L’entretien télévisé de Nicolas Sarkozy « Je suis maître de moi comme de l’univers »

Inspiré, Nicolas Sarkozy l’était visiblement lors de sa prestation télévisé du 27 octobre. Inspiré par Corneille et la célèbre phrase de l’empereur Auguste : « Je suis maître de moi comme de l’univers ; je le suis, je veux l’être ». Car c’est bien en Auguste que, ce soir là, Sarkozy nous apparut.
Maître de l’univers, il voulait l’être, il le fut. Ne venait-il pas, secondé par Angela Merkel, comme il nous l’annonça, de sauver l’euro, l’Europe et le monde ? Ne sera-t-il pas intronisé, comme il nous l’affirma, en juste récompense de ses rudes batailles, lors du G20 qu’il présidera les 3 et 4 Novembre à Cannes ?

Maitre de lui-même, il voulait l’être, il le fut. Fini les « casses-toi pauv’con » ! Et pourtant la partie n’était pas gagnée d’avance, face aux questions que lui posait un duo, composé d’un faux méchant et d’un vrai servile, qui avait réussi à faire perdre leur calme à plus d’un téléspectateur. Oubliés les « bling-bling », la soirée au Fouquet’s, les séjours sur le yacht de Bolloré, le doublement de son salaire de Président, le luxueux avion présidentiel : le bureau derrière lequel Nicolas Sarkozy était assis ce soir là provenait, sans nul doute, de la plus proche brocante.

Pas encore candidat mais déjà en campagne

A l’en croire, Nicolas n’était pas en campagne puisqu’il ne serait pas (s’il l’était) candidat avant janvier ou février. Il était là uniquement pour rendre des comptes « de son travail » au Français, après le sommet de l’Euro. Mais quels comptes pouvaient-ils bien rendre sans avoir de mandat précis du Parlement français comme celui qu’Angela Merkel tenait du Bundestag ? De quoi pouvait-il bien rendre compte aux électeurs s’il n’avait d’autre mandat que celui qu’il tenait de lui-même et des grandes banques françaises ?

Un débat politique sur le rôle du Fonds européen de stabilité financière, sur celui de la BCE, sur la recapitalisation des banques, sur le montant de la dette grecque que les banques devaient effacer, faisait rage en Allemagne depuis des mois. L’absence de tout débat sur ce thème en France, a permis à Sarkozy de rester extrêmement évasif sur le contenu réel du plan adopté par le sommet de l’Euro et, au total, de ne pas rendre le moindre compte au peuple français, tout en affirmant le contraire. Le sommet de l’euro n’était plus qu’un prétexte pour vanter les mérites du candidat Sarkozy.

Un programme en pointillé

Avec des mots qui cherchaient à masquer ses réelles intentions, Nicolas Sarkozy a avancé quelques bribes de son futur programme électoral.

Les plans de rigueur allaient continuer même s’il convenait de leur donner des noms plus doux ;  l’âge légal de départ en retraite et le nombre d’annuités de cotisation allaient encore augmenter pour satisfaire les agences de notation ; les taux de la TVA augmenteraient, eux-aussi, car si Sarkozy disait s’opposer à une augmentation « généralisée » de la TVA, il s’était surtout empressé de ne pas se prononcer sur une augmentation des taux de TVA entre 5,5 % et 19,6 %.

Un déni de réalité

Sarkozy n’est pas président de la Vème République depuis 4 ans, la droite n’est pas au pouvoir depuis 2002, Sarkozy n’a jamais été ministre de l’Intérieur ou de l’Economie, des Finances et de l’Industrie  de Chirac. Il ne porte aucune responsabilité dans la crise financière, économique, sociale et politique actuelle.

La crise est, d’ailleurs,  pour lui une figure à éclipse avec laquelle il a joué constamment lors de son intervention télévisée.

La crise disparaissait quand son existence l’aurait amené à reconnaitre que l’augmentation de la dette publique française entre 2008 et 2011 n’avait pas d’autre origine que le transfert des dettes privées (celles des banques en particulier) vers la dette publique. Un transfert qui n’avait pour but que de tenter de sauver les banques et les actionnaires en faisant payer la facture de la crise au salariat.

Il préférait répéter inlassablement la même antienne : si la dette publique augmente, c’est  augmente c’est parce que l’Etat vit « au dessus de ses moyens ». Ce qui n’expliquait en rien comment la dette publique avait pu faire un bond de 35 % en 4 ans. Il préférait oublier au passage que c’était justement l’Etat qui fixait le montant de ses propres moyens et qu’en baissant les impôts des riches et des sociétés, c’est la droite qui avait vidé les caisses publiques. Il préférait oublier qu’alors qu’il venait de proclamer que les « caisses étaient vides »,  la droite avait quand même réussi à trouver quelques centaines de milliards d’euros pour sauver les banques de la faillite, sans exiger d’elles la moindre contrepartie, préserver les profits grâce à la « prime à la casse » et autres plans d’aide à un patronat qui ne se gênait pas pour licencier à tour de bras.

La crise réapparaissait quand cela arrangeait Sarkozy et qu’il cherchait à l’utiliser pour tenter de se dédouaner de toute responsabilité dans le naufrage actuel : « Ce n’est pas moi, c’est la crise ! ».

Comme si cette crise n’était pas celle de son monde, de son système, de ses amis du Fouquet’s, d’une économie bâtie sur un océan de dettes qu’il a encouragée, d’une bulle immobilière qu’il a largement contribuer à gonfler, d’une finance déréglementée qu’il n’a jamais essayé de réglementer même après la crise de 2007-2008 et ses promesses creuses de « moralisation du capitalisme ».

Comme si cette crise n’était pas celle de la « rupture » vers un néolibéralisme encore plus dur dont se réclamait le candidat Sarkozy en 2007.

Comme si cette crise n’était pas celle du Parti populaire européen (dont l’UMP est l’un des fleurons) qui dirige aujourd’hui deux gouvernements sur trois de l’Union européenne.

Si l’Union européenne est en crise, c’est la faute de Chirac qui a fait entrer la Grèce dans l’Union européenne en 2001. Si la France est en crise, c’est la faute de Mitterrand et de sa retraite à 60 ans, de Lionel Jospin et de ses 35 heures. Sarkozy lui n’y est pour rien : depuis 30 ans, il est dans l’opposition.

merci à Jean-Jacques Chavigné

7 Commentaires

  1. Quai d'Alcyons
    Posted 29 octobre 2011 at 22:00 | Permalien

    Bravo!
    Vous Sir, nous trouvez les mots justes;leur mesure en fait preuve de raison.

    En ecoutant le Premier j’ai eu la sensation d’entende un technocrate s’exprimer devant des ecoliers….Son merite etant d’ailleurs bien gagne.
    Aussi, cette orienttion vers l’Allemagne me parait obsessive a l’heure ou des autrea pays europeens s’en passent, bien que mal, mais s’en passent, de l’euro.

    Il manque a cette personne, un aspect humain fort necessaie a cette epoque.
    Vous ne pouvez ps nous demander de travailller si vous n’avez point d’emploi a nous en offrir….pour apres nous faire sentir coupables de notre indigence.

    Je la souhaite recuperer cet aspect manquant si jamais l’idee lui vient de se representer aux elections….
    Merci de nous poster.

  2. Posted 1 novembre 2011 at 16:23 | Permalien

    GROS GAG au final les grecs ne payeront rien du tout !!
    normal ! vu qu’on leur a déjà tout pris !!

  3. Posted 1 novembre 2011 at 16:27 | Permalien

    Nous sommes sauvés, Nicolas Super sauveur a appelé au téléphone le Président de la Chine pour prêter à l’Europe: un génie un véritable génie
    Bon Papandréou lui il a eu le bon réflexe ; il dit nous en Grèce on paiera que dalle !!!!!

  4. Posted 1 novembre 2011 at 16:34 | Permalien

    le maitre mot des grecs: je ne paie pas car je ne dois rien !!
    ils ont raison !! prêter un argent fou à un pays pauvre de 10 millions d’habitants qui n’a rien pour rembourser et on fait semblant de s’étonner qu’au final c’est les autres qui vont payer et couler au passage !!

  5. Posted 1 novembre 2011 at 16:45 | Permalien

    on prête à 15,25,30% à la Grèce et oh surprise ils se mettent en situation d’insolvabilité !!
    on fait semblant depuis le départ du plan d’aide à la Grèce qu’un montage peut marcher !!
    tu leur fait tout privatiser (le port du Piré aux 4/5 à la chine…)ils n’ont plus rien à eux, donc plus aucune recettes possible pou rembourser
    quand tu es insolvable devant ta dette : deux solutions s’offre à toi> 1)tuer ou emprisonner ton créance 2)ne pas payer( et laisser les autres payer à ta place
    Donc pas de surprise c’est les autres qui payerons !!

  6. Patrick 29
    Posted 2 novembre 2011 at 15:18 | Permalien

    suivre l’exemple du Brésil , ça marche !!!!

  7. Eniger
    Posted 3 novembre 2011 at 9:56 | Permalien

    « GROS GAG au final les grecs ne payeront rien du tout !!! Normal ! vu qu’on leur a déjà tout pris !! » « tu leur fait tout privatiser (le port du Piré aux 4/5 à la chine…)ils n’ont plus rien à eux, donc plus aucune recettes possible pou rembourser »
    Sarko fait appel au même « raisonnement » (entre guillemets car c’est pénible pour moi d’appeller ça un raisonnement) qu’il s’agissent du peuple Grec ou du peuple français. Qu’ils soient grecs, français bénéficiaires du RSA ou chomeurs les assistés sont ceux qui n’ont pas réussi à s’adapter à son idéologie : le système néolibérale.
    Ce n’est pas par hasard si tout s’écroule suite au fait que Papandréou décide de ne plus accepter que se soit Sarko qui décide les règles du jeu.
    Merci à Papandréou de dénoncer par son referendum cette imposture.

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