Pour que la gauche ne soit pas « zappée » ! (expression de Jean-Christophe Cambadelis)

Editorial de D&S n° 200 (abonnez vous)

C’est à la godille que notre gouvernement de gauche a avancé sur Florange : un coup pour ne pas déplaire au Medef, un coup pour ne pas déplaire aux salariés et syndicalistes.
L’accord final signé avec Mittal ne tient pas la route. Expliquer à renfort de méthode Coué que « les emplois sont préservés » ne convainc pas les salariés concernés : ils ne sont « sauvés » qu’en apparence, en échange de pré retraites, de reclassements aléatoires, de mobilité incertaine jusqu’au 31 mars. Car après ça ferme : en avril 13 les hauts fourneaux seront morts. Leur prolongation artificielle à 8 millions d’euros par mois n’est assurée que pour 3 mois. Mittal n’investit pas 180 millions mais 56 millions et ils récupéreront 40 millions de crédits d’impôts.

Mittal ne dépose même pas de dossier auprès de Bruxelles pour le projet Ulcos (Ultra-Low Carbon dioxide (CO2) Steelmaking, processus sidérurgique à très basses émissions de CO2). Mittal a refusé de déposer le dossier avant le 20 décembre comme prévu. Or il s’agit de concourir dans un consortium de 48 entreprises de 15 pays européens, au sein d’une coopération en recherche et développement afin de réduire les émissions de dioxyde de carbone liées à la production d’acier. Ulcos 1 est déjà périmé et un projet Ulcos 2 est en recherche. Tout cela n’aboutira pas avant 2 ans et ne sera éventuellement financé et réalisé qu’en 5 ou 6 ans. C’est un leurre de croire que Florange attendra, Florange sera mort avant. Et Mittal jouera aussi les malfaisants dans ses autres sites et ses 20 000 emplois. Voilà pourquoi il faut nationaliser. Maintenant.
La nationalisation est devenue le seul moyen, en la circonstance, de reprendre la main sur le dossier et de sauver à la fois l’emploi et la filière acier. Nationalisation n’est pas « contraire à l’air du temps », ce n’est pas un « gros mot » encore moins un « mauvais signe » : c’est au contraire une orientation positive, à la fois une sanction, un sauvetage, une nécessité et un exemple ! Il y a une majorité d’idées dans notre pays pour une telle nationalisation, nos concitoyens veulent un état volontaire.


Pour une économie mixte !

Soyons clairs, il ne s’agit pas d’une nationalisation « temporaire » superficielle sorte de tour de passe-passe, visant à nationaliser les pertes et à privatiser ensuite les profits lorsqu’ils seront de retour…Cela doit entrer dans une grande politique, dans un grand plan de redéveloppement de l’économie contre le marasme destructeur qu’impose la finance. Par exemple, il faut inclure Pétroplus dans cette même démarche. De même qu’on a besoin d’acier, on a besoin de raffineries (et d’aluminium) : hors de question de désertifier la France au nom des « ratios » exigés par les banques ! S’il n’y a « besoin » à court terme que de 11000 tonnes d’acier au lieu de 19 000 tonnes hier, demain il n’y en aura pas assez ! Ca vaut le coup d’y placer 1 milliard. De même Pétroplus est irremplaçable et si les spéculateurs versatiles sont défaillants là aussi, le rôle d’un état volontaire c’est d’y faire face de façon durable. C’est l’avenir qui se joue là.

Rappelons que la « déclaration de principe fondamentale » rédigée, discutée, approuvée par le PS sous l’égide de François Hollande en 2008, prônait « une économie mixte ». Nous sommes pour une économie mixte ! Et des nationalisations peuvent être des « modalités » mais aussi des « finalités » car il faut rebâtir un grand périmètre de secteur public cohérent pour protéger, faire vivre l’industrie, l’énergie, un grand pôle financier public, les transports, les communications, les équipements essentiels, la protection sociale, la santé, l’école…

Louvoyer à la godille, sans donner de satisfaction aboutit à ce que la déception se transforme en abstention. Dans les 3 circonscriptions où il y a eu des élections partielles le 9 décembre, même si elles sont différentes, il y a eu le même mouvement : mobilisation à droite, abstention à gauche ! Nous citerons Jean Christophe Cambadelis : « Ce sont des résultats médiocres pour le Parti Socialiste. En baisse voir éliminé, il n’y a pas de quoi pavoiser. Le PS est averti : si il ne donne pas le sens de son action, si il n’indique pas où il va, s’il ne dessine pas dans la crise le modèle de la société de demain, s’il ne martèle pas que la France a pris des retards à cause de la droite qui ne s’est occupé que de libéraliser le marché, nous aurons d’autres déconvenues. Le risque pour le Parti Socialiste c’est d’être zappé ».

Nous ne voulons pas que la gauche soit « zappée » ! Nous soutenons le gouvernement de gauche de toutes nos forces pour qu’il réussisse. Si François Hollande et Jean-Marc Ayrault perdent, ce sera toute la gauche qui perdra. Ce ne sera pas une « autre gauche » qui gagnera !
Alors il faut mettre les bouchées doubles pour gagner la bataille d’idées et l’unité de toute la gauche…à gauche. D&S s’y emploie avec la motion 3

7 Commentaires

  1. CHEVALIER Yves
    Posted 16 décembre 2012 at 12:01 | Permalien

    Merci Monsieur FILOCHE pour ce texte avec lequel je suis en parfait accord.
    Je souhaite vivement que ce gouvernement, qui désespère de plus en plus, notre France de gauche, en tiendra compte et changera de cap. Sinon gare aux dégâts.
    Qu’attend le PS pour réagir vigoureusement?

    Yves CHEVALIER

  2. Nemo
    Posted 16 décembre 2012 at 12:43 | Permalien

    Mais quand comprendrez vous que les licenciements et plans sociaux ne sont que les symptômes de la maladie, et ce que vous proposez ne vise qu’à atténuer les symptômes , pas a guérir la maladie. Or la maladie, nous la connaissons tous: charges sociales excessives et rigidité extrême du code du travail, notamment en ce qui concerne les licenciements, prud’hommes systématiquement en faveur des salariés…etc. D’où réticence bien compréhensible de la part des employeurs.
    Tant qu’on ne s’attaquera pas réellement à ces spécificités bien françaises du marche du travail qui nous plombent, n’espérez pas d’embellie…

  3. Posted 16 décembre 2012 at 13:00 | Permalien

    pauvre, on voit bien que vous ne suez pas le burnou 45 h par semaine payé avec des clopinettes,
    pour connaitre la vie, il faut faire le contraire au pied de la lettre de tout ce que vous dites : augmenter les salaires, renforcer le code du travail, contrôler les licenciements
    et faire respecter la loi républicaine aux exploiteurs, actionnaires, banksters et autres patrons voyous…
    vous n’avez rien à faire ni à voir avec nous, allez sur d’autres sites… UMP, Medef, FN vous y serez bien mieux accueilli

  4. Anonyme
    Posted 16 décembre 2012 at 16:59 | Permalien

    J’avais demandé que les militants de ma section donnent leur sentiment sur Florange, voici deux perles que je vous communique, cela vaut le coup!

    +++++++++++premier article+++++++++++++++
    Ne pas semer d’illusions sur Florange !

    François Hollande n’a jamais promis qu’il sauverait toutes les usines en difficulté en France, une nationalisation du site de Florange constituerait, un processus long et semé d’obstacles juridiques qui coûterait au moins un milliard d’euros.

    Mettre autant d’argent pour un résultat hypothétique en matière industrielle et en termes d’emplois n’est pas le choix le plus judicieux. Pour l’instant et à ce jour il n’y aura pas de plan social à Florange donc attendons de voir l’évolution de cette situation pas uniquement sous le prisme de la vision de syndicats mais aussi de l’ensemble des économistes et partis politiques.

    Il ne faut pas semer des illusions sur Florange et mentir aux Français, et le gouvernement doit être garant des engagements pris par Mittal.

    En conclusion, il ne faudrait pas que des ambitions politiques personnelles (M. Montebourg aile gauche et farouche partisan du protectionnisme) s’opposent à une approche sociale libérale (M. Sapin et M. Ayrault) avec pour conséquences de prendre en otage les salariés d’une industrie en difficulté sur ce territoire de France.

    +++++++++++deuxième article+++++++++++++++

    Oui au Nouveau Modèle Français !

    Oui, les ouvriers de Florange ont été floués, n’ont pas été respectés mais cela ne s’est pas produit aujourd’hui.

    Pourquoi les gouvernants de droite pendant 10 ans leur ont laissé croire que la production d’acier serait la même jusqu’à la fin des temps.

    Pourquoi ne leur a-t-on pas expliqué que le monde change, que les matériaux évoluent, pourquoi ne les a-t-on pas préparés, formés, accompagnés aux nouvelles technologies ? Ce sont des ouvriers excellents, intelligents, grâce à leur savoir faire, leur compétence, nous aurions pu créer les nouveaux matériaux, les nouvelles technologies. Cela aurait pu être demandé à Mittal par les gouvernants. L’acier est de moins en moins utilisé, les voitures sont en polycarbonate, les avions, les bateaux etc. Enfermer le CO2 sous terre, mais qui a réfléchi ? nos enfants se débrouilleront lorsqu’ils trouveront le CO2 ?

    Une politique conservatrice, recroquevillée, a été menée par les gouvernants de droite. Aucune ambition, aucune écoute, aucune curiosité. C’est tellement plus facile de rester sur les acquis.

    Toute notre industrie et ses fleurons ont été délaissés et méprisés par la droite. Un petit exemple : c’est Renault qui fabrique les voitures électriques d’Israël, là-bas ils n’ont pas le choix en raison de la situation politique, ils ne peuvent pas dépendre du pétrole. Ils ont cherché mondialement un constructeur automobile capable de leur trouver le véhicule idoine et c’est Renault qui a été le meilleur pas les voitures allemandes ou asiatiques…… Notre savoir faire, notre compétence est reconnue partout sauf chez nous……. C’est une PME de l’Est de la France qui fabrique les bornes électriques de recharge, cette PME vend ses bornes aux pays nordiques, à la Russie, aux USA mais nous, la France, sommes un tout petit client.

    Les ouvriers de Florange se sont donc tournés vers le romantisme de gauche… ils ont rêvé d’une nationalisation comme dans les années 1980, ils ont rêvé d’un pays qui veut toujours davantage de dépenses publiques, d’un état qui pourrait décider seul à la place du marché parce que, pendant 10 ans, la droite les a laissés tomber.

    Malgré toutes leurs angoisses et leur désarroi, nous sommes heureux de savoir que les 2800 salariés du site dont les 630 des hauts fourneaux ne seront ni licenciés ni mutés de façon autoritaire, le plan social annoncé par Mittal a été évité. Il y aura des départs à la retraite, des reclassements sur place mais pas de licenciements. Que dire alors des 42000 salariés français qui ont perdu leur emploi au cours de l’année 2012 ? Ils sont la masse silencieuse qui n’est pas écoutée et qui ne pourra jamais être nationalisée.

    +++++++++++++++++++++++fin des articles +++

    Comprenons nous bien, il ne s’agit pas de socio-libéraux égarés qu’on trouverait sur je ne sais quel forum, il s’agit de militants de base en chair et en os, les militants moyens qui constituent la majorité du ps quoi!
    Bien sur il ne s’agit pas de salariés, l’une est chef de TPE, l’autre est employé au conseil général, des ouvriers parmi les militants actifs du ps, il n’y en a plus!

    Alors Ancrer le ps à gauche, quand on voit le gouffre qui nous sépare des 2/3 des militants de base, pas seulement de la direction, un vrai chemin de croix!

    On se demande de tant à autres, si en fait d’essayer de les convaincre, il ne faut pas les combattre comme on combat l’ump et le centre droit et ceci ailleurs que dans un parti unique, dans des confrontations électorales!

    Mais on revient très vite à la réalité, sachant qu’ils parviennent tellement bien à influencer les électeurs que leur seule protestation est l’abstention, alors on retourne dans sa section la mort dans l’ame en se disant qu’il n’y a pas d’autre choix que de les supporter pour éviter de favoriser le pire, c’est à dire les idées nauséabondes des fachos du fn et d’une partie de l’ump!

  5. Dominique Babouot
    Posted 16 décembre 2012 at 17:04 | Permalien

    L’article signé Anonyme c’est moi, si le web master peut y rajouter ma signature….

  6. jules
    Posted 17 décembre 2012 at 20:18 | Permalien

    Bientôt la retraite à 63 ans?

    Malgré la réforme de 2010, le déficit des régimes de retraite devrait atteindre 18,8 milliards d’euros en 2017, contre 14 milliards en 2011, estime le Conseil d’orientation des retraites (COR), cité lundi par Le Monde.

    La présidente du Medef, Laurence Parisot, qui s’attend à des prévisions préoccupantes du Cor, a plaidé dimanche pour un nouvel allongement de l’âge de départ à la retraite à 63 ans.

    A l’horizon 2020, le COR prévoit un déficit compris entre 20,8 milliards et 24,9 milliards d’euros, en fonction des scénarios économiques, avance Le Monde.

  7. L. Orort
    Posted 19 décembre 2012 at 15:12 | Permalien

    Avec 2 fois 20 milliards de cadeaux aux patrons, 3 centimes aux smicards …

    Merci à toutes la famille socialiste pour ces gestes de sympathie

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