La GDS publie Retraite par points, retraite en moins !

 

Le courage, c’est avant tout, d’après Jaurès, « de chercher la vérité et de la dire ». Mais face aux fables gouvernementales relayées, sur la question des retraites, par nombre de médias aux ordres de leurs richissimes propriétaires, il est bon de rappeler que c’est également « de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe ». Sous Macron, tâcher de dire la vérité et refuser la loi du mensonge, c’est décidément tout un. D’où ce petit livre sur la question des retraites qui vise à répondre point par point (sans mauvais jeu de mots) au discours lénifiant du pouvoir.

 

Les gouvernements qui avaient imposé les précédentes réformes de nos retraites (1993, 2003, 2010 et 2014) nous prédisaient du sang et des larmes si nous n’acceptions pas d’augmenter la durée de cotisation ou de reculer l’âge de la retraite. Le vieillissement de la population et l’arrivée de « centaines de milliers de centenaires » à l’horizon 2050 ne pouvaient provoquer, selon eux, qu’un déficit de centaines, voire de milliers de milliards d’euros de nos retraites. C’était la réforme ou l’apocalypse !

 

L’ancien et le neuf

Emmanuel Macron, Édouard Philippe et Jean-Paul Delevoye reconnaissent que l’équilibre financier à long terme de nos régimes de retraite est réalisé. Ils affirment ne vouloir mettre en place leur système de retraites à points que pour réaliser l’équité de nos régimes de retraites et le bonheur des retraités.

Tandis que les réformateurs de « l’ancien monde » dissertaient à l’envi sur le cataclysme que représenterait le vieillissement de la population, Macron, Philippe et Delevoye passent complètement sous silence l’augmentation de 6 millions du nombre de personnes de plus de 65 ans en 2040. Cette hausse du nombre des personnes âgées n’est toutefois pas sans conséquence dans un système qui plafonnerait à 14 % la part du PIB destinée au financement des retraites. Le nombre de convives augmentant alors que la part du gâteau resterait la même, le montant de chaque retraite ne pourrait que diminuer.

 

Différence spécifique

Les deux objectifs du système de retraites à points d’Emmanuel Macron restent les mêmes que ceux des précédents réformateurs. Ne pas augmenter, tout d’abord, les cotisations retraites pour assurer aux actionnaires les dividendes qu’ils exigent à cor et à cri. Faire ensuite une place plus importante à la retraite par capitalisation, pour la plus grande joie des banques et des compagnies d’assurance.

La seule véritable différence entre les précédentes réformes de nos retraites et le système par points qu’Emmanuel Macron tente d’imposer au forceps est que ce système irait beaucoup plus loin. En supprimant tous nos points de repères collectifs (âge de la retraite, durée de cotisation…), il obligerait progressivement à partir en retraite beaucoup plus tard qu’aujourd’hui et diminuerait considérablement le montant de toutes les pensions, condamnant à la pauvreté une part de plus en plus importante des retraités.

Était-il possible de s’attendre à autre chose du président des riches dont toute la politique a pour fonction essentielle d’accroître encore et toujours les privilèges des actionnaires ?

 

Anne de Haro, Gérard Filoche, Éric Thouzeau,

La retraite à points de Macron. Dix questions, dix réponses,

éd, nombre de pages, prix


 

Décryptage nécessaire Les fourberies du système par points

 

 

Pour conjurer le « mur des 5, 11 et 17  décembre », le gouvernement a décidé de déployer ses armes de persuasion massive. Pensez donc ! Darmanin, Ndiaye, Blanquer… Que des sommités intellectuelles capables de déconstruire illico les arguments des fâcheux ! La mission confiée au service après-vente de l’Élysée est toutefois des plus ardues, puisque le rapport Delevoye, certainement désireux de ne pas tomber dans de scabreux calculs d’intendance, s’évertue à ne citer pratiquement aucun chiffre ! Nous réparons, dans les pages qui suivent, ce malheureux oubli.

 

Depuis le début du pseudo-débat sur l’avenir de notre système de retraites, le pouvoir a fait le choix délibéré de soumettre aux organisations syndicales et – par ricochet – à l’opinion des documents présentant les grands axes et autres grands principes de sa « réforme », mais ne permettant aucunement de ayants-droit de faire leur compte. Cette stratégie politique est consubstantiellement liée au fait que tout régime par points est par définition un système à prestations non-définies. Pour déconstruire le discours gouvernemental, il convient donc de le mettre en regard de données quantitatives objectives, publiques et avérées, face auxquelles les promesses et engagements de ce pouvoir mystificateur paraissent bien peu de chose.

 

Des choux et des carottes

Le système de retraites à points permettrait d’en finir avec les 42 régimes de retraite actuels. L’énumération de ces 42 régimes indique à quel point cette somme résulte de l’addition de choux et de carottes.

Comptabiliser au même titre que les millions de retraités de la CNAV, que les millions de retraités des régimes de complémentaires des salariés du secteur privé ou que les millions de retraités de la Fonction publique, les 203 retraités de la Caisse de retraite des salariés du port autonome de Strasbourg, les 1 800 pensionnés de la Caisse de retraites des personnels de l’Opéra de Paris n’a aucun sens.

Aucun retraité, ensuite, n’a besoin de s’astreindre à « lire » les 42 régimes de retraite. 67 % des retraités dépendent d’un, de deux ou de trois régimes ; seulement 4 % dépendent de six régimes ou plus.

 

À chacun son dû

Jean-Paul Delevoye l’affirme : « La retraite est le reflet de la carrière : ça, c’est quelque chose qui est juste. Si vous avez une belle carrière, vous avez une belle retraite ; si vous avez une moins belle carrière, vous avez une moins belle retraite ».

Le droit à la retraite deviendrait strictement proportionnel aux points acquis, c’est-à-dire aux cotisations versées. Tant pis pour ceux qui ont eu des carrières heurtées, un travail « en pointillés ». Tant pis pour ceux qui ont subi le chômage, ceux qui ont dû se contenter de « petits boulots », d’un travail saisonnier. Tant pis pour toutes celles qui n’ont pu travailler qu’à temps partiel alors qu’elles voulaient travailler à temps plein.

Voilà l’ « équité » que nous promet le « système universel » d’Emmanuel Macron.

 

Quid des primes des fonctionnaires ?

Le gouvernement répète inlassablement qu’elles seront prises en compte à 100 %. Mais personne ne sait aujourd’hui quelle définition sera donnée du terme « prime ». Les primes facultatives et les indemnités seront-elles, par exemple, prises en compte ?

Et pour ceux et celles qui n’ont pas (ou très peu) de primes et qui, tels les professeurs des écoles, subiraient une diminution de 25 à 30 % du montant de leur retraite avec le système à points ? Devraient-ils se contenter de la déclaration d’Édouard Philippe selon laquelle seront engagées « avant la fin du quinquennat les revalorisations nécessaire pour maintenir le niveau de pension des enseignants » ?

 

L’âge légal de départ

Il resterait fixé à 62 ans. Dans le système par points, cet âge n’aurait plus guère d’importance. L’âge qui compterait serait l’âge pivot. Il serait fixé à 64 ans dès 2024 selon Édouard Philippe. En-dessous de cet âge, des pénalités de 5 % par an sur le montant de la retraite seraient appliquées.

Le plafonnement du montant des retraites à 14 % du PIB, alors que le nombre de personnes de plus de 65 ans augmentera rapidement (6 millions supplémentaires en 2040), obligera à reculer très vite cet âge à 66, puis 67 ans, etc. Avec toujours les mêmes pénalités en cas de départ avant l’âge pivot.

 

10 euros = 0,55 euro ?

Dix euros, ce serait le prix d’achat du point. Ce prix permettrait de calculer le nombre de points acquis. Quant à la valeur de service du point, elle serait de 0,55 euro. Il faudrait multiplier le nombre de points acquis par cette valeur pour obtenir le montant de la retraite.

Le problème est que ces valeurs seraient données pour l’année 2025, si elle était l’année de la mise en place du système à points. Mais le prix d’achat pourrait augmenter et la valeur de service du point diminuer dès l’année suivante. Exactement comme c’est le cas dans le régime de retraites complémentaires des salariés du secteur privé aujourd’hui.

Il n’y aurait aucune lisibilité, aucune prévisibilité possible dans un tel système.

 

Période de référence

Un calcul sur toute la carrière serait plus avantageux pour les retraités qu’un calcul sur les 25 meilleures années (dans le privé) ou sur les six derniers mois (dans le public). C’est ce qu’affirme, sans jamais apporter le moindre argument pour le démontrer, le rapport Delevoye. Il ose même prétendre que ce type de calcul serait profitable aux personnes ayant eu des périodes heurtées.

Le rapport Delevoye tente de faire croire qu’aujourd’hui, la totalité de la carrière n’est pas prise en compte et que cela désavantage les futurs retraités. Il passe complètement sous silence le fait qu’il s’agit de prendre en compte les 25 meilleures années ou les six derniers mois (c’est-à-dire les traitements les plus élevés) pour calculer le salaire moyen qui servira de référence au calcul de la retraite. Les années les plus mauvaises sont écartées et ne viennent donc pas diminuer le montant du salaire de référence.

Les personnes qui ont eu une carrière heurtée ont donc tout intérêt à ce que les plus mauvaises années n’entrent pas dans le calcul de leur salaire de référence.

 

Réversion, piège à c…

70 % des retraites du couple seraient maintenus pour la pension de réversion. Annoncé de la sorte, cela peut paraître séduisant. Cela l’est beaucoup moins si l’on examine d’un peu plus près ce qu’il en est réellement.

D’abord les couples pacsés ne seraient pas concernés. Pourtant, la pension de réversion sera financée par l’impôt et les couples pacsés paient l’impôt, tout comme les couples mariés. Ensuite, il ne serait pas possible de percevoir la pension de réversion avant l’âge de 62 ans. Cela nécessiterait, en moyenne, de devoir attendre sept ans de plus qu’aujourd’hui pour pouvoir bénéficier du versement de cette pension.

Les femmes – qui représentent 89 % des bénéficiaires de la pension de réversion – seraient les premières pénalisées.

 

Solidarité en berne

La part de la solidarité s’élèverait à 25 % du montant total des retraites. Cela serait peut-être vrai la première année, mais rien ne serait assuré pour la suite.

Le rapport Delevoye (p. 103) met à part les dépenses de solidarité des autres dépenses de retraite. Ces dépenses de solidarité seront versées dans un Fonds de solidarité vieillesse universel (FSVu).

Le FSVu sera exclusivement financé par des recettes fiscales. Cela signifie que, chaque année, au moment du vote de la loi de finances, les recettes fiscales collectées pour financer les dépenses de solidarité du service de retraites à points pourront être affectées à des dépenses publiques très différentes (la construction du second porte-avions, par exemple). Les cotisations sociales sont affectées, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas être utilisées pour financer d’autres dépenses publiques que les dépenses sociales pour lesquelles elles ont été collectées. Ce n’est pas le cas de l’impôt : l’un des principes de base des Finances publiques impose que ce soit le Parlement, représentant de la Nation, qui décide de l’affectation de l’impôt aux différentes dépenses publiques.

Les dépenses de solidarité deviendraient donc des « aides sociales ». Nous savons ce qu’Emmanuel Macron pense de ces aides qui coûteraient selon lui « un pognon de dingue ». Nous savons aussi ce qu’il en est de la réforme de l’assurance-chômage qui s’est faite sur le dos des demandeurs d’emploi les plus fragiles, les plus précaires, et qui, aux dires de Laurent Berger, constitue « une tuerie ».

Il n’existe donc aucune garantie que les dépenses de solidarité ne diminuent pas chaque année, qu’elles ne soient pas récupérables sur succession et que les pensions de réversion (incluses dans les dépenses de solidarité), dont le montant annuel est de 36 milliards d’euros, ne deviennent pas la cible privilégiée d’un ministère des Finances qui n’a qu’une obsession : diminuer le montant des dépenses publiques.

 

Poule aux « règles d’or »

À Rodez, en octobre dernier, Emmanuel Macron avait affirmé : « On mettra des règles d’or pour fixer la valeur du point avec un engagement clair qui est que le niveau de vie des retraités ne doit pas être dégradé, il doit être le même et continuer à progresser ».

Qui peut croire à un tel engagement alors qu’il est pris par un président de la République qui ne cesse de piétiner les « règles d’or » établies pour garantir (a minima) le financement de nos retraites et de la Sécurité sociale ?

La loi du 22 juillet 1993 garantissait l’indexation du montant des retraites sur l’évolution des prix. Emmanuel Macron n’a, cependant, tenu aucun compte de cette « règle d’or » que le rapport Delevoye prétend pourtant garantir. Son gouvernement a fait voter la sous-indexation du montant des retraites par rapport à l’inflation en 2019. Le montant des retraites ne devait être  revalorisé (pour les retraites dépassant 1 200 euros par mois) que de 0,3 %, alors que l’inflation attendue était de 1,9 %. C’est uniquement pour tenter de répondre à la mobilisation des Gilets jaunes, qu’Emmanuel Macron a été obligé de reculer quelque peu en indexant sur l’inflation les retraites inférieures à 2 000 euros par mois.

La loi Veil du 25 juillet 1994 instaurait une autre « règle d’or », reprise par l’article L131-7 du code de la Sécurité sociale : « Toute mesure de réduction ou d’exonération de cotisation de Sécurité sociale [...] donne lieu à compensation intégrale aux régimes concernés par le budget de l’État pendant toute son application ». Là encore, Emmanuel Macron s’est soucié comme d’une guigne de cet engagement. Son gouvernement a fait voter, le 23 octobre 2019, l’article 3 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) qui prévoit que, désormais, l’État ne compensera pas les exonérations de cotisations sociales.

La seule règle d’or, affirmée clairement dans le rapport Delevoye (p. 110), est en réalité l’équilibre financier du système de retraites à points.

 

Et le taux de cotisation ?

Il resterait inchangé, afin de préserver les recettes. Cela signifie, en réalité, que le montant des cotisations retraites serait plafonné à 28,12 % du salaire brut, alors que les besoins de financement des retraites ne pourront qu’augmenter avec l’arrivée progressive de six millions de personnes de plus de 65 ans supplémentaires.

Pour « préserver » le montant des retraites, il ne faudrait pas les plafonner mais au contraire, les augmenter progressivement, en fonction de l’augmentation des besoins.

 

Choix… contraint !

Les assurés auraient le choix entre partir plus tôt en retraite ou rester au travail pour disposer d’un montant de retraite plus important. En réalité, ils feraient ce choix avec un revolver sur la tempe, car partir plus tôt que l’âge pivot signifierait voir le montant de sa retraite largement amputé.

Surtout, beaucoup de salariés n’auraient pas le choix de rester au travail.

Celles et ceux qui n’auraient plus la possibilité de travailler, épuisés par la pénibilité du travail.

Celles et ceux qui ne seraient plus au travail et ne pourraient donc pas choisir d’y rester. Dans le secteur privé, 60 % de ceux qui prennent leur retraite ne sont plus au travail lorsqu’ils prennent leur retraite : ils sont au chômage, au RSA, en invalidité ou en maladie.

 

Pénible pénibilité

La pénibilité du travail est évoquée dans la rapport Delevoye. Il est étonnant que le haut commissaire puisse se permettre d’utiliser un tel terme. Il est vrai que son rapport a été rendu public en juillet 2019, et que ce n’est qu’en octobre qu’Emmanuel Macron a déclaré « ne pas adorer le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible ».

Les régimes spéciaux de retraites, qui permettaient aux membres de certaines professions de partir plus tôt en retraite pour compenser la pénibilité et la dangerosité de leurs métiers, seraient supprimés.

Les « catégories actives de la Fonction publiques » qui pouvaient, elles aussi, pour les mêmes raisons que les salariés des régimes spéciaux, disposer d’un départ précoce en retraite, seront supprimées – sauf pour l’armée et, en partie, la police.

Tous seront alignés sur le régime des salariés du secteur privé et l’obligation de comptabiliser leur temps d’exposition à des facteurs de pénibilité qui ne prennent en compte que des situations très limitées de dangerosité et de pénibilité. La comptabilisation de ces temps d’exposition est un véritable parcours du combattant pour le salarié qui se heurte à la mauvaise volonté d’employeurs qui considèrent qu’il s’agit d’une « usine à gaz ».

C’est donc  le nivellement par le bas qui s’imposerait dans le système de retraites à points.

 

Gouvernance « innovante »

Les instances qui seraient mises en place foisonneraient. Le Conseil d’administration de la Caisse nationale de retraite dans lequel siégeraient treize représentants des assurés désignés par les organisations syndicales de salariés et treize représentants des employeurs. Une Assemblée générale de cette Caisse nationale serait mise en place pour « représenter l’ensemble des assurés, des employeurs et des acteurs de la retraite ». Un comité d’expertise indépendant des retraites serait également mis en place. Enfin, serait créé un Conseil citoyen des retraites composé de 30 citoyens représentatifs « de la diversité de la société française ».

Les choses se gâtent lorsque l’on examine d’un peu plus près ce que seraient les rôles de chacune de ces instances. Le Conseil d’administration de la Caisse nationale de retraite ne pourra que « proposer » une règle pluriannuelle de revalorisation des retraites. L’Assemblée générale « aura pour mission principale d’émettre un avis, au moins une fois par an ». Le comité d’expertise « vérifierait la sincérité des hypothèses de projection retenues par la Caisse nationale ». Quant au Conseil citoyen, il devra émettre un « avis citoyen » chaque année.

« Proposer », « émettre un avis une fois par an », « vérifier la sincérité des hypothèses », « émettre un avis citoyen »… Il est évident que ces organismes ne seraient  que consultatifs et que la réalité du pouvoir serait ailleurs. Les seuls dirigeants du système de retraite par points seraient le Parlement et avant tout, le gouvernement. Le pilotage du système sera en effet « fixé par les lois financières » proposées par le Conseil des ministres et adoptées par les deux Chambres.

Dans tous les cas, affirme le rapport Delevoye, le gouvernement « sera toujours libre de proposer tout projet de réforme ayant des incidences sur les équilibres financiers du système de retraite ».

 

Derrière l’écran de fumée

Une fois dissipé le rideau de fumée de l’« équité » et de la « transparence » du système à points, il reste à répondre à la question suivante :  quels sont les réels objectifs d’Emmanuel Macron.

Ce dernier, dans son livre Révolution, affirmait qu’il irait jusqu’au bout des réformes que ses prédécesseurs (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande) n’avaient pas réussi à mener à terme. Il est donc décidé à aller jusqu’au bout des régressions imposées depuis 1993 à nos régimes de retraites qui ont reculé l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans, qui ont allongé la durée de cotisations de 37,5 à 43 annuités et diminué le taux de remplacement du salaire par la retraite d’environ 30 %.

Les objectifs d’Emmanuel Macron sont de même nature que ceux des réformes précédentes mais beaucoup plus radicaux : imposer une réforme systémique qui laisse le champ libre à l’augmentation des dividendes des actionnaires.

Avec le système de retraites à points du président de la République, le montant de la part patronale des cotisations sociales serait figé. Les actionnaires et leurs dividendes pourraient continuer à prospérer sans se soucier du détail accessoire que constitue l’augmentation du nombre de retraités.

Avec le système à points, le montant des retraites diminuerait sans cesse et les salariés, les indépendants, les professions libérales qui en auraient les moyens se tourneraient vers les fonds de pension pour tenter (malgré tous les risques encourus) de préserver leurs retraites. Une place de plus en plus spacieuse serait ainsi faite à la retraite par capitalisation. Ce qui profiterait de nouveau aux actionnaires, ceux des banques et des compagnies financières.

 

Dette publique, taux d’intérêt négatifs (et retraites)

Dette publique, taux d’intérêt négatifs (et retraites)

L’injonction de résorber la dette publique, régulièrement relayée par le service public audiovisuel[1], dissimule leprojet idéologique de désengager socialement l’Etatet, avec les politiques monéraires anti-inflationnistes, conduit à des politiques économiques favorables aux ultra-richeset défavorables au reste des citoyens (actifs et retraités).

1. La dette publique est particulièrement suivie par l’exécutif et les médias

Et pour cause : elle relève des très télégéniques« critères de Maastricht » qui fixent un seuil de 60% du PIB. Ce seuil n’a pas le moindre sens économique ou financier(il a d’ailleurs été allègrement franchipar la plupart des pays de l’U.E. suite à la crise de 2008), ne serait-ce que dans son rapport au pourcentage du PIB – comme le montre bien Jacques RIGAUDIAT[2], si j’ai 1700€ de salaires et achète une voiture à 20 000 €, je vais emprunter sur 20 ans ; comparer ces 20 000 € à mon salaire annuel n’a aucun sens ; dans le cas de la dette publique, il faudrait diviser celle-ci par par huit avant de la rapporter au PIB, la durée moyenne des emprunts des administrations publiques est de huit ans.

Pourtant, ces critères ont été intégrés avecle TSCG. de 2012[3]à notre Constitution[4].

La place prise par la dette dans le débat public ainsi que son instrumentalisation récente en Grèce – les politiques d’austérité imposées par la Commission et ses alliés de la finance, loin de se justifier économiquement (elles ont accru la dette) visaient à empêcher de montrer qu’une politique alternative pouvait être menée en Europe – illustre le caractère débile de notre sytème démocratique représentatif, amputé de sa souveraineté sur la sphère économique publique.

2. Pourtant, la dette publique en France aujourd’hui n’est pas un problème

- la dette publiquefrançaise dans son ensemble est aujourd’hui de l’ordre de 2300 Md€, soit environ 100 % du PIB et 30 000 € env. par habitant. Cependant, l’Insee (données 2016) nous rappelle que les actifs détenus par les administrations publiques, eux, sont de 3220 Md€ […], donc supérieurs au passif. Contrairement à ce que l’on veut nous faire accroire, l’endettement ne sert pas à jeter de l’argent par les fenêtres : « au total, nous ne laissons pas à nos enfants une dette mais un patrimoine précieux : des hôpitaux pour être soignés, des crèches, des maternelles, des lycées et des universités pour se former, des bibliothèques et des musées pour se cultiver ! »[5]

- Jacques RIGAUDIAT notamment montre bien par ailleurs :

* que la crise des subprimesen 2008 aux Etats-Unis était une crise de la dette privée ;

* que l’Espagne ou l’Islande par exemple, bien que vertueuses budgétairement, ont été frappées par la crise bancaire ;

* que la France est loin d’avoir atteint un « plafond » : le Japon actuel a une dette publique qui frise les 250 % du PIB ;

* des secteurs présentés par la doxapolitico-médiatique comme « contribuant » à la dette publique, en particulier la Sécurité sociale, sont au contraire des « vaches à lait » pour la collectivité – l’équilibre devrait être atteint dès 2024, horizon auquel les fonds consacrés au désendettement pourraient utilement être ré-employés, par exemple pour accompagner la dépendance[6].

* du fait de la crédibilité (notamment fiscale) de notre pays et de la stratégie de taux négatifs (cf. infra-, 3-), la charge de la dette ne cesse de diminuer : en 2008, lorsque l’endettement de la France était de 65 % du PIB, la charge de la dette était de 57 Md€aujourd’hui, alors que la dette représente 100 % du PIB, la charge de la dette rapproche 40 Md€.

3. En revanche, les taux d’intérêts négatifs actuels et leur traitement par le Trésor public sont un problème

Du fait du déversement de masses de liquidités sur les acteurs et les marchés financiers par les banques centrales suite à la crise de 2008, le taux des obligations (à dix ans) est devenu négatif en France[7] : avec un taux à – 0,4 % comme en juillet dernier, le pays ne rembourse pour un emprunt de 100 000 € que 96 000 €. Cependant :

3.1. La gestion des conséquences de ces taux négatifs par le Trésor constitue un scandale démocratique :

- alors que la charge de la dette (intérêts d’emprunt) devrait être encore allégée de 2 Md€ par rapport aux prévisions de la loi de finances 2019 (annonce du ministre de l’Action et des Comptes publics cet l’été), voire de 22 Md€ d’ici à 2021 (si la tendance était durable, selon le rapporteur du budget à l’Assemblée nationale), aucun redéploiementd’ampleur de cette manne budgétaire n’est prévu ;

- Par ailleurs, l’activité (normale) de réémission de l’agence France Trésor a permis dans ce contexte de bénéficier d’une manne de plusieurs dizaines de milliards d’euros qui a échappé aux circuits budgétaires traditionnels : « Depuis 2009, l’utilisation d’au total près de quatre points de PIB n’a donc relevé que de la seule décision du Gouvernement […]. Depuis 2014, ce sont ainsi chaque année un peu plus 20 Md€, – soient les budgets réunis des ministères du travail, de la justice, de la culture, de la santé et de la jeunesse et des sports – dont l’usage a échappé à toute discussion préalable du Parlement …. Pas franchement démocratique !»[8]

3.2. Les politiques monétaires « non conventionnelles » sont favorables au capital et défavorables citoyens :

- comme le note Patrick ARTUS [9],« la classe moyenne occidentale, et surtout les épargnants, sont les grands perdants de cette politique [qui ont] de plus en plus de mal à se constituer un […] capital pour [l]a retraite et [l]es enfants. Or, les taux négatifs vont peu à peu rogner ce capital. » ;

- si dans la zone euro, les prêts aux entreprises sont devenus moins coûteux :

* Les capitaux de plus en plus abondants n’ont pas conduit à une relance de l’investissement de long terme (ou au recrutement, l’augmentation des salaires, etc.) mais pour une grande part été investis en Bourse, dans des opérations de LBO, des montages financiers rémunérateurs – programmes de rachats d’actions pour faire monter les cours, versements à des fonds de private equity,acquisition d’obligations plus risquées (assorties de taux positifs) –, entraînant les marchés vers des niveaux de valorisation époustouflants et partant… ouvrant la voie à un krach ;

* certains (dont l’OFCE [10])  relèvent que les taux d’intérêt négatifs peuvent réduire l’investissement car ils réduisent les profits bancaires et donc l’incitation pour celles-ci de répercuter la baisse des coûts sur les taux emprunteurs ».

la rentabilité des activités de crédit étant érodée, les banques sont enclines à augmenter les frais bancaires, réduire la rémunération des dépôts et développer leurs activités de marché, les plus périlleuses.

- Les taux négatifs peuvent aggraver le chômage keynésien (cf. notamment les travaux de PALLEY[11]) ;

* en  stimulant (paradoxalement) l’épargne les ménages pouvant réagir à la baisse du taux d’intérêt en épargnant davantage pour maintenir leurs flux d’intérêts ;

- des taux négatifs sur les dépôts peuvent être perçus comme une forme de taxe sur ces derniers ; comme les ménages se sentent alors moins riches, cela peut générer un effet Pilou négatif sur la consommation.

 

arno

 


[1]Cf. encore récemment : mardi 10 décembre dernier, 20h50, France: Dans le piège de la dette (https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/1117811-dans-le-piege-de-la-dette.html)

[2]Conseiller-maître honoraire à la cour des comptes, il fut inter aliadirecteur de cabinet du Ministre de la fonction publique, J. Le Garrec (1986) Directeur des études et de la statistique de l’ANPE (1986-1988) et Conseiller social des Premiers ministre M. Rocard et L. Jospin. Il a publié en 2018 aux éditions du Croquant La dette, arme de dissuasion massive.

[3]Traité sur la stabilité, la coordination, et la gouvernance de l’Union économique et monétaire (T.S.C.G.), notamment son article 4 qui prévoit que le gouvernement doit s’engager à réduire sa dette publique au rythme d’un vingtième par an du montant excédent 60 % du PIB, soit pour la France : 100% - 60%= 40% à rembourser sur vingt ans, soit 2% du PIB par an, soit 50 Md€, auxquels il faut ajouter environ 40 Md€ d’intérêts, soit plus que le total réuni des budgets de l’Education nationale, de l’égalité du territoire et du logement, de la justice, de la santé, du travail, de la culture et de la jeunesse et des sports…

[4] loi organique relative à la programmation et à la gouvernance des finances publiques du 17 décembre 2012 qui modifie les procédures budgétaires conformément aux principes du TSCG.

[7]Ainsi qu’en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Finlande, aux Pays-Bas, etc.

[8]In « Dette publique : la manne secrète des primes d’émission », Mediapart, 31 juillet 2018 (https://blogs.mediapart.fr/jacques-rigaudiat/blog/310718/dette-publique-la-manne-secrete-des-primes-demission-0).

[11]Cités par Martin ANOTA in Alternatives écnomiques, 27/5/18 (https://blogs.alternatives-economiques.fr/anota/2018/05/27/les-taux-d-interet-negatifs-peuvent-aggraver-le-chomage-keynesien) – PALLEY, Thomas I. (2018), « Negative interest rate policy (NIRP) and the fallacy of the natural rate of interest: Why NIRP may worsen Keynesian unemployment », PERI, political economy research institute, working paper, n°463).

 

Retrait du projet infâme de casse des retraites et de la Sécu de Macron

 

La petite histoire de la Macronie nous dira pourquoi Edouard Philippe a été aussi brutal et cynique dans sa présentation mercredi 11 décembre de la casse du système de retraite français. Quelle est la part du fanatisme et des rapports de forces au sommet de l’oligarchie dominante ?

Il a enfoncé la porte de dix attaques/ impasses successives :

1°) Une retraite à mille euros ? Pour une carrière pleine ! Qui ose proposer de « vivre » à mille euros ? c’est déjà le cas de la moitié des retraités ! Que vaudront ces mille euros dans 2 ans, 5 ans, 10 ans ? Carrières hachées, précaires, femmes surtout seront victimes sans compensation (pension de réversion supprimée en cas de divorce).

2°) Mille euros cela a déjà été voté dans une loi d’août 2003, elle prévoyait 85 % du smic en 2008, soit 1021 euros,  pourquoi ca n’a pas été mis en application ? Pourquoi ne pas le faire tout simplement maintenant ?

3°) Scier la France en deux, ceux d’avant 1975 ceux d’après 1975 ?  Ils demandent aux parents de se désolidariser de leurs enfants. Pourquoi ? La « réforme » est donc si mauvaise ?

4°) Il casse tous les régimes dits « spéciaux », régimes « normaux » en fait, ils étaient là, négociés dans les branches pour compenser des nuisances et souffrances au travail, corriger des inégalités et voilà que tout ce dispositif bienfaisant dans l’intérêt de toutes et tous est annulé.

5°) Au nom de la prétendue « universalité », ceux des régimes spéciaux qui ne sont pas supprimés, sont ceux des policiers, gendarmes, des militaires, des gardiens de prison, elle est si dure que ça la casse des retraites qu’il faille en préserver ces personnels privilégiés ? Les « réserves » privées des caisses des autres régimes, elles aussi, sont préservées.

6°) Aider les enseignants en haussant les primes et pas les salaires dans les 10 ou 12 ans à venir ? Qui y croit ? mais c’est une hausse de salaire net et brut de 300 euros tout de suite qu’il faut, un rattrapage, pas des primes pas échelonnées puis vidées par des basses retraites calculées sur 40 ans

7°) Tenir compte de la pénibilité parmi les hospitaliers ? « 2 ans » en échange ?  Ils ne peuvent déjà plus tenir le coup à partir de 55 ans et partent bien les 64 ans imposés ! Et ils ne sont pas seuls. Un salarié sur deux  arrive à 62 ans au chômage, en maladie, en inaptitude. L’espérance de vie en bonne santé diminue déjà entre 64 et 62 ans. Et sur quels critères puisque Macron « n’adore pas » qu’on lie pénibilité et travail, le Medef a toujours fait échouer ça en pratique.

8°) Prendre en compte tous les jours travaillés et pas seulement les trimestres complets,  ca va de soi, ca devrait être fait depuis longtemps, pas besoin de casser la retraite de tous pour améliorer cela, d’autant que ça ne servira à rien aux salariés concernés, puisque cela leur sera repris d’une autre main avec le calcul sur 40 annuités au lieu de 25 annuités. Tous les salariés seront victimes de ce nouveau mode de calcul sur une carrière complète. Pour respecter les prétendus 13,8 % de PIB consacrées aux retraites ? « Règle d’or » absurde.

9°) Faire gérer le taux des points par des commissions paritaires, ce n’est en rien une garantie, il n’y a qu’à voir comment Macron a cassé, début novembre, l’ex-système d’assurance chômage, comment les lois antérieures sont piétinées. Aucune confiance ni en eux, ni en une commission d’experts qui bloqueront ou feront régresser le point comme ils voudront quand ils coudront.

10°) Que l’âge reste formellement à 62 ans n’a pas de sens si nul ne peut vire de sa retraite tout le monde continuera et c’est bien à 64 ans en 2027 qu’il y aura l’âge pivot avec bonus et malus. C’est 64 ans, la nouvelle ligne rouge pour, avec une carrière à taux plein calculée sur 40 ans avoir… 1000 euros ?

C’est une attaque généralisée contre 30 millions des salariés pour contenir les retraites sous l’absurde barre des 14 % du PIB au détriment  des générations à venir. Personne ne sera épargné, c’est plus que jamais maintenant et tous ensemble qu’il faut se battre, et gagner.

Droit à retraite à 60 ans à taux plein, calculée à 75 % sur les 10 meilleures années indexée sur les prix et salaires  et pas de retraite inférieure au smic.

En lutte,  en grève généralisée !  Tous ensemble ! Vers le 17 décembre et après, unis jusqu’au retrait de ce projet infâme.

En mai 36, deux entreprises, Breguet et Latécoère ont emporté le mouvement de grève générale. En mai 68 deux entreprises Sud -Aviation et Cléon Renault ont emporte la généralisation. Quelles seront les deux entreprises en 2019 ? La première entreprise occupée appelle les autres !

 

 

 

Macron et Philippe doivent cesser de bloquer le pays. Tous ensemble pour le retrait !

 

Philippe a annoncé le maintien de sa réforme telle que proposée dans le rapport Delevoye, y compris avec le départ à taux plein à 64 ans. Il accélère le calendrier pour que la loi soit examinée dès février et appliquée avant la fin du quinquennat. Il veut la rendre irréversible et casser notre modèle social. Nous serions toutes et tous perdants !

 

Pas un an de plus ! Pas un euro de moins !

 

Le retrait de ce projet de loi, c’est le premier enjeu de la grève. Il faut arracher aussi des améliorations de notre système actuel de retraites : pour les femmes pénalisées par des salaires moins élevés, pour les jeunes précarisés ou en formation … L’argent existe ! C’est le « régime spécial » des actionnaires qu’il faut mettre en cause avec les 100 milliards pris chaque année sur notre travail.

 

Droit à la retraite à 60 ans avec un minimum au Smic et un minimum de 75% du dernier salaire

 

On peut gagner, mais cela nécessite de mettre en débat la reconduction partout (privé-public) jusqu’au retrait du projet, et donc de généraliser la grève. Débattons occupation des entreprises et blocage de la production. En 36 et 68, tout est parti de 2 entreprises ! Et le 17, soyons encore plus nombreux dans la rue que le 5 ! Il faut les faire plier !

 

Proposer un autre projet et une alternative à gauche !

 

Un comité de liaison de toute la gauche est proposé dès le 18 décembre. Il peut et doit travailler un projet alternatif.

 

Au-delà des retraites l’objectif c’est un projet de société. Nos services publics doivent être au centre d’un projet politique commun et solidaire. À commencer par l’école, la santé, la prise en charge des aînés, le social, la transition écologique.

 

Cela suppose de rompre avec les politiques néo libérales suivies ces dernières années.

 

C’est l’heure de la construction à gauche d’une alternative majoritaire !

 

Dans l’action comme dans les élections pour en finir avec le duo Macron-Le Pen !

 

Les « règles d’or » d’E Philippe pour tuer nos retraites

Le discours d’Edouard Philippe, le 11 décembre 2019

 

Le discours d’Edouard Philippe devait dévoiler « l’architecture » de la réforme des retraites. En réalité ce discours à repris la quasi-totalité du rapport Delevoye et s’est contenté d’apporter quelques précisions.

 

Les dates de mise en place du système à points ont été clarifiées

La réforme s’appliquerait aux personnes nées en 1975 et après.

Les personnes nées avant 1975 ne seraient pas concernées, le montant de leur retraite resterait calculé à partir du nombre de trimestres acquis. Ce n’est plus la « clause du grand père » mais celle du « grand frère » qui serait appliquée. Le grand frère serait épargné mais pas le petit frère.

Les personnes nées entre 1975 et 2004, fonctionnaires, salariés des régimes spéciaux, salariés des régimes de base du secteur privé se verraient appliqué deux systèmes de retraites. Jusqu’en 2025 leurs droits à la retraite resteraient calculés en trimestres et, à partir de 2025, leurs droits seraient calculés en points.

Les personnes nées en 2004 et après verraient l’intégralité de leurs droits calculée en points dès 2022 (l’âge de leur 18 ans).

Pour les salariés des régimes spéciaux (SNCF, RATP, Industries électriques et gazières…), seuls les salariés nés à partir de 1980 (pour ceux qui liquident leurs droits à 57 ans) et 1985 (pour ceux qui partent à 52 ans) seront concernés. C’est la clause du « tout petit-frère » !

 

Les dates de présentation de la réforme au Parlement ont été précisées et avancées

La réforme devrait être présentée au Conseil des Ministres le 22 janvier 2020 puis au Parlement fin février 2020.

 

Quelques modifications sur le fond ont été apportées

 

L’âge pivot en-dessous duquel le montant de la retraite subirait des pénalités de 5 % par an resterait fixé à 64 ans mais ne serait appliqué qu’en 2027 au lieu de 20025. L’âge de départ en retraite ne serait plus, de fait, 62 ans mais 64 ans.

 

Le niveau de retraites de enseignants serait « sanctuarisé » mais la définition de ce terme (« comparable au niveau des retraites des fonctions ou des métiers équivalents dans la Fonction publique ») est imprécis et les moyens d’y parvenir ne sont pas définis.

 

Le montant des retraites serait augmenté de 2 % pour les familles de  trois enfants et plus. Elles ne représentent, selon l’Institut national de la démographie que 16,4 % des familles en France, alors que les femmes ayant eu un, deux ou trois enfants seront lourdement pénalisées par le système à points.

 

L’entourloupe d’Edouard Philippe concernant l’indexation des points acquis

Edouard Philippe a tout fait, par le flou de son discours sur cette question, pour laisser croire qu’une « règle d’or » garantirait que la valeur de service du point, à partir de laquelle serait calculé le montant de la retraites, ne baisserait pas.

 

La « règle d’or » ne concernerait, en fait que l’indexation sur l’évolution des salaires des points acquis par le futur retraité. Ainsi, un salarié qui aurait accumulé 1000 points au cours de l’année 2025 verrait la valeur de ce point indexée sur l’augmentation des salaires. Cela signifie que s’il prenait sa retraite cinq ans plus tard, en 2030, le nombre de points acquis au cours de l’année 2025 pourrait (par exemple) être revalorisé à 1100 points.  Mais cela ne absolument rien de la valeur du point de service en 2030 : cette valeur restera fixée, comme le précisait le rapport Delevoye, en fonction de l’augmentation de l’espérance de vie, de l’état de l’économie et de l’équilibre du système.

 

Edouard Philippe n’a apporté aucune garantie concernant la valeur de service du point, déterminante pour calculer le montant de la retraite. Pire, si la revalorisation du nombre de points acquis en fonction de l’augmentation des salaires, déséquilibrait l’équilibre financier du système à points, il faudrait baisser d’autant la valeur de service du point pour assurer l’équilibre du système. Ce qui aurait été donné d’une main serait repris de l’autre. Tout cela n’est que poudre aux yeux.

 

 

Solidarité de GDS avec les responsables LFI condamnés

Solidarité de GDS avec les responsables LFI condamnés

 

Il y a un an, le domicile personnel de Jean-Luc Mélenchon était perquisitionné pendant plusieurs heures, ainsi que les locaux du Parti de gauche (PG) et de La France Insoumise (LFI). Ces méthodes honteuses constituent une grave atteinte aux libertés démocratiques.

Aujourd’hui Jean-Luc  Mélenchon, Bastien Lachaud et Manuel Bompard, élus et responsables nationaux de La France insoumise (LFI) viennent d’être condamnés, ce qui illustre un « deux poids, deux mesures » alors que les riches et les puissants bénéficient le plus souvent d’une impunité.

Le réseau de la Gauche Démocratique et Sociale (GDS) tient à leur exprimer sa solidarité.

Les forces de gauche et le mouvement social ne se laisseront pas intimider ! Au contraire, cela doit renforcer notre détermination à construire un front populaire écologique et social, comme débouché politique aux luttes des salariés (actifs, privés d’emploi ou à la retraite) et  de la jeunesse pour le retrait du rapport Macron-Delevoye.

Pour la Gauche démocratique et sociale (GDS)

Gérard Filoche

 

Macron pour « l’universalité » de la retraite ? Se moque de qui ?

 

 

Pendant 2 ans de 2015 à 2017, Macron n’a eu qu’un credo : la hiérarchie des normes en droit du travail doit être renversée,  le principe de faveur doit être supprimé, la loi doit s’effacer devant le contrat, il ne faut plus de droit universel mais un droit du travail souple, flexible, entreprise par entreprise, au cas par cas. D’où des carrières disloquées, disparates, hachées, où les salariés sans protection juridique, sont tirés inégalement vers le bas.

Et voilà que maintenant Macron veut des retraites universelles, « un euro pour un euro », un « système de points unique » pour 30 millions de salariés, tous « traités pareil » en faisant croire que ça ne fera pas baisser les retraites, qui seront pourtant toutes désormais calculées  « également » sur 40 annuités.

De qui se moque t il ?  Comment avoir avec une retraite universelle pareille pour toutes et tous quand on a des carrières disparates et inégales ?

Macron a bataillé pour donner la priorité aux contrats des entreprises afin qu’ils l’emportent sur la loi commune : le voilà qui s’acharne à supprimer tous les contrats ! Après avoir cassé les lois au nom des conventions collectives, il casse les conventions collectives au nom de la loi.

Ce n’est pas pour des raisons financières, puisqu’il l’a écrit dans on livre « Révolution » (sic) :  « Après plus de vingt ans de réformes successives, le problème des retraites n’est plus un problème financier ».

Donc il s’embarque dans une bataille selon lui, décisive, au prix de la paralysie du pays tout entier, pour que tout le monde soit traité pareil, il veut supprimer le régime des 3401 mineurs de fond survivants, celui de 250 égoutiers à Paris, 305 salariés de la Comédie Française, de 1850 salariés de l’Opéra de Paris, de 200 salariés des Ports autonome de Bordeaux et de Strasbourg, de 20 050 marins,  de 47 618 Clercs et employés de notaires, de 12 029 retraités de la banque de France… soit un total de 420 000 retraités sur 17 millions.

Pour ça, Edouard Philippe t’annonce qu’il va te piquer de l’argent toute ta retraite jusqu’à ta mort et qu’il « ne veut pas de confrontation ». Provocation, incompétence ? Ils communiquent « Le gouvernement peaufine sa réforme ».

Castaner lâche : la retraite des policiers sera préservée (de ce malheur ?). On lit : « Dans Les Echos » : EXCLUSIF Réforme des retraites : vers une transition sur mesure pour les cadres à hauts salaires – Le gouvernement fait des ouvertures en direction de la CGC en proposant de ne pas supprimer immédiatement les cotisations créatrices de droits au-delà de 10. 000 euros de revenus mensuels. La baisse pourrait s’étaler sur quinze ans. L’obligation de garder six mois de réserves dans le futur régime rassurerait également les partenaires sociaux ».

Ah, en fait c’est un transfert de bas en haut au sein des inégalités existantes ?

 

Gérard Filoche

 

Au boulot n°471  chronique a lire chaque semaine dans l’Humanité Dimanche

 

retraites PRIVÉ-PUBLIC: TOUTES ET TOUS CONCERNÉ·ES!

 

 

Gérard Filoche, Anne de Haro et Éric Thouzeau

Responsables de la Gauche démocratique et sociale (GDS)

 

 

Édouard Philippe et Agnès Buzyn dénoncent les grèves « corporatistes » des salariés de la SNCF et de la RATP. Emmanuel Macron s’en prend à « ceux qui défendent le maintien des régimes spéciaux ». Tout d’abord, les régimes spéciaux, ça n’existe pas, ce sont des accords d’entreprise, des éléments du contrat de travail collectif, des conventions collectives !

Loin d’être « corporatistes », les grévistes de la SNCF et de la RATP sont les premiers de cordée d’une grève, à laquelle tous les salarié·es sont appelé·es à partir du 5 décembre, contre le système de retraites à points qui ne ferait que des perdants parmi les salariés, qu’ils soient du privé ou du public. La « justice » dont se réclame ce projet consisterait à niveler vers le bas tous les régimes de retraite en calculant les retraites sur la base du salaire moyen de toute la carrière et non plus sur le salaire moyen des 25 meilleures années ou des six derniers mois. L’« équité » dont se réclame ce projet consisterait à instaurer un« âge pivot », fixé à 64 ans dès 2025. Partir avant cet âge serait puni par une diminution du montant de la retraite.

L’« âge pivot » ne pourrait qu’augmenter rapidement car le système de retraite à points serait pris en étau. La première mâchoire de cet étau serait un double plafonnement, celui du taux des cotisations sociales à 28,12 % et celui de la part du PIB destinée à financer les retraites à 14 %. L’autre mâchoire serait l’augmentation d’environ 6 millions du nombre de personnes de plus de 65 ans en 2040. Le nombre de convives augmentera mais pas la taille du gâteau. Résultat, la part du gâteau pour chacun·e diminuera. Ce sera une baisse généralisée des pensions !

La « transparence » dont se réclame ce projet consisterait à fixer une valeur du point servant de base au calcul du montant de la retraite qui varierait chaque année en fonction de l’évolution de l’espérance de vie, de l’état de santé de l’économie, de l’équilibre financier du système à points. Personne ne pourrait donc prévoir le montant de sa retraite. Les « premiers de cordée » d’Em- manuel Macron n’ont rien de sympathiques alpinistes. Ils utilisent ceux d’en bas pour parvenir au sommet et n’hésitent pas à couper la corde, en licenciant à tour de bras, pour pouvoir y rester.

Les seuls véritables corporatistes, les seuls défenseurs de privilèges exorbitants, sont les actionnaires des grands groupes. Leurs fondés de pouvoir à l’Élysée et à Matignon n’hésitent pas à « prendre toute la France en otage » pour tenter de mettre en place un système de retraite qui accroîtrait ces privilèges. Le système à points aurait le grand mérite pour la corporation des actionnaires de ne pas augmenter la part patronale des cotisations retraite et ferait une place au soleil, de plus en plus grande, aux fonds de pension, à la finance, aux banques et aux assurances.

C’est tout l’inverse qu’il faut imposer ! Augmenter la part consacrée aux retraites, comme à la santé. Avec quelques dixièmes d’augmentation des cotisations, la

« bosse » démographique serait absorbée. D’autant que cette « bosse » sera de courte durée avec le boom des naissances des 20 dernières années. Gardons une retraite solidaire et améliorons-la ! Refusons le transfert des budgets de la retraite à celui de l’État ! Car c’est le hold-up qu’ils préparent.

 

 

 

Régimes normaux

 

Il n’y a pas de « régimes spéciaux », ca n’existe pas, menez la guerre à ces mots là ! Ne les laissez pas prononcer sans réagir.  C’est comme les « charges sociales », ça n’existe pas,  ce sont des « cotisations sociales », « salaire brut ». C’est comme la « réforme » des retraites », c’est la « casse » des retraites. La bataille des mots a une énorme importance.

Ces « régimes » (420 700 personnes sur 17 millions de retraités) sont tous différents puisqu’on a tous des métiers et branches, des qualifications et salaires différents.  « L’universalité » égalitaire soudaine de Macron est un attrape-nigaud : il y a 18 mois il cassait le droit du travail universel et maintenant il prétend imposer des retraites universelles ?

Chaque branche, chaque statut a lutté et négocié des conventions collectives, avec des compensations,  adaptations en fonction des nuisances,  souffrances au travail. Ce sont des régimes adaptés, ça n’a rien de « spécial », c’est normal, c’est justice. Ca concerne 1,7% des actuels retraités. En supprimant ces régimes compensés, Macron ré introduit les inégalités qu’ils effaçaient

250 égoutiers de Paris n’ont pas un régime « sp….. » mais un régime adapté, normal car respirer des eaux usées, du monoxyde de carbone, de l’hydrogène sulfurée, ça tue. Salaires 1300 nets quand tu commences, 2300 nets quand tu finis. En plus de leurs combinaisons, bottes, gants, il ont deux masques, l’un ordinaire, ventilé, filtrant c’est déjà étouffant dans les égouts amiantés, et un autre à la ceinture en cas d’alerte qui sonne ou vibre, détecteur de gaz meurtriers. Ce deuxième masque « auto-sauveteur » a une durée d’un quart d’heure, tu le serres avec les dents, et tu fuis le H2S. L’espérance de vie est 17 ans de moins qu’un cadre, 10 ans de moins qu’un ouvrier : autour de 58 ans. Cancers de la peau, des voies respiratoires. Leur régime de retraite leur permettait de partir à 50 ans. Il a été attaqué par tous ces salauds qui ne veulent pas de « régime sp…. »  maintenant ils partent à 52 ans.

Et il y en a encore qui veulent supprimer ces 52 ans ! Au nom du régime « universel » de Macron ! Le gouvernement prétend soudain nous traiter : « tous pareils » ! Enlever le pain qu’il y a dans l’assiette de 1,7 % d’entre nous, ne donne pas du beurre dans l’assiette des autres.

« Tous pareils » à 62, 65 ou 70 ans, ça veut dire la mort au boulot pour les égoutiers ! Par contre il y a 1000 autres salariés de droit privé qui descendent dans les bassins d’épuration, un réseau gravitaire à Paris collecteur des sables pollués, eaux acides, et qui courent les mêmes risques mortels, ceux là, leur retraite est actuellement à 62 ans, ça c’est intolérablement « spécial » :  ils devraient pouvoir partir « pareil », adaptés comme les égoutiers. « Normal » : retour à 50 ans à taux plein,  75 % calculée sur 10 meilleures années, indexée sur les salaires et prix.

Gérard Filoche (merci a Emmanuel)