De Commercy à Saint-Nazaire

 

 

La campagne de calomnies contre les gilets jaunes atteint des sommets! Il sont accusés de tout, violents, incultes, analphabètes, homophobes, fascistes, antisémites, alcooliques, incompétents, paresseux,  fauteurs  de fermetures de  magasins,  « jojos » incultes, «  gitans » manipulés, tous ne sont que des « riens » au yeux de Macron, de sa bande, et de la finance qui a main mise sur le gouvernement et la presse du pays.

Ils sont réprimés avec une violence sans précédent, 8500 arrestations, 3500 condamnations, des milliers de blessés des centaines de mutilés, aveuglés, tabassés.

La justice fait de l’abattage, les gros médias font du bourrage de cranes digne d’une dictature,  des « intellectuels » se déchainent et les dénaturent avec des gros mots à faire honte. Des notabilités se lâchent de façon porcine, viscérale, « ils me font chier ».

Les uns, Ferry, appellent même à « tirer », d’autres, Ciotti, à les « interdire », Gaspard Gantzer parle de leur QI de « cons », Val dit qu’ils sont « une honte » et Apathie aussi.  Quatremer parle d’un « mouvement de beaufs d’extrême droite, factieux, et rouges bruns ». Brice Couturier : « Foutez-les en taule ! Rétablissez l’ordre. Simples citoyens ? Mon œil ! Des factieux et des fascistes. »  Christophe Barbier : « Il faut supprimer la redevance télé. Beaucoup de Gilets Jaunes regardent la télé, car ils n’ont pas beaucoup d’autres distractions dans la vie. » BHL : « Les Gilets Jaunes se situent entre l’histoire de France et la poubelle. » « l’antisemitisme est au cœur des GJ ». Dassier dit qu’ils sont « islamo gauchistes ». Calvi qu’ils sont « au Venezuela ». Gorce dessine dans Le Monde « un « troupeau d’abrutis ».

Tous appellent à leur disparition, comme s’ils pouvaient les effacer avec rage.

Castaner diminue les chiffres de manifestants en les divisant par 10, façon de les mépriser, de dire qu’ils ne seront pas entendus.  Toutes les semaines l’essoufflement du mouvement est annoncée, de pseudos sondages sont fabriqués pour les isoler artificiellement.

Et pourtant le mouvement des GJ dure depuis trois mois, il est ancré socialement en profondeur dans le pays, il compte parmi les plus importants depuis 50 ans, il est unique au monde, il est extraordinairement basiste, créatif, opiniâtre, collectif, unitaire, il concerne de facto des millions de salariés, 70 % des français le soutiennent encore malgré l’avalanche de « fake news » « officielles » déversées. Les syndicats associations, organisations de gauche les plus dynamiques l’ont rejoint, y participent depuis longtemps (tout comme nous GDS depuis le 17  novembre, « nous sommes gilets jaunes ! »).

Au cours de l’acte XIV, samedi 16 février, il y avait davantage de monde, il y avait du soleil, tout allait bien, les cortèges étaient plus gros, 99 % des manifestations des GJ se passant sans racisme ni antisémitisme et même sans violences, mais ils ont réussi à trouver un incident de quelques secondes, qu’ils ont grossi, et manipulé en l’instrumentalisant jusqu’à la moelle pour discréditer ce beau mouvement social (tout en affaiblissant hélas, du même coup l’efficacité de la juste cause qu’ils prétendent défendre, le combat contre l’antisémitisme).

Ils disent que les Gilets jaunes ont dégénéré, mais c’est pour mieux refuser d’écouter. Macron se répand fanatiquement en propagande d’état tout azimut, abusant par diversion de tous les gros médias des 9 milliardaires à sa disposition, il ne parle que de sujets secondaires, de la culture des fraises, ne prononce jamais le mot salaire, refuse de hausser les retraites et minimas sociaux et surtout pas de la répartition des richesses pourtant le sujet principal au coeur de cette immense et profonde  révolte.

En fait les Gilets jaunes ont tenu bon contre les tentatives  de manipulation, de scission, de dévoiement, ils écartent leurs arrivistes, l’extrême droite et c’est parce qu’ils défendent toujours le « social au coeur », retraite, salaire,  qu’il font peur au pouvoir  et que celui-ci se déchaine. Toutes les enquêtes, livres, sondages, et études, universitaires, sociologiques, historiques,  géographiques, démographiques,  linguistiques, journalistiques, (même Le Monde)  démontrent la puissance et la volonté sociale de la mobilisation : 95 % à gauche et moins de 5 % de fachos, racistes, que les médias macroniens mettent en avant.

Les listes de revendications les plus complètes, les plus discutées, amendées sont celles du 17 novembre (42 revendications) et celles de Toulouse et Commercy, recoupant les programmes de la majorité des partis de gauche. Hausse des salaires, baisse des dividendes, redistribuer les richesses.

 

L’auto organisation progresse, « l’assemblée des assemblées » de Commercy du 9 février a été une réussite avec la participation de délégués de 75 ronds-points, débattant d’une plateforme commune, pendant 7 heures,  et prévoyant une réunion plus nationale, plus avancée a Saint-Nazaire les 5 et 6 et 7 avril à leur « Maison du peuple » : 2000 délégués s’y inscrivent au inscriptionassemblee@riseup.net.

On marche vers un printemps géant.

Le film de Ruffin-Perret  est un succès de masse et doit être projeté diffusé partout avec débats et meetings, si possible avec toute la gauche unie.

Macron et ses épigones sont d’autant plus violents, sectaires, arrogants, qu’il sont désemparés : au fond, Macron tâtonne sur un referendum à 5, 6 ou 10 questions, en mai ou en octobre, il ne sait s’il faut faire diversion ne parlant qu’institutions, ou s’il doit aussi concéder des questions sociales, il ne sait s’il faut lâcher du lest ou foncer encore dans sa « contre révolution pro  France start up ubérisée, post salariale. »

Cet affrontement de classe a  pris un caractère central : quitte ou double, le reste du salariat pas encore engagé dans le combat, a le dos au mur. C’est la révolution permanente ou la contre révolution gagnante. Si elle l’emporte la macronie envisage désormais cyniquement et ouvertement de rogner les congés payés, la gratuité des soins, les niveaux et l’âge des retraites, tout ce qui reste du droit du travail.  C’est le sort historique du salariat tout entier qui est en jeu, c’est son combat généralisé, pas seulement sur les ronds-points mais dans toutes les entreprises qui est à l’ordre du jour.

 

« Les puissants ne cèdent jamais rien, ni la liberté, ni le pain » « pour eux la négociation c’est la guerre » (in « La guerre des pauvres ») Eric Vuillard Ed Actes sud pour Macron son « grand débat » totalitaire fourre tout, c’est la continuation de la répression
Pierre Perret sur les #GiletsJaunes: « Le gouvernement est à des années-lumière de leur quotidien. Il a charge d’âmes auxquelles il ne comprend rien. (…) On n’a pas le droit de traiter les gens comme ça quand on dirige un pays. »
« Le boxeur, la vidéo qu’il fait avant de se rendre… il a été briefé par un avocat d’extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n’a pas les mots d’un gitan. Il n’a pas les mots d’un boxeur gitan. » in Le Point 1er fév. ces propos d’E. Macron : racisme et haine de classe
« Ami, entends-tu le vol noir de la finance sur nos paies / Ami, entends-tu la souffrance populaire sans pareille / Ohé, villageois, citadines et banlieusards, c’est l’alarme… » Par les ‪#GiletsJaunes de Commercy
ci dessous la   »une » du calendrier 2019 original édité par les gilets jaunes de St Nazaire pour financer la réunion d’avril :

 

437 000 ruptures conventionnelles en 2018 : une tragédie pour les salariés

Oui, bien sur, 437 000 salariés ont signé une « auto rupture » de leur contrat de travail en 2018. Les services du ministère du travail et le Medef s’en vantent. C’est une hausse de 3,9 % en 12 mois.  53 % sont des employés,  18 % d’ouvriers, 11 % de techniciens et contremaitres, 18 % de cadres.

Ce dispositif rappelons-le, permet la rupture INDIVIDUELLE du contrat de travail  SANS MOTIF entre patron et salarié, ce dernier ayant quand même droit  à des indemnités de départ et aux allocations que son assurance chômage doit lui assurer.

Jadis il existait des « transactions », elles étaient écrites et négociées mais elles devaient être « motivées » ce qui impliquait des « concessions réciproques ». Mais ça, c’était « jadis ».

En échange de leur acceptation et départ volontaires, maintenant, ouvriers et employés touchent respectivement autour de 1128 euros et 950 euros d’indemnités en moyenne. Epsilon. Avec seulement 3 ans d’ancienneté cela ne fait plus que 510 et 573 euros.  17 % des indemnisés par Pole Emploi le sont après une rupture conventionnelle (et ca coute, nous dit on,  5,3 milliards d’euros aux caisses d’assurance chômage pour 262 000 de ces « ruptures »).

C’est tout bénéfice pour le patronat.

Il n’y a plus de procédures, plus d’obligations, ces « ruptures conventionnelles » remplacent les anciens licenciements économiques.

Pourtant dans 2/3 des cas ce sont les patrons qui sont à l’initiative et provoquent le départ de leurs salariés un par un, sous pression, menace, chantage, dégoût. Pas de plan social. Pas de plan de formation ni de projet de ré emploi. Finies les obligations sociales des entreprises : l’état leur donne tout avec les impôts des salariés et elles n’ont pas de contreparties à rendre.

Ca augmente le chômage, car la Dares reconnaît que de 5 à 15 % des « ruptures » n’auraient pas eu lieu sans ce système entièrement à la main du patron.

Le député Macronien Sylvain Maillard se réjouit, et propose même qu’à l’avenir il n’y ait plus d’indemnités puisque le salarié est censé signer « de son plein gré »…

Le secrétaire d’état Dussopt propose même la création d’une rupture conventionnelle version secteur public  pour les agents contractuels en CDI.

Ca fait mal tout ça.

Le salariat est le dos au mur. Sur ce point comme sur tant d’autres.

La convention 158 de l’OIT signée par la France précise pourtant que toute rupture de contrat doit être motivée et comme pour les plafonds d’indemnité, les prudhommes ont une brèche juridique pour remettre en cause ce système … Mais pour cela il faut que les salariés eux mêmes, avec leurs syndicats, se battent et refusent.

 

Gérard Filoche

 

interdiction des contrats courts

 

Le salariat de France compte parmi les deux ou trois plus productifs au monde, c’est un magnifique salariat.

 

Le problème c’est le patronat français, son bilan est catastrophique, il a laissé  reculer massivement l’industrie, il a laissé creuser le chômage de masse tout en dévorant des centaines de milliards d’aides de l’état, il préfère spéculer dans les paradis fiscaux plutôt que d’investir et d’embaucher.  Il maintient un niveau artificiel global de 15 à 18 % de précaires (jeunes, femmes, immigrés), alors, que même en Allemagne, un quota maximal de 2,5 % est de précaires est instauré dans les entreprises de plus de 300 salariés.

 

Et puis dans les services, il multiplie les « contrats courts » de moins d’un mois, 2,7 % des contrats, pour « jouer » avec une flexibilité maximale, en faisant payer les « creux » par l’assurance chômage. Ce système odieux est en hausse depuis plusieurs décennies, et cela vaut pour l’hôtellerie, la restauration, les activités de services administratifs, l’événementiel, le commerce et la réparation automobile, le transport et la logistique.

Qui peut vivre à la merci de contrats successifs de moins d’un mois ?

 

La principale Fédération patronale des cafés, hôtels, restaurants, l’UMIH, (740 000 salariés dont 380 000 contrats de moins d’un mois) propose d’aggraver cette situation avec un nouveau contrat de travail baptisé « contrat de mobilités». Ce serait un contrat à durée indéterminée, porté par une plate-forme agréée par la branche et qui regrouperait les différentes missions d’un salarié pour différents établissements. Une durée maximum de recours serait imposée pour un même employeur. Le cout de cette flexibilité serait assumé par l’employeur via un double abondement : une cotisation à l’assurance-chômage au taux classique de 4,05 % du salaire brut, à laquelle s’ajouterait une contribution « sécurisation » sur un compte en euros dont le travailleur pourrait disposer librement lorsqu’il est en intermissions.

 

En fait c’est le choix d’une ubérisation de plus dans la profession des serveuses et serveurs.

 

Les patrons confirment qu’ils sont incompétents pour recruter, former et garder leurs personnels, ils ne savent plus ni s’attacher les salariés, ni bien les payer, ils les traitent comme des pions. Menacés d’un « bonus-malus » (ça fait 20 ans qu’on en parle), ils se lancent dans une fuite en avant vers la flexibilité plutôt que dans le retour à des CDI.

 

Une seule solution :les contraindre à renoncer à leur facilités, leurs désengagements, leurs mépris, encadrer sévèrement leur laisser-aller, par la loi et la sanction pécuniaire. Interdire les contrats courts, majorer fortement les salaires des  CDD et de l’intérim, limiter le renouvellement des contrats successifs, interdire aux entreprises d’avoir plus de 5 % de précaires en même temps.

 

Gérard Filoche

 

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Combattre le racisme et l’antisémitisme

 

L’antisémitisme est l’une des formes du racisme, ce système dont le fondement idéologique est une prétendue hiérarchie ou de supposées différences infranchissables, imposées par la « nature », entre des « races », des  « civilisations » ou des « cultures ». En réalité, l’antisémitisme est, comme toutes les autres formes de racismes, le produit d’une construction sociale, même si cette dernière est, comme pour toute forme de racisme, spécifique.

 

I-Antijudaïsme et antisémitisme

 

L’antisémitisme est apparu au XIXème siècle, en même temps que le déterminisme biologique dont la principale fonction était de justifier l’entreprise de colonisation mais, aussi, de légitimer, dans les métropoles, l’assignation de chacun et de chacune à la position sociale que la « nature » lui avait dévolue. Cet antisémitisme a pour ancêtre l’antijudaïsme religieux mais il s’en distingue fortement.

.1-L’antijudaïsme religieux européen a engendré de nombreux crimes

Les Juifs qui se trouvaient sur les chemins de la première croisade, à la fin du XIème siècle, ont subi d’odieux massacres, particulièrement en Rhénanie. N’étaient-ils pas, aux yeux des croisés, les descendants des « déicides », des Juifs qui auraient crucifié Jésus, le fils de Dieu ?

Le roi de France Louis IX, dit Saint Louis, avait frappé les Juifs de multiples interdits, ordonné que des milliers d’exemplaires du Talmud soient brûlés en place publique et obligé les Juifs, dès l’âge de 12 ans, à porter une « rouelle » jaune, les désignant à la haine publique, causant ainsi de multiples morts et mutilations.

En 1306, le roi de France Philippe Le Bel, après avoir dépouillé les Juifs de France de leurs biens, les expulsa par dizaines de milliers.

La haine des Juifs ne se limitait pas aux catholiques, Martin Luther publia en 1543 Des Juifs et de leurs mensonges. Il y affirmait : « Aussi nous sommes même coupables si nous ne vengeons pas tout ce sang innocent de notre Seigneur et des Chrétiens qu’ils ont répandu pendant les trois cents ans après la destruction de Jérusalem, et le sang des enfants qu’ils ont répandu depuis lors (qui brille encore de leurs yeux et de leur peau). Nous sommes fautifs de ne pas les tuer. »

Dans l’Espagne de la « Reconquête », les Juifs ont subi les conversions forcées, la condamnation d’au moins 120 000 d’entre eux au bannissement (avec les milliers de morts qui l’ont accompagné), après le décret du 31 mars 1492, les tortures et les exécutions des Marranes par l’Inquisition.

Cependant, la différence entre l’antijudaïsme religieux et l’antisémitisme d’Hitler est d’ordre qualitatif. Les mettre sur le même plan en viendrait à banaliser Auschwitz. 

L’antijudaïsme du Moyen Âge ou de la Renaissance était essentiellement religieux. L’antisémitisme nazi était d’une tout autre nature. Il combinait l’idéologie raciale se réclamant de la biologie et du darwinisme social (seuls les plus forts peuvent survivre), avec la froide rationalité instrumentale et la technologie meurtrière du capitalisme. L’aboutissement de cette combinaison fut le génocide de 6 millions de Juifs européens. Pour les nazis, à la différence de Torquemada, aucune conversion, même faisant l’objet d’une suspicion constante,  n’était possible : c’était la « race biologique » qui déterminait le sort des Juifs.

 

2-En France, comme dans toute l’Europe, l’antijudaïsme religieux s’est transformé en antisémitisme

  • Le rôle de certains socialistes « utopiques » et de certains anarchistes

De nombreux socialistes n’ont pas pris parti pour l’antisémitisme. Ce fut notamment le cas de Claude-Henri Saint-Simon, Étienne Cabet, Constantin Pecqueur, Louis Blanc. Mais d’autres n’y ont pas échappé. Les trois principaux furent Charles Fourrier, Pierre-Joseph Proudhon et surtout, Alphonse Toussenel.

Charles Fourrier, dans sa Théorie de l’unité universelle(1822), voyait les Juifs comme des parasites improductifs, « s’adonnant exclusivement au trafic, à l’usure et aux dépravations mercantiles ».

Dans ses Carnets de décembre 1847, Pierre-Joseph Proudhon écrivait, à propos des Juifs : « Demander son expulsion de France, à l’exception des individus mariés avec des Françaises ; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi, poursuivre enfin l’abolition de ce culte. Ce n’est pas pour rien que les chrétiens les ont appelés déicides. Le juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l’exterminer. »

Alphonse Toussenel reprendra dans son livre  Les Juifs rois de l’époque. Histoire de la féodalité financière, paru en 1845, en les exacerbant, les éléments antisémites disséminés dans l’œuvre de Charles Fourrier. Il écrivait, notamment : « La répulsion universelle que le juif a inspirée si longtemps n’était que la juste punition de son implacable orgueil, et nos mépris les représailles légitimes de la haine qu’il semblait porter au reste de l’humanité ».

Les écrits de Charles Fourier constituaient une critique féroce de la société capitaliste en train de naître, l’antisémitisme était très loin d’y occuper une place centrale. Il en allait de même pour Pierre-Joseph Proudhon dont les écrits avaient, avant tout, pour objet la critique de la propriété. Toussenel ne limitait pas sa critique aux Juifs mais l’étendait aux protestants : « Genevois, Hollandais, Anglais, Américains ».

Ce sont pourtant ces penseurs socialistes anarchistes, auxquels il faudrait ajouter Auguste Chirac, Pierre Leroux ou Élisée Reclus, qui créent le mythe du Juif « roi de la finance ». La gauche française, comme toute la société, baigne alors dans un imaginaire judéophobe qui trouve son origine dans la culture catholique de l’époque. Pour écrire La France Juive, Édouard Drumont puisera sans vergogne dans le brûlot antisémite de Toussenel. Michel Dreyfus le souligne : « Formulée entre 1844 et 1847, les conceptions de Toussenel et Proudhon anticipent d’une quarantaine d’année l’antisémitisme moderne[1] ».

  • L’antisémitisme d’extrême droite

A l’extrême droite, l’antisémitisme connut d’importantes poussées.

D’abord, lors de l’aventure du Général Boulanger, de 1885 à 1899, qui mobilisa aussi une partie de la gauche et de l’affaire Dreyfus entre 1894 et 1906.

Maurice Barrès servit de lien entre l’ancien antijudaïsme et ce nouvel antisémitisme en qualifiant la cérémonie de dégradation du capitaine Dreyfus de « parade de Judas »et en décrétant : « Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race ». Edouard Drumont, auteur de l’un des livres antisémites les plus ignobles La France juive, dirigeait La libre parole qui titra, lors de la condamnation de Dreyfus « Le traître condamné – Mort aux Juifs ! ». L’auteur de la chanson Le clairon, Paul Déroulède,  tenta même de faire un coup d’État en cherchant, en vain, à faire marcher une unité de cavalerie contre le parlement de la République honnie.

La deuxième montée de l’antisémitisme, avant la Seconde Guerre mondiale, fut celle des ligues fascistes dans les années 1920 et surtout 1930 : Solidarité française du très riche parfumeur François Coty, le Francisme de Marcel Bucard, le Parti populaire français de l’ancien communiste Jacques Doriot, la Cagoule d’Eugène Deloncle, les Chemises vertes d’Henry Dorgères, le fasciste paysan…

La mobilisation des syndicats et des forces de gauche, la victoire du Front populaire et la dissolution des « ligues factieuses » donnèrent un coup d’arrêt à la montée du fascisme mais la victoire des armées hitlériennes en 1940 permit une nouvelle éclosion des partis fascistes et antisémites et la mise en place d’une politique de persécution des Juifs.

Dans la zone occupée par les nazis, le PPF de Doriot, le MSR de Deloncle, le RNP de l’ancien socialiste Marcel Déat, chacun se voulant plus antisémite que l’autre, avaient, à Paris, pignon sur rue. L’administration française, qui s’était mise progressivement sous les ordres de l’occupant à partir de l’armistice de 1940, participait activement (comme lors de la rafle du Vel d’Hiv en 1942) à la traque des Juifs et à leur envoi vers les camps d’extermination.

Dans la zone non-occupée, le gouvernement du maréchal Pétain mettait en place, dès octobre 1940, un premier statut des Juifs, sans que l’Allemagne ait même eu à en faire la demande. Un second statut, en juin 1941, aggravait le premier. Au total, les Juifs français étaient chassés de la fonction publique, de l’armée, de l’enseignement, de la presse, de la radio, du cinéma, et voyaient leur nombre limité à 3 % à l’université et à 2 % dans les professions libérales. En juillet 1941, ils durent céder les droits qu’ils détenaient sur des entreprises à des « Aryens ». Quant aux Juifs étrangers, ils furent parqués dans les camps de concentration, d’internement ou de déportation, à Gurs, à Rivesaltes ou aux Milles, avant d’être, pour la plupart, livrés aux nazis.

Plus que toute autre organisation d’extrême-droite, l’Action française de Charles Maurras, illustra la trajectoire de l’antisémitisme militant en France pendant ces presque 50 ans. Créée en 1899, au moment de l’affaire Dreyfus, cette organisation s’illustra aussitôt par son antisémitisme virulent. Le 5 juin 1936, lors de l’arrivée de Léon Blum à la tête du gouvernement, son journal titrait : « La France sous le Juif ». En 1945, condamné à la réclusion perpétuelle pour sa conduite pendant l’occupation allemande, Charles Maurras s’écriait : « C’est la vengeance de Dreyfus ». La boucle était bouclée.

3-Le mythe du « complot juif »

L’antisémitisme a, comme toute forme de racisme, une dimension systématique. Mais il est, de surcroît, lié à une forme de « complotisme » qui trouve son expression la plus achevée, dans le faux réalisé par l’Okhrana, la police tsariste, Le protocole des sages de Sion, en 1901. Ce faux prétend rassembler les  comtes rendus de plusieurs réunions secrètes visant à instaurer un pouvoir juif sur le monde et établissant les moyens d’y parvenir. Il s’agissait en fait d’un décalque, notamment, d’un pamphlet contre Napoléon III, datant de 1864. Ce fut l’une des pièces maîtresses de la propagande antisémite, tout particulièrement celle des nazis et d’Hitler lui-même, qui s’appuya sur ce faux dans Mein Kampf pour étayer ce qu’était, à ses yeux, le « complot juif ».

L’antisémitisme prétend interpréter un monde de plus en plus complexe, de plus en plus injuste et inégalitaire en identifiant les Juifs à l’argent, au capital et tout particulièrement au capital financier. Il cherche au moyen de cet imaginaire, à personnifier la domination abstraite du capital. Cette identification est évidemment fausse et trompeuse.

Fausse, tout d’abord parce qu’elle prétend faire de tout Juif un capitaliste, un financier, alors que l’immense majorité des Juifs sont, comme tout le monde, employés, ouvriers, cadres, enseignants, fonctionnaires, petits artisans ou petits commerçants, ont des professions intermédiaires, libérales…

Trompeuse, ensuite, parce cette identification du capital aux Juifs permet de laisser au second plan la quasi-totalité des capitalistes et de faire, ainsi, diversion à la lutte anticapitaliste.

4-L’antisémitisme est toujours là en France et il tue

De l’injure à la violence, en passant par la menace, il peut prendre bien des aspects dont les plus effrayants sont l’assassinat d’Ilan Halimi, le 13 février 2006, un jeune homme de 23 ans, retrouvé agonisant, brûlé et supplicié parce qu’il était Juif ; l’assassinat, le 19 mars 2012, par Mohammed Merah, de quatre personnes dont trois enfants, à l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse ; le viol d’une femme sous les yeux de son mari, lors d’un cambriolage le 19 mars 2012 à Créteil (« puisqu’ils sont Juifs, ils devaient avoir de l’argent » expliquent les auteurs du viol et du cambriolage) ; l’assassinat de quatre personnes, au Musée juif de Bruxelles, le 24 mai 2014 par un Français, Mehdi Nemmouche ; l’assassinat, par un terroristes se réclamant de l’ « État islamique », Amedy Coulibaly, de quatre personnes dans une supérette casher de la porte de Vincennes, à Paris, le 8 janvier 2015…

 

II- Antisémitisme et antisionisme

 

La question de savoir s’il est possible d’assimiler antisémitisme et critique de la politique d’Israël se pose avec acuité dans notre pays.

Le 20 juillet 2014, le Premier ministre, Manuels Valls, fustigeait un antisémitisme nouveau qui se serait caché « derrière la haine de l’Etat d’Israël ». Il n’avait pas mené cette charge à n’importe quelle occasion mais lors de commémoration de la Rafle du Vel d’Hiv, des 16 et 17 juillet 1942.

Lors de la cérémonie du 75e anniversaire de cette rafle,  le 16 juillet 2017, le tout nouveau président de la République, Emmanuel Macron, faisait un pas de plus dans l’amalgame en déclarant : « Nous ne cèderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme ». 

Mais de quel « antisionisme » parlait-il ? Il est au moins possible d’en distinguer trois formes, si l’on ne considère pas qu’une pensée simpliste soit préférable à une pensée un tant soit peu complexe. La première forme prise par l’antisionisme est historique, les deux autres formes sont contemporaines.

1-L’antisionisme à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle

Cet antisionisme était celui qui opposait la grande majorité des Juifs de Russie et d’Europe orientale ou centrale, au sionisme à la fin du siècle dernier. Le sionisme, en effet, est un mouvement politique moderne né à la fin du XIXème siècle, alors limité à l’Europe. Il était au départ extrêmement minoritaire et se heurtait à une quadruple opposition.

D’abord, celle du Bund (Union générale juive en Russie et Pologne) qui luttait à la fois contre l’oppression nationale dont les Juifs étaient victimes et contre l’oppression sociale subie par l’ensemble du prolétariat russe et polonais.

Ensuite, celles de la très grande majorité des rabbins qui considéraient que la venue du « Messie » devait précéder le retour à « Sion ».

Puis, celle des Juifs qui se considéraient comme assimilés, en Allemagne, notamment.

Enfin, une quatrième opposition se manifestait alors, très concrètement lors du départ massif (un tiers des Juifs européens entre 1880 et 1920) pour une « Terre promise », loin des vexations, des discriminations multiples et des violences qui étaient leur lot quotidien en Europe de l’Est, culminant dans d’atroces pogroms comme ceux de Kishinev, en 1903 et 1905. Une infime minorité (3 % seulement) de ces migrants, de ces réfugiés choisirent comme destination la Palestine, malgré les exhortations du mouvement sioniste. La très grande majorité (90 %) choisit les Etats-Unis.

Ces Juifs qui s’opposaient au sionisme dans les débats d’idées et dans les faits quand ils choisissaient d’émigrer aux États-Unis ou en France et non en Palestine étaient-ils antisémites ?

2-Les deux formes contemporaines de l’antisionisme

  • Un antisionisme qui ne reconnaît pas le fait national juif et l’État d’Israël

Cette forme d’antisionismeconsidère que les Juifs n’auraient rien à faire, en tant que peuple, en tant que nation et surtout en tant qu’État, dans ce qui était la Palestine historique. Cette forme d’antisionisme n’est évidemment pas acceptable.

Il est impossible, en effet, de nier l’existence d’une nation israélienne, d’un État israélien qui a été reconnu par l’ONU, il y a 70 ans, et qui a été le refuge de populations juives persécutées par les nazis, les régimes nationalistes ou les monarchies arabes, les régimes staliniens, les militaires éthiopiens …

  • Un antisionisme qui reconnaît le fait national juif et l’existence de l’État d’Israël

Cette forme d’antisionisme n’est pas celle du refus d’un État israélien, mais celle du refus d’un État supposant un « droit au retour » pour tous les Juifs du monde en Israël.

Ce « droit au retour » implique, de facto, l’impossibilité d’un « droit au retour » pour les Palestiniens expulsés de Palestine et pour leurs descendants, contrairement aux très nombreuses résolutions de l’ONU, notamment à la résolution 194 de son Assemblée générale, adoptée le 11 décembre 1948.

Pendant des décennies, l’État d’Israël a nié l’expulsion des Palestiniens des terres qu’ils occupaient en 1948, et affirmé que la Palestine était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». « Les nouveaux historiens israéliens », Benny Morris et Lian Pappe[1] en particulier, ont mis à mal ce mythe et établi que la guerre de 1948 avait provoqué l’expulsion de 800 000 Palestiniens d’Israël. 250 000 autres avaient, au mépris du droit international, été obligés de prendre le chemin de l’exil en 1967. En 2010, l’UNRWA (Office de l’Onu pour les réfugiés de Palestine) comptabilisait 4,7 millions de Palestiniens condamnés à l’exil.

Ce « droit au retour » de tous les Juifs, voulu par l’État d’Israël, implique également une colonisation continue des terres palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Ce n’est pas un hasard si Israël n’a pas de frontières définies : la colonisation les modifierait sans cesse.

En 2010, l’UNRWA (Office de l’ONU pour les réfugiés de Palestine) comptabilisait 4,7 millions de Palestiniens condamnés à l’exil.

Le grand historien israélien, spécialiste du fascisme, Zeev Sternhell, donnait son opinion sur cette question en écrivant, le 18 février 2018 dans une tribune du Monde[3] : « Pour les Smotrich[2], Shaked[3]et Zohar[4], un juif de Brooklyn qui n’a peut-être jamais mis les pieds sur cette terre en est le propriétaire légitime mais l’Arabe qui y est né, comme ses ancêtres avant lui, est un étranger dont la présence est acceptée uniquement par la volonté des juifs et de leur humanité. »

3-À qui profite la confusion entretenue entre ces deux formes d’antisionisme ?

La réponse est simple : au gouvernement dominé par la droite et l’extrême droite israéliennes de Benjamin Netanyahou,

Lorsque ce dernier remerciait Emmanuel Macron, le 16 juillet 2017, il précisait : « On ne peut pas dire : je n’ai rien contre les Juifs mais je ne veux pas que leur pays existe ». Tout le problème était dans la signification du mot « leur ». S’agissait-il d’un pays qui garantirait un retour pour tous les Juifs du monde, interdisant ainsi le retour des Palestiniens qui avaient été chassés ou s’agissait-il d’un pays qui accepterait l’existence d’un État palestinien indépendant et réellement viable ?

Si le Premier ministre israélien avait choisi la deuxième option, il aurait cherché à bénéficier de la neutralité (même très vigilante) d’une partie des antisionistes, ceux qui reconnaissent le fait national israélien et son droit à disposer d’un État. La confusion qu’il a soigneusement entretenue entre les deux formes d’antisionisme indique clairement que la solution qu’il retenait était celle du « droit au retour » de tous les Juifs du monde en Israël. Un « droit au retour » qui interdit l’existence d’un État palestinien indépendant et viable. Une solution parfaitement conforme, d’ailleurs, à la politique menée par tous les gouvernements que Benjamin Netanyahou a dirigés ou auxquels il a participé depuis 2002, l’année où il devint le ministre des Affaires étrangères d’Ariel Sharon.

  • Empêcher toute critique de la politique d’Israël

La confusion entre les deux formes d’antisionisme et leur assimilation à l’antisémitisme a une fonction précise : empêcher toute critique de la politique d’Israël.

Dominique Vidal, collaborateur du Monde diplomatiqueécrit dans Médiapart : « L’antisionisme critique l’idéologie sioniste selon laquelle les Juifs, inassimilables dans les pays où ils vivent, devraient être rassemblés dans un État qui leur soit propre. Il s’agit donc d’une opinion, qu’on peut approuver ou rejeter, mais qui ne saurait constituer un délit. » Il ajoute : « D’ailleurs, imagine-t-on les communistes demander l’interdiction de l’anticommunisme, les gaullistes celle de l’antigaullisme, les néolibéraux celle de l’altermondialisme ? »

Fallait-il renoncer à critiquer l’agression israélienne contre Gaza durant l’été 2014 ? D’un côté, 2 143 tués palestiniens dans la bande de Gaza, selon les chiffres du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU. 70,3 % des Palestiniens tués sont des civils, dont 250 femmes et 480 enfants et adolescents de 10 jours à 17 ans, selon l’Unicef. De l’autre côté, 64 soldats israéliens ont été tués ainsi que 4 civils, dont un enfant de 4 ans. 375 civils palestiniens tués pour un civil israélien.

Fallait-il renoncer à critiquer la nomination d’un dirigeant d’extrême droite, Agvidor Liebermann, au poste de ministre de la Défense ? Un individu qui, selon Marianne (30/05/2016) considérait que la bombe nucléaire serait une solution lorsqu’il déclarait : « Nous devons combattre le Hamas comme les Etats-Unis ont combattu les Japonais. Les Américains ont vaincu le Japon sans invasion terrestre, rendant une occupation militaire absolument superflue. »

Zeev Sternhell devait-il se taire ou critiquer la politique d’Israël, pour tenter d’éviter sa dérive vers un régime d’apartheid, comme il l’a fait dans sa tribune du Monde, le 20 février 2018 ?  Il a choisi de ne pas se taire et de critiquer la politique israélienne. Qui oserait, cependant,  prétendre que ce grand historien, membre de l’Académie israélienne des sciences et lettres, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, est un antisémite ?

4-Ne pas banaliser l’antisémitisme

Pascal Boniface écrit[2] : « Il y a des antisémites qui s’opposent à Israël, c’est-à-dire des gens qui s’opposent systématiquement à Israël parce que – et uniquement parce que – c’est un État juif. Il ne faut pas nier l’antisémitisme. Il faut le combattre encore et toujours parce qu’il n’a pas disparu. Mais il ne faut pas non plus l’instrumentaliser ». D’autant, ajoute-t-il, que cette instrumentalisation est dangereuse car elle « revient à banaliser l’antisémitisme. Si tout le monde est antisémite, alors personne ne l’est ».

Pierre Vidal-Naquet, l’historien qui a été le fer de la lutte contre le négationnisme, contre ceux qui « assassinent la mémoire » en niant la réalité du génocide juif pendant la Seconde Guerre mondiale écrivait, en 1995 : « Si une pierre jetée par un garçon ou une fille des territoires occupées (…), si même une bombe jetée sur un bus par un terroriste palestinien est la continuation du génocide, le résultat immanquable de ce type d’affirmation est que certains de ceux qui estiment que les Palestiniens ont de bonnes raisons de se rebeller penseront tout naturellement que la Shoah elle-même n’a pas été la terrifiante tragédie que nous connaissons.[5]»

 

5-La gauche, l’antisémitisme et l’antisionisme en France

  • L’antisémitisme ne fait plus, depuis l’Affaire Dreyfus, partie du programme de la gauche

Depuis la bataille menée par Jean Jaurès, l’antisémitisme est désormais clairement classé à droite et à l’extrême-droite. L’antisémitisme n’est plus considéré comme le « socialisme des imbéciles » (selon la formule du président de la IIème Internationale, August Bebel), mais comme le masque de la droite, de l’extrême droite, du capitalisme catholique.

L’antisémitisme, à gauche, ne sera plus repris que par des groupes marginaux, tels les partisans de Georges Sorel, l’auteur de Réflexions sur la violence.

Cependant, dans les années 1930, la SFIO sera divisée entre sa majorité, dirigée par Léon Blum, et une minorité de pacifistes qui renoue avec l’antisémitisme en même temps qu’elle dénonce le « bellicisme » de Léon Blum, accusé de vouloir précipiter la France dans une guerre contre Hitler dans le seul but d’aider les Juifs allemands.

  • Les procès antisémites en URSS et dans le « bloc de l’Est » avant la chute du mur de Berlin

Lors du « procès Slansky » dans la Tchécoslovaquie de 1952, 11 des accusés sur 14 étaient Juifs. La très grande majorité de ceux qui ont été condamnés l’étaient également, notamment l’ancien secrétaire général du parti communiste tchécoslovaque, Rudolf Slansky.

Comme l’a montré la suite de l’histoire et le récit de d’Arthur London, l’un des rares accusés à avoir été gracié, le procès contre ces « trotskistes-sionistes-titistes », était été monté de toutes pièces et les aveux arrachés par la torture et le chantage. Le film de Costa-Gavras, L’Aveu (1970), avec Yves Montand et Simone Signoret en rend lumineusement compte.

La dénonciation d’un « complot des blouses blanches » dans l’URSS stalinienne entraîna l’arrestation de plusieurs centaines de Juifs, médecins et pharmaciens. La mort de Joseph Staline, le 1ermars 1953, leur permit d’avoir la vie sauve et d’être réhabilités.

Dans un cas comme dans l’autre, les responsables de ces attaques antisémites étaient la bureaucratie stalinienne qui avait réussi sa contre-révolution à la fin des années 1920 en URSS et liquidé les acquis démocratiques de la révolution d’Octobre 1917. Cette caste bureaucratique n’était pas de gauche. Elle n’eut d’ailleurs aucune difficulté, après l’éclatement de l’URSS, à se transformer en un classe de capitalistes dirigeant la Russie. L’ancien officier du KGB, Vladimir Poutine, en est un parfait exemple.

En dehors du bloc de l’Est, les partis de gauche qui, tels le PCF, avait soutenu les accusations portées contre les accusés de ce procès et de ce « complot » ont tous reconnu, depuis, qu’ils avaient fait là une terrible erreur.

  • La question du négationnisme

Certains des négationnistes (ceux qui nient l’existence de la Shoah, de l’existence des chambres à gaz dans les camps d’extermination nazi) étaient au départ des militants de gauche ou d’extrême gauche.

Paul Rassinier fut communiste, socialiste, résistant, déporté à Buchenwald. Serge Thion fut militant du PSU. Roger Garaudy fut un dirigeant important du PCF. Alain Soral fut adhérent du PCF pendant un peu plus de trois ans.

Mais ils avaient coupé tout lien avec le Parti socialiste, le Parti communiste ou le PSU quand ils se mirent à développer leur théorie négationniste. Robert Faurisson fut soutenu par la Vieille Taupe mais c’était une secte de l’ultragauche, totalement marginale et comptant au plus une vingtaine de militants que son soutien au négationnisme fit rapidement passer du côté de l’extrême droite.

Le chef d’orchestre des négationnistes fut, en fait, un homme d’extrême droite, Maurice Bardèche. Il en avait été, en France, leur précurseur lorsqu’il publia en 1948 Nuremberg ou la terre promise. Il dirigeait une revue néo-nazie Défense de l’Occident, dans laquelle il donnait la parole aux négationnistes venus de la gauche mais surtout aux négationnistes d’extrême droite : lui-même, Richard Harwood, Ties Christophersen, François Duprat…. Il sut parfaitement instrumentaliser Paul Rassinier et son livre Le mensonge d’Ulysse ainsi que les autres négationnistes venus de la gauche. Il édita leurs écrits et fit en sorte que ce soit les groupes d’extrême droite et leurs organes de presse qui se chargent de faire leur publicité et de les utiliser à leurs fins.

Les négationnistes venus de la gauche, n’avaient plus rien à voir avec la gauche ou l’extrême gauche. 

  • Les mobilisations en défense des Palestiniens

Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherche au CNRS, constatait en 2009 : « L’hypothèse d’une « nouvelle judéophobie » qui permettrait un retour de l’antisémitisme sous couvert de critique de la politique israélienne, et qui traduirait un déplacement de l’antisémitisme de l’extrême droite vers l’extrême gauche, est invalidée également par les travaux scientifiques. Ces derniers montrent en effet que, dans les opinions d’extrême droite, on observe bien une conjonction ou un amalgame entre antisémitisme et anti-israélisme, mais que c’est le contraire dans les opinions de gauche et d’extrême gauche : les plus hostiles à la politique de l’Etat d’Israël sont souvent en même temps les moins antisémites.[4]»

Le Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Israéliens et Palestiniens organisait une série de manifestations, notamment à Paris le 23 juillet 2014, qui ont réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ce collectif réunissait de nombreuses organisations de gauche (dont 33 députés socialistes), antiracistes ou de défense des Palestiniens (dont l’Union des Juifs français pour la paix). Toutes ces organisations se s’étaient prononcées pour la création de deux États indépendants et viables : un État israélien et un État palestinien Ces organisations s’opposaient à l’agression israélienne contre la population de Gaza, mais aucune d’entre elles ne remettait en cause l’existence d’un État israélien.

6-Antisémitisme et antisionisme dans la jeunesse des quartiers populaires

Le soutien de ces jeunes Français à la cause palestinienne ne serait pas, pour certains, politique mais « religieux », « culturel » ou « communautariste », ces jeunes ne pouvant accéder à la pensée politique.

Le soutien au peuple palestinien n’est pas une nouveauté. Le début de la décennie 1970 avait vu son développement dans l’immigration. Les « Comités de soutien à la résistance palestinienne » alors créés, étendirent rapidement leur lutte à celle contre le racisme en France et liaient, ainsi, la défense des travailleurs immigrés et celle des Palestiniens.

Les jeunes des quartiers populaires comprennent aisément les similitudes, même si elles sont d’un autre degré, entre les discriminations qu’ils subissent et celles dont souffrent les Palestiniens. Ils comprennent aussi, intimement, ce que peut signifier la colonisation infligée aux Palestiniens car chacune de leurs familles continue à en porter la douloureuse mémoire.

Le rapport « Un refus croissant de l’autre[5] », rédigé par d’éminents chercheurs, notamment Nonna Mayer et Vincent Tiberj, considère cependant que « le rejet des Juifs est plus structuré par les stéréotypes classiques du pouvoir, de l’argent, l’accusation de communautarisme que par les perceptions d’Israël » Un antisémitisme qui a donc moins à voir avec la politique d’Israël qu’avec Charles Maurras, Edouard Drumont ou certains fondateurs du Front national.

Tous ces gens-là ayant, eux-mêmes, beaucoup plus à voir avec l’extrême droite nationaliste israélienne qu’avec la cause de ces jeunes prolétaires exploités des quartiers populaires de notre pays. Des jeunes prolétaires dont les conditions de travail et de vie ne sont guère éloignées de celles de certains Juifs salariés et pauvres d’Israël, exploités eux aussi par le capitalisme, comme les autres salariés du monde entier.

 

III- La dangereuse articulation des racismes

Lors de la manifestation « Jours de colère » le 26 janvier 2014, l’alliance entre les racismes, s’était affichée sans la moindre retenue. Les partisans de Dieudonné et de ses provocations antisémites défilaient aux côtés d’une ultra-droite identitaire qui hurlait (entre autres slogans) « Najat à la batte », « Taubira casse-toi » mais aussi « Israël hors d’Europe », « Faurisson a raison, la Shoah c’est bidon ».

A Varsovie, lors des manifestations de novembre 2017 contre les quotas de réfugiés de l’Union européenne, une banderole fixée sous l’un des ponts de la ville, faisait une ignoble synthèse entre l’antijudaïsme religieux, l’antisémitisme et le racisme anti-musulmans : « Priez pour un holocauste musulman » ! Les Tsiganes n’étaient, bien sûr, pas oubliés dans ce sinistre paysage raciste.

« Ceux qui dénoncent les actes antisémites (…) mais ne disent rien des exactions anti-arabes portent une part de responsabilité dans la communautarisation des esprits et dans le renforcement de l’antisémitisme, car ce n’est pas le racisme, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne, qu’ils combattent, mais uniquement le racisme de l’autre », affirmait, en 2003, Michel Warscharsky (6)

Le professeur de philosophie de Frantz Fanon à Fort-de-France avertissait ses élèves martiniquais : «  Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » La réciproque est vraie, quand on dit du mal d’un Martiniquais ou d’un Maghrébin, c’est aussi des Juifs dont on dit du mal.

L’antisémitisme doit être fermement combattu partout, et par toutes et tous. Les combats antiracistes, cependant, ne se hiérarchisent pas. Les statistiques des violences racistes, recensées depuis des années par la Commission nationale consultative des droits de l’homme, indiquent, d’ailleurs, une progression et une régression simultanées des actes de violences racistes, anti-juifs et anti-maghrébins.

 

 


[1] Lian Pappe « Le nettoyage ethnique de la Palestine » Fayard – 2004.

[2] « Est-il possible de critiquer  Israël ? » – Éditions Robert Laffont – 2003.

[3]  Zeev Sternhell : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts » – Le Monde 18/02/2018.

[4] Laurent Mucchielli « Le pseudo retour de l’antisémitisme : un rituel du diner annuel du CRIF » – Rue 89 – 06/03/2009

[5] « Un refus croissant de l’autre » – In « La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobieAnnée 2013 ». Commission nationale consultative des droits de l’homme – La Documentation française – 03/2014.

[6] Michel Warscharsky – « Antisémitisme » – Mai 2003 – Site de la LDH de Toulon.

 


[1]Michel Dreyfus L’antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe- Ed La Découverte – 2009.

[2]Bezahel Smotrich, élu à la Knesset, membre du «  Foyer juif », une organisation religieuse, d’extrême-droite participant au gouvernement de Benjamin Netayahu.

[3]Ayet Shaked, membre du «foyer juif », ministre de la Justice du gouvernement Netanyahou.

[4]Miki Zohar – Élu du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahou, à la Knesset.

[5]Pierre Vidal-Naquet : Réflexions sur le génocide. Les juifs, la mémoire et le présent. Qui sont les assassins de la mémoire ? La Découverte 1995.

 

 

in « Manifeste contre le racisme et l’antisémitisme » G Filoche avril 2018

Appel des 500 pour l’unité de la gauche aux Européennes : 1 seule liste de gauche, pas 7 ! signez…

 

1 seule liste de gauche, pas 7 !

 

Face à l’éparpillement de la gauche lors des prochaines élections (européennes), l’aspiration à l’unité est croissante. Nous reproduisons ci-dessous le texte d’une pétition à retrouver et signer sur change.org. Parmi les premiers signataires des syndicalistes et des responsables politiques de différentes sensibilités de la gauche.

Européennes : 1 seule liste de gauche, pas 7 !

La mobilisation des Gilets jaunes s’ajoute à celles de centaines de milliers de salariés contre la loi Travail et la réforme de la SNCF. Elle s’ajoute aux luttes dans les hôpitaux, l’enseignement, les entreprises privées, aux luttes des salariés « ubérisés », aux mobilisations des retraités et aux marches pour le climat. Tout cela prépare les conditions d’une mobilisation sociale généralisée.

Macron s’entête et reste sourd pour défendre sa « France start-up », bloquer les salaires, les retraites et nourrir les dividendes. Pire, il entend accélérer sa politique au profit des plus riches. Son « grand débat » n’est là que pour lui servir de tribune en vue des élections européennes.

Une défaite de la gauche aux prochaines élections permettrait à Macron d’imposer plus facilement les lois extrêmement dangereuses qu’il prépare. Ces lois s’attaqueront aux retraites, aux chômeurs, à la Fonction publique.

Il ne faut céder sur aucun terrain à la droite et à l’extrême droite : ni sur le terrain de la mobilisation sociale et démocratique, ni sur le terrain électoral.

Il faut une liste de gauche et pas 7 ! Une convergence est possible si on écoute les militants et électeurs. 4-5 questions-clés sur le social, la fiscalité, l’écologie, la démocratie, la citoyenneté peuvent unifier.

Pour gagner, une seule liste de gauche est indispensable. Il y a urgence !

Signons cet appel : « Européennes : 1 seule liste de gauche, pas 7« , participons à des comités locaux unitaires. Sollicitons et discutons avec tous les mouvements et partis de gauche pour une liste unitaire de toute la gauche.

 

Parmi les premiers signataires :

Paul Alliès – professeur émérite université de Montpellier, Guillaume Balas – député européen, Génération.s, Philippe Batoux – ancien maire de Mérindol (84), Gérard Berthiot, ancien premier vice-président de la région Champagne-Ardenne, Jean-Claude Branchereau – syndicaliste, Patrick Brody – syndicaliste, Michel Cahen – directeur de recherche CNRS, Bordeaux, Jean-Jacques Chavigné (80), syndicaliste, cadre de banque retraité, Pierre Cheret – Conseiller régional Nouvelle Aquitaine, Fethi Chouder – adjt au maire d’Aubervilliers (93), Jean-François Claudon – syndicaliste enseignant, Tuncay Cilgi – syndicaliste, Anne De Haro – syndicaliste, Michel Descormes – adjoint au maire de St Valier (26), Gilles Desseigne – syndicaliste, Michelle Ernis – conseillère municipale Ensemble !, Saint Etienne du Rouvray (76), Sybille Fasso – adjointe au maire de Paris 10èmeGérard Filoche (75), Gauche démocratique et sociale (GDS), Christakis Georgiou, chercheur en études européennes, Université de Genève, Christian Gourdet (95) – syndicaliste, ouvrier du Livre retraité, Anne Hessel – Nouvelle Donne, Jean-Yves Lalanne – maire de Billère (64), Patrick Leborgne- ancien premier fédéral PS (35), Frédéric Lutaud – ancien membre du BN du PS (motion Hessel), Raymond Macherel - chargé de distribution cinéma, Philippe Marlière – politiste, Georges Martel – ancien responsable socialiste, secteur entreprises, Cap à gauche 19, Carine Ménage – conseillère régionale pays de la Loire (72), Bernard Motto-Ros syndicaliste (42),  Franck Noury – conseiller municipal de Nantes (44), Michel Reydon – Maire de Vialas Lozère (48), Denis Robert - écrivain, Patrice Siard – secrétaire de République et Socialisme, Catherine Touchefeu – 1ere Vice Présidente du département de Loire Atlantique, Eric Thouzeau – conseiller régional Pays de la Loire (44), Stéphane Valette – conseiller municipal d’opposition, St Chamond (42)

 

Sur change.org : « Européenne : 1 seule liste de gauche, pas 7″

 

 

Chili : les bourreaux de Victor Jara rattrapés 45 ans après leur crime

CULTURE
Victor Jara<br /> <sub>(AP Photo/Fundacion Victor Jara, Patricio Guzman) </sub> 

Victor Jara
(AP Photo/Fundacion Victor Jara, Patricio Guzman)

Neuf militaires chiliens ont été condamnés à Santiago pour la détention, la torture et l’assassinat du chanteur-dramaturge communiste Víctor Jara, arrêté au lendemain du coup d’Etat du général Augusto Pinochet de septembre 1973. L’un des crimes les plus retentissants d’une dictature alors bénie des Etats-Unis et restée globalement impunie.

Hommage à Victor Jara lors de son exhumation, le 5 décembre 2009.<br /> <sub>(AP Photo/Claudio Cruz) </sub>

Ils payent enfin. Il aura fallu près d’un demi-siècle pour que la justice rattrape quelques uns des auteurs d’un des crimes les plus emblématiques et féroces de la dictature chilienne : le supplice et l’assassinat du chanteur dramaturge Victor Jara. Leur peine, du moins – dix huit ans de prison pour huit d’entre eux – n’est pas symbolique.

 

Proche du Parti communiste et soutien du président Salvador Allende, Victor Jara était un artiste engagé et populaire, à la fois homme de théâtre et de chansons, de renommée internationale. Ses textes critiquaient la guerre au Vietnam, mais aussi la bourgeoisie chilienne déchaînée contre l’expérience socialiste amorcée trois ans plus tôt.

Celle-ci s’achève dans le sang le 11 septembre 1973. Victor Jara a 40 ans le jour de son arrestation, le lendemain même du coup d’État dirigé par le général Augusto Pinochet.

Enfermé entre mille autres au stade Chile de Santiago, il subit quatre jours de tortures et un supplice perpétré par une soldatesque déchaînée, haineuse et sadique. En public, les militaires broient à coup de crosses les mains du guitariste exécré. Ils lui tranchent les doigts et lui intiment, par dérision, l’ordre de chanter.

Victor Jara entonne alors l’hymne de l’Unité populaire. Les militaires l’abattent, ainsi que d’autres prisonniers qui ont repris le chant avec lui. On retrouvera dans son corps 44 balles. Son épouse anglaise l’enterrera le surlendemain dans une semi-clandestinité.

Mémoire longue

Fait d’horreur commis dans la joie par une dictature sûre d’elle et protégée par son parrain américain, le martyr du poète connaît un grand retentissement. Sa mémoire restera honorée.

Dans le seul monde francophone, les Français Jean Ferrat,Bernard LavilliersGilles Servat, Serge Utgé-Royo, ou le groupe Zebda, le Belge  Julios Beaucarne, le Suisse Michel Bühler, le Québécois Jean-François Lessard lui rendront hommage par leurs chansons.

La nuit chilienne, pourtant, sera longue et plus encore le chemin de la justice. Ce n’est qu’après 36 ans, en 2009, que sont rendus à Victor Jara les honneurs officiels de son pays. En 2009, son corps est exhumé et autopsié. Il a gardé les traces des 44 balles, coup de grâce inclus.

 

Après trois jours d’hommages populaires, il est enterré le 5 décembre 2009 en présence de sa veuve et leurs deux filles, de la présidente du Chili Michele Bachelet, fille d’une autre victime de Pinochet et de 5000 personnes. Le stade Chile est rebaptisé « Victor Jara ».

 

Le 3 janvier 2013, – quarante ans après les faits, donc – la justice chilienne fait incarcérer quatre personnes dont Hugo Sanchez, officier responsable de l’exécution du chanteur.

Le 24 juillet 2015, dix anciens militaires sont mis en accusation par le juge Miguel Vázquez Plaza, pour l’emprisonnement et assassinat de l’artiste. Huit d’entre eux écopent aujourd’hui de dix-huit ans de détention, le dernier de cinq ans pour complicité, quarante-cinq ans après leur crime.

Ils peuvent encore faire appel. Le dixième homme, celui qui a tiré le coup de grâce dans la nuque de Jara, vit en paix. Il s’est installé aux États-Unis dans les années 1980. Le Chili le réclame en vain.

 

sylvie braibant  TV5 Monde

 

 

Ne parlez pas « pouvoir d’achat » dites : salaire !

Du salaire !

Cela suffit de parler sans cesse de « pouvoir d’achat » il faut parler « salaire ». Disons le partout avec force aux gilets jaunes et à toutes et tous. Nous travaillons, nous sommes 24 millions de salariés actifs, occupés. Soit 90 % des actifs on ne le redira jamais assez. Le salaire c’est ce que nous percevons pour notre travail.

Un patron ne « donne » pas un salaire. Ce n’est pas un cadeau. Le patron doit payer le travail. Et il cherche à le payer le moins cher possible car, c’est la loi du profit, il doit faire le maximum de marge dessus.

Mais nous, nous cherchons à ce qu’il soit le mieux payé possible afin de pouvoir vivre décemment. Voilà trois décennies que les salaires net et bruts sont bloqués et que le capital s’enrichit davantage sur notre dos.

Macron accélère brutalement ce mouvement en cherchant à remettre en cause le salariat lui même.

Nous sommes donc en pleine explosion sociale, après les manifestants anti El Khomri, après ceux contre les Ordonnances anti travail, après les cheminots, avec les retraités et les jeunes, une nouvelle partie du salariat étant entrée en lutte avec les gilets jaunes.

C’est l’occasion de clarifier ce point essentiel. Nous ne voulons pas d’aumône, de prime d’activité, de calcul de bouts de chandelles, de jeu de déshabillage de Pierre et d’habillage de Paul, de vraies fausses heures supplémentaires. Ce n’est pas l’état – avec nos impôts – de payer du salaire à la place des patrons. Car, après les avoir « exonéré » pendant des décennies de payer les salaires bruts et super bruts, voilà que Macron les exonère de verser une part du salaire net : sur un smic cela représente 17 % (240 euros) contre 83 % « reste à charge »  du patron (1200 euros).

Ce n’est pas à l’impôt des salariés de rémunérer les profits des patrons.

Nous voulons du salaire, du vrai, du net et du brut. Que le capital paie. Nous voulons que ce soit les patrons, les actionnaires, les financiers qui nous exploitent,  qui nous paient.

C’est LA question de la vie décente et aussi de la dignité des salariés.  Un salaire net pour vivre au jour le jour associé à un salaire brut pour avoir une protection sociale, toute la vie. Les cotisations ne sont pas une « charge » ni même un impôt, elles sont constitutives du salaire, protégeons-les augmentons-les, les capitalistes sont tellement richissimes aujourd’hui qu’ils peuvent et doivent payer.

Jamais dans tous ses débats mis en scène façon propagande, Macron ne prononce le mot « salaire » !

Contraignons-le, veillons, forçons les médias à respecter le bon vocabulaire,  « Augmentez les salaires ! » «  Augmentez le Smic » « Conférence nationale sur les salaires », adaptez les conventions collectives, les grilles de salaires, échelons, niveaux coefficients, grille indiciaire des Fonctions publiques.

Payez correctement dignement et comme il faut notre travail.

 

lire chaque semaine l’Humanité dimanche chronique « au boulot »  G. Filoche

 

 

Quatrième jugement

 

Un juge, pour rester un juge, apprécie les peines. Si elles répondent à des barèmes intangibles fixes au préalable, il n’y a plus besoin de juge et plus de justice. C’est pourquoi les lois Macron 1, El Khomri et les ordonnances Macron-Pénicaud, n’auraient jamais du proposer un  barème d’indemnités plafonné aux prud’hommes. Le Conseil Constitutionnel n’aurait jamais du laisser passer cela car c’est en contradiction, nous l’avions souligné ici, dés le début,  avec les conventions de l’OIT (articles 4 et 10 de la n°158) et la déclaration européenne des droits humains de 1999.

 

Alors fort heureusement et fort courageusement, des modestes juges prud’hommes ramènent un peu de justice au travail contre les lois imposées par le Medef et la Finance. A Troyes, Amiens, Lyon et Grenoble par quatre fois, en décembre 2018 et janvier 2019, les tribunaux ont refusé le barème imposé par les ordonnances Macron, majoré les indemnités dues a titre de préjudice a des salariés licenciés « sans cause réelle et sérieuse ».

 

On sait tous ce que cela signifie d’être licencié abusivement à 55 ans,  et de ne se voir allouer qu’une petite somme plafonnée pour survivre : elle est si basse qu’elle n’est pas dissuasive envers les patrons voyous qui abusent du procédé.

 

D’autant quand cela se passe dans une période ou les salaires et indemnités des grands partons atteignent des niveaux records : le PDG Carrefour gagne 306 smic, celui de LVMH, 270 smic, celui de Danone 227. Et quand ils sont licenciés ceux reçoivent des indemnités considérables et non plafonnées.  Aucun de leurs mérites ne le justifie, les cimetières sont remplis de patrons irremplaçables de ce type. D’ailleurs on a vu avec Carlos Ghosn,  en prison depuis deux mois : Renault fonctionne toujours sans lui.

 

Mais là, avec Ghosn un premier de cordée corrompu,  a priori coupable de faute lourde, on a toujours pas vu la justice française, pas de plafonnement, et… pas d’enquête ! Combien a t il détourné des fruits de notre travail salarié ? Quelle est l’ampleur de sa fraude fiscale ? A Amsterdam avec ses hauts cadres ? Avec sa soeur payée lourdement indument ?  avec 300 000 euros à M. Bauer ? et 600 000 euros à Mme Dati ? Avec ses maisons à Rio, Beyrouth,  aux Pays-Bas ? et son mariage au Trianon en costume d’époque ? Comment le représentant de l’état (15 % des parts de Renault) a t il pu ignorer tout ça ?  Ghosn ose demander 25 millions d’indemnités et 60 000 euros par mois de retraite ?

Un juge devrait juger, non ?

 

Gérard Filoche

 

Mourir à vélo à 18 ans pour Uber et mourir à 68 ans sur un toit, deux auto entrepreneurs

Un jeune avec des lunettes de piscine, et un K-way noir, façon black block :

«  - Moi, je veux pas de patron, d’ailleurs je me suis mis à mon compte, je suis auto entrepreneur ».

« - Mais pourquoi tu manifestes contre Macron alors puisque que tu es son héros ?».

Macron, c’est la « France start up », une grande société « low cost » avec des institutions « light ». C’était écrit dans son livre intitulé « Révolution » : une « société post salariale », «  sans statut ». Sur le coup, les électeurs n’ont pas bien saisi la fine fleur de ce projet,  et dans le « Grand débat » Macron se garde d’en parler, ce qui ne l’’empêche pas de clamer qu’il ira « jusqu’au bout » et même qu’il va « accélérer » cette « Révolution ».

 

Les « auto entrepreneurs » ça vient de loin :

 

Ca fait dix ans qu’ils ont été inventés, 2009-2019 : conçus par les ultra libéraux,  par Alain Madelin,  Hervé Novelli, c’est le droit de s’auto exploiter soi-même à bas prix.  L’auto entreprise, c’est le monde de Mad Max. L’auto exploitation sans frein.

Dés 2015, Macron avait œuvré à remplacer le contrat de travail par des contrats commerciaux : «  Je ne suis pas là pour défendre les jobs existants », « Je le dis aux jeunes  ne cherchez pas des patrons, cherchez des clients ». C’était le retour des besogneux du XIX° siècle, des appointés, journaliers, tâcherons, loueurs de bras, trimardeurs.  Pour faire plus moderne, ça s’appelle start-upeurs, développeurs, incubateurs, programmeurs, auto entrepreneurs (« AE ») mais c’est vieillot comme avant la naissance du salariat.

Les AE voituriers d’Uber sont « souples », ils peuvent conduire 14 h par jour et 100 heures par semaine, sans même toucher le Smic, ils paient tout, la bagnole, l’assurance, les accidents, les 25%  de commission à Uber, et il ne leur reste rien pour leurs congés, maladie ou retraite.

Ca touche tous les secteurs et plateformes : ainsi les pilotes et hôtesses de Ryan Air sont des « AE », tout comme des professeurs de boites de cours du soir, des nounous, des femmes de ménage,  des fabricants de sandwichs dans des chaines de restauration, des informaticiens, des tailleurs de pierre dans le bâtiment et les célèbres « pédaleurs » de Deliveroo qui livrent les pizzas en des délais records.

 

Ils n’ont même pas à traverser la rue, ils s’inscrivent directement en ligne et le paiement des cotisations sociales, des impôts et taxes est regroupé dans un impôt unique et proportionnel au chiffre d’affaires. Il leur faut seulement respecter les plafonds de chiffre d’affaires définis pour la micro-entreprise, c’est-à-dire 70.000 euros par an maximum pour les activités de services, et 170.000 pour les ventes de marchandises.

 

 

Encart     Il existe 1,18 million d’AE sur le papier. Mais 39 % sont « bidons » et seulement 61 % existent dans les faits soit 729 000.  Moyenne de chiffre d’affaires 1200 euros par mois. Sur ce chiffre d’affaire le revenu touché médian mensuel est de 250 euros. 25 % ont moins de 70 euros. 10 % ont plus de 1160 euros.

 

 

Du coup la protection sociale est hyper réduite.  Ca permet aux grandes entreprises d’utiliser ces micro-entrepreneurs sans avoir à les gérer. Les questions d’horaires de travail, de droit aux congés, de formation, de chômage sont désormais à la charge du travailleur « indépendant » lui-même.

Il leur suffit de tomber malade pour comprendre :

 » – Je me suis cassé la main dans une chute en vélo en livrant une pizza, je me suis aperçu que j’étais très insuffisamment couvert, ça m’a couté 6000 euros, pas à Deliveroo mais de ma poche ».

Certes les jeunes ne pensent pas forcément à l’accident ni à leur retraite, mais, s’ils ne sont pas obligés de cotiser, quand ça arrive, il est trop tard.

Pour compenser, rattraper, il faut alors travailler plus longtemps, plus durement.

C’est comme ça qu’un ouvrier a été conduit à bosser le 3 janvier 2019 dans les Yvelines alors qu’il avait 68 ans : c’est même le Préfet qui l’a indirectement embauché « dans le cadre d’un statut d’auto-entrepreneur sous-traitant de l’entreprise » elle-même chargée de l’entretien de la Préfecture de Versailles. « Cette société avait un contrat avec la préfecture pour le nettoyage des chenaux, précise le directeur de cabinet du préfet Thierry Laurent. La victime était précisément chargée de nettoyer les gouttières». Le vieil homme, AE de 68 ans, travaillait seul en hauteur, il est tombé du 3° étage, il est mort, les secours sont arrivés trop tard, juste pour cacher le corps avec des bâches en attendant l’enquête.

Tout employeur donneur d’ordre imposant un travail au-delà des limites physiques, isolées, et sans l’ensemble des moyens que la technologie permet pour alléger et sécuriser la tâche, conduisant à un accident mortel peut être condamné lourdement pour « une faute inexcusable ». Mais là c’est un auto employeur.

 

Mourir à 18 ans pour Uber,  Franck Page.

Il avait tout l’avenir devant lui.  A quoi pensait-il ce jeudi midi 17 janvier sur son vélo ? A la musique, à la danse, à son cours d’éco ? A 18 ans, il était passionné de hip hop et de break dance, ses amis disaient de lui qu’il était un prodige dans ces disciplines. Il était d’origine ivoirienne, habitait Marmande, faisait ses études d’économie à l’Université de Bordeaux. Il travaillait pour gagner un peu d‘argent, pour le compte de UBEReats,  c’est à dire qu’il livrait des repas, payé à la course. Alors qu’il aurait du être dans un amphi  avec une allocation d’étude universitaire.  Plutôt que d’étudier, il  lui fallait pédaler vite, afin d’assurer l’horaire pour que le client mange chaud et bien.   Faut il mettre en danger des jeunes étudiants en vélo pour livrer des pizzas en grande vitesse ?   A 13 h 40, à la hauteur de la bretelle d’entrée de l’A360, dans le sens extérieur de l’échangeur 14 à Pessac Saige-Ladonne, avenue Antoine Bequerel, il a été  percuté par un camion et est décédé dans l’accident. Le conducteur, un Girondin de 47 ans, ne s’est pas rendu compte du choc et a poursuivi sa course, en le trainant sur plusieurs centaines de mètres, jusqu’à l’entrée de la rocade avant d’être interpellé par un autre conducteur de poids lourds, témoin de la scène et de s’arrêter.

 

Les coursiers à vélo sont très souvent victimes d’accidents, rappelle Arthur Hay, de la CGT des coursiers à vélo de Bordeaux.  »Nous en avons tous plusieurs par an, heureusement moins graves, mais nous sommes très vulnérables« .  Le syndicaliste souligne l’absence de formation aux règles de sécurité et la rémunération à la course. « Il faut aller vite, on n’a pas le choix. Si tu respectes le code de la route tu ne t’en sors pas ».

Quel droit va s’appliquer ? Il est auto entrepreneur, pas salarié. Ce n’est pas un accident mortel de travail mais un accident de la route !

 

Heureusement, des décisions de justice ont été prises contre Uber, enEspagne,  en Californie, ou à Londres, et la justice Néerlandaise vient de reconnaître à son tour que les livreurs Deliveroo ne sont pas des travailleurs indépendants et doivent être considérés comme des salariés.

En France aussi, Uber a perdu plusieurs procès, la Cour d’appel de Paris, le 3 décembre 2018, vient de les condamner. Les juges reconnaissent aisément qu’il  existe un  « lien de subordination juridique permanent » entre les donneurs d’ordre et les AE.Le Medef a essayé d’argumenter qu’il s’agit d’une « soumission librement consentie » et non pas d’une « subordinationjuridique». Rien n’y fait, les juges requalifient quand même les contrats,  les accidents : ils peuvent pour cela s’appuyer sur le droit du travail mondial de l’OIT ou européen de l’UE.  Mais ces victoires de la  jurisprudence ne suffisent pas, il faut que la loi prenne le relais de ces décisions de justice.

Macron et ses épigones n’ont pas du tout l’intention d’aller dans ce sens, au contraire : le député LREM Aurélien Taché vient tout juste de proposer une nouvelle loi, fêtant les « dix ans des AE » en rendant « universel » ce régime « pour  tous les actifs » ! :

« En cas de cessation d’activité, les AE n’auront pas droit au chômage, mais selon les promesses électorales de Macron ils pourront toucher 800 euros par mois pendant 6 mois. A des conditions d’accès très restrictives : il faudra avoir travaillé au moins 2 ans avec au minimum 10.000 euros de revenus, et être placé en redressement ou liquidation judiciaire ».

Ce même député macronien Aurélien Taché poursuit : « -Je ne fais pas partie de ceux qui veulent sacraliser le travail salarié (sic) Le travail indépendant est une forme de liberté, de progrès. »« Je ne suis pas favorable au versement de cotisations par le donneur d’ordre ou les plateformes … Je soutiens plutôt l’idée d’un régime universel, payé par l’impôt, qui assurerait un socle minimum de protection, auquel s’ajouteraient des cotisations du micro-entrepreneur pour accéder à une mutuelle, se couvrir contre tel ou tel risque. » …  L’intérêt d’avoir un système universel est de pouvoir passer d’un statut à l’autre, ce qui deviendra de plus en plus courant dans le futur ».

Ces cotisations volontaires seraient librement choisies, par les intéressés eux-mêmes au niveau souhaité : vous cotisez peu si vous le voulez quand vous êtes jeunes, mais si, en conséquence vous n’avez pas assez de retraite, hé bah, vous travaillerez sur les toits à l’âge de 68 ans

Ce système macronien pousse jusqu’au bout l’individualisation, la déstructuration de toute Sécurité sociale collective. La « Révolution » Macron est bel et bien une « contre révolution ».

Gérard Filoche

 

 

1 et 2 février : CN de la Gauche Démocratique et Sociale : Des solutions à la crise sociale et politique

La coordination nationale du réseau de la Gauche Démocratique et Sociale s’est réunie le 1eret 2 février 2019. Elle a débattu de la situation sociale et politique.

Le mouvement des gilets jaunes est un mouvement social d’ampleur. Les revendications qu’il porte reprennent des exigences qui sont aussi au cœur des débats syndicaux. Il appelle à des changements profonds pour vivre dignement.

Augmenter salaires, pensions etc .. Nationaliser les autoroutes !

Tout augmente en ce début février !  Sauf les salaires, sauf les pensions et les allocations. Augmenter le Smic, les salaires et les pensions, redistribuer les richesses confisquées par les 1% les plus riches est au cœur des attentes d’une majorité de jeunes, de salariés, de chômeurs, de retraités.

Les péages augmentent, nous exigeons la nationalisation des autoroutes contre les grands groupes privés qui pillent des infrastructures financées par la collectivité publique.

Le bilan de la privatisation de l’aéroport de Toulouse nécessite le maintien, ou le retour, des aéroports dans le secteur public. Il y a le cas d’Aéroports de Paris. Nous exigeons le maintien dans le secteur public d’ADP.

Le rétablissement de l’ISF est un enjeu !

GDS participe à toutes les campagnes pour (Il faut) récupérer les milliards abandonnés aux plus riches. C’est une véritable réforme fiscale qu’il faut imposer. Pas moins d’impôts comme Macron le prépare mais mieux d’impôts. Moins de TVA, plus de tranches pour un impôt progressif avec 14 tranches. La lutte contre la fraude fiscale est une urgence. Il faut récupérer 60 à 100 milliards qui sont utiles pour les services publics et la transition écologique.

La protection sociale doit être financée par les cotisations sociales.

Retour des cotisations patronales. Abandon des 30 milliards de cadeaux aux patrons. C’est bon pour nos retraites, notre assurance maladie, l’assurance chômage ! Aides ciblées pour les petites entreprises qui en ont besoin et fin des cadeaux à toutes les autres.

Salaires, pensions, ISF, répartition des richesses, protection sociale, transition écologique … C’est ce qui est attendue au plus tard le 15 ou 31 mars. 

Pas de référendum bidon détournant l’attention des urgences. Macron doit céder !

La journée de grève et de manifestations du 5 février constitue un test. C’est une première convergence générale entre le mouvement des gilets jaunes, les luttes dans les entreprises et le mouvement syndical. C’est la convergence du salariat et de la majorité sociale du pays.

En installant un climat de tension avec une loi anti manifestations, le pouvoir cherche à diviser l’opinion. Retrait de la loi liberticide ! La lutte pour les libertés démocratiques est partie prenante de la lutte pour des conquêtes sociales, de nouveaux droits démocratiques.

Coordonner le mouvement, développer les convergences autour d’une plateforme de revendications constituent la tâche du moment.

Le mouvement syndical a une responsabilité particulière dans cette situation pour débattre du développement d’un tous ensemble durable ancré dans les entreprises. C’est la condition pour gagner !

Si macron n’entend rien et maintient son cap   la colère redoublera.

Nous appelons à la multiplication des débats citoyens pour porter les revendications sociales et démocratiques. C’est l’attente d’une majorité du pays qui se combine à l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique.

Unité de toute la gauche sur un programme d’urgence

Face à la défiance, le mouvement social nécessite un débouché politique qui parte des attentes exprimées. Un front de toute la gauche est possible en soutien aux exigences du mouvement social. Une gauche unitaire, citoyenne, sociale, démocratique, écologiste, c’est urgent !

Les élections européennes seront la première échéance électorale pour porter des propositions de rupture avec le néolibéralisme. Nous appelons la gauche à se rassembler sur 4 ou 5 axes pour faire la course en tête.

Dans la rue et dans les élections, une majorité peut s’exprimer contre Macron et sa politique.

Gagner sur les urgences sociales et démocratiques, gagner aux élections européennes serait un point d’appui pour rompre avec l’Europe des traités du dumping social et fiscal.

Le réseau de la GDS regroupe des militants politiques de gauche, membres ou non d’une formation politique. Beaucoup sont issus de la gauche socialiste. Des syndicalistes actifs et des militants associatifs participent de manière active à ce réseau. Chaque semaine, une info-lettre est envoyée à plus de 17 000 adresses électroniques. Chaque mois une revue papier est éditée et diffusée à 4000 exemplaires.

 

Communiqué de presse

Des solutions à la crise sociale et politique

Augmenter salaires, pensions etc .. Nationaliser les autoroutes !

Tout augmente en ce début février !  Sauf les salaires, sauf les pensions et les allocations. Augmenter le Smic, les salaires et les pensions, redistribuer les richesses confisquées par les 1% les plus riches est au cœur des attentes d’une majorité de jeunes, de salariés, de chômeurs, de retraités.

Les péages augmentent, nous exigeons la nationalisation des autoroutes contre les grands groupes privés qui pillent des infrastructures financées par la collectivité publique.

Le bilan de la privatisation de l’aéroport de Toulouse nécessite le maintien, ou le retour, des aéroports dans le secteur public.

Le rétablissement de l’ISF est un enjeu !

Il faut récupérer les milliards abandonnés aux plus riches. C’est une véritable réforme fiscale qu’il faut imposer. Pas moins d’impôts comme Macron le prépare mais mieux d’impôts. Moins de TVA, plus de tranches pour un impôt progressif avec 14 tranches. La lutte contre la fraude fiscale est une urgence. Il faut récupérer 60 à 100 milliards qui sont utiles pour les services publics et la transition écologique.

La protection sociale doit être financée par les cotisations sociales.

Retour des cotisations patronales. Abandon des 30 milliards de cadeaux aux patrons. C’est bon pour nos retraites, notre assurance maladie, l’assurance chômage !

En installant un climat de tension avec une loi anti manifestations, le pouvoir cherche à diviser l’opinion. Retrait de la loi liberticide ! La lutte pour les libertés démocratiques est partie prenante de la lutte pour des conquêtes sociales, de nouveaux droits démocratiques.

Coordonner le mouvement, développer les convergences autour d’une plateforme de revendications constituent la tâche du moment.

Unité de toute la gauche sur un programme d’urgence

Face à la défiance, le mouvement social nécessite un débouché politique qui parte des attentes exprimées. Un front de toute la gauche est possible en soutien aux exigences du mouvement social. Une gauche unitaire, citoyenne, sociale, démocratique, écologiste, c’est urgent !

Les élections européennes seront la première échéance électorale pour porter des propositions de rupture avec le néolibéralisme. Dans la rue et dans les élections, une majorité peut s’exprimer contre Macron et sa politique.

Gagner sur les urgences sociales et démocratiques, gagner aux élections européennes serait un point d’appui pour rompre avec l’Europe des traités du dumping social et fiscal.

Le réseau de la GDS regroupe des militants politiques de gauche, membres ou non d’une formation politique. Beaucoup sont issus de la gauche socialiste. Des syndicalistes actifs et des militants associatifs participent de manière active à ce réseau. Chaque semaine, une info-lettre est envoyée à plus de 17 000 adresses électroniques. Chaque mois une revue papier est éditée et diffusée à 4000 exemplaires.

http://gds-ds.org/

Gauche Démocratique et Sociale : contact@gds-ds.org