspection en France).

 

Alors ils font semblant : ils viennent de créer en juin 2019 une « Autorité européenne du travail » (AET) qui agira à partir d’octobre 2019 depuis Bratislava. Objectif : mieux encadrer la mobilité des travailleurs au sein de l’Union. Mais sans moyens : à terme, l’Autorité comptera environ 140 agents, avec un petit budget de 50 millions, parmi lesquels 60 experts nationaux détachés par leur État membre, joueront le rôle d’officiers de liaison pour l’ensemble des administrations nationales concernées et surtout, elle n’aura pas de pouvoir de sanction !

 

« Une coquille vide sans réel pouvoir » analyse Eric Bocquet.

 

A coup sûr la discrimination odieuse des travailleurs détachés continue.

 

Gérard Filoche

 

chronique Humanité dimanche au boulot n° 456 loi Bichet dynamitée

 

Le 22 mai 2019, les sénateurs ont adopté en 1° lecture le projet de loi relatif à la modernisation de la distribution de la presse. Ce projet vise à abroger l’actuel système coopératif issu de la loi Bichet,  ce « joyau législatif de la Résistance.»

 

Si ce projet de loi est adopté par l’Assemblée Nationale, c’est la fin de l’égalité de  diffusion des titres et de la péréquation des coûts, la fin de l’impartialité de traitement des « titres de presse », de l’égalité d’accès à la presse sur tout le territoire, l’ubérisation des messageries et une atteinte au droit de grève des  salariés, des suppressions d’emploi en masse.

 

Aujourd’hui, c’est l’Autorité de régulation de la distribution de la presse (ARDP), composée de hauts magistrats issus des grands corps d’État et le Conseil supérieur des messageries (CSMP) qui assument la gouvernance des messageries de presse.Demain, la presse est une marchandise comme une autre, seule comptera l’ouverture au marché et la braderie au moins-disant,  fut-il un « Uber » français.

 

Aujourd’hui, pour garantir l’impartialitéde la distribution, les coopératives doivent obligatoirement admettre tout journal ou périodique qui souhaite être distribué en étant groupé avec d’autres titres (art 6). Demain, en abrogeant l’article 4de la loi Bichet,  la portée du principe d’impartialité sera annulée

 

Aujourd’hui, pour garantir l’égalitéde traitement, chaque titre bénéficie de la péréquation des coûts de distribution, qui permet aux journaux à faible tirage de bénéficier des mêmes tarifs que ceux accordés aux journaux à fort tirage.

C’est parce que les barèmes sont votés en assemblée générale des coopératives, où les petits éditeurs sont les plus nombreux, que, suivant le principe un homme=une voix, la péréquation des coûts s’opère. Demain, les barèmes ne seront plus votés en AG des coopératives.

 

Aujourd’hui, les diffuseurs de presse sont tenus de proposer à la vente tous les titres confiés par les messageries sur la base de critères non discriminatoire.

Demain, ce serait aux marchands de presse de sélectionner les titres et les quantités qu’ils souhaitent mettre en vente

 

Aujourd’hui,notre système de distribution de la presse unique au monde, permet à chaque quotidien ou périodique, quelle que soit l’importance de son tirage d’être présents dans les points de vente sur tout le territoire, à égalité de traitement, en étant groupé avec les autres titres et acheminé en temps et en heure vers les points de diffusion.

Demain,c’est la porte ouverte à la discrimination territoriale.

 

Ce projet de loi, s’il est confirmé, signe l’arrêt de mort du système coopératif de distribution de la presse.

 

Gérard Filoche  (Merci à Yann VOLANT)

 

 

Chronique Humanité dimanche Au boulot n°455 La mer et la mine

 

Installés sur une petite table bleue avec deux chaises bleues, les pieds dans l’eau de mer bleue, avec un ciel bleu, on commande de l’ouzo, une salade grecque et des poissons grillés avec du vin blanc. Y a t il plus grand bonheur ? 23° avec un léger vent,  que demander de plus ?

Nous sommes à Serifos. Précisément à Mega Livadi.  La petite baie est enchanteresse.

 

Sauf là bas, des poutrelles qui dépassent sur la mer… un pont d’embarquement, des wagonnets sur les rails rouillés, c’était l’une des mines de fer de l’ile.  Fer qui fut férocement exploité durant 90 ans, de 1866 à 1956.

 

On imagine mal ce qu’était ce mélange de paradis et d’enfer. Ce que cela devait être en hiver glacial, et dans les chaleurs brûlantes de l’été.

A l’origine ce fut une compagnie d’exploitation minière française de Lavri qui passa un accord avec de riches allemands, les Gromman. Leur famille y avait une gigantesque maison de maitres néoclassique, installée là, avec entrée majestueuse, pièces spacieuses, et des cours intérieures fraiches.

 

Emilios puis Georges Gromman volèrent leurs champs pour des bouchées de pain et forcèrent les habitants de l’ile à travailler au fond des galeries. Des ouvriers sont venus d’autres iles, Paros, Karpathos, Amorgos et du Péloponnèse. Jusqu’à 2000 mineurs trimardaient ici pour un  misérable salaire.  Des milliers, faute de sécurité, dans des conditions de travail inhumaines, moururent dans les galeries.

 

C’est le 7 aout 2016 que les mineurs ont refusé de charger le minerai sur un bateau à l’appel de Constantinos Speras, anarcho-syndicaliste,  revendiquant la journée de 8 h, une hausse de salaires et la prise de mesures de sécurité.  Gromman utilisa la police qui donna un ultimatum de 5 minutes aux grévistes avant d’ouvrir le feu et de tuer quatre d’entre eux. Les mineurs et une insurrection des femmes ont riposté et tué deux policiers,  lapidés par la population et ils ont eu gain de cause : une stèle est érigée en leur faveur, à côte de la maison de maitres abandonnée,  et une autre statue à la mémoire du héros, Constantin Spéras.  Les Gromman qui ont ensuite collaboré avec les nazis ont été expulsés, et sont partis faire la même chose en Afrique du sud. Les mines de Serifos ont été fermées en 1963.

 

Vous pouvez aujourd’hui, au coeur de ces lieux,  gouter les délices de la petite table bleue, des calmars grillés, et de la retsina. Le sympathique serveur est un immigré venu d’Albanie.

 

Gérard Filoche

 

 

 

 

 

 

 

Chronique Humanité-dimanche n° 454 défense de la loi Cressard

 

Votée à l’unanimité, la loi du 4 juillet 1974, dite «  loi Cressard  » (dernier alinéa de l’article L. 761-2 du code du travail) précisait que  » toute convention par laquelle une entreprise de presse s’assure, moyennant rémunération, le concours d’un journaliste professionnel, est présumée être un contrat de travail ».

 

Elle permettait de faire bénéficier les journalistes « pigistes » du statut des journalistes professionnels, syndicats, associations et collectifs de journalistes.  Toute commande de pige devait être payée, et une circulaire de 1991 précisait qu’elle devait l’être en équivalent temps et non pas « au feuillet ».

 

La présomption de salariat posée par la loi implique un contrat de travail, qu’il soit écrit ou non ; la loi reconnaît aussi la pluralité de collaboration. Enfin, la loi a inversé la charge de la preuve : le pigiste n’a plus à prouver le lien de subordination, mais ce sera à l’employeur de prouver l’inexistence de celui-ci.

Mais évidemment depuis 45 ans, les patrons de presse n’ont eu de cesse de rogner ces droits. Ils, commandent des piges qu’il ne publient pas et ne paient pas. Ils ont généralisé les « piges » au point que plus de 50 % des 38 000 journalistes sont devenus « pigistes » sur des postes pourtant permanents.  Et il est difficile de lutter, de se plaindre, d’aller aux prud’hommes, car vous vous faites rayer de la liste des « commandes ».

 

« Est-il normal que les journalistes payés à la pige – je préfère cette formule à celle de « pigiste » car elle ne fait pas entrer dans une catégorie ceux qui exercent cette profession sous cette forme, elle en fait des journalistes à part entière, alors que la dénomination « pigiste » en faisait des journalistes entièrement à part – est-il normal, dis-je, que les journalistes à la pige vivant d’un travail contrôlable et d’ailleurs contrôlé – le fisc est là – soient en général moins payés que les journalistes professionnels, qu’ils soient toujours, ou presque, en retard d’une ou deux revalorisations, d’ailleurs minorées ? » demandait Jack Ralite.

 

Maintenant  des patrons de la PQR, (presse régionale) demandent à leurs correspondants de se déclarer en « auto-entrepreneurs » et leur « achètent » la pige sous forme de transaction commerciale, ce qui permet d’éviter tout  contrat de travail. L’ubérisation, sous Macron frappe peu à peu partout, elle s’étend, elle est présentée comme l’avenir alors que bien entendu elle annule des décennies de droits sociaux.

 

Les 45 ans de la loi Cressard ont été l’occasion le 4 juillet 2019 pour les syndicats, associations et collectifs de journalistes (SNJ, SNJ-CGT, CFDT Journalistes, SGJ-FO, Profession : Pigiste, Ras la Plume, UPP…) de se coordonner pour mieux lutter dans l’unité contre la précarisation du métier.

 

Gérard Filoche

 

 

 

Huma-Dimanche rubrique Au boulot n° 453 : Soutien total aux 9 de PSA

 

Depuis 15 ans, PSA a versé près de 6 milliards d’euros à ses actionnaires : 2,86 milliards d’euros sous forme de versement direct de dividendes aux propriétaires d’action PSA et 3,02 milliards d’euros de rachat d’actions pour permettre à la famille Peugeot de rester en position dominante dans le groupe. PSA a  licencié 8 000 salariés alors que les 6 milliards d’euros de dividendes représentaient 3 125 euros par mois pendant 20 ans pour chacun de ces 8 000 salariés.

PSA a fait face à la résistance syndicale mais il l’a ignoré ou bien réprimé, à la façon dont Macron procède contre les mouvements sociaux dans tout le pays.

A Mulhouse : 6 militants mis en examen pour simple distribution de tract,  un militant sanctionné de 10 jours de mise à pied. A Valenciennes : pressions physiques et courriers pour empêcher les distributions de tracts syndicaux aux postes de travail, 1 militant menacé de licenciement puis sanctionné pour accusation de fausse séquestration, 1 militant menacé de licenciement puis sanctionné pour fausse accusation de violence. Charleville : mise des militants à capacité restreinte sur des postes non adaptés. A Poissy : un jeune militant licencié pour non-respect du règlement, 14 militants sanctionnés pour un total de 61 jours de mise à pieds et une mutation disciplinaire, 5 demandes de licenciement (refusées en bloc par l’Inspection du Travail) sur la fausse accusation de séquestration mais 9 de ces militants en garde à vue pendant 9 h chacun poursuivis en correctionnelle.

Depuis février 2017, PSA traque de procès en appel, ces 9 militants et le secrétaire du syndicat CGT Farid Borsali.

En dépit d’une vigilance et d’une forte mobilisation répétée du « Comité de défense des libertés syndicales », le 28 juin 2019, la cour d’appel de Versailles est allée jusqu’à les condamner à 3 mois de prisons avec sursis, 5 ans de mise à l’épreuve et 11 700 euros d’amendes.

Ce qui est inique et inacceptable.

Pour Me Marie-Laure Dufresne-Castets, l’avocate des 9 salariés, le jugement est « sévère ». « C’est grave, trois mois avec sursis et cinq ans de mise à l’épreuve. Ils ont une épée de Damoclès au dessus de la tête » En mai dernier, elle avait dénoncé « l’absence d’éléments dans le dossier ».Et c’est vrai, la cour d’appel n’a pas retenu les faits de « séquestration », mais elle a invoqué des violences « psychologiques » en réunion. « S’il n’y a pas de séquestration, il n’y a pas de violence » répond Me Marie-Laure Dufresne-Castets.Pour Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de l’usine : « C’est le syndicat que l’on veut sanctionner ».

« C’est un jugement contre la classe ouvrière » affirme à juste titre Farid Borsali.

Gérard Filoche

 

 

accident du travail : morte à 19 ans

Ce mercredi 3 juillet vers midi, une jeune intérimaire domiciliée en Sarthe a été retrouvée morte sur le site de traitement de déchets verts La Rouvelière à Allonnes, en agglomération du Mans.

Une jeune Sarthoise âgée de 19 ans a trouvé la mort sur son lieu de travail, le mercredi 3 juillet. C’est son père qui a découvert son corps, sous un monticule de déchets verts, alors qu’il la cherchait à l’heure du midi.

Celui-ci travaille également sur ce site de traitement des déchets verts, zone de la Rouvelière à Allonnes, tout près du Mans. Extrêmement choqué, le papa a été transporté à l’hôpital. Le conducteur d’un des énormes engins qui circulent sur le site a été également été hospitalisé avant d’être entendu par les policiers. En vue de connaître les causes exactes de la mort.

Une enquête en cours

La victime est une étudiante qui effectuait ce travail d’appoint depuis avril. Elle y travaillait quelques heures par semaine.

Selon les premiers éléments de l’enquête, elle portait son casque ainsi que son gilet réfléchissant lorsqu’elle a été retrouvée. Elle était chargée de trier les déchets dits indésirables sur ce terrain appartenant à Le Mans Métropole et exploité par Veolia. Non ouvert au public, la Rouvelière centralise des déchets venant d’autres déchetteries.

Une enquête de l’inspection du travail est également en cours.

Sarthe. Une jeune femme de 19 ans décède dans une déchetterie

 

« Un (énième) procès de la Révolution française, par Éric Brunet et Claude Quétel par Guillaume Lancereau, [Acrimed, mardi 14 mai 2019]

Un clash (le 24 avril dernier) sur RMC… : https://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/clash-entre-daniel-auditeur-rmc-et-claude-quetel-historien-au-sujet-de-la-revolution-francaise-1156518.html

 

… et son debrief https://www.acrimed.org/Un-enieme-proces-de-la-Revolution-francaise-par

 

« Un (énième) procès de la Révolution française, par Éric Brunet et Claude Quétel par Guillaume Lancereau, [Acrimed, mardi 14 mai 2019]

 

Le mercredi 24 avril, sur RMC, Éric Brunet consacrait son émission à la promotion du dernier ouvrage de l’historien Claude Quétel : Crois ou meurs ! Histoire incorrecte de la Révolution française (Tallandier, 2019) [1]. Dès les premières secondes, le ton est donné. L’invité de Radio Brunet « a plutôt envie de se payer la Révolution française et la façon dont on en parle depuis des décennies » (0’30), d’après l’animateur qui ne voit lui-même dans l’événement qu’« une espèce d’espace qui a laissé la dictature et la folie meurtrière se développer » (1’20). Cet accueil réservé, à une heure de grande écoute et sans contradicteur sur le plateau, à un historien-pamphlétaire en passe de devenir une référence intellectuelle dans la nébuleuse de la vulgarisation contre-révolutionnaire [2], appelle quelques réflexions sur les formes et enjeux de cette médiatisation du discours sur l’histoire.

 

Au sein de l’espace médiatique, les éditorialistes et animateurs distribuent la parole et contribuent ainsi à produire les standards de légitimité intellectuelle. Dans l’ensemble, l’opinion des chercheurs universitaires s’y trouve moins souvent sollicitée que celle des chroniqueurs et autres figures d’« experts » médiatiques [3]. De surcroît, les points de vue des uns et des autres tendent à être considérés comme équivalents, ce qui permet régulièrement auxdits chroniqueurs de balayer d’un revers de main les conclusions de travaux universitaires : ainsi lorsqu’un Éric Zemmour ou un Alain Finkielkraut sont jugés légitimes à désavouer le travail historiographique développé par une cohorte d’historiens de métier dans l’Histoire mondiale de la France dirigée par Patrick Boucheron, professeur au Collège de France – « une arme de gros calibre au service de l’historiquement correct » selon Zemmour ; « un bréviaire de la bienséance et de la soumission » d’après Finkielkraut [4]. Il n’en va pas autrement, d’ailleurs, dans le cas de la sociologie, puisque tout chroniqueur de télévision ou de radio s’estime manifestement autorisé à contester en plateau les conclusions empiriques des enquêtes menées depuis trente ans par les Pinçon-Charlot.

 

Cette remise à plat de la légitimité intellectuelle s’avère toutefois à géométrie variable : les titres et diplômes universitaires peuvent, en effet, avoir une certaine valeur, mais seulement dans le cas où leur porteur développe une thèse conforme à celle des tenants du pouvoir médiatique.

L’entretien d’Éric Brunet et Claude Quétel, le 24 avril sur RMC, en donne une illustration. Charmé d’entendre un discours en tous points semblable à ses représentations contre-révolutionnaires de l’histoire, l’animateur n’a de cesse, au long de cet échange complaisant, de marteler les titres de son invité : ancien directeur de recherches au CNRS, ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen, « un historien sérieux » (8’30), « un historien de première catégorie » (21’30) ! Ce même surcroît de légitimité intellectuelle que les grands médias refusent habituellement aux historiens universitaires constitue donc ici, fait exceptionnel, une suprême garantie de sérieux en faveur de la thèse du dernier contempteur de la Révolution [5].
Les mêmes variations s’observent dans le rapport à l’opinion des auditeurs. Alors que la parole des intellectuels universitaires est souvent dépréciée comme une expression élitiste contraire au « bon sens » populaire, nous assistons à l’inverse, dans l’émission d’Éric Brunet, à la disqualification de la parole d’un auditeur, certes critique, face à celle de l’historien au statut validé par l’animateur. Un moment-clef de l’émission est en effet l’intervention d’un certain Daniel, de Voiron (Isère). Dès que celui-ci intervient pour dénoncer l’obsession de Quétel pour le « génocide » vendéen, les « morts » de la Révolution et la référence permanente à la « terreur », l’objection d’Éric Brunet ne se fait pas attendre : « Vous êtes historien, vous, Daniel ? » (22’10).

 

S’ensuivent alors deux minutes d’argumentation de l’auditeur, soucieux de restituer les envolées lyriques que Victor Hugo consacrait à la Convention, de rappeler que les morts de 1793 ou d’octobre 1917 furent bien peu de choses relativement à ceux de deux guerres mondiales orchestrées contre et malgré les peuples, et de noter enfin la partialité de l’historien présent sur le plateau : « Et votre historien de pacotille, c’est pas parce qu’on a été au CNRS que c’est glorieux, parce que c’est aussi un militant politique, un militant politique contre-révolutionnaire, comme Courtois sur la Révolution d’Octobre, comme Courtois sur le communisme, ce sont des contre-révolutionnaires, et vous leur facilitez la tâche » (24’50). Manifestement désarmé face aux tirades dudit Daniel sur le Comité de Salut public, Éric Brunet profite de cette allusion au communisme pour reprendre la main : il fait alors bifurquer la discussion sur le stalinisme et le maoïsme, et clôt aussi abruptement qu’arbitrairement l’échange, après avoir exprimé sa détestation de tout régime issu d’un mouvement révolutionnaire.

 

Sur le plateau, Éric Brunet est donc le seul à autoriser la tenue d’un discours légitime sur le passé. Le fait est notable et d’autant plus dommageable que les rares figures historiennes conviées à « Radio Brunet » appartiennent dans leur écrasante majorité au sérail des « historiens de garde » [6]. N’étant qu’exceptionnellement confrontés à la contradiction d’universitaires ou de professeurs d’histoire – ainsi en 2014 de Nicolas Offenstadt, l’un des fondateurs du Comité de Vigilance contre les Usages publics de l’Histoire [7] – ces historiens de garde ont généralement toute latitude pour dérouler les interprétations les plus conservatrices du passé comme du présent. Parmi les habitués du plateau d’Éric Brunet, on repère ainsi Dimitri Casali, invité en novembre 2014, en juin et en octobre 2015, pour bavarder de la Première Guerre mondiale, de l’épopée napoléonienne ou encore du général de Gaulle [8] : autant d’occasions pour ce descendant auto-proclamé d’Ernest Lavisse de faire la promotion de ses thèses nationalistes et anti-démocratiques relayées par Riposte Laïque. Mais le plus souvent, chaque problème a son historien. S’agit-il de s’interroger sur le marronnier des crèches de Noël ? Brunet fait appel au catholique ultra Jean Sévillia, chroniqueur au Figaro et ancien de Radio Courtoisie, interviewé en 2011 par l’Action Française pour son essai Historiquement correct [9]. Manque-t-on cette fois de thèses historiques contre-révolutionnaires ? Brunet sollicite en mars 2018 Reynald Secher pour développer sereinement sa thèse du « génocide vendéen » [10], mille fois invalidée par les chercheurs les plus reconnus du champ académique [11].
Ce positionnement s’explique aisément : il correspond en effet chez Éric Brunet à une revendication assumée d’iconoclasme intellectuel, en rupture avec les certitudes de l’histoire universitaire et de la littérature scolaire, toujours suspectes de colporter les conceptions idéologiquement marquées de l’« histoire officielle ». L’animateur se complaît abondamment dans cette posture, trop heureux de clamer dès l’ouverture de son émission : « Depuis plus d’un siècle, l’école idéalise la Révolution française, pour moi c’est une supercherie car la Révolution c’est avant tout la dictature de la folie meurtrière » (7’30). L’école, c’est la République, et la République, c’est la Révolution : aussi les manuels et les professeurs doivent-ils par définition être les vecteurs d’une histoire d’État partisane et unanimement pro-1789. Dans un registre analogue, Claude Quétel joue et surjoue la carte de la marginalité et de la subversion intellectuelles contre cette supposée lecture « officielle » de la Révolution française, une histoire selon lui « un peu fabriquée et suspecte » (9’20), à la limite du complot idéologique. « On nous a menti ? », interroge candidement Brunet. Réponse : « Oui, oui, oui, on nous a menti. Mais vous savez, dans le roman national, les historiens ne cessent de mentir. Les historiens sont des menteurs professionnels » (10’20). Merci pour eux. Pourtant, ces derniers ne manqueraient pas de rappeler à ce duo d’« iconoclastes » amis de l’Ancien Régime, dont l’un enseigna pourtant suffisamment d’années pour le savoir, que les manuels scolaires sont rédigés par des spécialistes agissant à titre privé pour des maisons d’édition privées, et que le seul et unique texte ayant force de loi pour tous les enseignants, c’est-à-dire le Bulletin officiel, n’impose aucunement une célébration sans nuance des réalisations ou de l’héritage de la Révolution française [12]…

 

Il est bien regrettable, dans cette perspective de production d’une contre-histoire, que ni Claude Quétel, ni a fortiori Éric Brunet, ne nous enseignent quoi que ce soit au sujet de la Révolution française. Nous sommes ici davantage dans le registre du discours pamphlétaire que dans l’espace de la vulgarisation historique. Pas un fait nouveau ou une source inédite, par un épisode concret ou même une anecdote piquante, qui viendraient nous éclairer sur cet événement. Bien loin de chercher à contester, stimuler, approfondir ou nuancer la réflexion de son interlocuteur, Éric Brunet s’en tient ici à une position d’entraîneur. Son rôle se borne en l’espèce à approuver la vulgate contre-révolutionnaire serinée par Quétel, voire à surenchérir en ajoutant sa propre outrance aux excès de son interlocuteur. C’est ainsi que l’on passe sans transition de la thèse du « génocide » vendéen à la remise en cause des principes républicains originels : « En gros, vous nous dites, les valeurs de la République elles sont pas si belles, transparentes, translucides et jolies que ça, parce que les valeurs de la République d’emblée on est sur une République qui va génocider – pardon si ça choque le…, si le mot choque – mais enfin qui va assassiner en tous cas 250 000 Vendéens, et dont des femmes et des enfants qui avaient rien à voir avec le combat idéologique. On décrète de tuer les enfants ! » (12’).

 

Cette vacuité informative ne résulte pas seulement du format médiatique en question, sans doute quelque peu réduit pour prétendre prononcer – en trente minutes – le fin mot de l’historiographie sur la Révolution française. Plus largement, ce discours vide s’explique par la volonté conjointe de l’animateur et de son interlocuteur de privilégier à l’analyse rigoureuse du passé les parallèles les plus hardis et les plus anachroniques avec l’actualité des luttes politiques et sociales. L’ouvrage Crois ou meurs ! et l’entretien faisant sa promotion s’inscrivent en effet plus largement dans une entreprise de discréditation, en l’occurrence à travers l’exemple défiguré de 1789, des actions et revendications de la gauche française dans le contexte du mouvement des gilets jaunes :

Claude Quétel : Le roi est en train de donner raison au peuple. Parce que, là, le peuple, tout de même, s’est exprimé. Mais c’est déjà trop tard. Parce que déjà là, il y a ce noyau dur de futurs jacobins qui ne veulent même plus ça, eux ils veulent liquider la monarchie, ils veulent liquider le roi.

Éric Brunet : C’est-à-dire que l’idée que Louis XVI comprenne le peuple et dise « D’accord, je vais faire l’égalité fiscale que vous réclamez », ça rend fous de rage les futurs jacobins, la gauche de la gauche, qui dit : « Il va falloir à un moment donné qu’on liquide ce Bourbon ».

CQ : […] C’est tout de même intéressant de voir que ces doléances, qui ressemblent pour certaines d’entre elles à celles d’aujourd’hui, qui auraient pu aboutir, n’aboutissent pas, parce qu’on a déjà les révolutionnaires qui ne veulent pas de ça : eux, ce qu’ils veulent, c’est renverser la monarchie et instaurer leur dictature (34’10-35’10). […]

CQ : On retrouve des parentés hein…

EB : Ah moi je suis désolé, mais c’est ce que j’allais dire. Comparaison n’est pas raison mais on retrouve dans ce que vous dites beaucoup de parentés avec ce que l’on vit aujourd’hui ! C’est-à-dire qu’au départ on a des revendications, précises, c’est le 17 novembre, mais il y a un noyau dur qui fait qu’aujourd’hui, le roi – je le fais exprès, mais… – le roi Macron va annoncer des choses, ça va venir, dans les jours qui viennent, dans les heures qui viennent, mais quoi qu’il arrive, il y a un noyau dur qui ne veut qu’une chose, c’est se débarrasser de Macron.

CQ : Votre comparaison me fait peur parce que si notre président est aussi faible que l’était Louis XVI, il y a de quoi s’inquiéter. (36’-36’40)

En somme, nous avons assisté une fois encore, à une heure de grande écoute et sans contradiction sur le plateau, aux péroraisons d’un historien-pamphlétaire, appuyé par un animateur acquis à une lecture de l’histoire d’autant moins iconoclaste ou « incorrecte » qu’elle égrène des poncifs contre-révolutionnaires rebattus depuis près de deux siècles. Cet échange vient opportunément nous rappeler que la tâche des praticiens de l’histoire entendant leur pratique comme un instrument d’émancipation [13] devra consister à inventer des modes d’articulation du passé et du présent qui ne cèdent pas à leur tour aux anachronismes les plus frauduleux, des formes de présentisme raisonné qui n’ambitionnent pas simplement de produire un « contre-roman » national, mais aussi à combattre les complaisances médiatiques envers les plus malhonnêtes mystifications historiques.
Guillaume Lancereau »

[https://www.tallandier.com/livre/crois-ou-meurs/

 

 

 

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