ITV CCAS : Gérard Filoche : « Ne me parlez pas de loi travail, c’est une loi dividendes »

Gérard Filoche © Joseph Marando / CCAS 

Inversion des normes, négociations d’entreprise, fin du CDI, régimes spéciaux, financement de la protection sociale… L’ancien inspecteur du travail décrypte la « réforme » du droit du travail.

 

Quel est selon vous l’esprit de la nouvelle loi travail que souhaite imposer le gouvernement ?

Ces ordonnances concernant le droit du travail visent à faire travailler plus les salariés, pour moins cher, à augmenter les marges des entreprises et à faciliter les licenciements. Elles vont affaiblir l’état de droit au sein des entreprises, ce que l’on appelle l’ordre public social, et à soumettre les salariés aux desiderata de leurs employeurs dans les entreprises quelles que soient leurs tailles, et ce au détriment de la branche et de la loi.

Il faut rappeler que le contrat de travail implique un rapport de subordination juridique permanent entre le salarié et celui qui l’emploie. Le code du travail est la contrepartie de cette subordination, il relève des droits de l’homme et de la femme au travail. Il s’agit d’un droit universel qui ne peut être morcelé « boutique par boutique ». À l’origine, le droit du travail a pour vocation de s’opposer aux appétits démesurés des patrons d’entreprise. En 1906, lors de la catastrophe de Courrières, quand un coup de grisou a fait 1 099 morts dans une mine de charbon, le patron a refusé de faire rechercher les survivants et a ordonné la reprise du travail dès le lendemain. Or quelques jours plus tard, une dizaine de rescapés seront retrouvés. À ce moment, l’indignation est telle que le ministère du Travail est créé, séparé du ministère de l’Économie, afin de résister à des patrons de ce type. Le code du travail naît en 1910, il est donc une résistance légale, morale, juridique, politique, humaine à ce qu’exigent les entreprises.

Quand François Hollande a déclaré : « Nous allons adapter le droit du travail aux besoins des entreprises », il a lancé une contre-révolution, puisque que cela faisait plus d’un siècle que l’on adaptait les droits des entreprises aux droits des humains.

Quid de l’inversion de la hiérarchie des normes ?

Le mieux est de vous donner un exemple. Quand j’étais inspecteur du travail, j’ai eu l’occasion de côtoyer trois entreprises de la branche de l’habillement, dans mon secteur du 3e arrondissement parisien. La première, située rue Saint-Martin, employait 40 salariés, essentiellement des femmes, qui travaillaient en batterie, dix par rangée avec une contremaître sur une estrade pour les surveiller, elles n’avaient pas le droit de parler, pour faire pipi il leur fallait lever le doigt, et il n’y avait ni syndicat ni délégué du personnel. Quand, après le passage de la loi El Khomri, la négociation a remplacé la loi pour la fixation du taux de majoration des heures supplémentaires, le patron est monté sur l’estrade et a annoncé aux ouvrières : « Le taux de majoration des heures supplémentaires va passer de + 25 % à + 10 %. Y a-t-il quelqu’un qui est contre ? » Toutes les filles ont baissé la tête et aucune n’a moufté. Dans leur tête, elles faisaient le calcul : combien allaient-elles perdre ou plutôt combien d’heures en plus allaient-elles devoir faire pour garder le même salaire ? Le patron n’a plus alors eu qu’à rédiger un papier pour la Direccte sur lequel il indiquait qu’après négociation la majoration des heures supplémentaires dans son entreprise passait de 25 % à 10 %. Voici ce que signifie concrètement le renversement de la hiérarchie des normes.

Dans la deuxième entreprise, rue Meslay, le patron était beaucoup plus sympa, il décide de maintenir la majoration des heures supplémentaires à 25 % même s’il pouvait la baisser. Hélas, son banquier n’était pas d’accord, il lui a dit que son taux de marge était trop faible et que son voisin faisait une meilleure marge que lui, et qu’il ne pourra lui fournir de la trésorerie que s’il s’aide lui-même, c’est-à-dire s’il baisse la rémunération des heures supplémentaires… Avant la loi El Khomri, le patron pouvait répondre au banquier : « Je ne peux pas, la loi me l’interdit. » Maintenant ce n’est plus le cas, donc le patron est obligé d’expliquer à ses salariés que s’il ne baisse pas leur rémunération, l’entreprise va fermer car le banquier ne l’aidera pas à franchir un cap difficile.

Gérard Filoche © Joseph Marando / CCAS 

Reste la troisième entreprise, située rue Notre-Dame-de-Nazareth. Dans ce cas, c’est simple, il y a 15 salariés et le patron est un voyou, il prend des gens qu’il paie très mal, et ne s’intéresse même pas à la loi, comme beaucoup de dirigeants d’entreprises de cette taille et de ce secteur. Là c’est le comptable qui va venir voir le patron en lui signalant que les nouvelles dispositions prévoient que les heures supplémentaires peuvent être majorées ou compensées. Ils discutent tous les deux et conviennent qu’en compensation des heures supplémentaires les ouvriers recevront deux blousons (fabriqués par l’entreprise) à la fin du mois. Cet exemple montre comment l’absence de loi permet le dumping social entre entreprises voisines !

Les syndicats ne peuvent-ils pas contrer cet écueil ?

Seulement 3 % des entreprises en France ont plus de 50 salariés. Donc, ce que je viens de décrire s’appliquera dans 97 % des entreprises. Pour les 3 % d’entreprises ayant plus de 50 salariés et donc la possibilité d’avoir un délégué syndical, voire un CE et un CHSCT (une instance menacée de disparition par les ordonnances Macron), eh bien, il y a plus de la moitié qui n’ont pas de délégués syndicaux. Donc il ne reste que 1 à 1,5 % d’entreprises concernées par votre question.

Dans ces grandes entreprises, il y a en général plusieurs syndicats, donc le patron peut encourager la division syndicale et puisqu’il n’est plus encadré par la loi, il peut tenter de convaincre l’un des syndicats dont il est proche, même s’il n’est pas majoritaire, et tenter de faire valider ensuite l’ »accord » par un référendum d’entreprise. Et même si théoriquement cet accord ne devrait pas obtenir de majorité, eh bien, dans la réalité, c’est plus compliqué : contrairement aux élections syndicales qui se déroulent en deux tours et nécessitent un quorum de 50 %, il n’en est rien pour le référendum. Il suffit d’organiser ce dernier à un moment où les salariés sont peu enclins à se déplacer et le résultat de la consultation sera validé, même si seulement 10 % des salariés ont voté !

Gérard Filoche © Joseph Marando / CCAS 

La suppression des cotisations sociales va faire apparaître une augmentation du salaire net

C’est une véritable contre-révolution sociale par rapport au système né du Conseil national de la Résistance. Il s’agit du plus grand hold-up de ce siècle visant la protection sociale qui, en France, est liée au contrat de travail et donc au salaire. Dans notre pays comme en Allemagne nous sommes régis par ce système bismarckien, qui s’oppose à celui de Beveridge, en vigueur dans les pays anglo-saxons, qui fait porter le financement de la protection sociale uniquement sur l’impôt et offre une couverture beaucoup plus faible.

Quand on a voulu abolir l’esclavage, l’argument qui a convaincu les propriétaires terriens a été le suivant : « Les esclaves coûtent cher : vous devez les nourrir et les loger quand ils sont bébé et qu’ils ne travaillent pas encore, quand ils sont malades, quand ils sont vieux…  alors que si vous en faites des salariés, vous les payerez à la tâche et ils se débrouilleront avec l’argent que vous leur donnerez ! »

Aujourd’hui, les nouveaux « tâcherons » sont ceux qui travaillent pour Uber, les auto-entrepreneurs qui travaillent pour les plateformes, etc. Le but de ce qui se prépare pour janvier 2018, c’est de supprimer le salaire brut, c’est-à-dire toute la protection sociale qui sert à combler les aléas de la vie et qui a été conquise par les salariés depuis l’abolition de l’esclavage. Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’ils sont en train de perdre. Ils ne voient que les quelques dizaines d’euros supplémentaires qui vont s’afficher au bas de leur fiche de paie alors que d’un autre côté on leur supprime des centaines d’euros de salaire différé. De plus, avec le financement par l’impôt (CSG), le patronat, les rentiers, la banque, les actionnaires ne paieront plus la protection sociale en même temps que le salaire comme c’était le cas en France depuis 1945… Et ce qu’il est important de souligner, c’est que pour l’instant les cotisations sociales sont préaffectées : sur la feuille de paye, il y a une ligne et un pourcentage correspondant à la maladie, au chômage, à la retraite, etc. Dans le nouveau système, financé par la CSG, l’argent sera affecté à la discrétion des pouvoirs publics. Ce sont 450 milliards d’euros qui sont en jeu.

Les régimes spéciaux sont-ils eux aussi menacés ?

Il faut lier cette question à celle de la pénibilité. Désormais le port de charge, le bruit et les postures dans le travail sont exclus des critères de pénibilité, il s’agit d’un recul considérable mais qui était prévisible. Personnellement, j’étais opposé à l’instauration de ces critères de pénibilité car je pensais qu’il fallait non pas les individualiser mais conserver les accords par branche, c’est-à-dire des conventions collectives particulières qui permettaient par exemple de partir à la retraite plus tôt pour des salariés qui exerçaient un métier pénible. Ainsi l’on n’avait pas à « trier » et à faire un relevé pour chaque salarié, ce qui est complexe et relève d’une véritable usine à gaz.

Les régimes spéciaux concernent des branches où la pénibilité affecte la majorité des salariés… Je déteste cette expression. Ce n’est pas un « régime spécial », c’est une convention collective, négociée. C’était normal par exemple que les instituteurs partent à la retraite 55 ans, que les éboueurs, dont l’espérance de vie moyenne est de 58 ans, puissent partir à 50 ans…

Gérard Filoche © Joseph Marando / CCAS 

La nouvelle loi qui sera présentée par le gouvernement en septembre pourrait modifier la nature même des contrats de travail. On parle de la disparition du CDI.

Plus exactement, avec le contrat de projet, le nouveau gouvernement est en train de réinventer ce qui existait déjà sous le nom de CDI de mission, de chantier ou de tâche. Ces contrats ne sont pas vraiment des CDI… Ils sont encore moins protecteurs qu’un CDD, encadré par la loi, doté d’une prime de fin de contrat, limité par la loi à trois successifs sur une durée maximum de 18 mois. Au moins, avec un CDD, le salarié était assuré d’avoir un travail pour une période fixée à l’avance. Dans le cas du contrat de projet, c’est le patron qui décide, plus ou moins arbitrairement, de la fin du contrat. Et il n’y a ni prime de précarité, ni obligation de reclassement. Plus rien n’oblige l’employeur à donner un motif au licenciement puisque c’est lui qui décide de la fin de la mission. Il peut même employer un autre salarié pour l’achever si le premier ne le satisfait pas totalement…

Avec un tel affaiblissement du droit, il n’y a plus besoin de prud’hommes ?

Cette instance est déjà affaiblie par le fait que ses membres ne seront plus élus par les salariés, ce qui ouvre la voie à une « bureaucratisation ». De plus, les prud’hommes sont rendus moins accessibles aux salariés du fait d’une série de réglementations nouvelles. Arrive maintenant cette affaire de barème. Il faut savoir que dans toutes les procédures de justice il existe déjà des barèmes indicatifs, mais c’est à l’appréciation du juge, qui les ajuste au mieux en fonction du préjudice de la victime. La nouvelle loi permet des « peines plafond » pour les patrons délinquants.

Gérard Filoche © Joseph Marando / CCAS 

Est-ce que cette « réforme » du code du travail peut réduire le chômage ?

En aucun cas ! Pour réduire le chômage, il faut plus de droit du travail, plus de contrôles et plus de règles. Par exemple en France, on estime à un milliard le nombre d’heures supplémentaires, soit l’équivalent de 600 000 emplois, qui ne sont pas payées. J’ai vu le cas d’une entreprise de nettoyage qui avait une double comptabilité des horaires de ses salariés. Suite à la découverte de cette fraude, outre l’amende, le patron a dû embaucher 45 personnes, rien que pour maintenir ses chantiers et se conformer à la loi ! Pour réduire le chômage, il faudrait donc doubler le corps de l’inspection du travail.

Quelles marges de manœuvre les citoyens ont-ils pour se mobiliser contre ces reculs sociaux ?

Le gouvernement essaye d’aller vite pour prendre de court la mobilisation sociale en usant des méthodes institutionnelles les plus brutales et les plus rapides pour arriver à ses fins. Cela dit, tout ne sera pas terminé le 20 septembre avec l’adoption des ordonnances. Nous avons encore six mois pour agir avant que celles-ci soient ratifiées.

Pour ce qui est de la mobilisation, en 2016 il y a eu 14 manifestations contre la loi El Khomri. Avec trois millions et demi de personnes dans la rue, et 80 % de l’opinion publique contre elle, la loi est passée quand même… C’est vrai que tant que les gens sont dans les rues ou sur les places publiques, les entreprises continuent à tourner et les patrons à faire du chiffre. Ce qui les embêterait vraiment ce serait que les usines soient bloquées. C’est donc peut être vers la grève qu’il faudrait s’orienter. Historiquement c’est toujours cela qui a porté ses fruits.

 

14 Commentaires

  1. Macarel
    Posted 2 septembre 2017 at 9:33 | Permalien

    Beau portrait de « Lev Davidovitch Bronstein » en toile de fond…

  2. Posted 2 septembre 2017 at 10:33 | Permalien

    un portait d’Annenkov

  3. Macarel
    Posted 5 septembre 2017 at 11:23 | Permalien

    « Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’ils sont en train de perdre. Ils ne voient que les quelques dizaines d’euros supplémentaires qui vont s’afficher au bas de leur fiche de paie alors que d’un autre côté on leur supprime des centaines d’euros de salaire différé. »

    C’est bien là le problème, et la perfidie de telles « réformes ». Quoique l’on pense de la FI et de son leader, je pense que le travail d’éducation populaire auquel elle s’emploie est des plus utiles pour lutter contre cette « inconscience » et permettre une mobilisation plus large des citoyens dans le combat contre les attaques anti-sociales dont ils font l’objet.

  4. Posted 5 septembre 2017 at 11:56 | Permalien

    baratin
    le programme de FI propose de faire un impôt citoyen a partir de la CSG et des cotisations sociales, c’est à dire le programme de macron,
    il nous faut, nous expliquer ce qu’est le système bismarckien, le salaire brut, les cotisations sociales pré affectées, les budgets séparés, le prélèvement a la source de notre protection sociale payées par les patrons, vous n’en faites rien, nulle part

  5. Valentin
    Posted 6 septembre 2017 at 22:54 | Permalien

    Gérard filoche, c’est un beau mensonge qui se répète quand à ce qui est dit en #4.

    Lit le programme de la France Insoumise au lieu d’écrire des balivernes.

  6. socrate
    Posted 7 septembre 2017 at 11:05 | Permalien

    le conseil constitutionnel ne trouve rien a redire sur le texte d’habilitation de ordonnances
    il va falloir se battre sur le contenu lui mème.

  7. Posted 7 septembre 2017 at 12:19 | Permalien

    bah si la position de AEC c’est un impôt citoyen fusionné avec la CSG pour payer la protection sociale, vieux débat, vieille divergence, et profonde

  8. Gilbert Duroux
    Posted 7 septembre 2017 at 18:01 | Permalien

    On ne peut plus se contenter d’assoir les cotisations sociales sur les salaires vu que les richesses sont aussi créées par des entreprises sans salariés.

  9. Posted 7 septembre 2017 at 21:11 | Permalien

    pipeau, 93 % des actifs sont salariés
    et les 7 % df’independants il suffit de les forcer a payer les memes cotisations proportionnelles et plafonnées ( suppression du RSI pour passer à la Sécu sans millefeuille)

  10. Valentin
    Posted 7 septembre 2017 at 22:59 | Permalien

    Balivernes, encore.

    Il n’y a rien de tel dans le programme de la France Insoumise. Il ne suffit pas de dire une chose pour qu’elle soit vraie. Indique donc la page, le point du programme qui irait dans ce sens.

    Il est hallucinant que quelqu’un comme toi ne regarde pas la réalité des choses. Que ce soit le contenu du programme, les épisodes passées de l’élection présidentielle tu es enfermé dans tes idées et t’y complais …

  11. Posted 7 septembre 2017 at 23:11 | Permalien

    la citation, je l’ai déjà faite cent fois, apprends a relire ton programme et a comprendre qu’un « impôt citoyen » pour financer la protection sociale c’est le programme de Macron, pas le notre

  12. Gilbert Duroux
    Posted 7 septembre 2017 at 23:34 | Permalien

    Je ne parle pas d’impôt, je parle de cotisations assises pas seulement sur les salaires vu que des entreprises crée de la richesse sans salariés. Sinon on pénalise les entreprises de main d’œuvre.
    Il serait temps que tu découvres l’économie numérique.

  13. Posted 8 septembre 2017 at 8:52 | Permalien

    mais les « entreprises uninominales » sont déjà frappées par l’impôt.
    et les « indépendants’ si la sécurité sociale leur est ouverte paieront des cotisations indexées comme les autres.

  14. Posted 8 septembre 2017 at 12:16 | Permalien

    Il y a certainement déjà trop d’interventions, chacune justifiée pour ne pas oublier un aspect important.

    Aussi, juste quelques remarques.

    1°) Il y a loin du « rejet » des ordonnances à une mobilisation pour aboutir à leur abandon par le gouvernement.

    Et le premier problème est dans l’écart entre le rejet par méfiance, exprimé dans les sondages et études d’opinion, et la conscience qu’il faut bien dire « de classe ».
    Ainsi, j’ai pris le temps de lire d’assez près l’étude faite par Harris après l’annonce des ordonnances, le 31 août.
    Le fichier attaché détaille un peu la question et fait apparaître des préoccupations qui doivent être portées par notre regroupement.
    Ainsi, vous pouvez le vérifier, la conscience de la nécessité syndicale dans les PME n’est pas très forte ; ni la conscience de la nocivité des ‘référendums’ dans ces conditions.
    Extrait :
    Cette étude signale les points faibles « à gauche » et les questions à soulever pour mobiliser et pour détourner des points d’accord avec Macron.

    Plus précisément, êtes-vous favorable ou opposé(e) à chacune des mesures suivantes sur la « loi Travail » ?

    Le fait que les TPE de moins de 20 salariés puissent proposer des référendums à leurs salariés
    TOTAL / 70 FAVORABLES /30 OPPOSES
    FAVORABLES parmi les électeurs de
    Mélenchon : 57 % ; Macron : 81 % ; Fillon : 79 % ; Le Pen : 64 %

    L’augmentation des indemnités légales de licenciement (passant d’1/5 à 1/4 par année d’ancienneté) TOTAL / 66 /34
    FAVORABLES parmi les électeurs de
    Mélenchon : 57 % ; Macron : 78 % ; Fillon : 70 ; Le Pen : 63 %

    Il faut donc une véritable campagne d’explication sur ces points : la situation des salariés dans les entreprises telles qu’elles sont :
    La composition du salariat dans le secteur privé fait dépendre plus de 50% des salarié.e.s d’entreprises petites (22% dans les moins de 10 ; 28% dans celles entre 10 et 50 ; 25% dans celles entre 50 et 200). Trois sur quatre sont dans des entreprises de moins de 200, où la présence syndicale est en fait rare et fragile.
    Laisser s’instaurer les règles voulues par la majorité actuelle c’est laisser détruire le syndicalisme dans la moitié du salariat du privé. Au demeurant, le but du patronat et plus largement de la classe dominante est là : s’assurer, dans les conditions française, d’une passivité suffisante de long terme tout en transformant les statuts et les garanties individuelles des plus qualifiés, plus ‘stables’, etc.
    Pourquoi, sinon, donner en modèle les allemands, les anglais, les USA ?

    Il faut donc relayer partout les arguments contre ces deux ordonnances : dire que développer le syndicalisme dans ces entreprises, sous forme de droits nouveaux est inséparable de la défense d’un minimum de droit à l’égalité dans la société.

    2°) Les possibilités apportées par l’excellente initiative féministe contre les ordonnances doivent être développées.

    Les situations des femmes, qui concernent tout spécialement des branches de petites entreprises ou de petites unités de travail, permet de mettre aussi en évidence la question de la progression des droits syndicaux et des garanties légales partout.
    Souvenons-nous aussi : l’avenir des caisses de retraites serait assuré par une augmentation des salaires portant ceux des femmes au même niveau que celui des hommes.

    3°) La question des CHSCT est inquiétante et pourrait devenir un point fort.

    Beaucoup font comme s’ils/elles savent de quoi il s’agit. Mais l’institution elle-même est mal connue.
    Même dans beaucoup de syndicats…
    Notre campagne d’information doit prendre cela en compte : de quoi il s’agit ? Pourquoi est-ce limité aux plus de 300 et comment traiter les salarié.e.s des sous-traitants présent.e.s dans une autre unité de travail ? Quels sont les effets positifs sur le recul des accidents de travail, attestés par le maintien d’une dangerosité plus forte dans les PME… ?
    Cette description sociale, pour faire connaître les savoir-faire et connaissances des délégués CHSCT. Nous devons défendre la nécessité de développer les droits des CHSCT, avec une présence directe ou des moyens de veille et d’intervention pour toutes les entreprises même les plus petites.
    Notre défense des CHSCT peut être aussi forte que la proposition de conditions pour une médecine préventive, car nous ne pouvons pas passer à côté de la défense de la médecine de travail…
    Le nombre de collectifs de spécialistes et de militant.e.s sur ces questions-là devrait être une véritable force pour un aspect de la campagne à mener : « rejetons ces ordonnances : plus on les connaît moins on en veut ».

    4°) Un bout de stratégie dans un capharnaüm de la rentrée sociale 2017…

    Je reprends ici un billet que j’ai mis sur Face book hier :

    Evidemment, cela ne cesse pas : combien y a-t-il d’appels à l’action ces derniers jours ! Les dates parfois diffèrent. Le rassemblement le 13 septembre (pour les handicapés) n’est pas en trop ni en concurrence avec la manifestation du 12 septembre, ni avec celle du 28 qui sera une journée de protestation des retraités qui refusent une baisse de leur pouvoir d’achat pour « compenser » les cadeaux fiscaux au patronat.
    Et le climat de protestations, les refus de la résignation après une élection, sert aussi la lutte pour le droit au logement et la défense des « emplois aidés » (Voir la pétition lancée par Ruffin) On remarque que, heureusement, la mobilisation la plus centrale a fait ressortir la lutte contre les discriminations et les inégalités entre femmes et hommes, que les ordonnances menacent plus particulièrement.
    Il nous faut aussi créer des liens plus nombreux et plus solides avec les ‘Pas sans nous’, tous les quartiers populaires et les luttes antiracistes. Notre objectif est un monde ou « personne n’est de trop » (sauf les exploiteurs qui veulent le rester !). Et ce n’est pas l’élection du jeune Rastignac qui joue le grand cœur qui va dérouter très longtemps.

    Voilà comment il faudrait construire un début de stratégie : de tous les côtés possibles, pour le 12 septembre, il s’agit de ficeler le jeune Président qui s’est pris pour Jupiter.
    Il vaut mieux se poser la question au plus tôt : les services de Gérard Collomb ne seront pas tendres avec les opposant.e.s ; dès maintenant le parcage des migrants est une antichambre aux expulsions : « programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile (PRADHA) ».

    On peut ringardiser E.M. comme le géant Gulliver qui finit ficelé par de trop nombreux êtres ordinaires … Et Gulliver, vous pouvez le vérifier, c’était du costaud, pas une graine cultivée en pot dans une serre pour élite (voir le livre de Mathieu Magnaudeix, Macron et Cie). Bref, le 12, le 13, le 20, le 28 en s’y mettant nombreux on peut ficeler ce gouvernement.
    Alors, bien sur, si en plus les quartiers généraux des sommités politiques voulaient chercher une sorte de Pacte, d’Alliance, de Front commun… dès le 23 nous serions en train de paralyser Gulliver-Jupiter !

    Résumons, en bref : par les informations, les informations, les manifestations des grèves, des meetings unitaires comme celui de Paris ce samedi 9 et comme celui annoncé à Rouen le 11, nous visons la paralysie des initiatives de ce pouvoir. Nous ne savons pas quelle mobilisation lui fera faire un recul visible.
    Nous savons que nous construisons ainsi les éléments d’une alternative, sociale, politique, culturelle…

    Excusez-moi d’avoir été aussi long. Je souhaite que le petit travail sur l’étude de Harris contribue à clarifier nos idées sur les enjeux immédiats.

    Amicalement
    Pierre CS

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*