Dans l’intérêt de l’unité le 6 mai : débattre encore PS et toute la gauche :

De nombreux commentaires sur ce blog, sur le site de D&S, sur face book et sur tweet  appellent réponses.

Echange sur face book :  Reçu ça du PG 34 :    « Dans le principe c’est vrai qu’on préférerait sûrement pour une majorité ne pas revoir Sarkozy et surtout [!] ne pas avoir Le Pen au second mais… » « Peut-on encore parler de parti de « gauche » pour le parti socialiste ? »  « François Hollande n’a de gauche que sa démarche politique [sic] » avec les turpitudes de son origine de classe… et de sa fortune…

Réponse GF : Je suis surpris de l’évolution de camarades qui étaient au Parti socialiste hier avec des arguments théoriques et pratiques que nous utilisons encore avec mes amis de la gauche socialiste, de D&S. Pourquoi, depuis qu’ils ont changé d’avis, depuis le 6 novembre 2008, (ce qui est leur plein droit) nous « cartonnent »-ils  avec une violence inouïe parce que nous continuons à faire… ce qu’ils faisaient avec nous il y a peu de temps encore. Respect SVP de tous côtés et unité.

Autre réponse NP : Que cherchez vous à la fin? Que l’on s’excuse pour le PG 34 qui a dit ce qu’il pense et ressent profondément? Le PG n’est pas constitué entièrement de gens qui étaient au PS. Je sais, j’ai failli y aller…. Si c’est des excuses que vous voulez, demandez les au PG 31 et cessez de sous-entendre des amalgames. Vu le nombre de personnes au PG qui est un parti jeune, il se peut qu’il ne s’agisse que d’une 10aine de personnes. Rien à voir avec les centaines d’insultes que j’ai reçu en me pointant sur le forum du PS, il y a une dizaine d’années en ayant le malheur de dire que j’étais proche du NPA. Je ne vous demande pas d’excuses pour autant, je n’en tiens pas pour autant rigueur aux militants du PS ni à mes connaissances ou amis qui sont proches de ce parti. Je vous le dis tout net, vous utilisez là une méthode que vous devriez réprouver et bien peu sur ce message sont dupes. En tant que responsable politique et militant aguerri, vous auriez bien pu passer sur l’évènement, vous en avez vu d’autres. Vous cherchez ici à utiliser l’évènement sciemment et la seule conclusion qui s’impose est qu’après avoir tenté d’utiliser l’argument du vote de classe, vous tentez maintenant de créer des conflits ou d’attiser des tensions entre partis en faisant appel aux sentiments de groupe naturel et en espérant que l’esprit de généralisation abusif fasse le reste. Un brun de provocation en plus et vous parviendrez peut-être à vos fins. Mais pour ma part, Monsieur, je veux croire que mon analyse est fausse, car je sais que vous valez bien plus que cela, que vous êtes capable de supporter les insultes, les insinuations ou indignations, de ne pas en faire étalage, de calmer le jeu et d’enfin parler du fond et de ce que nous pourrions construire ensemble plutôt que de mettre de l’huile sur le feu et utiliser des bas instincts bien sordides. Je serai ravi de discuter du fond et du programme du PS, du Fdg et des autres avec vous et les militants PS et tous ceux qui le voudront. J’espère que ce n’est là qu’une faiblesse bien humaine et excusable due au stress et à l’exaspération que vous nous laissez entrevoir. Bien à vous monsieur, merci pour tout ce que vous fîtes et ce que vous ferez pour favoriser le débat serein à gauche qui seul aurait, je suis sûr que vous en êtes convaincu, une chance de créer les conditions d’une union.

Débattre encore sur le PS et la gauche :

GF : – Mais je ne demande aucune sorte d’excuse à personne. Je ne cherche à créer aucune « tension » ni surtout aucune division. Unité. Je suis pour l’unité de TOUTE la gauche. Tout va bien. Calme ! Mais c’est ainsi : il y a débat pour y arriver. Vous le reconnaissez, le PG est récent et divers, il s’agit d’une dizaine de personnes peut-être dans le 34. Bien, mais moi, ce site en témoigne, face book ou tweet, ou sur mon blog, je reçois de partout inlassablement (à mes yeux de façon exagérée) des centaines de messages, (vérifiables, lisibles par tous sur tous les sites) de nombreux camarades PG qui, dans leur enthousiasme sans doute je veux bien le croire, se trompent sur la nature du PS. Et qui m’insultent ou polémiquent absurdement avec D&S, avec la gauche socialiste, au lieu de débattre sur le fond, de préparer nos retrouvailles nécessaires et dynamiques le 6 mai.

Je dis bien qu’ils se trompent sur la « nature de classe » du PS. Ils peuvent penser du mal de la politique concrète de la direction actuelle de ce parti  : après tout j’en pense aussi sur certains points, bien que j’en sois membre ! Mais autre chose est de penser que ce parti est  soit un ennemi soit représente la classe adverse.

Si j’appelle à l’unité c’est parce je pense que 8 partis (au moins) sont de gauche dans ce pays, et je sais que chacun d’eux croit être le meilleur, ce qui est normal. Si chacun de nous appartient à un parti c’est parce qu’il croit que c’est là qu’il est le plus efficace. Moi je crois que c’est au PS. Vous, vous croyez maintenant que c’est au PG. Bon, je ne vous le reproche jamais, mais faites pareil. Il ne faut pas nous invectiver à ce sujet cela n’a aucun sens, on ne se forcera pas à changer, hein ?

Il vaut mieux respecter les motivations de chacun et voir ce que, en dépit de nos appartenances différentes, on peut faire en commun. (par exemple pour 35, 60, 1700, 20)

Ce qui est dur à supporter (mais rassurez vous, je le supporte, je suis inébranlable en la matière) ce sont ces attaques qui disent  » si vous êtes au PS, vous êtes traîtres » ou « quittez le PS » ou « le PS n’est pas de gauche ».  C’est faux, pas très fraternel et ça fatigue. J’ai le droit de répondre que de la part de militants qui y étaient encore hier, c’est un peu un zèle néophyte, non ? Aprés tout qu’est ce qu’il s’est passé d’important le 6 novembre 2008 qui expliquerait un changement de nature soudain du PS ?

Si ce parti est « traître », alors pourquoi ceux qui le disent ou le découvrent, y sont-ils restés si… longtemps ? Si ce parti a changé de nature de classe quand cela est-il arrivé ?  À quel moment précis ? Quelle est la preuve substantielle de cette rupture historique ?  S’il est traître pourquoi a t il encore tant d’audience ?  Pourquoi François Hollande est il encore le candidat le mieux placé pour chasser Sarkozy ?

Si ce parti est « traître », ou pas à gauche, comment envisager de s’allier avec lui demain ? Si ce parti est « traître » ou hors de sa classe, du salariat, comment percevoir les 3 millions de sympathisants de gauche qui sont venus voter lors des primaires pour désigner son candidat ? Comment peut-il y avoir 17 à 20 millions d’électeurs qui votent pour ce parti « pas à gauche »  ? (N’est-ce pas désespérant ?)

Que dire de la direction de la CFDT qui supporte plutôt la majorité actuelle de ce parti ? (Que la CFDT ne serait pas un syndicat comme l’avancent certains ? Mais alors pourquoi au congrès de juin 2010 de la CFDT, entre 40 et 60 % de ses militants exigeaient la retraite à 60 ans à taux plein ?) ) Comment un parti « traître » ou qui ne serait pas de gauche existe t il depuis un siècle à gauche en France ?  Pourquoi des millions d’électeurs resteraient-ils aveugles (ou trompés ?) à son égard ?

Comment expliquer sa continuité organisationnelle historique, la continuité de ses références programmatiques au socialisme (le PS s’y situe lui-même unanimement « dans la continuité de la Commune de Paris, du Front populaire, de la Libération, de Mai 68 »…et il y défend une « économie mixte »  Cf. sa déclaration de principes fondamentaux adoptée sous la houlette de François Hollande, en juillet 2008…). Comment expliquer ses liens avec les syndicats, sa place dans les luttes, encore récemment, de nov-déc 95 au CPE aux retraites en 2003 ou 2010  ?

Ça ne sert à rien, c’est même gravement négatif d’affirmer que le PS n’est pas de gauche, car ça rend impossible l’unité. Le PS est de gauche, c’est même le plus grand parti de la gauche quoique vous en pensiez. Il y a seulement plusieurs formes organisées de la gauche et il ne faut pas prétendre qu’il n’y en a qu’une, c’est ça qui serait sectaire…

Encore et encore sur la nature de classe du PS :

Tout parti a une « nature de classe ». A ne pas confondre avec sa ligne politique. Parti républicain et parti democrate aux USa sont tous deux des « partis bourgeois » aucun des deux n’est le produit du mouvement ouvrier, ni situé a gauche. Ce n’est pas le cas en France, il y a deux camps : la droite est composée de l’UMP, d l’UDF, du FN. La gauche est composée du PS, du PCF, et d’autres partis, EELV, PG, MRC, NPA, LO… Un parti s’analyse au moins selon cinq critères : sa genèse historique et origine de classe, sa continuité organisationnelle et programmatique, ses liens avec le salariat, ses liens avec les syndicats, sa place dans les luttes sociales. Du point de vue de ces critères, la nature de classe du PS est hors de doute. Tenez, lisez le livre fait et édité par le PS lui même lors de son centenaire 1905-2005. (Lire aussi « Mai 68 histoire sans fin » qui est aussi le récit d’une expérimentation militante sur 30 ans entre 1964 et 1994 a propos de cette question).

Des camarades venus du PS, qui y ont milité sincèrement de longues années sont devenus parfois, les plus hostiles à ce parti. On peut comprendre leurs impulsions, mais il reste nécessaire d’éduquer, de préciser, de d’analyser la situation concrète.

Ils ont droit de changer d’avis, je ne les conteste pas… Mais pas forcément de sauter de l’autre côté du cheval. Pourquoi tomber dans un excès inverse ? Car on peut vouloir adopter une autre stratégie sans tomber dans l’erreur de manquer complètement d’analyse à propos de l’ancienne au sein du PS. Croire qu’il vaut mieux agir hors du PS pour « peser » n’implique pas forcément que ce parti à changé de nature (quand, comment ?) ou qu’on s’est trompé sur la nature de ce grand parti… de gauche. Et dès lors, il vaut mieux respecter ceux qui continuent…non ?

Le PS, écrit un interlocuteur, ne serait pas « le parti de la classe ouvrière ». Certes d’ailleurs aucun parti n’a représenté jusque-là, à lui seul, la classe ouvrière ». D’abord il vaut mieux dire à ce jour, le « salariat » c’est une meilleure expression que « classe ouvrière » (vu qu’il y a 6 millions d’ouvriers dont 2 millions d’industrie sur 23 millions de salariés actifs et…  (lire « Salariés si vous saviez… » Ed. La Découverte)

Ensuite, le mot « représente » est en effet discutable : il y au moins 8 partis de gauche qui prétendent « représenter » le salariat : sans doute une partie de tous le « représente »… Le salariat est à la fois unique et divers… Il n’y a qu’un salariat, il ne devrait y avoir qu’un parti. Il n’y a pas « deux gauches » de nature différente ? Réforme et révolution ne s’opposent pas. Mais il n’y a pas non plus « unité de pensée », il y a des courants, des sensibilités diverses. Démocratie ! Il faut accepter de reconnaître les sensibilités qui existant dans la gauche… et dans chaque parti, y compris le PGbien sûr. On pourrait être tous dans le même parti.

Je comprends (sans les approuver) ceux du PS qui ont rompu avec l’idée qu’il faut « peser » en priorité au sein du PS, Mais qu’ils ne « cartonnent » pas violemment et de façon obstinée, en priorité, ceux qui, comme D&S, la défende toujours.  Ainsi il y a aussi 8 syndicats : tous sont représentés dans les 8 partis de gauche et tous aussi sont représentés dans le PS. Même si parfois la direction de la CFDT parait avoir plus d’influence dans la direction du PS, elle n’est pas seule, la CGT fut parfois applaudie davantage (lors du congrès de Dijon de mai 2003) lorsque François Hollande appela à une retraite à 60 ans à taux plein

C’est en reliant le PS au mouvement syndical réel, tel qu’il est en France, qu’on le comprend le mieux, y compris dans sa diversité : par exemple le débat sur les retraites en son sein reflète le débat réel au sein du mouvement syndical. Ainsi, je suis socialiste et j’appelle au meeting de la CGT le 31 janvier pour une retraite à 60 ans à taux plein et non seulement je ne suis pas isolé mais  s’il y avait une consultation démocratique, je serais majoritaire aussi bien dans le PS qu’à gauche.

Il existe une réelle majorité au sein de la gauche, pour les 35 h, les 60 ans, un Smic à 1700 euros, pas de salaire au-dessus de 20 Smic ! Bataillons pour faire triompher ces points que nous avons en commun au-dessus nos partis plutôt que de risquer de les faire échouer en opposant nos partis entre eux.

 

4 Commentaires

  1. Shaher
    Posted 26 janvier 2012 at 16:10 | Permalien

    On peut aussi juger un parti, concrètement :
    - sur la nature de votes en Assemblée : au Parlement Européen, on constate que les votes S&D concordent plus souvent avec le PPE qu’avec la GUE (http://www.votewatch.eu/) (mais peut-être faut-il en conclure que la droite est… de gauche ?);
    - sur le détail des propositions concrètes du candidat (au hasard les 60000 postes redéployés, mais merci d’avoir essayé; la validation de fait de la réduction de postes dans la fonction publique, de l’esprit de la réforme des retraites). Heureusement qu’il y a celles sur la finance et la fiscalité : c’est des clous, mais c’est toujours çà de pris et çà sauve l’honneur.

    Enfin, l’étiquette pour tous, les traîtres nulle part, çà me va. Mais me reste la féroce exaspération de voir utilisée la fabuleuse machine de guerre PS (relai d’opinion etc., comme disait Chassigné, au passage un autre facteur plausible de la stabilité du PS dans l’opinion, avec l’anti-Sarkozysme) pour un programme défensif, comme si l’enjeu était une simple alternance dans un monde paisible.
    Exaspération de voir tant de sympathisants ou militants PS sur les forum, déclarer préférer objectivement le programme FdG, mais voter PS (par peur, par discipline, que sais-je) comme si l’alternative n’existait pas.
    Exaspération de nous voir voler le débat entre Mélenchon et Hollande, mais garder les « populistes » ou « pire que le Pen » des Collomb et autres zouaves.

    Le vote de classe, çà me parle encore, à défaut de l’étiquette. Mais comptez pas sur moi pour le porter avec « dynamique » dans ces conditions : j’ai la sale impression que votre Unité est à sens unique.

  2. Posted 30 janvier 2012 at 1:48 | Permalien

    he bien je suis un partisan en matiére d’analyse des ruptures nettes. Des coupures épistémologiques. Je ne crois pas possible un « changement progressif ». Un changement de « nature de classe » cela se voit, c’est net et indiscutable, s’il y a discussion et que ce n’est pas net, c’est qu’il n’a pas eu lieu.

  3. Posted 30 janvier 2012 at 1:54 | Permalien

    non, rien de tout cela n’est suffisamment convaincant, clair et décisif. Quand le PS a 4,5 % avec Defferre en 1969, nombreux écrivent « il est mort » ( dont Henri Weber). Nombreux à dire apres le 21 avril 2002; le PS est mort, et il mène la bataille des retraites reçoit Thibault à Dijon et… gagne 20 régions sur 22 en 2004. Nombreux a dire en 2008 après Reims « ce parti est mort » (un grand cheval à la renverse » ecrit ce Trissotin de BHL) … et en 2011 le PS gagne le Sénat. JL M quitte le PS le 6 nov 2008, (sans vrai motif) en, écrivant : Ségolène royal a gagne les urnes et les coeurs » puis « le PS va au modem comme la rivière va à la mer » : Segolène perd et le Modem va à l’UMP comme la riviére va à la mer…

  4. Antoine
    Posted 9 mars 2012 at 16:32 | Permalien

    Monsieur Filoche,

    Nous sommes maintenant début mars et il semble que depuis vos échanges sur ce blog, la décantation opérée dans le cadre de la campagne électorale produit des effets qui ne vont pas dans le sens du clivage que, cherchant à vous justifier, vous contribuez (contribuiez ?) à entretenir. François Hollande a déclaré pour adversaire le monde de la finance. Il a proposé une nouvelle tranche d’imposition sur le revenu. Cela va dans le bon sens. Encourageons-le à aller plus loin.
    Jean-Luc Mélenchon concentre ses attaques sur la droite et surtout sur l’extrême-droite. Il reconnait des progrès dans le positionnement de Hollande.
    Quand les choses se passent mieux, pourquoi ne pas faire votre bout du chemin et en faire la publicité ?
    Lorsqu’on n’est encarté ni chez les uns ni chez les autres, ce qui est mon cas, on se dit surtout qu’il faut d’abord se débarrasser d’une droite toujours plus néfaste, et il n’y a absolument pas l’enthousiasme du programme commun qui nous conduirait à fêter l’arrivée de la gauche. Voilà pour le 6 mai. Et à partir du 7 mai, si Hollande ou Mélenchon deviennent présidents, on va pas rentrer chez nous et attendre que ça se passe : j’ai manifesté contre Allègre en 2000, je suis prêt à manifester contre le prochain Allègre qui se présentera dès lors que cela s’avèrera nécessaire. Et nous sommes très nombreux dans cet état d’esprit. Faites passer le message. Merci à vous.

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