SH 65 : laisse tes congés en héritage !

Nos oreilles se sont parfois habituées à entendre parler de « compte épargne temps ».

Édouard Balladur avait inventé cela et MM Fillon, Larcher, Bertrand, dans leurs œuvres destructrices du Code du travail n’ont cessé d’enrichir ce étrange concept. De quoi s’agit-il en fait ?

De la remise en cause des congés payés acquis depuis les grandes grèves de mai juin 1936, confirmés à la Libération jusqu’en 1982 et 2002 avec la 5e semaine de congés et les jours de « RTT ». Parce que le principe du « compte épargne temps », c’est d’épargner ses congés, donc de ne pas les prendre, pour les accumuler pour plus tard, et, ce qui est nouveau, on peut les revendre à son patron !

Rappelons que le principe des congés payés c’est qu’ils étaient « obligatoires ». Trop facile pour un patron de dire : “je te les paie, mais il faut que tu bosses !” Le salarié n’a pas le choix : comme les salaires sont trop bas et les exigences de productivité trop fortes, il ne prend jamais ses congés. Dans ce cas-là, la loi doit protéger le salarié y compris contre lui-même. Car les congés sont nécessaires pour la santé et la vie sociale bien sur. Le corps du travailleur DOIT se reposer et des études avaient même prouvé que les quatre semaines des grands congés d’été permettaient tout juste d’atteindre cet objectif de santé public, déconnection du travail, reconstitution des forces physiques et intellectuelles.

Droite et patronat ont pris le soin de préciser que « le compte épargne temps » (CET) se ferait sur la base du volontariat, dans le cadre d‘accords avec des syndicats (du temps ou des syndicats non représentatifs pouvaient signer de tels accords sans même avoir de majorité parmi les salariés). Mais on sait qu’il n’y a pas de volontariat en droit du travail : c’est toujours in fine le patron qui décide.
Pour faire passer la pilule, ils ont « vendu » le compte épargne temps : « Vous aurez des grands congés de trois ou quatre mois, un jour, vous irez dans les îles » ou encore « Accumulez vos jours de congé, vous prendrez votre retraite plus tôt »… Comme me disait un salarié « - Si j’ai trois ou quatre mois de congés tous les 4 ans, je commence par eux parce que je ne sais pas ce qui va m’arriver aprés… ». C’est vrai qu’il n’est pas conseillé de ne pas prendre ses congés vers les 55 ans, car la retraite, dans ce cas-là, le salarié risque de ne jamais la vivre.

Ça s’accélère : la droite « libère » le compte épargne temps ! Bossez sans trêve, ne prenez plus de congés ni de jours de réduction du temps de travail, juste un minima, mettez votre vie « au clou », « placez donc vos temps de loisir » (à taux zéro) et puis vous pourrez les échanger contre de l’argent !

Un nouveau décret du 28 août 2009 va s’appliquer au 1er janvier 2010 dans la Fonction publique supprime les dernières limites, qui existaient, vous pouvez accumuler plus de 60 jours, même 100, pendant plus de dix ans, et vous n’avez aucune contrainte pour différer la prise « libre » de vos repos anciennement obligatoires ! Une grande et éloquente nouveauté a été ajoutée dans le décret : « En cas de décès d’un agent titulaire d’un CET, il existe une possibilité de transfert de la valeur des jours épargnés à ses ayant droits » ! Allez, bonne crève !

Gérard Filoche

3 Commentaires

  1. beauvais
    Posted 27 février 2010 at 10:27 | Permalien

    Et oui je suis entiérement d’accord avec toi Gérard , mais il faut bien expliqué cela aux syndicats FO-CFDT qui signent des accord salariaux qui permettent aux salariés de leurs entreprise de vendre leur CP-RTT ect pour qu’ils puissent survivent de leur travail , car ils ne connaissent plus ce qu’est la greve , alors ils accompagne les patrons a dissoudre nos acquis sociaux !
    Comme d’ailleur ils profitent de la loi TEPA pour bénéficier des exonérations de cotisation sociales.Mais je regrette qu’il n’y est aucuns controle de par l’inspection du travail sur le sujet , car c’est un véritable holdup .

  2. François Mercat
    Posted 30 mai 2010 at 20:34 | Permalien

    Sur le fond, je suis d’accord avec vous. Le fait est que je n’arrive pas à poser mes jours de congés par excès de contrainte de travail, ou alors, ça les fait poser quand ni me femme, ni mes enfants ne sont en congé, ce qui n’est pas terrible… Avant mon CET, je PERDAIS les jours non pris, ils n’étaient pas payés. Avec le CET, je mets 6 jours par an de coté… et cet été, je pars 2 mois faire un tour de la Pologne en camping-car, histoire de remettre le CET à zéro ! Personnellement, pour moi, le CET est un mieux !

  3. François
    Posted 31 mai 2010 at 17:58 | Permalien

    C’est votre patron qui doit être content ! Avec le CET, pas d’heures supplémentaires à payer, pas de majorations ni de cotisations sociales à verser ! Le rêve quoi, pour tout patron avide de faire du profit, face à des salariés complaisant à l’égard de leur hiérarchie, soucieuse de tirer toujours profit de la législation à l’avantage de l’employeur !

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