Surveillez votre bulletin de paie, regardez comment ils vont faire mourir le budget séparé de la Sécurité sociale

A juste titre, on le voit, avec ce qui se passe, j’étais hostile à la CSG de Rocard depuis le départ, en 1989. (contrairement à JL Mélenchon, et aujourd’hui au programme FI dit « AEC » rédigé sur ce point par JL Mélenchon et Liem Hoang Ngoc qui ont fait le continuum entre Rocard et FI : on en débattait déjà avec « Nouveau monde » entre 2003 et 2005) En fait Rocard 1989 c’était déjà un premier pas vers un plan pour siphonner les cotisations sociales et enlever, déjà, la Sécurité sociale du salaire brut. But déjà : baisser le cout du travail.

Mais en cours de route, ça s’est bloqué parce que le Conseil constitutionnel a jugé que c’était une nouvelle « contribution » (sic) qui devait être affectée à la Sécu et qu’en conséquence elle ne devait pas être progressive. Elle est restée proportionnelle. Elle affecte à 90 % les salariés et retraites mais très peu le capital contrairement à ce qui est vanté ici et là.

Alors, ils cherchent depuis trente ans à sortir de cette impasse, faire grossir la CSG, l’affecter à l’impôt, éventuellement la rendre progressive (mais c’est loin d’être sûr, Jospin avait essayé, mais n’ayant pas réussi, il a renoncé) il leur faut pour cela modifier la Constitution : le député LREM préposé Olivier Veran a essayé deux fois en commission cet été les 3 et 19 juillet 2018,

Ils poussent le bouchon quand même, prélèvent l’impôt à la source (avec une savante manipulation des bulletins de paie entre octobre 2018 et janvier 2019 par crainte comme ils le disent dans leur décret du 14 mai 2018 d’un « choc psychologique » ), ils viennent d’annoncer qu’ils refusent pour la première fois officiellement de rembourser les exonérations de cotisation par l’état à l’euro l’euro, et transférent ainsi par manoeuvre, la « Sécu » de l’employeur à l’Etat, de la cotisation à l’impôt, on passe du système dit de Bismarck à celui de Beveridge, anglo-saxon, ils feront un seul budget Etat-Sécu, et il n’y aura plus de masse salariale pré affectée à la Sécu, (rappelons qu’il y a en 2019 498 milliards au budget sécu et 413 milliards seulement au budget de l’etat). Comme ils ont désendetté la Sécu à force de privations, il ne leur restera plus qu’à couler un budget assaini dans un budget de l’état qui génère actuellement 78 % de la dette présumée du pays.

Ils feront ce qu’ils veulent ensuite, obscurcir les choix, réduire la part sociale, diminuer les prestations, renvoyer aux mutuelles et complémentaires privées multiples, puiser dans l’ex-bas de laine qui ne sera plus séparé  du budget Sécu pour se servir de l’argent pour faire un « porte-avion nucléaire nouvelle génération » à 6 milliards, etc.

7 Commentaires

  1. Bourdais Marc
    Posted 23 octobre 2018 at 21:24 | Permalien

    La privatisation de la sécu c’est le rêve ultime des libéraux. Un budget annuel de presque 500 milliards… Il y a de quoi se faire beaucoup d’amis.

    En comparaison du budget de l’état, et malgré certains abus des professionnels de santé et des laboratoires, la Sécu a toujours été bien géré avec le plus souvent moins de 1% de déficit annuel.

    Comme ce déficit provient en majorité des exonérations de cotisations non compensées décidé par l’état : la Sécu est mal gérée !

    Si vous coupez toutes les pattes d’une grenouille …et elle devient sourde. CQFD

  2. Posted 24 octobre 2018 at 6:37 | Permalien

    L’Europe ne doit pas accepter
    Encore une fois, une annonce irresponsable de Donald Trump risque de déstabiliser la situation internationale. Après la remise en cause de l’accord sur le climat (COP 21) et de l’accord sur le nucléaire iranien, il s’agit cette fois-ci de l’Europe, qui deviendra un champ de bataille nucléaire potentiel, si le traité de 1987 sur l’interdiction des armes nucléaires de portée intermédiaire (FNI) est abrogé. Rien de moins !

    Cette annonce, si elle est suivie d’effet, est d’une extrême gravité. (…)

    Lire le texte et écouter mon interview Paul Quiles

  3. Posted 24 octobre 2018 at 13:33 | Permalien

    C’est un débat de fond assez complexe, mais un enjeu central pour la gauche.

    Je vais essayer de le résumer autant que possible.

    Aujourd’hui seul le capital crée de la valeur ajoutée (surtravail) validée par le marché. Le capital en déduit que la définition du travail se limite à la valorisation d’un capital, autrement dit le travail salarié et toutes autres activités marchandes. Les autres activités rémunérées sont une charge pour la société puisqu’elles n’augmentent pas la masse monétaire. Par exemple la fonction publique, bien qu’utile à la société, doit se cantonner aux grandes fonctions régaliennes financées par l’impôt (le moins élevé possible, cela va de soi). Le reste doit être maintenu dans le secteur marchand.

    Harribey (ainsi que quelques autres dont nous faisons partie me semble-t-il) considère que la fonction publique produit de la valeur supplémentaire. La monétisation par l’impôt et la cotisation sociale valide socialement leur production de richesses comme le fait le marché. Ce qui justifie l’ajout par la comptabilité nationale depuis 1976 de la valeur économique estimée avoir été créée par celle-ci, en utilisant la méthode dite « du coût des facteurs », c’est-à-dire en estimant que cette valeur est égale à la somme des salaires et des consommations de capital fixe de la fonction publique.

    Ce n’est qu’une convention comptable, car celle-ci ne s’accompagne pas de monnaie en circulation supplémentaire puisque l’impôt et la cotisation transfèrent la valeur ajoutée marchande au salaire des fonctionnaires (les libéraux diront qu’il y a ponction). Mais cette convention comptable est essentielle car elle reconnaît qu’il peut y avoir création de valeur hors de l’entreprise privée. Nous avons contraint le capital à reconnaître le travail en dehors de l’emploi capitaliste.

    Concernant la question épineuse des retraités, car c’est bien ce dont il s’agit dans le mail d’Harribey. Nous disons (Friot, Jean-François et quelques autres) que les retraités sont producteurs de valeurs d’usages pour la société que ce soit dans le cadre, associatif, familiale ou citoyen. Comment évaluer la production de valeur économique des retraités ? Exactement comme pour les fonctionnaires, au coût des facteurs. Le poids des retraites représente 14% du PIB, il correspond à la production de valeur économique des retraités.

    Harribey s’y oppose considérant qu’il n’y a pas validation sociale de la production des retraités et que leur production ne correspond à aucune demande. Ce que nous contestons. Il y a une demande sociale en dehors de la validation des marchés, n’en déplaise à Harribey. Et s’il n’y a pas aujourd’hui validation sociale (donc politique) de la production de valeur économique des retraités. Nous lui répondons qu’il n’en était pas autrement avant 1976 pour les fonctionnaires, étaient-ils pour autant improductifs ?

    C’est pourquoi nous disons que les retraités travaillent. Leur pension est un salaire continué qui reconnaît leur production de valeur économique dans des activités libres. Ils ne sont pas à la charge de la société. Nous ne sommes pas improductifs en dehors de l’emploi capitaliste ou du travail contraint. Il en va de même pour les allocations familiales qui reconnaissent le travail domestique, les allocations chômage qui reconnaissent le travail des chômeurs (ne serait-ce que celui rechercher le poste où ils seront utiles à la société), le RSA qui reconnaît la production de valeur d’usage de ses allocataires (qui ne sont pas plus inutiles que les retraités), et pourquoi pas demain un salaire étudiant pour la jeunesse qui travaille à se former pour remplacer les générations précédentes. Bref, le capital ne doit pas nous imposer sa définition du travail, pas plus qu’il ne doit nous imposer une production sociale qu’il limite à ses exigences de rentabilité. Pas plus que Harribey ne doit nous imposer ses critères de validation sociale. Les milliers de personnes qui contribuent à la production de valeurs d’usage en dehors de l’emploi ne sont pas des assistés qui coûtent un pognon dingue. Ils répondent à des besoins sociaux non marchand et sont tous un maillons de la chaîne de création de valeur ajoutée qui n’est l’expression monétaire que d’une partie de l’activité humaine nécessaire à la société. Le socialisme en socialisant la valeur émancipe le travail de sa pratique capitaliste dans le cadre de l’entreprise mais aussi en dehors.

    Ce qui est enjeu c’est la défition du travail, la répartion de la valeur et quel monde nous voulons construire.

    J’espère ne pas avoir été trop long ni trop fastidieux mais ce sont des débats que nous n’avons pas trop l’occasion d’avoir entre nous, c’est pourquoi je l’ai saisie.

    Amicalement,

    Frédéric

  4. samare
    Posted 24 octobre 2018 at 15:05 | Permalien

    Merci, j’ai appris plein de choses….

  5. Posted 25 octobre 2018 at 11:35 | Permalien

    Bonjour,

    Ce sont les traités d’ européens (l’Acte unique notamment) qui ont ouvert l’UE et chacun de ses États à la libre circulation des capitaux, c’est-à-dire aux marchés financiers. Il est donc difficile d’affirmer que les traités européens n’ont rien à voir avec les marchés financiers.

    La zone euro est pourtant une zone suffisamment importante pour que les capitaux ne puissent faire comme si elle n’existait pas. Il serait donc tout à fait possible d’instaurer un contrôle des capitaux à l’entrée et à la sortie de l’UE, comme il est possible d’interdire les produits dérivés (qui font courir le risque d’une nouvelle crise financière) et de séparer les activités de détail des banques de leurs activité spéculatives. Mais cela, l’UE ne le fait pas car elle ne veut faire au capital nulle peine même légère et que les marchés financiers sont la meilleure arme pour obliger les États de l’UE à respecter les 3 %, les 60 % ou les 0,5 % du PIB qui sont des seuils économiquement parfaitement arbitraires.

    L’UE s’est servi de l’arme des marchés financier pour imposer des réformes structurelles d’une grande violence à la Grèce, à l’Irlande, au Portugal, à l’Espagne. Ces pays ne pouvant plus se refinancer sur les marché financiers (les taux étant devenus beaucoup trop élevés)ont dû faire appel au Mécanisme européen de stabilité financière qui conditionnait les crédits qu’il accordait à ces pays (pour racheter les titres de leurs dettes publiques qui arrivaient à échéance) à des réformes structurelles : privatisation des services publics, baisse des salaires, des retraites, des prestations sociales…

    Et cela, l’UE l’aurait fait sans savoir ce qu’elle faisait ?

    Il n’est pas, non plus, possible de faire comme si la Commission européenne ne savait pas ce qu’elle faisait en menaçant l’Italie d’une procédure pour « déficit excessif » : elle sait parfaitement que cela entraînera une hausse des taux de la dette publique italienne qui, passés un certain seuil, deviendraient impossible à supporter, surtout quand un État a une dette supérieur à 130 % de son PIB. C’est bien en agissant qu’elle espère faire céder l’Italie.

    Les traités européens ont consciemment construit cet agencement : libre circulation des capitaux, déficits publics limités à 3 %du PIB d’un État (traité d’Amsterdam de 1997) puis à 0,5 % (TSCG en 2012), sanctions pour « déficits excessifs » (3,2 milliards pour l’Italie si la sanction était appliquée) et surtout hausse des taux de la dette publique sur les marchés financiers, permis par la libre circulation des capitaux : la boucle est bouclée. A chacun de ses traités (Acte unique, Traité de Maastricht, traité d’Amsterdam, traité de Lisbonne, TSCG) de très nombreux économistes avaient, pourtant, mis en évidence ce que signifiaient ces traités et l’enchaînement de ces traités.

    L’UE est, cependant, devant une contradiction : il lui faut faire augmenter les taux italiens pour obliger le gouvernement italien à céder mais pas trop, pour ne pas entraîner une nouvelle crise de l’euro (ce ne serait jamais que la 14ème !) C’est bien pour cela que Moscovici était à Rome, vendredi dernier, et affirmait qu’il n’y avait pas de risque de contagion. S’il n’y en avait pas, pourquoi le dire ?

    Cordialement,
    JJC

  6. Posted 25 octobre 2018 at 11:37 | Permalien

    Ma chronique dans  » L’Humanité de ce mercredi 24 octobre 2018 :
    Ca souffle dans les bronches du capital
    En France, des économistes pourtant bien en cours – de ceux qui passent dans les radios et les télés -, et même le quotidien « Les Echos », journal qui est au Medef et à Macron ce que l’Huma est aux communistes et progressistes, alertent sur le risque très proche que le ciel nous tombe sur la tête et que le monde entier subisse d’ici peu une tornade financière pire que celle de 2007-2008. Certes, ils le font bien après des économistes keynésiens et marxistes, particulièrement chez ces derniers ceux de l’école de pensée fondée par Paul Boccara, mais ils ont malgré tout le mérite d’une certaine lucidité. Au niveau international, plusieurs institutions comme le Fonds Monétaire International (FMI), la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), tirent aussi la sonnette d’alarme.
    Comme en 2007, les alertes se multiplient. Un vent de panique souffle sur les places financières asiatiques. La valeur des titres placés dans les Bourses chinoises a reculé de 3 000 milliards de dollars et de 36 % depuis le début de l’année. L’Argentine, l’Inde et le Brésil, l’Italie sont au plus mal. Wall-Street, la Mecque de la spéculation financière, a elle-même été secouée cet automne après l’avoir été en février dernier. Le CAC 40 français n’est pas épargné. . Ca souffle dans les bronches du capital !
    On sait que cela va arriver, mais on ne fait rien pour l’empêcher. Nos économistes de cour, nos doctes institutions, les « Echos » persistent et encouragent nos gouvernants et les chefs d’entreprises à continuer de saigner le pékin. Le problème serait plus que jamais le coût du travail, la dépense et les services publics, les prétendus privilèges des retraités, le « pognon de dingue » de l’aide aux plus pauvres et pas le coût du capital, de sa razzia sur la richesse créée et il faudrait permettre aux premiers de cordée de s’enrichir encore plus. C’est justement parce que la finance est montée si haut, parce qu’elle vampirise à ce point le travail qu’elle risque de redescendre si bas, entraînant les autres acteurs dans sa chute.
    Cette situation impose aux forces de progrès de conduire une action pour que le monde du travail ne paie pas les pots cassés d’une crise qui ne sera pas de son fait. Agir contre la hausse de la CSG, la baisse de l’APL, celle de l’impôt sur la fortune, la privatisation des services publics, contre le chômage et pour l’emploi efficace, une autre utilisation de l’argent et des ressources, c’est se prémunir contre ce prochain et terrible hoquet du capital.
    Pierre Ivorra

  7. Bourdais Marc
    Posted 25 octobre 2018 at 12:36 | Permalien

    Question:

    Si la finance est à ce point si puissante qu’elle semble dicter sa loi à tous les états européens, quelle serait en France la marge de manœuvre d’un gouvernement de gauche pour mener une vrai politique sociale, voir socialiste?

    Si l’UE n’en donne aucune et qu’en la quittant on se suicide, alors tous ceux que l’on dépeint aujourd’hui comme des traitres n’ont fait que suivre l’ordre établis.

    J’ose espérer qu’il nous reste encore quelques atouts dans ce jeu de dupe et que la résistance a du sens. Faute de quoi il deviendra de plus en plus difficile de défendre la notion même de démocratie.

    Le Brésil n’est pas si loin!

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