Marée Populaire réussie, 26 mai 2018 Prise de parole unitaire des 60 organisations, Place de la Bastille

Communiqué de presse :

Bonjour à toutes et tous,

Je m’exprime ici au nom de tous les mouvements citoyens, associatifs, syndicaux, politiques, qui ont lancé cette grande mobilisation pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité. Ce rassemblement est historique. Plus de 60 organisations, petites et grandes, ont dans le respect de chacune rassemblé leurs forces. Nous avons réussi à créer une dynamique avec une très large participation citoyenne. Saluons en particulier les cheminots engagés depuis plusieurs semaines dans la grève. Saluons aussi tous les manifestant.es, membres ou non d’organisations, toutes les luttes qui nous ont rejoints et qui ont rendu cette marée vraiment populaire. Nous comptons des manifestations dans plus de 200 villes en France, qui chaque fois ont rassemblé une très grande diversité de mouvements. A Paris, je peux vous dire que nous sommes plus de 80 000 manifestant.es et dans toute la France, plus de 280 000 manifestant.es.

Nous avons voulu une manifestation pacifique, joyeuse et festive, dans un cadre unitaire inédit… à la hauteur des enjeux auxquels nous faisons face : une transformation profonde de la société française selon les canons du néolibéralisme. Car voilà au fond le « business model » d’Emmanuel Macron : finir le travail de ses prédécesseurs pour soumettre pleinement la France au capitalisme financier mondial et servir ainsi les « premiers de cordée ».

Nous ne sommes pas dupes du marketing qu’Emmanuel Macron a déployé : il se voulait en même temps de gauche et de droite, il applique en fait une politique dont rêvait la droite réactionnaire et néolibérale. Il se proclamait grand défenseur des droits individuels, il n’hésite pas à les remettre en cause, en réprimant de façon tout à fait indigne les migrant.es. Il s’est voulu grand défenseur du climat et de la planète, il n’a pourtant cessé de reculer sur la protection de l’environnement, dès lors que les intérêts des multinationales étaient en jeu.

Il fait croire qu’en mettant en place une fiscalité profondément injuste, en récompensant les « premiers de cordée » et en punissant les « fainéants », la richesse ruissellera spontanément du haut vers le bas, alors que c’est un torrent financier qui monte vers les plus riches. Et singeant l’efficacité d’un manager omnipotent à la tête de « l’entreprise France », il détruit, méthodiquement et rapidement, les droits sociaux.

Pour imposer son business model, ce président des ultra-riches a une méthode. Imposer rapidement, brutalement, une cascade de mesures conséquentes : il détruit les droits des salarié.es comme des sans emplois, il met à bas la protection sociale, avec dans le viseur les retraites et l’assurance chômage, il appelle à une « société  sans statut » qu’il qualifie de « post salariale », il renforce la ségrégation dans les universités ou pour accéder à la justice, il casse les services publics et tout ce qui permet de partager la richesse, il privatise et précarise le logement, il coupe les subventions aux associations, par exemple celles qui viennent en aide aux femmes alors qu’il avait annoncé l’égalité femmes/hommes grande cause du quinquennat, il donne des gages aux multinationales en multipliant les accords de libre-échange, il fait entrer dans le droit commun les dispositions de l’état d’urgence, il réprime les mouvements sociaux et des jeunes des quartiers populaires, il bâillonne les lanceuses et lanceurs d’alerte, et il engage la France dans une spirale de tensions et d’interventions militaires.
Il espère ainsi produire un effet de sidération. Il fait le pari de casser toute résistance. Mais il faut faire échouer ce pari ! Déjà, les mobilisations se multiplient : cheminots, universités, hôpitaux, pour les services publics, pour les droits des migrants, pour une transition écologique et sociale à Notre-Dame-des-Landes ou ailleurs… Le gouvernement espérait néanmoins que toutes ces mobilisations restent isolées, qu’elles s’épuisent d’elles-mêmes ou sinon, que le gouvernement puisse les réprimer sans trop de dommage politique. Mais déjà, des initiatives de solidarité se développent, en soutien des grévistes, des retraité.es, des étudiant.es, des zadistes… Nous avons voulu aujourd’hui aller plus loin… et nous avons réussi : former, toutes et tous, ensemble, une grande marée populaire, inédite dans sa composition, sa diversité, son ampleur. Le gouvernement fait la sourde oreille ? Forçons-le à nous entendre !

Nous sommes toutes et tous ici parce que la politique du gouvernement a des conséquences graves et durables dans de multiples champs sociaux et environnementaux. Parce qu’elle est inacceptable pour les féministes, les écologistes, les minorités discriminées, pour les jeunes, les chômeurs, chômeuses et précaires, pour les partisans de la justice sociale, pour celles et ceux qui défendent des services publics de qualité, les libertés démocratiques, les droits des travailleurs et des travailleuses. Parce que nous avons l’espoir d’un autre monde, d’une société meilleure, plus égalitaire et plus solidaire. Une société qui produise et partage autrement des richesses, qui mette fin à la toute puissance de la finance, qui fasse primer les droits humains sur ceux de la concurrence et respecte l’environnement.

Une société aux antipodes du business model d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. Le nouveau monde, celui que nous espérons, celui qui permettra une transition écologique, sociale et démocratique, n’est pas celui d’Emmanuel Macron, qui ne fait que reprendre les pires travers de l’ancien monde. Le nouveau monde, il est celui qui se dessine dans nos mobilisations, nos résistances et nos alternatives.

Le combat pour faire advenir ce nouveau monde est de longue haleine. Mais le succès d’aujourd’hui nous fait dire : nous allons le continuer, plus déterminé.es que jamais !

Pour tout contact :
Willy Pelletier, coordinateur général de la Fondation Copernic, 06 88 43 91 60 / Pierre Khalfa, Fondation Copernic, 06 87 76 28 56
Annick Coupé, secrétaire générale d’Attac, 06 70 51 39 57 / Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac, 06 17 17 50 87

9 Commentaires

  1. Posted 28 mai 2018 at 17:32 | Permalien

    Les auteurs de l’article sont à côté de la plaque. Cette « marée populaire » n’a pas d’adhésion populaire alors que rien ne s’opposait à la venue des citoyens et que plusieurs organisations étaient parties prenantes
    A un moment lorque l’on constate qu’il y a de plus en plus de manifestations et d’organisateurd et de moins en moins de participants la légitimité des griefs sur la politique gouvernementale se trouve discréditée.
    En revanche il y a un vrai sujet qui n’est pas abordé par les auteurs : les propos du ministre de l’intérieur culpabilisant comme complices les manifestants qui ne s’opposeraient pas physiquement aux casseurs. Avec cette sortie de Collomb est très inquiètante pour l’État de droit.

  2. Posted 29 mai 2018 at 8:23 | Permalien

    cette marée populaire est un grand moment d’une bataille prolongée qui va mal se terminer pour Macron
    sa politique heurte le coeur de la société, son mépris va créer des troubles violents a un moment donné

  3. socrate
    Posted 29 mai 2018 at 12:26 | Permalien

    une marée de 35000 personnes a Paris et moins de 300 000 pour la métropole entiere c’est juste se tromper de mots

  4. Posted 29 mai 2018 at 14:18 | Permalien

    80 000 à Paris et 300 000 dans le pays, c’est une marée historique
    et on prépare la marée d’équinoxe

  5. Posted 30 mai 2018 at 6:11 | Permalien

    Marées populaires : de belles initiatives citoyennes !

    Communiqué de presse

    Les mouvements citoyens, associatifs, syndicaux et politiques se félicitent des marées populaires du samedi 26 mai.

    Ce sont près de 80 organisations qui, en unissant leurs forces, ont rassemblé des centaines de milliers de manifestantes et manifestants partout sur le territoire. Dans leur diversité, ils et elles ont défilé pour exiger plus d’égalité, de justice sociale, d’écologie et de solidarité et donc une toute autre politique que celle du gouvernement.

    Ce déferlement populaire porte l’espoir d’alternatives sociales. Il témoigne de la détermination des citoyen.nes à rompre avec les choix d’Emmanuel Macron, une politique au service du patronat qui vise à imposer toujours plus d’austérité en matière de service public, de protection sociale et de garanties collectives, et de reculs sur la santé et la protection de l’environnement (…).

    Fortes de ces initiatives, les organisations appellent à une amplification du mouvement social et s’engagent, chacune dans leurs champs respectifs, à soutenir et à développer toutes les luttes en cours, dans les entreprises, les services, les lieux d’études et aux côtés des précaires, privés d’emploi etretraité.es. Nos forces sont engagées pour la défense du service public ferroviaire, pour un enseignement supérieur accessible à toutes et tous, pour les services publics et la défense des droits des salarié.es du public comme du privé, pour les droits des migrant.es, pour l’avenir des générations futures.

    Les organisations partageant le constat d’une réelle urgence sociale décident de poursuivre le travail engagé afin de faire grandir le mouvement social contre les politiques de casses sociales et environnementales et pour le progrès social. Elles discuteront rapidement des formes précises que ce travail en commun peut prendre.

  6. Posted 30 mai 2018 at 6:20 | Permalien

    Macron n’a rien à voir avec Hitler, c’est Thatcher ! Pas besoin d’analogie fausse, ni de comparaison déplacée, c’est idiot, car à notre époque, telle qu’elle est, Macron est ce qu’il y a de pire, de plus réactionnaire, de plus anti social, de plus destructeur, de plus fauteur de chaos, mais aussi de plus buté, de plus totalitaire via les 95 % de médias détenus par 9 milliardaires, il suffit de le dire ainsi, ça oui ! Des gens insuffisamment cultivés utilisent le mot « fascisme » à tout bout de champ sans mesure, ni sens, sans jamais avoir réfléchi ni étudié le fascisme de Mussolini ou d’Hitler ou de Franco, Le fascisme ce n’est pas seulement la brutalité d’un Pinochet, ni la duplicité d’un gourou illuminé, d’un financier prédicateur violent, ce ne sont pas seulement des mots ou des actes policiers ou terroristes, non : le fascisme se caractérise par le fait qu’il avait réussi à mobiliser, convaincre, organiser les masses par millions pour détruire physiquement, éliminer, interdire d’existence, le mouvement social ! Ca, heureusement, Macron n’est pas prêt de le faire, il est et reste un produit du seul sommet, comme sorti d’une imprimante 3D manipulée par le CAC 40, la finance et le Medef. Il est comme il le dit lui même une « effraction de l’histoire » une « violence de l’histoire », mais il n’a aucune chance d’instrumentaliser les masses comme l’ont fait les fascistes. ! Il a des pieds d’argile, et pas du tout un mouvement de masse SS ou SA à son service ! Instinctivement les masses sont contre lui et elles ont bien raison. Il veut une politique post salariale, sans statut, et ce faisant il heurte 90 % des actifs qui sont salariés Il veut supprimer leurs cotisations sociales, donc leur sécurité sociale, ça va faire mal. Il sera battu précisément à cause de cela. Personne ne peut sans « enrôler » les masses les faire agir contre elles mêmes, il en est incapable. Au contraire, au fur et à mesure, il s’affaiblit, et les grèves et manifestations actuelles ne sont qu’un début.

  7. Posted 30 mai 2018 at 6:21 | Permalien

    La conscience de classe est le fruit d’un long travail militant de fond. Mais elle n’est pas linéaire, car pour des millions de gens ce n’est pas le discours qui compte mais l’action de masse. L’action ne transforme pas tout d’un coup de baguette magique, il y faut construction, unité, maillage, syndicats, associations, partis ET dynamique de dépassement des appareils. Oui, l’unité des appareils ne suffit pas et peut même être contre révolutionnaire. Mais elle n’en est pas moins incontournable. Il faut la réaliser pour la dépasser. En 1936 Trotski appelait à un gouvernement PS et PCF alors que les deux appareils se bagarraient : cela a anticipé février 1934, puis 35 puis, 36, le front populaire était une alliance avec la bourgeoise par le truchement des Radicaux, Trotski préférait l’alliance front unique ouvrier PS PCF. Mais même le Front populaire élargi la bourgeoise avec le parti radical a permis la fusion syndicale et la grève générale. Il avait pourtant un mauvais programme, rédige par les radicaux. il était pourtant une front bourgeois, pas un front ouvrier. Mais il a encouragé les luttes et les conquêtes du 8 au 11 juin de cette grève générale ont été énormes. Puis les appareils d’abord débordés ont réussi faire terminer la grève fin juin. Puis le FP a refusé l’intervention en Espagne. Le FP a alors fait reculer les masses au lieu d’être débordé. Les appareils ne perdent pied que quand le mouvement est assez fort. Mais le mouvement n’est assez fort que lorsqu’il est uni. L’alchimie gagnante difficile et rare c’est d’imposer l’unité aux appareils qui n’en veulent pas et dans la dynamique, les contrôler puis les déborder, n’empêche qu’il faut dans tous les cas à un moment ou un autre, un grand parti de masse ne serait-ce que pour gagner les élections. Si nous ne réussissons pas aujourd’hui à faire vite un grand parti de gauche, avec les 12 organisations à l’origine du 5 mai et du 26 mai, le PS droitier reviendra. Nous avons un espace temps de 2 ans.

  8. Posted 1 juin 2018 at 4:56 | Permalien

    Bonjour

    Je vous écris pour cette phrase (sur votre blog) qu’a relevée mon assistante :
    Des étudiants en cinéma filment La reprise du travail aux usines Wonder de Saint-Ouen. Au centre de ce court-métrage, une jeune ouvrière en larmes crie qu’elle ne rentrera pas. Elle dénonce la saleté des ateliers, les cadences, le mépris des petits chefs qu’après trois semaines de grève générale, elle ne pourra plus supporter…

    Ce ne sont pas “des étudiants” :
    C’est Jacques Willemont, réalisateur, Pierre Bonneau à l’image et Liane Estiez au son.

    Pour info :
    https://vimeo.com/272755681

    Cordialement

    Jacques Willemont
    http://www.willemont.com

  9. Posted 1 juin 2018 at 10:35 | Permalien

    vous avez raison, ce film est un bijou, mille excuses, je corrigerais bien a vous, gerard

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