intervention à la « convergence des services publics » anniversaire de la Sécu, Paris, le samedi 14 nov 20 à 17 h

Cette réunion montre la multitude de points communs entre les divers mouvements de gauche, comme l’a illustré aussi récemment le « plan de sortie de crise » proposé conjointement par 22 organisations et syndicats [Plus jamais ça (PJC)]. S’appuyer sur ces points de convergence communs permettrait d’être plus percutant pour agir efficacement. Deux exemples qui sont aussi des propositions d’action :
* « Non aux 18 € ! » : le forfait prévu de 18 € à chaque passage aux urgences est scandaleux, nous sommes tous contre et pourtant nous ne sommes pas parvenus (encore) à le renvoyer aux oubliettes : une action concertée à partir des 22 de PJC élargis à d’autres mouvement, une campagne massive sur les réseaux sociaux, pourrait permettre de bloquer cette mesure antisociale ;
* la réforme de l’assurance chômage : les cinq centrales syndicales ont pris position contre le projet de loi – ce n’est pas si fréquent. Là aussi, il faudrait s’appuyer sur cette unité pour faire levier et, tous ensemble à gauche, obtenir l’abrogation d’un texte qui casse les protections des plus fragiles.

- Je profiterai de l’occasion pour insister sur un fait : Macron n’agit pas masqué. Il a dit et écrit expressément (y compris dans son ouvrage-« programme » Révolution) que son objectif était de supprimer les cotisations sociales. Notre dénonciation peut et doit commencer par là, ainsi que notre contre-attaque pour la défense de notre Sécurité sociale. Il y a plus de trente millions de salariés en France ; nous devons pour eux et avec eux défendre un système dont ils sont les piliers, tous risques confondus, et faire en sorte que le patronat paye pour son financement, via les cotisations sociales.

- Il faut aussi rappeler que des trois budgets en France (Etat, collectivités territoriales et Sécurité sociale), celui de la protection sociale est celui qui à ce jour a produit le moins de dette, avec 10% de l’endettement public total – il est peut-être même trop équilibré. En tout état de cause, il faut préserver le budget séparé dédié à la protection sociale, avec des cotisations pré-affectées – contrairement aux autres recettes publiques – et veiller : d’une part, à ce que chaque Euro prit par l’Etat à la Sécu lui soit rendu ; d’autre part, à ce que les cotisations soient alignées sur les prestations (qui augmentent actuellement en pleine crise COVID) et pas l’inverse, en augmentant quand nécessaire le taux de cotisations notamment pour les patrons, sans recourir à des substituts comme l’allongement de la durée du travail.

En même temps, il faut :

- rétablir la gestion démocratique de ces ressources, qui sont une composante du salaire brut des salariés, dont le contrôle (notamment depuis Alain Juppé), cela a été souligné, a hélas été préempté par la technocratie libérale (le ministère des finances notamment). Je suis pour revenir à des élections liées la Sécu tous les cinq ans, pas selon le principe paritaire mais sur la base « un humain, une voix », permettant la désignation de représentants à une chambre séparée élue démocratiquement – qui dans le cadre d’une éventuelle VIe République pourrait se substituer au Sénat. Accessoirement un tel scrutin donnerait une indication sur la représentativité réelle des syndicats ;

- établir une cotisation progressive, avec un plafond ;

- veiller à l’unicité du système et supprimer la galaxie des mutuelles et des complémentaires (400 environ) qui sont le cas échéant à l’origine de prélèvements considérables sur les fiches de paye. Et pour cause : leurs frais de gestion sont en moyenne de 25 % (il n’y a qu’à voir ou entendre les nombreuses publicités via lesquelles elles s’affrontent et que nous finançons par nos cotisations), contre à peine plus de 5 % pour la Sécurité sociale. Elles créent des inégalités très fortes de protection entre salariés. Il serait tout à fait envisageable de les supprimer en intégrant leurs agents dans les cadres d’une Sécurité sociale dont l’unicité et la justice serait réaffirmées

* Je terminerai en évoquant trois points :

- L’importance de la prévention en général et de la médecine du travail et scolaire en particulier, dans lesquelles il nous faut (ré)investir. Importance pour les citoyens, mais aussi pour l’équilibre financier du système puisque prévenir, c’est faire des économies de soins pour plus tard.

- Une 5ème branche ? Pourquoi pas, si elle est associée à une cotisation spécifique avec une ligne de cotisation supplémentaire dédiée au sein du système de Sécurité sociale unique que je viens de décrire. Elle devrait recouvrir une acception large de la dépendance, y compris par exemple pour certains jeunes de 18 à 25 ans. Par ailleurs et en tout état de cause, les EHPAD ne devraient pas être confiés au privé – l’expression « or gris » est scandaleuse – et il faut augmenter à grande échelle leurs moyens. Les praticiens parlent de la nécessité de recruter 100 000 salariés pour établir des conditions d’hébergement plus humaines.

* Il manque 100 000 soignants ? Un des moyens pour trouver rapidement et efficacement des volontaires serait de créer immédiatement un 13ème ou un 14ème mois pour ces opérateurs indispensables de santé.

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