« We want sex equality » vendredi 17 février à Orléans

Le traitement réservé aux femmes au travail !  ( Par C’est Nabum du site « Chroniques Ovales » à Orléans)

Il y avait la foule des militants et surtout des militantes blanchies sous le harnais des luttes qui autrefois, faisaient parfois bouger les choses. Les temps sont durs pour la cause des travailleurs, les régressions sont multiples, les coups portés aux travailleuses plus terribles encore que pour les hommes. Dans ce contexte, la projection du film : « We Want sex equality » était une bouffée de nostalgie, de ce lointain temps où un juste combat pouvait aboutir à une mesure nécessaire.

Gérard Filoche était le meneur des débats qui suivirent une projection chaleureusement applaudie par le public.. Homme passionné et passionnant, il apporta son expérience d’inspecteur du travail, de militant et de politique. Il y avait manifestement de la conviction, de la détermination, une énergie communicative chez ce fort beau manieur de mots, ce tribun éclairé.

Le film relate la lutte d’un atelier de femmes, petites mains chez Ford qui cousaient dans le mépris général les sièges des modèles rutilants de la société. Dans des conditions difficiles, ces femmes sont sous-payées, leur qualification n’est pas reconnue. Nous sommes en 1968, ces 187 femmes vont faire plier l’immense société Ford, obtenir gain de cause et la reconnaissance de l’égalité des salaires entre hommes et femmes grâce aussi à une Barbara Castle, ministre à l’écoute.

Il est bien étrange de regarder un film qui raconte l’obtention d’un principe qui n’est toujours pas appliqué dans notre pays plus de quarante ans plus tard. Les interventions de Gérard Filoche sont à ce titre très éclairantes. Les lois existent pour démontrer la bonne volonté du pouvoir mais rien n’est mis en place pour qu’elles soient appliquées. La volonté est claire, maintenir les inégalités, favoriser la réduction des droits, supprimer les avancées anciennes des droits du travail.

Voter un principe sans mettre en place des mesures répressives contre ceux qui les enfreignent c’est se faire objectivement leurs complices. Les pouvoirs s’entendent dans cette démarche et aiment à jeter de la poudre aux yeux à un électorat bien naïf. Petit à petit, la lente dégradation de la protection des travailleurs installe dans notre pays les conditions favorables à plus de précarité, plus d’inégalité, moins de protection et de lutte. Terrible constat qui atteste des dégâts de dix années de droite dure.

Le débat peut commencer. Les femmes sont en immense majorité dans cette grande salle du cinéma des Carmes. Les quatre premières interventions sont le fait de dames en colère, de femmes justement indignées du sort qui leur est réservé dans le monde du travail. Elles exposent leur désarroi, elles restent fidèles au thème du film et du débat. Gérard Filoche éclaire leurs propos du poids de ses expériences de terrain.

Puis, les hommes interviennent et réclament leur part de micro. C’est étrange, les interventions traînent en longueur, leur fil est impossible à suivre. Ils se posent d’abord en référence à leur chapelle ; syndicales pour la plupart. J’ai du mal à comprendre le sens exact de leurs logorrhées.

D’autres femmes réussissent à couper ce flot de paroles. Leurs interventions sont brèves et pertinentes. Elles ne s’écartent pas du thème. Elles portent les douleurs d’un drame qu’il est facile d’observer autour de soi, des conditions qui se dégradent jour après jour, des emplois précaires, des atteintes aux droits de la travailleuse mère, le temps partiel subi, la sous-qualification et les salaires de misère. La femme est aux premières loges de la crise !

Puis un homme se lève. Il évoque Duras, se lance dans un discours dithyrambique. Il n’a pas toute sa tête, se montre agressif et dit des horreurs. Il porte un chapeau, belle marque de respect pour ses voisins de derrière lors de la projection. Désir pathétique de se faire remarquer. L’ustensile n’est pas nécessaire, il se démarque si facilement !

 

Il terminera en apothéose par une sortie d’une rare stupidité. Il hurle à Gérard Filoche : « Est-ce que vous avez été enceinte pour venir ainsi parler à leur place ! ». Pantin dérisoire, il quitte les lieux accompagnés de son chapeau et de tous ses excès. La montagne a accouché d’une souris !`

Puis le débat se poursuit. J’écris débat mais je n’ai pas l’impression qu’il y avait vraiment échange d’arguments. Chacun vient porteur de son étiquette qu’il faut mettre en avant. On parle de sa place, on avance ses couleurs ou sa prochaine candidature. On s’écoute un peu, se répond rarement. Seul Gérard Filoche tente de maintenir un peu de cohérence à ce méli-mélo de l’indignation légitime. Trop de douleurs, trop d’injustices pour les dire sereinement

J’aurai aimé intervenir pour rebondir sur le film, ce que j’avais cru en comprendre. Mais le déséquilibre dans le temps de parole des hommes par rapport aux femmes était tel que mon silence s’imposait. Pourtant cette belle histoire révèle bien des points significatifs. La lutte légitime d’un petit groupe de femmes qui sont d’abord en butte avec l’appareil syndical totalement masculin. L’attitude odieuse et inhumaine d’un patron déjà prompt à jouer le chantage et la manipulation.

Et puis surtout le film met en lumière la force des mots simples, des mots qui viennent du cœur et sortent des tripes. Un discours peut tout changer, une intervention qui sort des mots attendus des slogans ou des truismes habituels. Une intervention qui est à la frontière du pathos, qui tire les larmes. Nous sommes bien loin du verbiage militant de quelques intervenants ou du manque d’émotion dans le discours de la prochaine candidate

Ils montrent aussi que le drame des femmes c’est d’abord le sort qui se joue pour elles dans la cellule du couple. La grande bourgeoise, femme d’une immense culture est considérée comme une potiche par un mari cadre supérieur. Si nos ouvrières sortent gagnantes de leur bras de fer, elle, est réduite au silence par ce plafond de verre qui reste la principale raison de cette inégalité qui n’est pas prête de changer. Groupées, les femmes peuvent obtenir quelques succès mais l’essentiel se joue encore partout où les hommes maintiennent une hégémonie de fait : Gouvernement, parlement, conseil d’établissement, toutes les hiérarchies de ce pays, foyer.

C’est une véritable révolution des consciences qui doit encore être menée. Je crois même que la cause des femmes a reculé depuis quelques temps et l’absence de jeunes femmes dans la salle n’est pas de nature à me réconforter pour l’avenir. Je quittai les lieux un peu désemparé par ce que je venais de voir et surtout d’entendre. Il y a du pain sur la planche !

Féministement leur.

7 Commentaires

  1. Posted 20 février 2012 at 21:44 | Permalien

    Effectivement j’ai écrit ce billet et je le découvre ici sans aucune référence ni demande préalable.
    Ce que pratique la presse locale je découvre que d’autres le font également. C’est peut-être la nationalisation du droit d’auteur qui est en route !
    J’en suis navré.

    Cependant, comme Monsieur Filoche fut un brillant intervenant, je lui accorde autorisation a postériori et demande à l’inspecteur DU TRAVAIL Gérard F de ne rien faire contre ce larcin

    Dérobement vôtre

  2. Posted 20 février 2012 at 21:54 | Permalien

    J’écris sous le nom de C’est Nabum et il n’est pas question que mon nom apparaisse. Je tiens à cette identité fictive.

    Merci

  3. Posted 20 février 2012 at 22:08 | Permalien

    mais il n’y a aucune sorte de problème, j’ai publié ce texte parce qu’on me l’a envoyé et qu’il était bon, je n’ai besoin de dérober rien à personne, si on me dit, faut signer C’est nabum, je mets C’est Nabum, si on me dit c’est Bringuet je mets Bringuet, si on me redit c’est Nabum, je remets C’est Nabum, aucun souci d’aucune sorte

  4. Posted 20 février 2012 at 22:10 | Permalien

    encore une fois, rien à faire dans cela, vous sur-réagissez, mais il n’y a aucune sorte de problème, j’ai publié ce texte parce qu’on me l’a envoyé et qu’il était bon, je n’ai besoin de « dérober » rien jamais à personne, si on me dit, faut signer C’est Nabum, je mets C’est Nabum, si on me dit c’est Bringuet je mets Bringuet, si on me redit c’est Nabum, je remets C’est Nabum, aucun souci d’aucune sorte, si on me dit qu’il faut l’enlever, je l’enlève

  5. O. Theleau
    Posted 22 février 2012 at 20:42 | Permalien

    pas beau de pomper les textes sur internet sans demander la permission de l’auteur … pas tèrs prolétarien comme comportement

  6. Posted 24 février 2012 at 9:00 | Permalien

    O Theleau, décidément…. mais ce n’est pas du tout le cas, ce texte était « libre » non signé, et c’était plutôt pour faire plaisir, vu qu’il relatait une réunion organisée ensemble ou j’étais et il parlait bien de moi. En fait je m’en foutais, c’était surtout une façon d’honorer celles qui m’avaient invité. Je n’ai aucunement besoin de « pomper » comme vous dites les textes des autres, j’ai assez de textes à publier et la plume assez rapide et libre… d’ailleurs j’ai été surpris puis l’auteur m’a surpris mais ensuite il y a eu un échange un peu bizarre, il voulait être cité puis plus cité, et mais il a laissé faire et pour cause, quel enjeu y avait il ? Je ne vous connais pas mais vous êtes du genre bien intentionné à revenir là dessus, sur ce « point de détail », hein, je le sens bien, hein ? y’a quelque chose qui vous passionne ? quoi ? Vous avez écrit que je n’étais pas trés « prolétarien », pas « très prolétarien », sic, vous savez ce que je sens derrière ce sous-entendu ? devinez !

  7. rose.Bonheur
    Posted 24 février 2012 at 15:23 | Permalien

    En tous les cas, ce texte me plait et je le partage. Puis-je?

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